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René Verney un médecin normand dans la grande guerre (43e RAC, 74e et 24e RI)
2 février 2020

Eugène JOBIT capitaine du 43e RAC, lettres du front 1914-1915


 

 

 

 

 

Un témoignage inédit du 43e RAC :

les lettres du capitaine Eugène JOBIT

à son frère Marcel

(26 novembre 1914 – 25 mai 1915)

 

 

 

 Portrait du capitaine Eugène Jobit,

(document d'origine familiale, communication Stéphane Breguet)

 

Cette page est consacrée à la présentation du témoignage inédit et très personnel d’un officier du 43e RAC. Il s’agit de douze extraits de lettres rédigées depuis le front entre le 26 novembre 1914 et le 25 mai 1915 par le capitaine Eugène Jobit (1869-1916), commandant la 7e batterie du 3e groupe du 43e RAC. Les correspondances sont toutes adressées à son jeune frère, le sous-lieutenant Marcel Jobit (1873-1938), affecté au même régiment, mais alors détaché à la Société mécanique de précision à Clichy d'après son registre de matricule (Voir Index des noms de personnes H à L).

 

Ces fragments épistolaires forment les dernières pages de la retranscription des carnets de guerre qu’a tenu Marcel Jobit du 7 août au 7 novembre 1914, alors qu’il était affecté à la 6e section de munitions d’artillerie du 3e corps d’armée. Ce document dactylographié par son gendre, Claude Breguet (1910-1989), et dont un exemplaire est conservé au Service historique de la défense (cote SHD 1 KT 131, pp. 31-38), n’a jusqu’à présent été que très partiellement exploité (voir : Roger Biot Fameux Normands, Normands fameux souvenirs d'un journaliste. Rouen, PTC-le P'tit Normand éd., 2002 ; François Cochet Survivre au front, 1914-1918, les soldats entre contrainte et consentement. Soteca/14-18, Saint-Cloud, 2005 ; voir également Premières victoires aériennes : le 43e RAC pour témoin)

 

Claude Breguet, qui a eu entre les mains les courriers originaux, précise : Nous avons extrait de ces lettres uniquement ce qui concernait les opérations militaires et la vie de la batterie, tout en les enrichissant de quelques notes. Il nous est apparu utile ici, de développer cette approche de contextualisation afin de mieux cerner la teneur de cette correspondance qu’il s’agisse des personnes citées, des lieux et faits évoqués et ainsi mieux apprécier la valeur de ce témoignage direct de l’état d’esprit au cours des premiers mois du conflit, d’un officier d’artillerie de réserve rappelé à l’active.

 

Classés chronologiquement, ils sont ici regroupés en fonction de la position occupée sur le front par l’unité du capitaine Eugène Jobit et permettent ainsi de cerner le cadre de leur rédaction. Onze lettres correspondent ainsi à la période où la 7e batterie du 43e RAC est en action sur le front de l’Aisne, successivement sur le secteur de Loivre (Marne), puis sur celui de Berry-au-Bac et Pontavert (Aisne), voir : I L'Aisne : septembre 1914 - mai 1915. La douzième lettre s’associe quant à elle, à une période de repos et d’instruction du personnel en Artois, avant la prise de position de l’unité sur le secteur de Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais), voir : II L'Artois : mai - octobre 1915.

 

Nous tenons à adresser nos chaleureux remerciements à Stéphane Breguet, arrière-petit-fils de Marcel Jobit, qui nous a accompagné dans ce travail et rendu possible sa publication ici.

 

 

FRONT DE L’AISNE

 

A l'entrée en guerre, Eugène Jobit, ancien élève de l'école polytechnique (X1889) ayant tout d'abord entammé une carrière militaire (1891-1909), collabore depuis 1910 avec son beau-père, Jules Edmond Lainé à la direction de la manufacture de tapis et couvertures Edmond Lainé & Cie à Beauvais. Mobilisé en août 1914 au grade de capitaine en 2e de réserve, il assure sous l’uniforme du 43e régiment d’artillerie, le commandement de la 6e section de munitions d’artillerie du 3e CA au sein de laquelle est également affecté son frère le sous-lieutenant Marcel Jobit. Cette section accompagne ainsi le mouvement des 11e, 22e et 43e régiments d’artillerie de campagne, afin d’assurer leur approvisionnement en munitions.

 

A l’issue de la Bataille de la Marne, lors de la stabilisation du front à la mi-septembre 1914, le 43e RAC est parvenu avec la 5e DI au nord-ouest de Reims, face au fort de Brimont qui reste entre les mains des Allemands. Le 18 septembre, le 3e groupe d’artillerie du régiment prend position au sud de Saint-Thierry (Marne) d’où les hommes assistent à l’incendie de la cathédrale de Reims, qui se déclare le 19 septembre dans la soirée et dure deux jours.

 

C’est dans ce secteur que le 6 octobre 1914, Eugène Jobit prend le commandement de la 7e batterie du 43e RAC. Celle-ci, privée d’armement depuis le 24 août, cantonne alors à Merfy. Elle n’est dotée à nouveau de 3 pièces d’artillerie que le 23 octobre, et prend alors position à Saint-Thierry dans l’angle sud-est du parc du château (ancienne abbaye bénédictine), faisant face à la Neuvillette. La 7e batterie conserve cette position jusqu’au 31 octobre.

 

Positions du 3e groupe du 43e RAC 18 septembre - 9 décembre 1914

(relevé réalisé d’après les JMO des unités © verney-grandeguerre, fonds de carte Ign source :Géoportail)

 

L’Album de René Verney ne renferme aucun cliché de cette première période du conflit antérieure à novembre 1914 comme l’indique les introductions à la restitution de son journal de marche (voir : I Mobilisation - Campagne de Belgique - Bataille de la Marne, et II Front de l'Aisne).

 

Nous avons néanmoins pu signaler l’existence de tels clichés dans le fonds du Maréchal des logis Marie Charles André Roussel (Le Havre 1887 – Gournay-en-Bray 1982) servant qui appartient à la 3e batterie du 1er groupe du 43e RAC (voir ici la contextualisation de ce fonds conservé à l’Historial de la Grande Guerre de Péronne).

 

Il en va de même de l’album du général Mangin, alors commandant de la 5e Division d’infanterie (Album conservé à la Bnf, vol I, p. 1-27), comme de celui, bien que moins riche en documents, de son chef d’escorte le lieutenant Maurice Brunet (Album conservé aux AD du Cantal, p. 2 à 6).

 

 

Secteur de Loivre (2 novembre 1914 - 9 décembre 1914)

 

Les 7e et 9e batteries du 43e RAC quittent Saint-Thierry le 1er novembre et se déplacent de trois kilomètres au nord-ouest, s’établissant à Hermonville face à Loivre, où elles sont rejointes le 25 novembre par la 8e batterie du régiment. Le 3e groupe ainsi reconstitué, quitte Hermonville le 9 décembre, se déplaçant de 9 km plus au nord sur le secteur de Pontavert et Berry-au-Bac attribué à la 5e DI.

 

Les deux premières lettres adressées par Eugène Jobit à son frère (datées du 26/11 et 05/12/1914) sont liées à cette période au cours de laquelle la 7e batterie du 43e RAC est en position dans les bois de Toussicourt à Hemonville. Depuis le 6 novembre, Marcel Jobit a quitté le front, détaché à la Société mécanique de précision (S.M.P.), établissement spécialisé dans la fabrication de roulements à billes duplex, 18 quai de Clichy à Clichy (voir insertion publicitaire dans : Revue industrielle n°28, 12/07/1913, p. 442). D'après les sources familiales il a dans les faits, rejoint à la même adresse la société FULMEN, spécialisée dans la fabrication de batteries.

 

Dans ces deux courriers, le capitaine Eugène Jobit rend brièvement compte des conditions dans lesquelles il exerce ses activités de commandant de la 7e batterie du 43e RAC, et où transparaît clairement le manque en munitions faute d’approvisionnement. Il se plait parallèlement à évoquer les noms d’officiers de leur connaissance, car appartenant soit aux sections de munitions du 3e corps d’armée soit aux unités d’artillerie avec lesquelles ils ont entretenu une relation durant leurs fonctions au sein de la 6e SMA.

Y transparaît particulièrement les difficultés relationnelles existant entre lui-même et son adjoint, ancien sous-officier dans l’attente de sa nomination d’officier dans l’armée active, alors que sont parallèlement soulignés les liens de proximité unissant les officiers réservistes anciens élèves des grandes écoles, Ecole polytechnique et Ecole centrale des arts et manufactures, dont les deux frères sont eux-mêmes issus. Il évoque enfin les lieux dans lesquels ces derniers ont eu l’occasion de se rencontrer brièvement tout d’abord au cours du mois de septembre au château de Marzilly à Hermonville (halte de la 6e SMA) puis en octobre à Saint-Thierry (position de la 7e batterie du 43e RAC).

 

L’Album de la guerre européenne de René Verney ne renferme que trois clichés pouvant être rattachés à cette période, deux associés au stationnement des échelons à la lisière des bois situés au sud-est du château de Marzilly à Hermonville, le troisième étant un portrait d’un officier de la 9e batterie à son poste d’observation du fort de Saint-Thierry.

 

    Marzilly à Hermonville (Marne), échelons du 3e groupe du 43e RAC, novembre 1914

(Album René Verney p. 22)

 

 

I / 26 novembre 1914 [écrit probablement de Toussicourt à Hermonville (Marne)]

 

Zierer (1) m’a écrit hier une lettre de 8 pages. Son désir serait de me retrouver dans ma batterie. Ce serait aussi mon désir, car Chevillard (2) est un avocat, en sa qualité de notaire raté doublé d’un tzigane dont il est la moitié par le sang. Je ne puis arriver à diriger ce caractère-là, ni à m’en faire obéir. Cela finira mal pour lui, car j’ai la force des galons pour le mater. Mais combien je préfèrerai Zierer.

