II L'Aisne : septembre 1914 - mai 1915
Introduction à la restitution du journal de marche de René Verney
II
Front de l’Aisne (13 septembre 1914 – 22 mai 1915)
L’album de la guerre européenne de R. Verney contient 137 clichés illustrant cette campagne (p. 21-58) qui débute au lendemain de la Bataille de la Marne (voir chapitre I). Aucun cliché ne rend compte des engagements du mois de septembre 1914, au moment de la stabilisation du front dans le secteur d’action du groupe situé au nord-est de Reims (Marne) où il est en position jusqu’à fin octobre à Merfy, Thil, Courcy, La-Neuvillette et Saint-Thierry (Marne). Le groupe compte 2 tués et 6 blessés au cours de cette phase de la campagne.
Les plus anciens clichés de l’album datés de novembre 1914, rendent compte des destructions de Reims (4 clichés p. 21), alors les premières prises de vues relatives aux activités militaires illustrent, mais de manière très lacunaire, la prise de position du groupe à Hermonville (Marne) du 1er novembre au 10 décembre (3 clichés p. 22).
A partir du 11 décembre 1914 et ce jusqu’au 15 mai 1915, le groupe est en position à Gernicourt et Roucy (Aisne) sur les plateaux dominant la vallée de l’Aisne face à Berry-au-Bac et Pontavert. Les prises de vues prennent alors la dimension d’un véritable reportage photographique constitué de 120 clichés. Ils témoignent de l’activité des batteries et des conditions de vie au plus près des combats (principalement p. 23-35, 37-43 et 49-54), des destructions sur la ligne de front (vues de La-ville-aux-Bois, Pontavert et Berry-au-Bac p. 43-46 et 55-56), et des activités au cantonnement des échelons à Ventelay (p. 30, 47-48).
Sont ainsi perceptibles les adaptations progressives liées à l’installation de longue durée sur un front désormais stabilisé mais très actif, des abris de tirs étant construits pour la protection des batteries sur les positions les plus exposées (p. 28, 35, 42, 49, 50).
Des pièces de 90 et de 95 s’adjoignent désormais aux batteries de 75 (p. 38, 32) ainsi que des pièces de gros calibres appartenant aux 1er et 4e régiments d’artillerie lourde (120 court Bacquet, 155 CTR Rimalho, 155 long de Bange) qui occupent des positions proches (p. 25, 28-30, 32, 53).
Le rôle croissant joué par l’aviation est également mis en avant tant par les aménagements anti-aériens (p. 53-54) que par l’intégration au sein de l’escadrille C4 d’un officier d’artillerie du groupe (p. 17-18).
On dénombre au sein du 3e groupe du 43e RAC, au cours de cette période de prise de position à Gernicourt et Roucy, 6 blessés (dont un décédé le jour même), un ensemble de prises de vues mettant en valeur plusieurs membres de l’équipe médicale : médecin auxiliaire infirmiers et brancardiers (p. 4, 32, 47).
Ce n’est qu’en octobre que sont mis en place les états mensuels récapitulatifs des pertes et les relevés des évacuations et des indisponibilités au corps et qui permettent de suivre statistiquement l’évolution de l’état de santé des hommes de la division. Ainsi pour les hommes dont le suivi médical est du ressort du docteur de René Verney, au mois d’octobre est enregistré le plus grand nombre de jours d’indisponibilité de toute cette campagne (120 jours). De novembre à mai leur nombre chute de moitié, compris entre 49 et 70, soit une moyenne de 66 jours par mois.
Le service de santé divisionnaire apporte en effet progressivement un soin tout particulier aux mesures de prophylaxie concernant la gestion des ressources en eau par désinfection des réserves en tonneaux (cf. Album p. 43), les infestations de poux, la propagation de la galle (en régression en mars) et enfin la lutte contre les gelures des pieds (préconisations et distribution de vaseline) compte-tenu du nombre de cas enregistrés fin novembre dans la division.
Bien qu’aucun relevé mensuel ne soit encore mis en place vis-à-vis des maladies contractées, le service divisionnaire porte une grande attention aux affections épidémiques qui apparaissent au sein de la 5e DI (typhoïde, oreillons, rougeole, méningite, rubéole, scarlatine), la typhoïde étant la plus meurtrière (à l’image de plusieurs hommes du 43e RAC, le brigadier Edmond Louis Peltier évacué décédé le 9 octobre 1914 à Meudon et le 2e Cs Raymond Joseph Benjamin Noël, évacué décédé le 9 octobre 1914 à Paris, Hôpital de la Charité, le 2e Cc Arthur Victor Decorde, évacué décédé le 28 octobre 1914 à Meudon, Hôpital auxiliaire n°23).
