René Verney un médecin normand dans la Grande Guerre (43e RAC, 74e RI, 24e RI)
par Antoine Verney
Contact avec l'auteur possible via l'onglet situé dans la partie supérieure (questions - observations - échanges d'information - transmissions des clichés en HD...)
Blog consacré à la présentation de l’« Album de la guerre européenne »
constitué par René Verney (Quettehou 1881 – Littry 1958)
auquel s'associe désormais le « Carnet de route »
de Robert Tronsson (Lisieux 1893 – Bayeux 1949)
L'Album de la guerre européenne, est un document inédit d'origine familiale renfermant 650 clichés originaux annotés et classés chronologiquement par le docteur René Verney au sortir de la Première Guerre mondiale.
Par la volonté de son auteur, l’album possède une dimension collective, se présentant comme le témoignage du parcours non pas d’un homme mais d’un groupe, particulièrement le 3e groupe du 43e régiment d’artillerie de campagne et ce en raison même de la durée de son affectation dans cette unité (août 1914 - février 1918). On constate que le même esprit anime la dernière période au cours de laquelle il est successivement versé dans les 74e et 24e régiments d’infanterie (respectivement de mars à mai 1918 et de juin 1918 à février 1919).
Afin de rendre les photographies intelligibles, nous avons entrepris de les contextualiser de manière la plus documentée possible. Ce travail rédactionnel inédit que nous avons intitulé la Restitution du journal de marche de René Verney se décompose en douze chapitres consacrés aux différentes campagnes auxquelles il a pris part.
Chaque cliché y est reproduit en haute définition recalibré en contraste et luminosité, et replacé dans son contexte à partir de la lecture croisée des journaux de marches et opérations régimentaires (JMO), désormais accessibles en ligne grâce au travail conjoint de la direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives du ministère de la Défense et du Service historique de la Défense*.
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Tout au long des six premiers chapitres sont intégralement retranscrites les pages du "Carnet de route" rédigé par Robert Tronsson (Lisieux 1893 – Bayeux 1949), quincailler de profession, brigadier puis maréchal des logis au 43e RAC, 3e groupe, 9e batterie présent sur l'un des clichés de l'album (voir : Album R. Verney p.32). Il s'agit d'un document manuscrit également inédit d'origine familiale, qui nous a été temporairement confié afin d'en permettre sa communication et d'enrichir cette restitution. La réunion de ces témoignages personnels sur le conflit, constitués par deux hommes appartenant à la même unité, s'enrichissent en effet de manière exceptionnelle pour former un récit à quatre mains, regards croisés sur leur parcours commun du 1er août 1914 - 16 février 1917.
Carnet de route de R. Tronsson
Restitution du journal de marche de R. Verney et de R. Tronsson
I - Mobilisation, Campagne de Belgique et Bataille de la Marne 1er août - 12 septembre 1914
II - Front de l’Aisne - 13 septembre 1914 – 22 Mai 1915
III - Front d’Artois 23 mai – 25 octobre 1915
IV - Front de la Somme - 25 octobre 1915 – 28 mars 1916
V - Verdun 29 mars – 20 juin 1916
VI - Les Eparges 22 juin 1916 – 27 mars 1917
Restitution du journal de marche R. Verney
VII - Chemin des Dames 28 mars – 1er septembre 1917
VIII - Secteur de Saint-Quentin 2 septembre 1917 – 17janvier 1918
IX - Secteur de Champagne 18 janvier – 20 juin 1918
X - Offensive sur l’Aronde et le Matz 21 juin – 8 septembre 1918
XI - Offensive sur l’Aisne – Sissonne 9 septembre – 11 novembre 1918
XII - Armistice - Occupation du Palatinat 12 novembre 1918 – février 1919
Ce blog dispose de deux index, le premier consacré aux noms de lieux cités dans les légendes des photographies (ici, lien vers l'index des noms de lieux), le second aux noms de personnes figurant dans ces mêmes légendes (ici, lien vers l'index illustré des noms de personnes). Afin de faciliter les recherches, noms de lieux et de personnes constituent autant de Tags associés aux photographies, permettant ainsi de les regrouper thématiquement.
