III L'Artois : mai - octobre 1915
Introduction à la restitution du journal de marche de René Verney
III
Front d’Artois (23 mai – 25 octobre 1915)
L’album de la guerre européenne de R. Verney (p. 59-108) contient 159 clichés illustrant cette campagne suivant l’entier parcours du 3e groupe du 43e RAC et donc, de la 5e division d’infanterie, dans le Pas-de-Calais.
En provenance du front de l'Aisne (voir chapitre II) et débarqué à Saint-Pol-sur-Ternoise (Somme) le 23 mai 1915, le 3e groupe est au repos jusqu’au 3 juillet dans les cantonnements successifs de Brévillers (Somme) (p. 2, 4, 10, 58-60), puis Fosseux (p. 8), Wanquetin (p. 10, 61, 68), Mingoval (en compagnie de troupes coloniales p. 62, 69), Beugin (63, 65-66) et enfin Maisnil-les-Ruiz (Pas-de-Calais) (p. 67-68). Fin juin, René Verney accompagné de plusieurs officiers du groupe, en profite pour se rendre jusqu’à Béthune et faire une descente dans les puits de Noeux-les-Mînes (Pas-de-Calais) (p. 63).
Le 4 juillet, le groupe monte sur Frévin-Capelle (p. 70) pour prendre position à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais). Les batteries sont installées sur la commune de Marœuil au sud-est de la Targette entre le chemin des pylônes et la route de Béthune et restent sur ce secteur du 5 juillet au 23 octobre, les échelons cantonnant dans le bois d’Habarq (p. 8, 73-76). Les prises de vues illustrent la vie quotidienne au plus près des batteries (p. 77-80, 83, 88-92) et des postes de secours (p. 77-86), une série de clichés illustre également les positions avancées de la Targette, du Labyrinthe et de Maison blanche (81-84).
Il peut-être noté que le frère cadet de René Verney, Louis Verney (Quettehou 1883 - id. 1935), soldat de 2e classe du 25e RI (20e DI) (registre de matricule subdivision de Cherbourg, classe 1903, matricule 886), est en position depuis le 22 mai sur le secteur est du Labyrinthe, entre Ecurie et Rolincourt (Pas-de-Calais), de part et d'autre de la route de Lille (voir les clichés aériens n°1075 et 1799 du secteur). Le 25e RI y demeure jusqu'au 24 juillet, après avoir enregistré la perte de 23 officiers et 1 300 hommes (voir l'historique régimentaire du 25e RI). Bien que les deux frères combattent ainsi durant vingt jours (du 5 au 24 juillet) à moins de 4 km l'un de l'autre, rien dans l'album ne témoigne de cette proximité.
Louis François Armand Verney en uniforme du 25e RI, vers 1905
(photographie originale - coll.verney-grandeguerre)
Le 3e groupe du 43e RAC est engagé dans les combats dès le 8 juillet et participe à l’offensive lancée 25 septembre sur le bois de la Folie. Au cours de celle-ci, le service de santé divisionnaire rencontre de grandes difficultés dans l’organisation des évacuations (parmi les brancardiers 15 tués et 19 blessés, destruction du poste de secours de la Targette, train Decauville mal équipé, circulation des automobiles très difficiles). Les postes de secours du 43e RAC sont regroupés chemin des pylônes au carrefour de la route de Marœuil à Neuville (p. 77 et 86) le 3e groupe ayant à déplorer au cours de la période 1 tué et 9 blessés parmi lesquels 3 décédés des suites de leurs blessures.
Le service de santé de la 5e DI est en charge de la protection contre les gaz asphyxiants. Le 8 juillet est créé sous la direction du pharmacien aide-major Tabuteau, un laboratoire de toxicologie pour les expertises chimiques, la recherche des gaz toxiques et des engins renfermant des produits de cette nature utilisés par l’ennemi, les prélèvements des pièces anatomiques renfermant des gaz toxiques. Le 13 juillet confirmation par le médecin de la 5e DI que l’ennemi se sert de gaz asphyxiants. Le 13 septembre conférence à tous les chefs de service sur les gaz asphyxiants, l’emploi des capsules huilées, l’usage des pulvérisateurs et des appareils Regnier. Le 2 octobre le 3e groupe du 43e RAC est pour la première fois confronté à une attaque aux gaz asphyxiants mais ne semble pas éprouver de pertes. Quelques clichés démontrent que les officiers du groupe ont perçu en Artois des équipements de protection spécifiques (lunettes, tampons, appareil Draeger cf. p. 83, 91-92), ainsi que des casques Adrian (p. 91-92).
Le 22 août le médecin de la 5e DI qualifie d’excellent l’état sanitaire des hommes de l’artillerie divisionnaire. Durant la période, le dépouillement des relevés journaliers établis par le médecin divisionnaire (en l’absence de synthèses mensuelles) ne permet de dénombrer qu’un seul cas d’affection gastro-intestinale (cas non fébrile) et un seul cas de rougeole parmi les maladies contagieuses, néanmoins, le nombre de jours d’indisposition relevé au sein du 3e groupe du 43e RAC est en moyenne plus élevé (88 jours par mois) qu’au cours de l’hiver précédent (front de l’Aisne).