 

Les tirs que nous faisons ne sont guère calés, parce que lents, très lents ; dans deux lunes, on nous promet une nourriture plus substantielle, mais on n’atteint encore que la moitié du chiffre de production que tu m’as annoncé. C’est donc que nous sommes rationnés. Bien mieux, Offroy (3) est venu hier se ravitailler chez nous : le monde renversé.

 

Cependant nous montons une garde sévère. Le soir par exemple, je suis en garde au PC, avec trois téléphonistes, prêts à déclencher le tonnerre. Cette semaine on l’a déclenché deux fois. Cela rassure nos fantassins et cela intimide les autres, car ils sont vraiment nez-à-nez.

 

La maison de Saint-Thierry, où tu m’as vu, existe encore, mais depuis notre départ, son jardin a été criblé. Les deux pièces qui étaient au coin, ont changé de place parce que ultra-bombardées le tout sans perte pour nous. C’est donc de la poudre brûlée en vain par les Boches. Depuis hier, c’est une batterie du groupe Michel (4) qui est par là. Nous sommes toujours près du château, où tu nous as vu le 16 septembre (5). Je coconne journellement avec Prevost (6), ton camarade de Condorcet, capitaine au 11ème… capitaine au Maroc, et capitaine instructeur au 13eme. Fort gentil et intelligent. Marcel Communeau (8) est également ici chaque jour … le froid est vif et il a neigé hier, mais cela se supporte bien.

 

 

II / 05 décembre 1914 [écrit probablement de Toussicourt à Hermonville (Marne)]

 

Hier nous avons fêté une Sainte-Barbe luxueuse, menu, linge, phono, éclairage, chants ; les Boches nous ont laissé tranquilles, malgré leur activité de la journée. Ils nous tirent des obus de rupture, avec fusée au culot. Cela ne fait pas d’effet sur la terre, 5 ou 6 éclats à peine. Nous leur avons jeté, avant-hier, à 10 000 m, cinq ou six obus de 155, qui ont fait l’effet d’un pavé dans une mare à grenouilles. Quelle panique et quels points noirs immobiles après cette ruée, s’étendant sur un carré de 1 km de côté. Voilà de superbes coups qu’ils ne réussissent jamais….

 

1 - [Daniel Marie René ZIERER (Louviers 1877 - Paris 1957), élève de l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures, lieutenant de réserve, mobilisé le 07/08/1914 au 43e RA, affecté à la 6e section de munition d'artillerie du 3e CA (6e SMA du 43e RAC) dont il prend le commandement le 04/10/1914 en remplacement du capitaine Jobit et ce jusqu'au 09/12/1914. Le lieutenant Daniel Zierer (cf. notes 13 et 42) a quitté temporairement le front le 05/11/1914, la 6e SMA étant renvoyée vers son dépôt de Versailles. Elle est dissoute le 16/01/1915. Portrait et sources biographiques voir : Index des noms de personnes N à Z.]

2 - [Gaston Paul Henri CHEVILLIARD (Courtenay 1884 - Paris 1951), ancien clair de notaire, lieutenant stagiaire dirigé vers le 43e RAC le 15/01/1914, affecté à la 7e batterie du 43e RAC dès le 01/08/1914. Deux fois blessé à son poste au sein de la 7e batterie (cf. notes 12, 43 et 63), il est nommé lieutenant de l’armée active le 16/09/1915. Promu chef d'escadron le 22/06/1934. Portrait et sources biographiques voir : Index des noms de personnes A à G.]

3 - (note dactylographiée : de SMA) [Robert Alphonse Marie OFFROY (Malaunay 1878 – Malaunay 1960), X promotion 1899, industriel textile (Etablissements Offroy à Malaunay, Seine-Inférieure). Lieutenant de réserve au 43e RA, 7e SMA du 3e CA le 02/08/1914, affecté à la 8e SMA le 22/07/1914. (sources : Registre de matricule bureau de Rouen Nord, classe 1898, matricule n°68 ; Dossier Léonore cote 19800035/339/45642 ; portrait : Bibliothèque centrale de l’Ecole polytechnique). La 8e SMA prélève effectivement 3 caissons aux 7e et 9e batteries le 25/11/1914 (cf. JMO de la 8e SMA).]

4 - [Il s’agit de la 5e batterie du 2e groupe du 11e d’artillerie placée depuis le 06/09/1914 sous les ordres du capitaine d’active Jean Baptiste Emile MICHEL (Varennes 1868 – Versailles 1952), ce dernier assurant auparavant le commandement de la 6e batterie du 11e RAC (Registre de matricule, bureau de Bar-le-Duc, classe 1888, matricule n°1344 ; dossier Léonore cote 19800035/94/11767). Le 25/11/1914, la 5e batterie du 11e RAC (commandée par le capitaine Benson), reprend la position occupée depuis le 18 septembre par la 8e batterie du 3e groupe du 43e RAC à la cote 97 au sud de Saint-Thierry (JMO 43e RAC et JMO 5e batterie du 11e RAC).]

5 - (note dactylographiée : Marzilly) [Le JMO de la 6e section de munitions d’artillerie du 3e CA permet de situer précisément la rencontre d’Eugène Jobit et de son frère Marcel, au château de Marzilly à Hermonville (Marne), alors PC de la 6e DI, et de cerner les circonstances dans lesquelles la 6e SMA stationne au château. Le 13/09/1914, le capitaine Eugène Jobit alors commandant de la 6e SMA, a reçu l’ordre de constituer une unité intermédiaire de ravitaillement entre les échelons de l’artillerie du 3e corps d’armée (11e RAC) et de l’artillerie de la 6e DI (22e RAC). Une première liaison de ravitaillement des batteries est ainsi effectuée les 14-15 septembre depuis Muizon, en échelon avancé à la sortie sud d’Hermonville. Une seconde liaison est opérée le lendemain 16 septembre dans les mêmes conditions mais, devant la menace du feu de l’artillerie lourde :  A 16 heures, après avoir essayé d’abriter les avant-trains seuls, le capitaine juge prudent de se retirer à 800 m au Sud et de former la section en colonne dans l’allée du château de Marzilly. Les chevaux sont mis à la corde à l’ouest du château, les officiers et canonniers sont logés au château et dans les communs.  Ravitaillé ce jour les groupes 2 du 11, 3 du 11 et 1 du 22e. Le 17 septembre la section ravitaille les mêmes groupes jusqu’à 13 heures, puis cède son cantonnement à la 10e SMA et se retire sur Muizon et Rosnay en deux échelons. Au départ de Marzilly, 4 hommes sont trouvés ivre morts. Ils ont forcé la porte d’un cellier isolé dans le parc, y ont trouvé de l’eau de vie et en ont cassé ou bu 50 bouteilles. Une plainte en Conseil de guerre sera déposée contre eux (JMO 6e SMA).

Le carnet de route de Marcel Jobit (cote SHD 1 KT 131), indique quant-à-lui à la date du 17 septembre : Comme je n’ai rien à faire, je décide de quitter Muizon pour aller voir Eugène… Je découvre Eugène et ses lieutenants au château de Marzilly propriété des Mazucchi, alliés des M… au moment où ils allaient déjeuner. Joyeuse concentration. Les sections continuent de déverser leurs munitions aux batteries qui tirent sans objectifs. Les Allemands faisant de même. Ô stratégie, quand approfondirons-nous tes mystères !

Lorsque qu’Eugène Jobit rejoint pour la deuxième fois Hermonville à compter du 02/11/1914, cette fois avec la 7e batterie du 43e RAC dont il assure le commandement, c’est à 1,5 km au sud-est du château de Marzilly (propriété d’Emile Mazucchi, consul d'Italie à Reims), qu’il prend position aux côtés de la 9e batterie du 43e RAC. Plus précisément les batteries s’installent à 800 m au N.O. du château de Toussicourt, qui sert alors de logement aux officiers (propriété de la famille Kafft, il a aujourd’hui entièrement disparu). Les deux batteries, rejointes sur le secteur par la 8e batterie du 43e RAC le 25/11/1914, y sont placées sous les ordres du lieutenant-colonel Audibert du 11e d’artillerie et conservent leurs positions jusqu’au 9 décembre (JMO 43e RAC, JMO  7e batterie et JMO 9e batterie).]

 

Positions des 7e et 9e batteries du 43e RAC à Hermonville du 02/11 au 09/12/1914

(relevé réalisé d’après les JMO des unités, ©verney-grandeguerre, fonds de carte Ign, source : Géoportail)

 

 Hermonville, château de Marzilly PC de la 6e DI

appartenant au général  Dubois

(carte postale - coll. verney-grandeguerre)

 

       Hermonville, Les restes du Château de Toussicourt 

en leur état d’après-guerre. Vue prise en 1926

(carte postale - coll. verney-grandeguerre)

 

6 - (note dactylographiée : serait-ce le capitaine Roger PREVOST que Jacques BREGUET (7) rencontra le 29 août, à Landifray, en pleine bataille de Guise ?) [Roger Louis Hippolyte PREVOST, (Paris 1873 – Paris 1952), X promotion 1894, capitaine d’active affecté au 11e RAC le 09/11/1911. Capitaine commandant de la 2e batterie du 11e RAC dès le 06/08/1914 ; Promu chef d’escadron le 10/03/1916 commandant le 1er groupe du 11e RAC, puis le 3e groupe lors de la transformation du régiment en artillerie 75 montée le 23/01/1918 (Registre de matricule, 6e bureau de la Seine, classe 1893, matricule n°1614 ; JMO des unités ; historique régimentaire ; Portrait voir: Bibliothèque centrale de l’Ecole polytechnique).]