La documentation étant particulièrement riche pour le 43e régiment d'artillerie de campagne, nous avons choisi de lui consacrer une page particulière. On y trouve des informations générales sur le régiment et sa composition durant tout le conflit, et pour le 3e groupe, sur l'organisation et les missions dévolues à son service médical ainsi qu'un index nominatif des pertes (morts pour la France, disparus et blessés) réalisé d'après les JMO régimentaires.
Ici, lien vers la Présentation du 43e RAC avec relevé des pertes du 3e groupe
Bois de Gernicourt (Aisne) mars 1915.
Lampe et panoplie faites à la 9e batterie du 43e RAC avec des projectiles boches (p. 39)
Aperçu du parcours militaire de René Verney
René Verney, issu d'une famille d'agriculteurs est né à Quettehou (Manche) en 1881. Après un parcours scolaire à Montebourg puis Cherbourg, jeune bachelier de 19 ans, il devance l’appel de la Classe 1901, subdivision de Cherbourg matricule 1223 (registre p.1210), par un engagement volontaire effectué à Cherbourg le 12 novembre 1900 dans le 25e régiment d’infanterie. Dispensé au 2/3, il est mis en congé le 21 septembre 1901.
René Verney soldat 2e classe 25e RI, Cherbourg 1900-1901
Dégagé des obligations militaires, il entame ses études de médecine à l’université de Rennes pendant deux ans (1901-1903) et accomplit une première période d’exercices militaires du 11 août au 7 septembre 1903 avant de poursuivre son cursus à Paris (1903-1908). Le 22 août 1905, bénéficiant de quatre inscriptions, il est nommé médecin auxiliaire de réserve.
Il soutien sa thèse en 1908 : « Contribution à l'étude de la spondylose rhizomélique et de son étiologie blennorrhagique » (Paris - A. Michalon – 1908) » pour laquelle il obtient une médaille de bronze de la faculté de médecine de Paris. En octobre de la même année, il s’installe comme médecin à Littry (Calvados).
Littry (Calvados), 18 rue de la gare, domicile de R. Verney de 1911 à 1951
Il est parallèlement nommé le 5 juillet 1909 médecin aide-major de 2e classe de la réserve (3eme région militaire).
René Verney en uniforme de médecin aide-major 2e classe (vers 1909-1913)
Du 25 août au 17 septembre 1913, il accomplit une seconde période d’exercices au 119e régiment d’infanterie (casernement quartier Delaunay à Lisieux) à l’issue de laquelle il est nommé médecin aide-major de 1ère classe de la réserve le 29 décembre 1913. Il est enfin affecté dans ce grade le 18 avril 1914 au 3e groupe du 43e Régiment d’Artillerie de campagne.
Célibataire de 33 ans lors de la mobilisation, il quitte son cabinet de Littry et arrive au corps du 43e RAC, le 2 août 1914 caserne Decaen, à Caen. Du 2 août 1914 au 14 mars 1918 il participe à toutes les opérations dans lesquelles est engagé le 3e groupe du 43e Régiment d’Artillerie de campagne. Parallèlement son frère Louis (Quettehou 1883 -Quettehou 1935) participe au conflit au sein du 25e RI (registre de matricule subdivision de Cherbourg, classe 1903, matricule 886).
René Verney médecin aide-major 1ère classe, 43e RAC, été 1916
Le 14 mars 1918, il est affecté au même grade, au 74e Régiment d’infanterie 2e Bataillon.
Nommé le 23 mai 1918 Médecin Major de 2e classe, il est affecté le 25 mai 1918 au 24e Régiment d’infanterie en tant que Médecin chef de service. C’est dans ce grade et cette affectation qu’il reçoit son congé de démobilisation le 23 février 1919, prononcé par le service démobilisateur du service de santé du 3e corps d'armée de Rouen (durée du service : 4 ans, 6 mois et 21 jours).
René Verney, médecin major 2e classe 1918
Dès la fin du conflit il regagne son cabinet de Littry, se marie en 1921, son fils Jean prenant sa succession à partir du 1er janvier 1951. Il décède en 1958 à Littry (aujourd'hui Le Molay-Littry), commune dont il est le maire pendant une trentaine d'années de 1920 à 1945 puis de 1952 à 1957.