Leur propagation semble épargner le 3e groupe du 43e RAC, où sont néanmoins signalés dès le mois d’octobre un cas suspect d’oreillons (un autre cas avéré le 7 février) et un premier cas de typhoïde (avec ensuite un cas mensuel enregistré de décembre à février). De février à avril le service médical divisionnaire procède enfin à la vaccination de 10 000 hommes contre la typhoïde, la seconde injection des hommes du 3e groupe du 43e RAC étant confiée à R. Verney.
La relève s’opère le 15 mai le groupe quittant rapidement le secteur via Magneux-les-Fimes (p. 57) et Seringes-et-Nesles (p. 58) pour embarquer en gare de Fère-en-Tardenois le 22 mai 1915 (p. 57) en direction de l’Artois.
Soulignons enfin qu'il est possible d'enrichir cette restitution du parcours de R. Verney d'autres témpoignages, à l'image des lettres qu'adresse le capitaine Eugène Jobit (commandant de la 7e batterie, 3e groupe du 43e RAC) à son frère le sous-lieutenant Marcel Jobit alors affecté à la 6e section de munitions d’artillerie du 3e corps d’armée. Nous renvoyons ici aux pages que nous avons consacré à leur contextualisation. Il en va de même des clichés du brigadier Marie Charles André Roussel, attaché à la 3e batterie (1er groupe du 43e RAC) conservés à l'Historial de la Grande Guerre de Péronne (voir : André Roussel un combattant photographe du 43e RAC) et que nous présentons parallèlement dans une page dédiée (voir : André Rouxel II).
Tirailleurs, Muizon (Marne), janvier 1915 (p.70)
voir la suite :
Le Journal de marche restitué illustré HD
Itinéraire et relevé des pertes du 3e groupe du 43e RAC
Itinéraire de R. Verney du 13 septembre 1914 au 22 mai 1915
Noms de lieux cités en légende renvoyant à la pagination de l’album (accès aux clichés voir index général) :
Berry-au-Bac (Aisne) p. 35-36, 43- 46
Bois des Geais à Gernicourt (Aisne) p. 33
Bois de Savart à Roucy (Aisne) p. 9, 49, 50, 51, 56
Choléra (observatoire du) à Gernicourt (Aisne) p. 31
Nesles (Château de) (voir Seringes-et-Nesles)
Fère-en-Tardenois (Aisne) p. 18, 57
Gernicourt (Aisne), p. 4, 5, 9, 10, 12, 23-35, 37- 42
Hermonville (Marne) p. 22
Longvoisin (ferme de) à Ventelay (Marne), p. 6, 22, 30, 47, 48
Magneux (Marne), p. 57
Marzilly (Château de) (voir Hermonville)
Pontavert (Aisne) p. 45, 55, 56
Reims (Marne) p. 21
Roucy (Aisne) p. 9, 49-54, 56
Saint-Thierry (Marne) p. 22
Seringes-et-Nesles (Aisne) p. 58
Ventelay (Marne), p. 6, 22, 30, 40, 47, 48
Ville-aux-Bois (la) (Aisne) p. 44
Pertes du 3e groupe du 43e RAC
Relevé effectué d’après les JMO régimentaires
FRONT DE L’AISNE (13 septembre 1914 – 22 mai 1915)
Morts pour la France
-DROUET Robert Ernest Louis, 2e Cc, 8e batterie, tué à l'ennemi le 14/09/1914 à Courcy (Marne)
-MOUQUET Gaston Adolphe Aimable, 2e Cs, 9e batterie, blessé le 09/04/1915 à Roucy (Aisne), mort des suites de ses blessures le 9 avril à Bouffignereux (Aisne)
-RAOULT Eugène Ernest Edmond, 2e Cc, 9e batterie, tué à l'ennemi le 16/09/1914 à Thil (Marne)
Blessés
BOURNIQUE, maréchal des logis, 8e batterie, blessé le 14/09/1914 à Courcy
(Marne)
VERIN,2e Cs, 8e batterie, blessé le 14/09/1914 à Courcy (Marne)
JEAN Raymond Damien Paulin, Sous-lieutenant, 8e batterie,blessé le 16/09/1914 à Thil (Marne)
CRESCENT, 2e Cs, 7e batterie, blessé le 16/09/1914 à Thil (Marne)
NEVEU, 2e Cc,8e batterie, blessé le 16/09/1914 à Thil (Marne)
FANET, 2e Cc, 9e batterie, blessé le 20/09/1914 à Saint-Thierry (Marne)
GARNUCHOT Paul-Marie, capitaine, 8e batterie, blessé le 17/02/1915 à Roucy (Aisne)
HECKMANN, maître-pointeur, 7e batterie, blessé le 09/04/1915 à Roucy (Aisne)
CHOCAT, 2e Cs, 7e batterie, blessé le 09/04/1915 à Roucy (Aisne)
CHEVILLARD, lieutenant, 7e batterie, blessé le 09 et le 10/04/1914 à Roucy (Aisne)