7 - [Jacques Eugène Henri BREGUET (Paris 1881 – Paris 1939), X promotion 1900, lieutenant de réserve à l’Etat-  major 1er CA. Ingénieur aéronautique et fondateur avec son frère Louis Charles Breguet, de la Société d’aviation Breguet, il en assure la direction des ateliers à partir de mai 1915. La fille de Marcel Jobit, Jacqueline Jobit (1907-1984) épouse en 1936 le fils de Jacques Breguet, Claude Breguet (1910-1989) (sources : Registre de matricule, 6e bureau de la Seine, classe 1901, matricule n°2243dossier Léonore LH//355/97 ;  Portrait voir : Bibliothèque centrale de l’Ecole polytechnique).]

8 - [Marcel COMMUNEAU (Beauvais 1885 - Beauvais 1971), Elève de l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures, leader historique du stade de France (1906-1913), mais aussi industriel textile à Beauvais au même titre qu’Eugène Jobit impliqué depuis son mariage dans la manufacture textile de son beau-père également à Beauvais (cf. note 37). Lieutenant de réserve affecté à l’Etat-major du 11e RAC le 06/08/1914, détaché comme observateur à l'escadrille C4 du 25/04 au 20/08/1915 (cf. L'Escadrille C4 - été 1915). Portrait et sources bibliographiques voir : Index des noms de personnes : A à I.]

 

 

Secteur de Pontavert et Berry-au-Bac (10 décembre 1914 - 15 mai 1915)

 

Le 10 décembre 1914, la 5e division d’infanterie (3e corps d’armée), relève la 2e division d’infanterie (1er corps d’armée) face à Pontavert (Aisne), secteur s’étendant sur la rive septentrionale de l’Aisne depuis la lisière ouest du bois de Beau-marais, jusqu’au Choléra à l’ouest de Berry-au-Bac. A sa droite, est placée la 11e brigade de la 6e division d’infanterie appartenant également au 3e corps d’armée, en position sur le secteur allant de Berry-au-Bac (Aisne), jusqu’à La Neuville à Cormicy (Marne) au sud de l’Aisne. A sa gauche, à partir de Craonne et Craonnelle (Aisne) est placée la 36e DI (18e corps d’armée).

 

Le 43e RAC ne quitte le secteur que le 15 mai 1915 accompagnant la 5e DI vers l’Artois. C’est durant cette période de cinq mois face à Berry-au-Bac et Pontavert, qu’Eugène Jobit rédige les huit courriers dont des extraits sont retranscrits ci-dessous. Pour en mieux cerner le contenu, il est indispensable de préciser les activités de leur auteur et les évènements auxquels il est confronté (mouvement des pièces, attaques de l’infanterie, duels d’artillerie intenses).

 

Le JMO du 43e RAC nous renseigne en effet précisément sur l’organisation à laquelle répond les positions de ses 3 groupes de batteries sur le secteur. Les 1er et  2e groupes de l’AD5 sont positionnés sur la rive nord de l’Aisne, le 3e groupe et donc la 7e batterie du capitaine Jobit sont positionnés sur la rive sud dans les bois bordant sur cinq kilomètres le canal de l’Aisne, au pied du PC de la 5e DI établi à Roucy (Aisne) : Ce dernier groupe dont la mission est de superposer son action à celle des deux autres dans toute la zone de notre secteur, peut par des déplacements de batteries, porter ses feux dans une partie quelconque de cette zone. Les échelons sont installés à 6 km au sud dans la ferme de Longvoisin à Ventelay (Marne).

Relevé des positions du 43e RAC sur le secteur Pontavert- Berry-au-Bac 10/12/1914 - 15/05/1915

d'après les JMO de l'unité © verney-grandeguerre

  (Fonds de carte source JMO de la 7e batterie : 5e Armée. Groupe des canevas de tir.

Organisation des positions de tir de l’ennemi à la date du 31 janvier 1915)

 

Positions du 43e RAC sur le secteur Pontavert- Berry-au-Bac 10/12/1914 - 15/05/1915

(Fonds de carte Ign source : Géoportail)

 

Il est ainsi possible de distinguer deux phases principales auxquelles correspondent pour la 7e batterie, des actions et objectifs militaires particuliers.

 

La première s’étend du 10 décembre 1914 au 3 février 1915, au cours de laquelle les pièces de la batterie sont réparties entre le bois des Geais et le bois Carré à Gernicourt et interviennent en soutien à l’action des 5e et 6e DI (depuis le secteur du Choléra jusqu’à la cote 108).

 

La seconde est comprise entre le 4 février et le 15 mai, les pièces étant déplacées plus à l’ouest dans le bois Savart à Concevreux, et indifféremment entre la Plâtrerie à Roucy, le bois de Gernicout, le bois de la Justice à Bouffignereux et la cote 180 à Cormicy. Elles concentrent alors leur feu sur l’ensemble du secteur dévolu à la 5e DI (depuis la sortie sud de Craonne jusqu’au Choléra à l’ouest de Berry-au-Bac).

 

Situation des différentes positions occupées par les batteries du 3e groupe du 43e RAC

(Fonds de carte JMO 7e batterie)

L’Album de René Verney renferme une riche collection de clichés de cette période relative aux positions du 3e groupe du 43e RAC et notamment une dizaine de prises de vues des pièces, des hommes ou des officiers de la 7e batterie (p. 5, 9, 33, 35, 37 43, 50, 53) parmi lesquelles deux photographies où figure le capitaine Jobit lui-même (p. 9 et 35) l’une prise au bois des Geais, l’autre au bois Savart.

 

Les albums du général Mangin commandant la 5e DI, de son chef d’escorte le lieutenant Brunet ou celui du maréchal des logis Marie Roussel du 1er groupe du 43e RAC cités plus haut, sont également riches d’intéressants compléments pour rendre compte de la vie sur le secteur.

 

 

Bois des Geais et bois Carré à Gernicourt (10/12/14 – 03/02/1915)

 

Six lettres correspondent à cette prise de position, cinq lui étant parfaitement contemporaines, la sixième légèrement postérieure. Les deux premières (datées du 14/12/1914) correspondent à la période d’installation sur le secteur durant laquelle il n’est procédé par la 7e batterie à aucun tir.

 

Les trois suivantes (datées des 23/12, 24/12/1914 et 05/01/1915) évoquent les premiers engagements de la batterie, sa deuxième section (positionnée dans le bois Carré) soutenant du 21 au 25 décembre l’action de la 6e DI au N-O de la cote 108 (attaques du 24e RI les 23 et 24 décembre 1914 sur l’écluse nord de Sapigneul).

 

On peut y adjoindre le sixième courrier, contemporain de l’installation de la 7e batterie au bois Savart à Commercy (daté du 15/02/1915) car il relate dans le détail les engagements des batteries avant qu’elles ne quittent ces premières positions. La première section (bois Carré) est ainsi une nouvelle fois intervenue du 21 au 25 janvier en soutien à la 6e DI, à l’occasion d’une attaque portée les 21, 22 et 23 janvier par le 28e RI sur la cimenterie de Berry-au-Bac.

A partir du 7 janvier la deuxième section (bois des Geais), qui n’a pas tiré depuis le 10 décembre, change légèrement d’emplacement, réglant ses tirs sur la partie est du secteur de la 5e DI, depuis la Ville-aux-Bois jusqu’à Berry-au-Bac, qui est également la principale zone d’action du 2e groupe du 43e RAC. Elle y est contrebattue tous les jours par l’artillerie allemande. C’est le 4 février que la 7e batterie dans son ensemble prend position au bois Savart à Commercy avec seulement 3 pièces de 75, mais renforcées à partir du 11 février de deux pièces de 95, pour agir désormais sur la partie ouest du secteur de la 5e DI, depuis Craonne jusqu’à la Ville aux-Bois parallèlement dévolu au 1er groupe du régiment d’artillerie.

 

Dans ces lettres la relation des combats associés à des coups de mains meurtriers pour l’infanterie tient une place désormais très importante. Alors que la pluviométrie de décembre dégrade d’autant plus les conditions de vie au front, l’intensité des répliques d’artillerie ennemies ont comme conséquence directe d’incessants travaux de protection du matériel et la construction d’abris enterrés pour le personnel à proximité immédiate des pièces. Surgissent alors de nombreuses interrogations sur les tactiques adoptées par le commandement et le manque d’équipement moderne. L’attachement du capitaine Jobit à souligner la présence de membres de la « famille polytechnicienne » sur la zone des combats en constitue l’un des rares aspects positifs.

 

L’Album de René Verney renferme de nombreux clichés des différentes batteries du 3e groupe du 43e RAC qui rendent compte de la situation matérielle dans les bois de Gernicourt au cours de cette période. Deux seulement permettent d’illustrer précisément les positions de la 7e batterie dans le bois des Geais en janvier 1915, sur l’un d’entre eux figure le capitaine Jobit à proximité immédiate d’un abri de tir.

 

 

III / 14 décembre 1914 [écrit probablement du bois des Geais à Gernicourt (Aisne)]

 

Nous avons reçu l’ordre de quitter notre position et d’aller remplacer le 1er Corps d’Armée devant Berry-au-Bac (village qui est à notre infanterie). Me voici sous bois (9), avec les hausses de 850, 1125 et 1 550 m, ce qui est tout dire, du point de vue sécurité. Hier, 6 obus ont salué mon passage dans la tranchée pour aller au poste d’observation. Heureusement que l’artillerie ne tire qu’à 25 m près. Obligation pour moi de ne pas quitter le voisinage de mes pièces. J’en ai quatre, mais avec des trous dedans. Un de mes caissons ressemble à une écumoire et ses cadenas ont sauté. Je vis dans un terrier de 4 m x 1,10 m avec porte en trappe de cave. Le soir cela ressemble étrangement à un tombeau, mais c’est au contraire un anti-tombeau, puisque les 155 peuvent tomber dessus sans percer le toit…

 

Nous sommes (10) nez-à-nez avec l’ennemi en face le Cholera et Berry-au-Bac, ceci depuis le 15 septembre. On tire pas mal, mais les positions sont immuables. 56 cadavres prussiens et 4 français sont depuis ce moment entre les lignes et on n’ose les sortir. Monsieur Klak(11) tire chaque demi-minute sur les têtes qui dépassent. On a tué de nuit un de ces tireurs choisis qui s’étaient fait une cahute en sacs de ciment en avant de sa tranchée. On l’a cerné et embroché. Chevillard (12) va me quitter pour quelques jours et devenir observateur en aéroplane. Si Zierer (13) voulait intriguer pour avoir la place quand elle sera vide, je le demanderais volontiers…

 

9 - [La 7e batterie reprend les positions occupées par la 7e batterie du 41e RAC, à 150 m à l’est du village de Gernicourt (Marne), la première section (lieutenant Chevillard) dans le « bois Carré » agissant sur la cote 108 (6e DI), la deuxième section (adjudant Lepesqueur) dans le « bois des Geais », agissant sur le secteur du Cholera (5e DI). Le JMO de l’unité contient une carte du secteur permettant de situer précisément les emplacements de tir en décembre 1914 avec un léger mouvement de la deuxième section au sein du « bois des Geais » le 8 janvier.]

 

Emplacement des pièces de la 7e batterie à Gernicourt (10/12/1914 - 03/02/1915) d'après le JMO de l'unité

1ère section bois Carré ; 2e section bois des Geaix

(Fonds de carte JMO 7e batterie)

 

10 – [« Nous sommes » : comprendre « les français » ou « les troupes françaises »; il en va de même dans les phrases suivantes de ce paragraphe où l’usage du pronom « On » à caractère impersonnel renvoie, suivant le contexte soit à « l’infanterie française » soit à « l’artillerie française ».]

11 - [L’expression « Monsieur Klak », est vraisemblablement liée à la germanisation de l’onomatopée française « clac » qui traduit un bruit sec et rapide comme celui d’un tir de fusil. Les informations suivantes permettent de comprendre qu’il s’agit ici de tireurs embusqués allemands positionnés sur des lignes avancées.

12 - [Le lieutenant Gaston CHEVILLARD (cf. notes 2, 43 et 63) commande la 1ère section de la 7e batterie alors positionnée au Bois carré. Ce dernier ne sera pas observateur contrairement au lieutenant Marcel Communeau de l’état-major du 11e RAC (cf. note 8) et le lieutenant Raymond Oblin de la 9e batterie du 43e RAC détachés respectivement les 25 avril et 5 mai 1915 comme observateurs à l’escadrille C4, unité aéronautique rattachée au 3e Corps d’armée (voir : L’escadrille C4 – été 1915. ]

13 - [Le lieutenant Daniel ZIERER (cf. notes 1 et 42) est alors rentré au dépôt de Versailles. Dans l’attente de sa dissolution, qui intervient le 16 janvier 1915, la 6e SMA est logée au 137 Boulevard de la Reine, puis à partir du 13 décembre, au camp de Satory (cf. JMO 6e SMA.]

 

 

IV / 14 décembre 1914 [écrit probablement du Bois des geais à Gernicourt (Aisne)]

 

Il pleut et la pluie qui se concentre dans les trous d’obus (fort nombreux) nous fait prendre de sérieux bains de pied. Cependant il ne faut pas se plaindre, il fait 10 degrés à 8 h 30, il faisait beaucoup plus froid y a vingt jours….

 

Je fais travailler à enterrer deux pièces que l’ennemi connaît (14). Mais aujourd’hui il nous a vu y aller à 4 heures de l’après-midi (sous-bois il fait pourtant sombre) et nous a envoyé des balles. Autant jeté aux moineaux, c’est égal cela m’inquiète car nous sommes à 800 m des premiers tireurs Boches.

 

Je vais peut-être perdre mon lieutenant Chevillard avec lequel les rapports sont bizarres, tantôt froids, tantôt gais. Il serait observateur en aéroplane (12). Mettons-en donc mille en l’air et couvrons l’ennemi de bombes et de fléchettes. Nous n’utilisons pas les progrès de la science, je dis : nous 3e corps. Pas de projecteurs (15), des fusées moches, pas d’autocanons (16), pas de canons contre avions (17), pas d’obus incendiaires, pas d’obus éclairants. Enfin espérons que notre vaillance et nos alliés y pourvoiront.

 

14 - [Le JMO de l’unité à la date du 10 décembre, offre les premiers détails sur ces aménagements de protection des pièces et des hommes (cf. note 19). Dans le bois carré (1ère section) :  Les abris sont organisés au moyen de claies, de forts plafonds composés de trois épaisseurs de claies et de massifs de terre. Les pièces et caissons sont enterrés de 0,90 m. Dans le bois des geais (2e section) : Les pièces sont en batterie sans autre protection que des stères de bois de chauffage les entourant.  […  Les hommes] augmentent la protection des pièces en faisant des massifs de terre du côté dangereux et en refaisant entièrement les abris à l’épreuve pour servants à proximité des pièces, plus un observatoire à 50 m des pièces. (cf. JMO 7e batterie)]

15 – [La première mention d’utilisation d’un projecteur dans le cadre d’une action du 43e RAC ne remonte en effet qu’au 15 février 1915 : Action d’artillerie (75 et A.L.) à 15h et 21h sur l’ouvrage de la Plaine. Un projecteur français doit éclairer le tir de nuit : Il arrive trop tard. (JMO 43e RAC). Parallèlement, l’Album du général Mangin recèle un cliché illustrant la visite par le commandant de la 5e DI d’un « abri d’auto-projecteur » photographie non située et non datée mais réalisée à l’évidence sur le secteur de Pontavert (Album Mangin Bnf I p. 17). ]

16 - [Sur les autocanons voir Véhicules et armements motorisés 1915-1918. parallèlement, sur un cliché de l’Album du lieutenant Maurice Brunet (AD du Cantal, p. 4) on peut ainsi noter à la date du 01/01/1915 à Pontavert la présence du Lieutenant de vaisseau Clémentel « commandant une automitrailleuse pilotée par des marins » aux côtés d’officiers de la 5e DI.]

17 - [Il faut attendre le 6/03/1915 pour voir la mise en place d’une pièce de la 8e batterie pour tirer contre les aéroplanes à l’est de Roucy. Prévue sur la Butte aux marchands (JMO 43e RAC), elle est mise en position sur la « butte aux loups » sur une plateforme de circonstance permettant un tir élevé (cf. (JMO 8e batterie et clichés Album René Verney p.53-54).]

 

    Roucy (Aisne) pièce de 75 contre avions (Album R. Verney p. 53)

 

Roucy (Aisne) pièce de 75 contre avions (Album R. Verney p. 54)

 

 

 

V / 23 décembre 1914 [écrit probablement du bois des Geais à Gernicourt (Aisne)]

 

Ces jours-ci courts de l’année ne nous amènent pas le calme des longues veillées. On tire beaucoup dans le secteur, et nous encaissons parfois sérieusement. Ce fut mon tour avant hier, en réponse à ma provocation (18) et il faut voir le joli champ labouré qu’est devenu le bois autour de nos pièces et de mon observatoire. Personne de touché, car nous sommes prévenus et abrités. Rien qu’une roue et une flèche de caisson bien cassées. Nous laissons aux Boches l’illusion de nous avoir fait taire et même détruits, et restons prêts à recommencer, avec des abris encore plus forts (19). Je pense que c’est le fond réel de bien des communiqués sur les luttes d’artillerie. Nous avons le sentiment de notre supériorité dans notre coin. Mais comme les tranchées sont bourbeuses ! le fond en est constitué après chaque pluie par 5 ou 10 cm d’eau.

 

18 – [Tirs de réglage effectués le 21 décembre sur le secteur Nord-Ouest de la cote 108 par la 1ère section (lieutenant Chevillard, depuis le Bois carré). Il s’agit des premières salves (11 obus à balles et 8 explosifs)tirées en accompagnement d’une attaque lancée par l’infanterie de la 6e DI (3e bataillon du 24e RI) sur l’écluse Nord de Sapigneul (cf. notes 20 et 24). Riposte immédiate de l’artillerie allemande par 40 tirs d’obus percutants en fonte : Les points de chute encadrent parfaitement la position des deux pièces.

 

 Schéma de tir du 21/12/1915 (JMO 7e batterie du 43e RAC)

 

19 – [Le JMO de l’unité renferme à la date du 21 décembre le schéma d’une position de tir avec description des renforts de protection : Les abris des pièces et caissons sont renforcés de manière à protéger le personnel. Il est fait autour de chaque groupe de pièce-caisson enterré de 0,90 m un rempart circulaire de 2,50 m d’épaisseur à la base clayonné à l’intérieur. Au-dessus il est placé une toiture formée de trois épaisseurs de claies, destinées à arrêter les éclats retombant d’en haut.

Ce type de protection (cf. note 14) est mis en place dans les différentes batteries du 3e groupe. Plusieurs clichés de l’Album des René Verney permettent ainsi d’illustrer ces travaux de manière générique (par exemple : Album p. 25, 26, 28, 30)

 

Schéma d’une position de tir (JMO 7e batterie du 43e RAC)]

 

Bois de Gernicourt (Aisne), janvier 1915? canon de 75 au recul, lt Oblin 9e batterie

(Album R. Verney p. 26)

 

Bois de Gernicourt (Aisne), janvier 1915 construction d’un abri de tir

(Album R. Verney p. 28)

 

 

VI / 24 décembre 1914 [écrit probablement du Bois des geais à Gernicourt (Aisne)]

 

…les tuyaux que tu nous donnes par ta lettre du 20 décembre nous expliquent certaines lenteurs. En ce moment cependant, nous sommes en alerte depuis 24 heures et en pleine action offensive (20). Nos fantassins progressent et ont déjà atteint une tête de pont au-delà du canal que tu sais. La riposte ennemie n’est pas très vive. Qu’attendent-ils pour se déclencher ? car ils existent et ils nous l’ont montré hier avant-hier. Je crois que nous allons avoir messe de minuit, réveillon avec bombes glacées et petites et… grosses marmites.

 

20 - [Le JMO régimentaire précise que seule la 1ère section du Lieutenant Chevillard dans le bois Carré est appelée a effectuer des tirs avec ses deux pièces de 75 (attaque de l’écluse Nord de Sapigneul par le 3e bataillon du 24e RI, 6e DI, cf. notes 18 et 24 ) : tirs de réglage le 21/12/14 et tirs de barrage le 25/12/1914. La 2e section installée dans l’angle nord-est au bois des Geais n’effectue quant-à-elle, aucun tir du 10/12/14 au 6/01/1915 (cf. JMO 7e batterie et JMO 6e DI).]

 

 

VII / 3 janvier 1915 [écrit probablement du Bois des geais à Gernicourt (Aisne)]

 

…Nous brûlons de recevoir ces obus extraordinaires, fussent-ils un sur cinq (21). Pour le moment nous avons en chantier une bonne attaque (22) en vue de laquelle j’ai préparé mon tir sur la carte à la boussole Peigné (22), puis fait un essai avec observateurs. Excellent résultat : les tranchées en lisière, les autres coups longs donc bons. Hausse théorique 3 050 ; vérifiée 3 100 m, nous sommes donc en mesure de faire de belle besogne, nous n’attendons plus que l’ordre.

 

… la situation est la même qu’au 18 septembre. Rien de connu au sujet des sismographes.

 

…Tu me parlais aussi de la contre-attaque allemande le lendemain de notre bon en avant de Sapigneul (24). Nos boyaux ont 10 cm d’eau et le sol n’absorbe plus rien, les Boches font de l’épuisement avec des pompes. Nous faisons écoper par des fantassins avec des pelles. Et aussitôt il se remet à pleuvoir. Il y a eu deux contre-attaques : l’une à midi, repoussée par nous, mais l’autre à 11 heures du soir menée par un bataillon, contre nous : une compagnie. Nous avons reperdu notre avance et laissé 20 ou 50 tués ou prisonniers (25). La position était intenable et il ne fallait les reprendre que comme un premier pas pour pousser plus loin. Alors pourquoi la prendre pour ne pas pousser ensuite ? La raison me parait dans le désir des états-majors de mettre quelque chose dans le communiqué – ou de fixer les Boches en France, par des attaques à coup d’épingle comme cela : mais les pertes ne justifient pas de pareils jeux. Depuis lors on a préparé deux surprises dont le moindre poilu parlait huit jours à l’avance. Aussi n’ont elles pas eu lieu. Si c’est bien pour fixer l’ennemi, c’est bien joué. Espérons que c’est voulu. Mais je reste sceptique.

 

Actuellement on invente de faire forer par l’artillerie, des coulées dans les fils de fer ennemis grâce à un tir de 200 coups par pièce en 40 minutes. Si les servants ne sont pas fous après un tir pareil, c’est qu’ils auront les oreilles solides. Il y a aussi à cela une difficulté : il faut pour réussir se mettre derrière nos fantassins, tirer assez haut pour ne pas écrêter sur eux, et assez bas pour agir sur les fils de fers ennemis. Alors sais-tu la solution du général commandant le 3eme corps ? (26) C’est de placer l’artillerie à 25 m de l’ennemi. Voilà l’ordre que notre 8e batterie a reçu hier sérieusement (27). Toute la journée du commandant (28) s’est passée à faire comprendre l’énormité de cette tactique antérieure à Jules César.

 

Il pleut.

 

Nous faisons user des munitions aux Boches, qui tirent avec ténacité sur tout ce qui a été une fois repéré par eux, par exemple des meules à 50 mètres d’un observatoire. Ils n’ont aucun effet sur ce dernier, mais quand notre 9e batterie tire, ils ouvrent un feu de 20 obus de 40 kilos sur la meule où ils croient les observateurs. Par ruse, nous cessons alors le feu, et les reprenons une heure après. Ils usent ainsi une demi tonne de fonte par jour à labourer un champ. Toute cette après-midi nos hommes ont travaillé à 200 m à côté de ce champ, sans se soucier de ce qui tombait…

 

21 - (notation dactylographiée  « voir : inventions Turpin ») [Fausse rumeur du nom du chimiste Eugène Turpin (Paris 1848 – Pontoise 1927) inventeur en 1885 du procédé de stabilisation de l’acide picrique dans du coton pressé, pour le rendre utilisable comme explosif sous le nom de mélinite. Voir : DAUZAT Albert - Les Faux bruits et les légendes de la guerre. Mercure de France, n°482 - T. CXXVIII, 16 juillet 1918, 29e année p. 241-262, cf. p. 252-253 :  Un des types de légendes les plus curieux est celui de la poudre Turpin, qui met en lumière toutes les caractéristiques des faux bruits et qui montre comment ceux-ci s'accréditent même parmi les milieux les plus cultivés. Le point de départ était l'offre faite par Turpin, au début des hostilités, de se mettre à la disposition du gouvernement français ; les journaux firent remarquer justement quels services pourrait nous rendre l'inventeur de la mélinite ; ils ajoutèrent qu'il avait fait de nouvelles découvertes. Sur ce canevas, l'imagination populaire eut tôt fait de broder des chimères. (à lire en ligne sur Gallica) ]

22 - [Il peut s’agir d’une nouvelle attaque programmée sur le secteur de la 6e DI et à laquelle doit contribuer la première section de la 7e batterie, mais qui n’aura lieu que les 21-23 janvier (cf. note 30)].

 

Gernicourt (Aisne), Bois des Geais, pièce de la 7e batterie

 (2e section), Janvier 1915. Maréchal des logis Hirondeau

(Album René Verney p. 33)

 

23 - « boussole Peigné » [Boussole alidade de poche permettant d’effectuer des relevés topographiques de reconnaissance rapides (mesure d’un orientement rapporté au Nord magnétique et des calculs de pentes), mais relativement peu précis. Du nom de son inventeur Paul Peigné (Paris 1841 – Paris 1919) (professeur de topographie à Saint-Cyr 1867-1880, promu général de division en 1908).]

24 - (annotation dactylographiée : Près Berry-au-Bac cote 108). [Il s’agit une nouvelle fois de combats engagés par la 6e DI (3e bataillon du 24e RI) les 21-23 décembre 1915 pour la prise de l’écluse Nord de Sapigneul (cf. notes 18 et 20). Voir : JMO 24e RI et les clichés du secteur dans l’album du général Mangin (Bnf, vol. I p. 18-25).

25 - [Les pertes du 24e RI s’élèvent à 142 hommes tués, blessés ou disparus dont 117 pour le seul 3e bataillon (cf. JMO 6e DI)

26 - [Général Emile Hector HACHE (Verquin 1850 – Paris 1931), commandant le 3e corps d’armée (25/08/1914 –  22/12/1915). Portrait source RMN. ]

27 - [La position choisie pour la 8e batterie est située : à environ 1 km nord-est de la sortie nord de Pontavert. Ces travaux sont interrompus le 16 janvier, le général de division ayant renoncé à cette attaque. (JMO 8e batterie 43e RAC 08/01/1915).]

28 - [Commandant Lucien BRAUN, (Paris 1864 - Fontainebleau 1940) X promotion 1882, chef d’escadron du 3e groupe du 43e RAC (04/07/1912 au 21/12/1916). Portrait et sources bibliographiques : Index des noms de personnes A à G]

 

 

VIII / 15 février 1915 [écrit probablement du Bois Savart à Concevreux (Aisne)]

 

Ces jours-ci, j’ai été très occupé d’abord par les combats des 21 et 25 janvier (29), puis par des tirs plus fréquents pour moi, jusqu’au 4 février (30) où j’ai changé de position (31), ce qui ne va pas sans une forte besogne de reconnaissance, des paperasses, de marches et de démarches. Surtout quand il y a échange de matériel pour éviter des déplacements inutiles. Enfin, je me trouve à la tête de 3 cylindres de 75 mm, et de deux autres de 95 mm (32), dans un bois assez éloigné de la ligne, avec de belles hauteurs pour dominer et observer.

 

Je passe de royales après-midis à chercher les batteries ennemies et à les arroser, cette fois sans risque pour moi. Quand j’aurais toutes leurs hausses, il est probable que j’irai les voir de plus près, tout au bout des tranchées françaises, là où on observe au périscope primitif formé de deux miroirs ; et où l’on déclenche par téléphone à 6 500 m derrière soi un coup de canon qui siffle au-dessus de la tête, et va tomber à 200 m devant vous. Quelle drôle de conception tout de même (33).

 

Marchand (34), le beau-frère de Mutel (35) est sur mon chemin quand je vais ainsi aux tranchées. J’irai bientôt déjeuner avec lui : il est lieutenant à une batterie de montagne.

 

Dans ces parages, Bouchon (36) essaie un minenwerfer fort peu précis, mais dont le projectile est très puissant. Son 3e coup lui a valu une belle riposte qui a blessé 3 hommes sur six. Mais il a recommencé avec plus de succès ce matin.

 

Tu as dû avoir des récits des combats de Berry-au-Bac (37) par Marguerite (38). En voici le schéma :

Le 20, bombardement local subit et intense par les Boches, d’une zone de 100 x 100 m coupée par une gare d’eau. Nos troupiers s’abritent, et quand ils relèvent le nez, les baïonnettes Boches sont sur eux. Nous arrosons la position qu’ils ont conquise et ils ne vont pas plus loin.

 

Le 21, bombardement par notre groupe et une batterie d’artillerie lourde : bel ensemble. Assaut par nous sur le cimetière. Repoussés on reprend l’arrosage. Puis 2e assaut qui réussit sans aucune perte.

 

Ma section reçoit 100 obus venus de trois batteries : 77, 105 et 150. Pas un blessé, mais un gros trou dans nos épaulements qui enlève 2 m 50 d’épaisseur de terre sur 2 m de haut, un caisson est à nu, sans dommage. J’ai mal à la tête d’entendre les éclatements des obus qui nous encadrent et nous couvrent de terre à travers les fentes de l’observatoire.

 

Détail : au moment de l’assaut, mon camarade voit un groupe de 18 Boches se précipiter vers nos tranchées. Il croit à une attaque et leur envoie un explosif un peu long car nos lignes sont tout près. Or ce sont des Boches affolés par la boucherie de nos obus qui courent se rendre. On ne sait combien on en a tué, mais une compagnie entière a été détruite. Le chef, lieutenant de réserve Von Schweidnitz portait sur lui le plan des tranchées allemandes et les heures de relève.

 

Suite, le 22 à 19h : belle surprise d’artillerie par nous, un tir d’une minute à toute vitesse, puis plus rien. Les Boches ont riposté sur nos fantassins avec une rapidité remarquable, une minute après notre tir. Et quel luxe ! gros, petits, obus incendiaires, fusées… comme notre infanterie était garée, elle n’a pas eu un blessé, tandis que notre surprise a coûté aux Boches 12 tués et 32 blessés (tuyau d’un prisonnier).

 

Jamais je n’ai vu un feu d’artillerie comme ce feu de l’artillerie allemande. Il a duré un quart d’heure et cela a été tout. Nous avons assuré le silence, par quelques salves de deux heures en deux heures, mais sans riposte. On se demande si l’ennemi n’attendait pas notre attaque, ou s’il n’en préparait pas une, ce qui expliquerait sa propre riposte.

 

Enfin, le 23 à 18h 30, nous recommençons notre tonnerre subit, pour préparer la reprise des tranchées de gauche, négligées l’avant-veille. Le tir malgré la nuit, est si précis que lorsque nos fantassins se dressent et sautent dans les tranchées ennemies, ils n’ont que deux blessés, faits par notre dernier obus et ses éclats en retour. Mais d’ennemis plus : on trouve 6 ou 7 êtres tapis, fous de terreur, au fond des tranchées, et des morceaux de viande accrochée à tous les arbres voisins. Un seul sous-officier allemand proteste un peu quand on veut lui enlever son fusil, mais trois pointes de baïonnettes le mettent vite à la raison. Il paraît que cinq minutes plus tôt, on pinçait 5 officiers qui venaient d’inspecter les tranchées.

 

En tous cas, ce jour-là, on a fini de reprendre tout le terrain perdu. Le calme règne sur cette partie du front. Plus de fusillades ou mitraillades incessantes qui finissaient par tuer un ou deux hommes par jour…

 

Quant aux beaux et nouveaux explosifs que tu m’annonces, je désire vraiment les voir à l’œuvre, mais je n’en ai pas encore.

 

D’André (39), j’ai de bonnes nouvelles mais il n’est pas encore à 4 galons bien que commandant encore un bataillon. Ce qui lui assure encore un peu plus de confortable…

 

29 - [Les 21-25 janvier la 1ere section (lieutenant Chevillard), installée dans le bois Carré et qui n’a pas tiré depuis le 25 décembre soutient à nouveau l’action de la 6e DI du 21 au 23 janvier. Elle prend part à une action engagée par le 28e RI pour prendre la cimenterie et les tranchées entre les canaux, enlevés par les prussiens la veille.  Ces combats donnent lieu à de violentes répliques de l’artillerie allemande notamment le 21 janvier où : On peut estimer à 200 le nombre d’obus qui ont atteint le bois et ses lisières (cf. JMO 7e batterie du 43e RAC). ]

30 - [Le capitaine Jobit fait ici allusion aux actions de la deuxième section de la 7e batterie qui, après n’avoir effectué aucun tir depuis le 10 décembre, change d’emplacement le 7 janvier mais toujours dans le bois des Geais afin d’accompagner les opérations programmées par la 5e DI. Jusqu’au 4 février : sous le commandement de l’adjudant Le Pesqueur et sous la direction plus spéciale du capitaine Jobit, elle règle ainsi ses tirs sur le bois des Boches (situé à 1,5 km au sud-est de la Ville-aux-Bois), le Choléra (au nord-est de Berry-au-Bac), et le moulin de Juvincourt.

La deuxième section : a été battue chaque jour du 7 janvier au 4 février par des pièces de 77 et de 150 qui battaient d’enfilade la lisière N-O du bois. Ces pièces se trouvaient au camp de César. Plusieurs obus ont éclaté à 2 m des pièces. Aussi leur a-t-on fait une protection spéciale sous casemate à trois rangs de rondins (JMO 7e batterie du 43e RAC). ]

 

    Mouvement de la 2e section de la 7e batterie du 43e RAC (bois des Geais à Gernicourt) le 07/01/1915

(Fonds de carte JMO 7e batterie)

 

Bois des Geais à Gernicourt (Aisne), pièce de la 7e batterie dans son abri, janvier 1915

à gauche le capitaine Jobit (Album R. Verney p. 35)

 

31 – [La 7e batterie : toute entière, reçoit l’ordre (le 28 janvier), de se déplacer pour se rendre dans le bois Savart. Le mouvement qui donne lieu à des échanges de canons, caissons et avant-trains, a lieu le 4 février. La batterie n’y dispose dans un premier temps que de trois pièces de 75 au lieu de quatre, avec comme objectif la sortie sud de Craonne et toute la zone entre Craonnelle et la nationale 44 (JMO 7e batterie du 43e RAC).]

 

Prise de position de la 7e batterie du 43e RAC le 4 février 1915.

(Fonds de carte JMO 7e batterie)

 

Bois Savart à Concevreux (Aisne), 7e batterie, février 1915, canon caisson et abri de tir.

(Album R. Verney p. 50)

 

Bois Savart à Concevreux (Aisne), 7e batterie, février 1915, (Album R. Verney p. 50)

Excavation produite par un 210 boche devant la 7e batterie

 

32 - Le 11 févier la 7e batterie est renforcée de deux pièces de 95 sur affût de campagne accompagnées de trois caissons, mis en position dans le bois Savart à la gauche des emplacements des pièces de 75 et 25 m à l’arrière. Elles seront repoussées le 7 mars de 200 m à la lisère sud du bois (JMO 7e batterie du 43e RAC).]

 

Bois Savart à Concevreux (Aisne), 7e batterie, pièce de 95, février 1915 (Album R. Verney p. 53)

 

33 – [Dès l’arrivée sur le secteur une attention toute particulière est portée à la mise en place d’un vaste réseau téléphonique dont Le Lieutenant Petit s’occupe particulièrement.  […]  Plus de 50 kg de fils sont posés en quelques jours pour assurer l’indépendance de l’artillerie dans la transmission des ordres et des observations. (JMO 43e RAC)  L’objectif est d’assurer la communication entre le colonel dont le PC est à Roucy, les batteries d’artillerie lourde et les commandants de groupe de 75, eux-mêmes en relation avec leurs batteries et avec le commandant d’infanterie de son secteur. Il est atteint dès le 25/12/1914, les batteries étant en liaison avec l’infanterie sur tout le front. Des observatoires d’artillerie sont installés dans les tranchées.]

34 - [Jacques Paul Louis MARCHAND (Paris 1881 – Paris 1967), X 1901, lieutenant de réserve au 1er RAL, passé au Parc d’artillerie du 3e Corps d’armée le 27/04/1915 (Sources : Registre de matricule, 6e bureau de la Seine, clase , matricule n°448 ; Dossier Léonore n°246828) et Portrait : Bibliothèque centrale de l’Ecole polytechnique). ]

35 - [André Henry MUTEL (Paris 1880 - Nancy 1914) caporal au 226e RI, mort pour la France à Nancy le 29/08/1914 (Sources : Registre de matricule, 6e bureau de la Seine, classe 1900, matricule 65 ; Mémoire des hommes). ]

36 - (annotation dactylographiée : René BOUCHON, X 1900, camarade de Jacques BREGUET qui avait été dans une SMA avec Eugène et Marcel Jobit). [Jacques BREGUET (cf. note n°7) ; René BOUCHON (Nogent-sur-Seine 1880 - 1941), X 1900, lieutenant de réserve affecté au 43e RA le 25/10/1913, passé à la 7e SMA du 3e CA le 23/09/1914. Passé à la 1ère batterie du 11e d’artillerie le 05/04/1915 (sources : Registre de matricule, bureau de Bernay, classe 1900, matricule n°15); portrait Bibliothèque centrale de l’Ecole polytechnique).

Le 43e RAC reçoit le 7 février des canons de 58 de tranchée (mortiers 58 mm T n°2) : le Lieutenant BOUCHON et le sous-lieutenant Fages (voir index des noms de personnes) organisent un emplacement dans le secteur de la Ville-aux-Bois (Bois de la mine). Le 8 février tir sur le saillant S.O du Bois des Boches, immédiatement contrebattu avec des grenades (le sous-lieutenant Fages, le maréchal des logis Babin et le pointeur Bauduin blessés) ; Le matériel de 58 très rudimentaire, sans aucune précision ni aucune rapidité, très repérable par ses fumées, n’est pas d’un modèle heureux. Il sera amélioré par la suite et tirera des obus de 25 kg d’explosif ; le 9 février : Nouveau tir du 58 sur les tranchées du bois Franco-Boche. Nombreux ratés d’étoupille. Il n’est pas contrebattu.(JMO 43e RAC). ]

37 - secteur de la 6e DI avec laquelle collabore l’AD5 (cf. JMO 6e DI). ]

38- (annotation dactylographiée : Nota : sa femme Marguerite LAINÉ, de Beauvais, qu’il venait de voir en permission à Beauvais, permission où il avait profité de mettre en route une machine à garnir les couvertures, à la manufacture de Tapis et couvertures Lainé, où il travaillait depuis son mariage). [Mariage célébré à Paris 7e le 19/11/1906 entre Eugène JOBIT et Marie Marguerite LAINÉ (Beauvais 1879 - Antibes 1959), fille de Jules Edmond Lainé (Paris 1847 - Beauvais 1917), directeur de la manufacture Edmond LAINÉ et Cie, devenue après la guerre la Manufacture Française de Tapis et Couverture (MFTC) avec laquelle s’associe en 1929 la manufacture Communeau et Cie alors dirigée par Marcel Communeau (ct. note 8).

Bien que cette permission ne soit pas portée au JMO de l’unité, il est possible qu’elle se soit déroulée durant la période d’installation de la 7e batterie au bois Savart entre le 5 et le 11 février.]

 

Faire-part de mariage religieux d’Eugène Jobit et Marguerite Lainé 20/11/1906

(Source : Bibliothèque Généalogique et d'Histoire Sociale de France doc. 1 ; doc. 2)

 

Article de presse consacré à la Manufacture Française de Tapis et Couverture (MFTC) vers 1930.

(coll. verney-grandeguerre)

 

39 – [André Jean Baptiste JOBIT (Lyon 1874 - Ecurie 1915), frère d’Eugène et Marcel, capitaine de la 9e compagnie du 25e RI en position avec la 20e DI (10e CA) depuis début octobre 1914, dans l’Artois, sous-secteur de Beaurain, à la périphérie sud d’Arras (cf. notes 48 et 65). Sources : Registre de matricule 4e bureau de la seine, classe 1894, matricule n°3863 ; JMO 25e RI ]

 

Portrait du capitaine André Jobit (doc. source familiale, communication Stéphane Breguet)

 

 

Bois Savart, la Plâtrerie, Bois de Gernicourt (04/02 – 15/05/1915)

 

Nous avons volontairement associé à la période précédente le courrier daté du 15/02/1915 bien qu’il évoque une nouvelle prise de position dès le 4 février dans le Bois Savart à Concevreux, installation marquée par des échanges de matériel avec les autres unités qui débouche sur l’attribution de seulement trois pièces de 75, mais également à la dotation le 11 février de deux canons de 95.

S’y adjoignent ici trois lettres datées du 02/03, du 01/04, et du 28/04/1915 alors que certaines pièces de la batterie se déplacent à la Plâtrerie à Roucy, dans le Bois de Gernicourt, le Bois de la Justice à Bouffignereux ou encore Cote 180 à Cormicy, en fonction des objectifs attribués à la 7e batterie sur le front de la 5e DI depuis la sortie sud de Craonne jusqu’au Choléra à l’ouest de Berry-au-Bac. Malgré un ordre reçu le 26 avril, le 3e groupe du 43e RAC ne quitte le secteur que le 15 mai pour se diriger avec l’ensemble de la 5e DI vers l’Artois.

 

Positions occupées par la 7e batterie du 43e RAC de février à mai 1915

(Fonds de carte JMO 7e batterie)

 

Cette période de trois mois s’associe à un mouvement de personnel et aux premières permissions pour les officiers. Le capitaine Jobit qui semble en bénéficier début février, assure dans ce cadre l’intérim du chef d’escadron Lucien Braun à son poste de commandant du 3e groupe du 43e RAC du 16 au 20 avril. Avec l’arrivée du printemps, l’état d’esprit des correspondances est très positif et, malgré les combats, teinté de la sérénité de la vie au grand air. Un aspect parallèlement révélé par les clichés de l’album de René Verney.

 

Bois Savart à Concevreux (légendé Roucy) (Aisne)

Au premier plan assis cdt Braun, derrière lui de g. à dr. lt Lavoisier, lt Jean,

lt Chevillard, cap. Jobit, cap. Garnuchot, lt Delaygue (Album R. Verney p. 9)

 

Bois Savart à Concevreux (Aisne), tir à la corde à 7e batterie, avril 1915 (Album R. Verney p. 43)

à l’extrême droite, l’adjudant Le Pesqueur

 

Bois Savart à Concevreux (Aisne), puits de la 7e batterie, avril 1915 (Album R. Verney p. 43)

 

Bois Savart à Concevreux (Aisne) février-mai 1915

de g. à d. : Dr Verney, lt Lavoisier, lt Chevillard (Album R. Verney p. 50)

 

L’un des points marquants alors souligné par le capitaine Jobit est l’augmentation des dotations en munitions et leur diversité en type d’explosif. Par ailleurs il fait état de la grande qualité des réseaux de communications, qui facilitent la transmission par téléphone des observations et ordres de tirs et la réception de bulletins d’information par TSF. Si les attaques de l’artillerie ennemie continuent d’être vives, y répondent désormais une stratégie de leurres dont l’efficacité débouche sur un sentiment de supériorité tactique vis à vis de l’ennemi. La seule inquiétude notable concerne les aléas de la production de munitions en termes de qualité qui augmentent potentiellement les risques pour le matériel de tir.

 

 

 

IX / 2 mars 1915 [écrit probablement du Bois Savart à Concevreux (Aisne)]

 

Rien de nouveau depuis ma dernière lettre. Nous occupons nos loisirs au moyen de tirs peu nourris, et de la contemplation d’un superbe panorama du haut de notre PC.

 

Nous y recevons par TSF (40) :

A 14h 30 le communiqué de Cologne

A 15h le communiqué français

A 22h celui de Berlin.

 

Aussi les plus tuyautés de nos journaux ne nous renseignent plus que sur des détails, qui ont bien leur importance et leur intérêt…

 

Nous avons encore un stock sérieux d’officiers d’artillerie de réserve, et il vient de nous arriver des petits X ou centraux reçus aux examens d’entrée et formés dans les dépôts depuis septembre (41). Ils nous suffisent pour occuper un tas de postes accessoires, observation, téléphone, reproduction de croquis, etc. Nous ne manquons que d’une chose, c’est de nos promenades en août et septembre.

Zierer (42) a réalisé son but : il est passé à la 6e batterie pour remplacer un malade. Pour moi, je vois les Boches connaître de mieux en mieux les emplacements de mes tubes, et j’en ai déplacé deux avec un à propos heureux, puisque dès ce déplacement, la place de l’un d’eux a eu la visite d’un 77. C’est le moment que nous choisissons pour finir nos demeures dans le bois voisin des pièces, et abandonner nos chambres, où il y a des lits et des draps dont nous jouissons depuis un mois. Souhaitons que la précision du tir allemand soit telle que les emplacements de pièces reçoivent seuls des points d’impact.

 

40 - [Poste installé au Moulin de Roucy le 01/03/1915 permettant parallèlement de régler des tirs par avion (JMO 43e RAC).]

41 - [Il en va ainsi du lieutenant Jean Pierre Marie GOSSELIN, X classe 1914 arrivé le 21/02/1915 à la 9e batterie et des sous-lieutenants, élèves de l’école centrale des Arts et manufactures Louis Auguste FACKLER (classe 1912) et Pierre Eugène DEVINOY (classe 1913) affectés à la 7e batterie le 03/05/1915 (voir Index des noms de personnes A à G).]

42 - [Le lieutenant Daniel ZIERER (cf. notes n°1 et 13) est finlement affecté à la 6e batterie du 43e RAC où il arrive le 21/02/1915. Après un passage par Versailles où a été renvoyée le 05/11/1914 la 6e SMA dont il assurait le commandement pour être dissoute, il a rejoint un mois plus tard le dépôt du 43e RAC à Caen, où il a été temporairement affecté du 10/12/1914 au 19/02/1915.]

 

 

X / 1er avril 1915 [écrit probablement du Bois Savart à Concevreux (Aisne)]

 

Soleil radieux ; vie au grand air, nos travaux sont terminés et le tir ne nous prend que quelques minutes par jour.

 

Aujourd’hui, vu un avion français recevoir trois cents coups ayant l’air bien réglés et ne pas cesser son exploration. Cela est un beau culot. Les trois ou quatre batteries ont dû en piquer de rogne…

 

Nous faisons toujours de bonne besogne depuis 4 ou 5 jours, la mélinite, la tolite, la cheddite, la schneider…ite tombent sur les voisins d’en face avec assez d’intensité, les ripostes sont sèches mais courtes, preuve d’avarice.

 

Il y a eu de la casse au 11e. Le successeur de Chevillard, dans un bois, a été grièvement blessé. Tu as su que CHEVILLARD lui-même et deux de mes servants (43), l’ont été mais légèrement.

 

Je sens que nous avons le dessus par ici. Le voisin s’enfouit et use même du béton.

 

Je sais que l’on forme au 43e trois batteries de 90 (44).

 

43 -  [L’événement s’est en fait déroulé le 09 avril, Le lieutenant Gaston CHEVILLARD (cf. notes 2, 12 et 63) légèrement touché à l’arcade sourcilière reste à son poste, il est alors proposé pour une citation par le capitaine Jobit : M. le lieutenant Chevillard a toujours payé de sa personne au feu et a acquis sur le personnel de la batterie de tir l’ascendant nécessaire pour assurer sa parfaite tenue sous le feu de l’ennemi. Les servants de la deuxième pièce, le maître-pointeur Heckmann et le 1er servant Chochat, blessés légèrement à la tête sont évacués, l’aspirant Pradeau est quant à lui commotionné (JMO 7e batterie du 43e RAC) Aucun autre blessé n’est enregistré à la 7e batterie au cours de la période (voir Cartographie II et pertes du 3/43e RAC). ]

44 - Par décision ministérielle n°2978 3/3 du 6 mars 1915, la 43e batterie du 43e RAC, dépôt de Versailles, forme avec deux autres batteries, l’une du 22e RAC et l’autre du 11e RAC un groupe équipé de canons de 90mm, groupe intégré le 1er avril 1917 au 270e RAC. (voir Le 43e RAC 1914-1918 (43e batterie de 90) ]

 

 

XI / 28 avril 1915 [écrit probablement du Bois de Gernicourt (Aisne)]

 

Merci de tes longues explications qui m’intéressent vivement. 130 000 par jour sont une belle quantité. C’est à diviser par 3 600, et tu vois que le quotient n’a rien d’épatant quand on réfléchit à l’efficacité qui nous est demandée. Il y a le contenant aussi à remettre en état, car la consommation en a été inouïe. Quand un gravier ou un éclat est dans le tube au départ, ce n’est pas le Boche qui assiste à l’éclatement. Eh bien c’est 116 le mois dernier à notre connaissance.