En 1921, il est fait chevalier de la légion d’honneur par promotion exceptionnelle de la commission Fayolle au regard des distinctions reçues au cours du conflit (4 citations : 2 à l’ordre du régiment,1 de la division, 1 du corps d’armée). En 1953 il est élevé au grade d'officier de la légion d'honneur.
Aperçu du parcours militaire de Robert Tronsson
Robert Mary Victor TRONSSON né le 11 octobre 1893 à Lisieux est fils de limonadier. Jeune célibataire, il exerce la profession de quincailler à Deauville lors de son incorporation au 43e régiment d'artillerie de campagne le 28 novembre 1913. Registre de matricule subdivision de Lisieux classe 1913 n°888 (visionneuse p.549)
Canonnier conducteur au 3e groupe, 9e batterie du 43e RAC, il est nommé brigadier le 05 août 1914, tout d'abord comme servant de pièce, puis à partir du 18 septembre 1914 comme agent de liaison des avant-trains de la même batterie.
Promu au grade de maréchal des logis le 30 septembre 1914, il prend le commandement de la 4e pièce de la 9e batterie le 2 octobre suivant et commande, tout juste âgé de 21 ans, son premier feu le 12 octobre 1914 entre Saint-Thierry et Merfy (Marne).
Le 24 avril 1918, il est détaché au Service aéronautique en tant qu'observateur, mais est blessé à Faverolles (Somme) le 17 septembre 1918 lors de sa première ascension en ballon au cours de laquelle il subit l'attaque d'un avion. Exécutant l'ordre qu'il a reçu, il saute en parachute, mais trainé au sol sur plusieurs mètres, il est affecté de plaies contuses au front et au nez ainsi que d'une entorse tibio-tarsienne à la cheville droite et doit effectuer un séjour à l'hôpital du 17 au 30 septembre 1918.
Réintégré au sein de son unité le 1er octobre 1918, il n'est envoyé en congé illimité que le 3 septembre 1919.
Croix de guerre, deux citations : ordre de la brigade (AD166) du 10/05/1917, ordre de la division (10e DI) du 11/10/1918.
Robert Tronsson maréchal des logis 43e RAC, 3e groupe, 9e batterie, 1ere section
Bois de Gernicourt (Aisne) hiver 1914-1915 (Album R. Verney p. 32 détail)
Au sortir de la guerre, il regagne Deauville. Dès 1920, il s'installe à Bayeux, reprenant la quincaillerie "Aux forges de vulcain" située 34, rue Saint-Martin, en tant que successeur de P. Lauvrière. La même année, il se marie à Madeleine Louise Duval, elle-même fille de quincailler à Vire. Ils ont 3 enfants ce qui lui permet le 31 août 1939, d'être placé dans la plus ancienne classe de la 2e réserve du 1er régiment d'aérostation (Caen).
Bayeux (Calvados), 34-47 rue Saint-Martin, quincaillerie Aux forges de Vulcain
P. Lauvrière - R. Tronsson successeur.
Après son décès, survenu à Bayeux le 29 mars 1949, la gérance de la quincaillerie est assurée par son gendre Jean Grenier, auquel succède son petit fils Thierry Grenier, à qui nous devons la communication de son "carnet de route".
Voir la suite
L'album, la Restitution du journal de marche, le site
*Journaux des marches et opérations (JMO) Ministère de la défense, direction de la Mémoire du Patrimoine et des Archives (DMPA), en partenariat avec le Service historique de la Défense (SHD) consultables sur : memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr :
-5e DI artillerie divisionnaire : Mémoire des Hommes (SHD) 26 N/ 270/1 et 2 (1er janvier 1917 - 31 décembre 1918)
-5e DI Service de santé : Mémoire des Hommes (SHD) 26 N/ 270/11 à 20 (5 août 1914 - 19 juillet 1918)
-43e RAC : Mémoire des Hommes (SHD) 26 N 980/1 à 5 (2 août 1914 - 31 décembre 1916 et 11 février 1917 - 31 décembre 1918)
-3e groupe du43e RAC : Mémoire des Hommes (SHD) 26 N 980/22 à 24 (7 août 1914 - 31 décembre 1917)
-3e groupe du43e RAC 7 e batterie : Mémoire des Hommes (SHD) 26 N 982/8 à 11 (7 août 1914 - 30 septembre 1918)
-3e groupe du43e RAC 8e batterie : Mémoire des Hommes (SHD) 26 N 982/13 à 18 (7 août 1914 - 31 décembre 1918)
- 3e groupe du43e RAC 9e batterie : Mémoire des Hommes (SHD) 26 N 983/1 à 4 (2 août 1914 - 31 décembre 1918)
-24e RI : Mémoire des Hommes (SHD) 26 N 599/7 (1er janvier 1918 - 20 octobre 1919)
-6e DI Services de santé : Mémoire des Hommes (SHD) 26 N 275/4 et 5 (1er janvier 1918 – 2 août 1919)
-74e RI : Mémoire des Hommes (SHD) 26 N 660/16 (1er janvier 1918 – 31 décembre 1919)
-Le 43e RAC, 1914-1918
Caen, quartier d'artillerie Claude Decaen, caserne du 43e RAC le 2 août 1914 (coll. verney-grandeguerre)
Cette page est consacrée à l'organisation du 43e Régiment d'artillerie de campagne, unité au sein de laquelle René Verney est affecté en tant que médecin aide-major du 3e groupe du 1er août 1914 au 14 mars 1918. On y trouve des informations générales ainsi que des éléments sur l'évolution de son état-major. La page suivante est consacrée à l'organisation de son service médical (voir : L'équipe médicale du 3/43 RAC) .
Le 43e RAC est une unité d'artillerie créée dans le cadre de la loi du 24 juillet 1909, tout d'abord stationnée à Rouen, caserne Jeanne d'Arc et Versailles, camp de Satory. Une répartition géographique qui répond à l'organisation complexe de toute unité d'artillerie.
Dès avril 1914, le régiment d'artillerie de campagne proprement-dit formant l'artillerie divisionnaire de la 5e division d'infanterie, dont l'effectif en tant de guerre est porté à près de 1 650 hommes, est rassemblé à Caen pour occuper un tout nouveau cantonnement : le quartier d'artillerie Claude Decaen où se déroule sa mobilisation le 2 août 1914 (voir : 43e RAC de Rouen à Caen 1911-1940).
A la même période, le dépôt de Versailles concentre parallèlement plus de 1 800 hommes également mobilisés sous l'uniforme du 43e RAC, répartis entre un groupe de renforcement, un escadron territorial d'étapes et un ensemble de sections d'approvisionnement en munitions (cantonnements au Camp de Satory, rue Neuve, rue d'Angivillers, rue Sainte-Sophie et rue Sainte-Victoire). Ces unités qui constituent alors la réserve régimentaire tant en hommes qu'en chevaux et qu'en matériel, prennent rapidement part aux combats dans des secteurs du front et des missions qui leur sont propres.
Il convient ainsi de souligner que l'ouvrage bien connu Historique du 43e régiment d'artillerie de campagne, campagne 1914-1919, ne rend compte que de l'action de l'AD5 durant le conflit, mais que le recensement qu'il effectue des pertes régimentaires s'étend à l'ensemble des unités du 43e RAC (voir : Base Mémoire des hommes : le 43e RAC Indexé !). Aussi pour offrir un panorama le plus complet possible du parcours des hommes ayant combattu sous son uniforme, ses différentes composantes sont successivement présentées dans les lignes suivantes.
Historique du 43e RAC consultable sur Gallica
AD5 - Batteries n°1 à 9 (1er, 2e et 3e groupes du 43e RAC)
Le 43e RAC constitue le régiment d’artillerie divisionnaire de la 5e division d’infanterie (AD5) qui a pour affectation organique aux côtés de la 6eDI, le 3e corps d’armée (subordonné à la 5e Armée en août 1914).
Le 43e RAC en tant qu’artillerie divisionnaire, a pour mission d’assurer le soutien des régiments d’infanterie de la 5e DI en termes de préparation et d’accompagnement des actions et de protection.
La 5e DI est commandée par le général Mollard jusqu’au 31 août 1914. A cette date elle est placée sous le commandement du général Mangin devenant "La division Mangin". Le général Roig-Bourdeville lui succède à compter du 4 juin 1916 et ce, jusqu’au 1er juin 1920.
LECOC Louis, Pages héroïques de la 5e Division d'infanterie, Paris S.T.D.I.S, 1918
(coll. Verney-grandeguerre)
La 5e DI est composée en août 1914 de régiments mobilisés dans la circonscription de la 3e Région Militaire (Rouen) :
-9e brigade : 39e RI (Rouen) et 74e RI (Rouen)
-10e brigade : 36e RI (Caen) et 129e RI (Le Havre)
-Eléments divisionnaires : 7e régiment de chasseurs à cheval (un escadron – Evreux) et 43e RAC (Caen)
Seuls les 74e RI et 43e RAC resteront attachés à la 5e DI de la mobilisation à l’armistice. En juillet 1915 le 39e RI est affecté à la 130e DI, le 274e RI (régiment de réserve du 74e - casernement Caen) intègre alors la 5e DI.
En mai 1917, suite aux mutineries des régiments, le 36e RI est incorporé au sein de la 121e DI et le 129e RI au sein de la 69e (voir Chemin des Dames et mutineries à la 5e DI). Le 5e RI (casernement à Paris - dépôt à Falaise) intègre alors la 5e DI, suivi pour un temps du 114e bataillon de chasseurs alpins (de juin à novembre 1917).
Enfin, en novembre 1917 le 224e RI (régiment de réserve du 24e - casernement à Caen) intègre à la 5e DI peu de temps avant la dissolution du 274e (décembre 1917).
Souain (Marne), camp de Darolles, mars-mai 1918
Groupe des grenadiers d’élite du 74e RI 2e bataillon, au centre le sous-lieutenant Gaugry
(Album R. Verney p. 198)
Pour appréhender dans le détail l'organisation interne d'un régiment d'artillerie de campagne tel que l'AD5 (composition, instruction, service au combat), nous renvoyons au Règlement provisoire de manoeuvre de l'artillerie de campagne approuvé par le ministre de la guerre, le 8 septembre 1910 (Titres I à VII). Celui-ci, constitue en effet une source essentielle permettant de faciliter l'interprétation des clichés de l'album de R. Verney et leur contextualisation à partir des Journaux des marches et opérations (JMO) régimentaires. Nous nous sommes appuyé sur son édition de 1910, pour effectuer la présentation propre au 43e RAC que nous développons ci-dessous.
Règlement provisoire de manoeuvre de l'artillerie de campagne
approuvé par le ministre de la guerre, le 8 septembre 1910 (Titres I à VII).
Edition en 4 volumes, Paris, Henri Charles-Lavauzelle ed. 1910 (coll. verney-grandeguerre)
Le régiment est placé sous les ordres d’un état major dont un lieutenant-colonel ou colonel assure le commandement assisté de six officiers qui encadrent un effectif de 1 620 hommes assurant le service de 36 pièces de 75 mm modèle 1897 dont la répartition s'organise très précisément.
Canon de 75 côté gauche roue enlevée Canon de 75 côté droit
Planches extraites du Règlement provisoire de manoeuvre de l'artillerie de campagne (Titre IV, fig. 1 et 2)
Le régiment se décompose en trois groupes de trois batteries de quatre canons de 75, les 9 batteries régimentaires numérotées de manière continue de 1 à 9 et se répartissant ainsi :
-1er groupe : batteries n°1,2,3 ;
-2eme groupe : batteries n°4,5,6 ;
-3eme groupe : batteries n°7,8,9
Chaque groupe disposant de 12 pièces d'artillerie, est placé sous les ordres d'un commandant chef d'escadron assisté de 6 à 7 officiers (officier observateur, commandant de groupe d'échelons, officier ou sous-officier d'approvisionnement, officier de liaison, médecin, vétérinaire). Une quinzaine d'hommes s'adjoignent à l'état-major : ordonnances, médecin auxiliaire, brigadiers infirmier ou brancardier, boucher et conducteurs de 4 voitures hippomobiles (voiture médicale, fourgons à bagages, voiture à viande).
Le 3e groupe comprend ainsi précisément en août 1914, 541 hommes dont 16 officiers et 525 sous-officiers et canonniers (source JMO régimentaires), alors qu'en mars 1917 il compte 600 hommes (source JMO service de santé divisionnaire).
Chaque batterie est placée sous les ordres d'un capitaine et de 2 officiers (lieutenant ou sous-lieutenant) disposant d'environ 170 hommes, sous-officiers et hommes du rang canonniers conducteurs ou canonniers servants.
Suivant le Règlement provisoire de manoeuvre de l'artillerie de campagne approuvé par le ministre de la guerre le 8 septembre 1910, le personnel de la batterie montée de 75 sur pied de guerre, est réparti en 9 pelotons de pièce (chaque pièce comprenant plusieurs voitures hippomobiles).
Chacune des quatre premières pièces attelle deux avant-trains l'un doté d'un canon, l'autre d'un caisson à munitions (a), la 5e pièce attelle 2 voitures-caissons, l'ensemble constituant la batterie de tir placée sur la ligne de feu.
(a) Voiture-caisson modèle 1897 (vue avant) Voiture-caisson modèle 1897 (vue arrière)
Planches extraites du Règlement provisoire de manoeuvre de l'artillerie de campagne (Titre IV, fig. 9 et 10)
Brévillers (Somme), juin 1915, 3e groupe du 43e RAC,
attelage à avant-train de six chevaux d'une pièce de 75
(Album R. Verney p. 58)
Caisson en batterie, planche extraite du Bois de Gernicourt (Aisne), février 1915
Règlement provisoire de manoeuvre de l'artillerie de campagne canon de 75 et son caisson en batterie
(Titre IV, fig. 11) (Album R. Verney p. 30)
Les 6e et 7e pièces attèlent 3 caissons à munitions chacune (a), la 8e pièce attelant la forge (b), le chariot de batterie (c) et un caisson pour armes portatives.
(b) Forge modèle 1876 (c) Chariot de batterie pour matériel de 75 modèle 1833
Planches extraites du Règlement provisoire de manoeuvre de l'artillerie de campagne (Titre IV, fig. 15 et 14)
Une 9e pièce attèle le train régimentaire qui comprend un charriot fourragère (d) et 3 fourgons à vivres (e).
(d) Charriot fourragère modèle 1900 (e) Fourgon modèle 1887
Planches extraites du Règlement provisoire de manoeuvre de l'artillerie de campagne (Titre IV, fig. 19 et 18)
Wanquetin (Pas-de-Calais), 16-17 juin 1915 (Album R. Verney p.10)
Officiers du 3e groupe du 43e RAC à proximité d'un fourgon modèle 1887 du train régimentaire
L'ensemble (formé des 6e-9e pièces) constitue le groupe des échelons de combat, placé avec les avant-trains des pièces d'artillerie et caissons en position à 500m environ en arrière de la ligne de feu. C'est de ce point généralement simplement dénommé "Les échelons" placé sous les ordres d'un lieutenant ou sous-lieutenant, que s'effectue avec les six caissons des 6e et 7e pièces, l'alimentation de la batterie en munitions, ces échelons régimentaires étant eux-mêmes alimentés par les sections de munitions de parc du corps d'armée, elles mêmes approvisionnées par le grand parc d'armée (voir infa : Unités d'approvisionnement).
Echelons du 3e groupe du 43e RAC
Ferme de Longvoisin à Ventelay (Marne), janvier-mai 1915
(Album R. Verney p. 47)
Près de 80 hommes, canonniers conducteurs ou "cc", pourvoient à la manoeuvre et à l'entretien des voitures hippomobiles attelées composant chaque batterie, ainsi qu'au soin des 132 chevaux de trait qui y sont attachés (soit un total de 67 voitures et 396 chevaux par groupe).
Les chevaux du 3e groupe du 43e RAC
Abrevoirs à Lucheux (Somme),15 juin 1915 (Album R. Verney p. 61)
Les chevaux du 3e groupe du 43e RAC
Wanquetin (Pas-de-Calais), grande halte, 16-17 juin 1915 (Album R. Verney p.68)
Harnachement 43e Régiment d'artillerie, Campagne 1914-1915 (lieu non dentifié).
(Carte-photo - coll. verney-grandeguerre)
Chaque batterie dispose de 44 canonniers servants "cs" répartis au sein de deux sections qui assurent individuellement la mise en batterie de deux pièces de 75. Chaque pièce est placée sous les ordres d'un sous-officier (adjudant, maréchal des logis chef ou maréchal des logis) accompagné d'un ou deux brigadiers, et servie par 5 hommes du rang : pointeur ou maître-pointeur, chargeur et tireur (servants de pièce), pourvoyeur et déboucheur (servants de caisson).