Devant la recrudescence des états fébriles et diarrhéiques dans les rangs des régiments d’infanterie et plus particulièrement au 74e RI et 36e RI, il est procédé le 12 juillet à l’analyse des eaux des puits à Neuville et Rietz qui se révèlent impropres à la consommation. Les mesures de prophylaxie et d’hygiène sont renforcées (ensevelissement de cadavres découverts dans les ruines de Neuville, chaux sur les feuillées). Les vaccinations anti-typhoïdiques sont reprises.
Le groupe est relevé du 21 au 23 octobre 1915 et quitte les ruines de Neuville-Saint-Vaast (p. 92-106), via Ablain-Saint-Nazaire (Pas-de-Calais) (p. 106) afin d’embarquer en gare de Saint-Pol-sur-Ternoise (Somme) le 25 octobre pour se rendre dans le secteur de la Somme au sud d’Amiens. Une série de clichés des ruines d’Arras clôture ce chapitre de l’album (p. 107-108).
Une nouvelle fois, nous renvoyons en complément aux témpoignages que représentent les ultimes lettres qu'adresse le capitaine Eugène Jobit (commandant de la 7e batterie, 3e groupe du 43e RAC) à son frère Marcel (voir ici la page consacrée à leur contextualisation) et les derniers clichés pris par le brigadier Marie Charles André Roussel, attaché à la 3e batterie (1er groupe du 43e RAC) conservés à l'Historial de la Grande Guerre de Péronne (voir : André Roussel un combattant photographe du 43e RAC) et que nous présentons dans une page dédiée (voir : André Roussel IV).
Voir la suite :
Journal de marche restitué illustré HD III
Itinéraire et pertes du 3e groupe du 43e RAC
Itinéraire de R. Verney du 23 mai au 25 octobre 1915
Noms de lieux cités en légende renvoyant à la pagination de l’album (accès aux clichés voir index général) :
Ablain-Saint-Nazaire (Pas-de-Calais) p. 106
Arras (Pas-de-Calais) p. 107-108
Beaufort-Blavincourt (Pas-de-Calais) p. 18
Berles-Montchel (Pas-de-Calais) p. 17
Béthune (Pas-de-Calais) p. 63
Beugin (Pas-de-Calais) p. 63, 65, 66
Blavincourt (voir Beaufort-Blavincourt)
Brévillers (Somme) p. 2, 4, 10, 11, 58-60
Chemin des pylônes à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais) p. 77-80,86
Doullens (Somme) p. 13, 60
Fosseux (Pas-de-Calais) p. 8
Fresnicourt-le-Dolmen (Pas-de-Calais) p. 8, 68
Frévin-Capelle (Pas-de-Calais) p. 70
Habarcq bois d' (Pas-de-Calais) p. 8, 73-76
Haute-Avesnes (Pas-de-Calais) p. 86
Labyrinte à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais) p. 81,82
Lucheux (Somme) p. 7, 60, 61
Maisnil-lès-Ruitz (Pas-de-Calais) p. 67
Maison blanche, à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais) p. 81, 82
Marœuil (Pas-de-Calais) p. 77-80, 85-92
Mingoval (Pas-de-Calais) p. 62, 69
Mont-Saint-Eloi (Pas-de-Calais) p. 71, 72, 86
Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais) p. 77-106
Noeux-les-Mines (Pas-de-Calais) p. 6, 63
Olhain (château d') voir Fresnicourt-le-Dolmen (Pas-de-Calais)
Profond val à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais) p. 80, 85
Targette (la) à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais) p. 83, 84
Tranchée des abris à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais) p. 85
Wanquetin (Pas-de-Calais) p. 8, 10, 61, 68
Pertes du 3e groupe du 43e RAC
Relevé effectué d’après les JMO régimentaires
FRONT D’ARTOIS (23 mai – 25 octobre 1915)
Morts pour la France
-LEDRAPPIER Constant Elie Georges, 2e Cc, 9e batterie, blessé le 15/10/1915 à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais), décédé des suites de ses blessures le 15 octobre à Maroeuil (Pas-de-Calais)
-OSMONT Louis Lucien, 2e Cs, 9e batterie, blessé le 25/08/1915 à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais), décédé des suites de ses blessures le 25 août à Haute-Avesnes ambulance 13/3
-REGNIER René louis, 2e Cc, 9e batterie, blessé le 03/09/1915 à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais), décédé des suites de ses blessures le 6 septembre à à Agnez-les-Duisans (Pas-de-Calais)
-RICHARD Augustin Léonard, brigadier-chef, 7e batterie, tué à l'ennemi le 11/10/1915 à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais)
Blessés
-BARRIERE[S], maréchal des logis, 9e batterie, blessé le 28/05/1915 à Brévillers (Somme)
-BLIN, 2e C, cuisinier, 7e batterie 1ère section, blessé le 07/10/1915 à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais)
-HEBERT, 8e batterie, blessé le 08/07/1915 à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais)
-HEUGUES, 2 Cs, 9e batterie, blessé le 13/07/1915 à Rietz (Pas-de-Calais)
-GENET, maître-pointeur, 8e batterie, blessé le 15/07/1915 à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais)
-NAULET Emmanuel Ollivier, maître pointeur, 8e batterie, blessé le 10/07/1915 à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais)
-PAUMIER, 9e batterie, blessé le 16/07/1915 à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais)