VIII Saint-Quentin : sept. 1917 - janv. 1918
Introduction à la restitution du journal de marche de René Verney
VIII
Secteur de Saint-Quentin (2 septembre 1917- 17 janvier 1918)
L’Album de la guerre de René Verney (p. 182-193) renferme 34 clichés illustrant cette période qui débute au lendemain de son retrait du Chemin des Dames (voir chapitre VII). Le débarquement du 3e groupe du 43e RAC le 2 septembre 1917 en gare d’Hargicourt (Aisne) est suivi d’un cantonnement du 3 au 9 septembre au Quesnel où il participe à un cours de tir période dont rendent compte six clichés (Album p. 182-183).
A partir du 12 septembre 1917 et ce jusqu’au 13 janvier 1918 le groupe prend position à quelques kilomètres à l’ouest de Saint-Quentin dans les bois au nord de Savy (Aisne) où il se rend via Rouy-le-Petit (Somme) et Bray-Saint-Christophe (Aisne). Une dizaine de clichés rendent compte de la destruction complète des villages proches du front : Savy, Etreillers, Francilly-Selency (Album p. 185, 186, 190, 192) et une quinzaine des conditions de vie sur les positions occupées (Album p. 184, 186-190).
Ces quatre mois au front ne sont caractérisés par aucune offensive marquante. Ils sont ponctués par l’exécution de tirs presque quotidiens mais avec des objectifs très divers : neutralisation de groupes de travailleurs, destructions de mitrailleuses, de pièces d’artillerie de tranchée (minen). Les tirs de barrage, de représailles et de harcèlement demeurent assez rares comme les tentatives de brèches dans les lignes ennemies, et le soutien aux quelques coups de mains tentés par l’infanterie. La consommation moyenne en munition du groupe peut être estimée à seulement une dizaine de coup par pièce et par jour.
Plusieurs séquences de tirs intenses ont néanmoins lieu, l’un des évènements les plus spectaculaires se déroulant le 22 septembre 1917, avec le bouleversement complet par l’artillerie ennemie de la position de la 8e batterie. L’ampleur des destructions est révélée par 4 clichés (Album p. 187-189). Pourtant, le 3e groupe du 43e RAC ne déplore aucun tué ou blessé au cours de la période.
Parallèlement à une activité opérationnelle limitée, cette période est marquée par de nombreuses permissions de détente notamment octroyées aux officiers, à l’image du lieutenant-colonel Eymard, qui laisse le commandement du régiment du 8 au 20 septembre successivement au commandant Malraison puis au commandant Garnuchot, ou du chef d’escadron du 3e groupe, le commandant Berntzwiller, qui quitte le front du 16 novembre au 1er décembre. Le Dr René Verney est quant à lui détaché quelques jours à Marigny-les-Compiègnes en décembre, pour se rendre à « un cours de gaz ».
Depuis le mois de septembre le décompte individuel des pertes par les gaz est désormais intégré aux relevés mensuels dressés par le service de santé divisionnaire. Ceux-ci permettent de souligner que les intoxications épargnent tout au long de la période le 43e RAC, les seules pertes enregistrées au sein de la 5e DI ne remontant qu’au 13 décembre et se limitant à cinq intoxiqués au 224e RI considérés comme le résultat d’accidents survenus aux masques de protection.
Le service de santé a en effet poursuivi sa lutte contre les intoxications par des mesures préventives. Au sein du 3e groupe du 43e RAC sont ainsi mis en place des exercices réguliers d’application des masques (25-29 octobre, 2-10, 15-20 novembre, 2-4, 16 et 20 décembre, 11 janvier), des tirs avec équipement de masques Tissot (21 novembre, 16 décembre), des revues de masques étant opérées du 25 au 29 octobre, du 6 au 10, les 12, 15 et 19 novembre, du 2 au 4, les 12 et 20 décembre, et le 11 janvier.
Le 26 octobre des mesures de prophylaxie contre les gelures des pieds (note distribuée à tous les officiers), et des mesures préventives contre la propagation du Typhus et du Choléra sont mises en place. Le service reste parallèlement très attaché au suivi des vaccinations T.A.B (vaccination contre la typhoïde et les paratyphoïdes A et B). Au sein du 3e groupe 31 hommes sont revaccinés en octobre et 36 en décembre. Au cours de la période les indisponibilités au corps pour raison médicales sont en moyenne de 157 jours par mois. Si aucune maladie épidémique n’est enregistrée, parmi les maladies contagieuses ordinaires les infections des voies digestives et les diarrhées restent majoritaires 53% (30 cas mensuels en moyenne), les évacuations pour raisons médicales demeurant assez faibles (14 cas en 5 mois).
Relevé avec la 5e DI par la 6e DI britannique, le groupe est finalement retiré du front le 14 janvier 1918 et se rend, via Quivières (Album p. 193) et Moyencourt, en gare de Nesle (Somme), où il embarque le 17 janvier 1918 en direction du front de Champagne.
voir la suite :
Le Journal de marche restitué illustré HD
Itinéraire et pertes du 3e groupe du 43e RAC
Journal de marche de René Verney 2 septembre 1917 – 18 janvier 1918
Noms de lieux cités en légende renvoyant à la pagination de l’album (accès aux clichés voir index général) :
Bray-Saint-Christophe (Aisne) p. 192
Etreillers (Aisne) p. 185-186
Francilly-Selency (Ainse) p. 190
Quesnel Le (Somme) p. 182-183
Quivières (Somme) p. 193
Savy (Aisne) p. 184-190
Pertes du 3e groupe du 43e RAC
Relevé effectué d’après les JMO régimentaires
Aucune perte recensée (Mort pour la France - Blessé - Disparu - Intoxiqué)