Bois de Gernicourt (Aisne), décembre 1914 - mars 1915
2e section de la 9e batterie 75 en action, les servants chargent la pièce
(Album R. Verney p. 32) à l'extrême droite maréchal des logis Estard
(Album R. Verney p. 33)
21e, 22e et 23e batteries - Groupe de renforcement du 43e RAC : AD53 et 243e RAC
Le 43 RAC possède un groupe de renforcement (21e, 22e et 23e batteries, chacune dotée de 4 pièces de 75), principalement composé de réservistes encadrés par des éléments d'active (soit environ 550 hommes). Ce groupe connait durant tout le conflit, un parcours totalement indépendant du reste du régiment et s'associe à celui de la 53e division d'infanterie (voir JMO 43e RAC 1er groupe de renforcement).
Mobilisé à Versailles (Ecole maternelle de la rue Neuve) et placé tout d'abord sous le commandement du chef d’escadron Adrien Moïse Mendès-Bonito, il forme en effet, en août 1914, le 1er groupe du groupement constituant l'artillerie divisionnaire de la 53e division d'infanterie (mobilisée dans la 3e région, la 53e DI fait partie du 4e groupe de divisions de réserve) (voir JMO AD 53 sur mémoire des hommes).
Outre ses éléments issus du 43e RAC, le groupement de l'AD 53, dispose des groupes de renforcement des 22e RAC (24e, 25e et 26e batteries) et 11e RAC (27e, 28e et 29e batteries), qui forment respectivement ses 2e et 3e groupes. A partir du 18 septembre 1915 le 1er groupe est placé sous les ordres du chef d’escadron Louis Clément Joseph Girard(1869-1934) auquel a été confié, dès août 1914, le commandement de la 23e batterie du 43e RAC.
Le 1er avril 1917, le groupement constitue le 243e RAC, unité nouvellement créée et qui conserve jusqu'à la fin du conflit, sous les ordres du lieutenant-colonel Gustave Georges Ernest Victor Crousse (1873-1946), son affectation en tant qu'AD 53. Les 21e, 22e et 23e batteries du 43e RAC, agissant désormais sous l'uniforme de la nouvelle unité, constituent le 1er groupe du 243e RAC (voir JMO) dont le chef d'escadron Girard conserve le commandement. Les 2e et 3e groupes sont parallèlement composés des éléments issus des 22e et 11e RAC (voir JMO 243e RAC).
Lors de la dissolution du 243e RAC, le 25 janvier 1919, le 1er groupe est reversé 43e RAC, rejoignant le dépôt de Caen le 5 février 1919 (voir historique régimentaire du 243e RAC).
Sur le front occidental avec la 53e division d'infanterie
mémoires de Louis Clément Joseph GIRARD, témoin du 1er groupe de renforcement du 43e RAC
(coll. verney-grandeguerre)
On doit à l'ancien chef d'escadron du groupe de renforcement du 43e RAC, le commandant Louis Girard, une restitution détaillée du parcours de l'unité au travers de ses mémoires, publiées dans un ouvrage en quatre volumes ayant pour titre : Sur le front occidental avec la 53e division d'infanterie. (I, Paris, Berger-Levrault, 1932 ; II, Besançon, Sequana et III, Paris, Brodart et Taupin eds., s.d. (éditions posthumes) ; IV, Compiègne, Imprimerie du progrès de l'Oise [1938], ce dernier volume n'étant pas directement de la main de l'auteur, mais mis en forme in mémoriam par un groupe d'anciens officiers du 243e RAC).
Témoignage capital sur le parcours du groupement de renforcement du 43e RAC, la qualité et la précision du récit trouve sa source même dans la démarche de son auteur (cf. volume IV, p. 369) :
"Je me suis appliqué à noter scrupuleusement, au jour le jour, et parfois heure par heure, les événements, les on-dit, les récits et causeries des poilus, des camarades et des chefs, leurs réflexions, leur état moral du moment. Ces notes, écrites sur des carnets de poche (12) et à peu près indéchiffrables pour tout autre que moi-même, ont été simplement mises au net. Des suppressions ont été faites. Rien n'y a été ajouté. Il faut trouver dans ces pages le récit sans prétention de ce que fut la guerre pour un groupement d'artillerie ayant su garder jusqu'à l'armistice, malgré les pertes et les mutilations, malgré les apports successif d'un sang plus jeune, l'esprit qui l'avait animé à la mobilisation."
En complément, signalons que les archives départementales du Calvados conservent un lot documentaire inédit (cote 1J/42/9) issus d'un officier du 1er groupe de renforcement du 43e RAC : la correspondance adressée à ses parents entre le 30 juillet 1914 et le 22 mars 1915 par le sous-lieutenant de réserve Maurice Alliot (1889-1990) centralien, affecté la 21e batterie d'août 1914 à l'automne 1916.
Un capitaine du 243e RAC (1917-1918), boyau des téléphonistes, PC d'artillerie n°1
(tirage photographique original coll. Verney-grandeguerre)
Hommes du 243e RAC, Haut-Rhin (correspondance datée du 11/08/1918).
(Carte photo - coll. Verney-Grandeguerre)
43e batterie de 90 du 43e RAC - 270e RAC
De la même manière, par décision ministérielle n°2978 3/3 du 6 mars 1915, une batterie du 43e RAC (43e batterie, dépôt de Versailles, 170 hommes environ), forme avec deux autres batteries, l’une du 22e RAC et l’autre du 11e RAC un groupe équipé de canons de 90mm. Rattaché au 43e RAC et placé sous le commandement du chef d'escadron Delalleau, ce groupe a un lui aussi un parcours bien distinct du reste du régiment durant tout le conflit (voir 43e RAC, JMO 43e batterie de 90).
Destiné, après un entrainement au camp de Mailly, à former le 2e groupe de l’AD 151, il rejoint le Détachement d'Armée de Belgique puis le 36e Corps d'armée, intégrant tout d'abord l'ADT 87 accompagné d'un groupe issu du 10e RAC, puis à compter du 4 mai 1915 et successivement, l’AD 45, l’AD 153, l’AD 152 enfin l’AD 45.
Le 1er septembre 1915 les deux groupes renforcés d'un groupe du 29e RAC forment l’ADT 81 et prennent tout d'abord position en Artois dans le secteur de Bully-Grenay.
Le 1er avril 1917 lors de la création du 270e RAC (AD 81), les 1er et 2e groupes constituent le 1er et le 2e groupes du nouveau régiment (respectivement 41e, 42e, 43e batteries et 44, 45, 46e batteries), associés à un troisième groupe issu du 58e d’artillerie (47e, 48e et 49e batteries). Ils sont désormais équipés de pièces de 75 : voir historique régimentaire du 270e RAC.
In memoriam Louis Ernest Prosper Alexandre Girard (cf. reg. matric.),
2e canonnier conducteur, 43e RAC, 43e batterie de 90, mort pour la France à Brielen (Belgique).
Mortellement blessé alors que son unité (groupe Delalleau) est engagée
depuis le 26 mai au sein de l'AD45 au nord-ouest d'Ypres (voir situation de la position).
(carte mortuaire Imp. Chenel, J. Demare successeur, Caen - coll verney-grandeguerre)
61e, 62e et 63e batteries de dépôt
La connaissance de la composition et du parcours de ces trois unités (mobilisant un total d'environ 550 hommes) reste incomplète. Batteries de réserve, d'instruction et de passage, elles sont affectées au dépôt régimentaire à Versailles au début du conflit.
Correspondance depuis Versailles 15/08/1914 Correspondance depuis Versailles 21/08/1914
adressée par Arthur Marcel Bruneaux avec cachet du 43e RAC, 63e batterie
43e RAC, 62e batterie (reg. matric.) adressée par Louis-Aimable Panchout (reg. matric.)
(cartes postales - coll. verney-grandeguerre)
Correspondance depuis Versailles 03/11/1914
avec cachet 43e RAC 62e batterie
(carte postale - coll. verney-grandeguerre)
2e escadron territorial d'étapes du 43e RAC - 72e batterie de dépôt
Le 2e escadron territorial d'étapes du 43e RAC, parfois dénommé "Groupe territorial du 43e RAC" dans les registres de matricules,