 

Donc turbinez bien, vous autres industriels, à en refaire des tas. Il parait que c’est l’Angleterre qui nous alimente en fonte, puisque nos hauts-fourneaux sont devenus pour les 4/5e la propriété de l’ennemi. Y crois-tu ?

 

Aux loups (de fabrication) dont tu me parles, il y a lieu d’ajouter pas mal de manque de soin chez les ouvriers tourneurs. Je passe moi-même la visite de mes pruneaux et il y a des défauts de tournage et de centrage visibles.

 

Pour mettre la note gaie à ce tableau, je te citerai un lot de 1 000 obus ordinaires que nous avons « brûlés » et où nous en avions vus mangés aux vers (tu comprends qu’il s’agit de soufflures).

 

J’ai reçu une carte d’Emmanuel Chauvelot (45) qui se croit un héros parce qu’il est médecin du 56e d’artillerie et qu’il va aux observatoires. Je ne sais pas s’il y va souvent, et me permets de dire que ce n’est d’ailleurs pas sa place.

 

Hier (je ne pose pas pour le héros d’ailleurs), j’ai eu personnellement avec mon trompette les honneurs de 6 obus de 130, un canon allemand assez rare, mais catalogué 695 m/s de Vo, 14 000 m de portée, obus de 40 kg en acier. Bref du beau matériel. On nous en a amené une batterie il y a huit jours et elle a laissé choir près de notre bois, 3 obus non explosés de 0,65 m de long qui sont superbes (46). Des aiguilles ! leur inconvénient est de se renverser parfois sans éclater. Le shrapnel vidé pèse 25 kg ; il ne reste donc que 15 kg de balles.

 

Donc hier, j’ai d’abord été surpris dans un bois, par un éclatement de ce shrapnel, juste au-dessus de ma tête, donc inoffensif. Renvoyé trompette et chevaux, qui ont bien failli écoper en s’en allant.

 

Au retour, monté à cheval, sous une pluie d’éclats d’obus de 150 qui tombaient à 200 m de là, mais dont les éclats venaient sur nous. Sorti au grand trot dans une plaine où je passe depuis deux mois. Le beau soleil nous fait voir. Heureusement je me défie et prends le grand trot. A 200 m derrière nous, voilà les éclatements par 2 de 130 qui rappliquent, heureusement perpendiculairement à notre route. Trois salves de 2 nous ont été ainsi adressées. Le seul sentiment en pareil cas, quand on connait à fond son terrain et le tir ennemi, est de se payer la tête dudit ennemi, je disais à mon trompette : « Ils ne nous aurons pas » avec la même joie qu’ont les gosses au jeu de cache-cache. Et cette joie se double pour nous de réfléchir à la consommation inutile imposée ainsi à l’ennemi.

 

Nous sommes sous le coup d’un départ imminent pour ?? (47)

 

Pas de nouvelles d’André (48) depuis un mois. Pourtant je lui ai envoyé pas mal de lettres et cartes.

Quelle joie tu aurais de vivre avec nous dans les bois qui fleurissent et bourgeonnent. Les oiseaux chantent.

On se sent vivre dans ce milieu de mort, mais au moins l’énergie y est.

 

45 - [Louis Raymond Emmanuel CHAUVELOT (Paris 1876 – Neuilly-sur-Seine 1950), fils d’Alfred Chauvelot et de Marie Sophie Jobit. Médecin aide-major de 1ère classe de la réserve affecté au 56e régiment d’artillerie le 23/03/1915 (Registre de matricule, 6e bureau de la Seine, classe 1896, matricule n°220). ]

46 - [Voir le cliché de l’album de René Verney (p. 5,37), portrait collectif avec au premier plan l’un de ces « obus de 150 boche » non éclatés.

 

   Bois de Gernicourt (Aisne), avril 1915 

de g. à dr. le vétérinaire Dupont, le capitaine Berntzwiller, le lieutenant Chevillard,

le médecin aide-major Neyreneuf, au ptremier plan "obus de 150 boche" (Album R. Verney p. 37).

 

47 - [Ordre reçu le 26 avril (associé à une revue de paquetage et de harnachement), le départ n’aura lieu que le 15 mai (cf. JMO de l’unité).]

48 – [André JOBIT, frère d’Eugène et Marcel, capitaine de la 9e compagnie du 25e RI (cf. notes 39 et 65). Il est alors toujours dans l’Artois, sous-secteur de Beaurain, à la périphérie sud d’Arras.]

 

 

 

 

 

FRONT D’ARTOIS

 

Le 22 mai 1915, le 43e RAC quitte le front de l’Aisne et se transporte vers la région d’Arras par chemin de fer, débarquant à Saint-Pol-sur-Ternoise (Somme) dès le lendemain. Le 23 mai, l’ensemble du régiment est rassemblé à Brévillers (Pas-de-Calais). Il y cantonne pour une période de repos consacrée à l’instruction du personnel, des cadres et entraînement des chevaux, les exercices se déroulant dans le parc de la propriété du Général Hippolyte Marie Ghislain Antoine Le Bègue de Germigny (Lille 1840 - 1918).

 

Les échelons du parc d’artillerie du 3e corps d’armée sont quant à eux stationnés dans les villages voisins de Lucheux et Grouches-Luchuel. Après le départ des 1er et 2e groupes le 3 juin pour Neuville-Saint-Vaast, le 3e groupe du 43e RAC y prolonge son séjour, ne quittant Brévillers que le 15 juin via Fosseux le 16 juin, Wanquetin le 17 juin, Mingoval les 18-19 juin, pour se rendre à Beugin où il cantonne du 21 au 27 juin, puis à Olhain (commune de Fresnicourt-le-Dolmen) où il stationne du 29 juin au 4 juillet.

 

Ce même jour les batteries entament leurs prises de positions au sud-est de Neuville-Saint-Vaast, la 7e batterie monte en ligne dans la nuit du 4 au 5 juillet au lieu-dit le Bercu, commune de Marœuil. Eugène Jobit part en permission du 12 au 19 juillet remplacé par le sous-lieutenant Fackler. Le 5 août informé de sa nomination au grade de chef d’escadron il passe le commandement de la batterie au lieutenant Delaygue venant de la 8e batterie, pour rejoindre le groupe de 95 du 28e RAC.

 

Le douzième courrier d’Eugène Jobit (daté du 25/05/1915) est ainsi rédigé depuis Brévillers où il vient d’arriver aux côtés de l’ensemble de l’unité. Il évoque ainsi en premier lieu ses retrouvailles avec les officiers du Parc d’Artillerie du 3e Corps d’armée et plus particulièrement avec les connaissances nouées avec son frère Marcel au cours des premiers mois du conflit au sein de la 1ère section de munitions mobilisée sous l’uniforme du 43e régiment d’artillerie.

 

Il note également combien dès cette période, se sont généralisés les transports de troupe par véhicules automobiles, aspect parallèlement illustré au sein de l’Album de René Verney (Voir : Véhicules et armements motorisés 1915-1918(camions de transport de troupes).

 

Nous ne saurions omettre les interrogations qu’il porte à nouveau quant à l’absence de nouvelles reçues de son frère André, alors qu’ils ne sont plus séparés que de 30 km, mais qu’il n’aura pas le loisir de retrouver avant la mort de ce dernier, tué à l’ennemi le 3 juin à la tête de sa compagnie alors engagée dans une attaque lancée par le 25e RI sur le secteur de Rolincourt-Ecurie.

 

L’Album de René Verney est riche de nombreux clichés pris au cours de cette période de stationnement du 43e RAC dans l’Artois. Le capitaine Eugène Jobit figure sur trois d’entre eux précisément localisés à Brévillers. Il pose également sur quatrième cliché, mais en tenue de mineur, photographie prise à l’occasion d’une visite effectuée par les officiers du 3e groupe aux puits d’extraction de Nœux-les-Mines vers la fin du mois de juin. Une dizaine de prises de vue illustrent enfin les positions de la 7e batterie sur le secteur de Neuville-Saint-Vaast (4 juin – 23 octobre 1915). Postérieures à l’ultime courrier adressé par Eugène Jobit à son frère, elles forment ici la conclusion illustrée de son parcours au sein du 43e RAC.

 

     Brévillers (Somme) [parc de la propriété du général de Germiny]

officiers du 3e groupe du 43e RAC, mai 1915 :

debout de g. à d.  lt Jacquard, Dommanget, Lavoisier, cap. Berntzwiller, Maguin, cdt Braun, cap.  Garnuchot,

cap. Jobit, Delaygue, Fakler, Verney ;

assis de g. à d.  Devinoy, Jean, Ferembach, Neyreneuf, Gosselin, Dupont, Lecoq. (Album R. Verney p.11 et 59)

 

 

Brévillers (Somme), juin 1915 (p. 10 et 63)

Col Rougier, cap. Jobit, cdt Braun

 

Brévillers (Somme), mai-juin 1915 (Album R. Verney p. 4)

de g. à d. s/lt Fakler, s/lt Jacquard, cap. Garnuchot, Dr Verney, lt Lavoisier, lt Jean cap. Jobit

 

Fosseux (Pas-de-Calais), remise de la Croix de guerre à Allain, canonnier conducteur

à la 7e batterie du 43e RAC, 16 juin 1915 (Album R. Verney p. 58)

 

Mingoval (Pas-de-Calais), manœuvres à la 7e batterie, 18-19 juin 1915 (Album R. Verney p. 62)

 

Noeux-les-Mines (Pas-de-Calais), fosse n°7, 29  juin - 3 juillet 1915 ?

de g. à d. Dr Verney, lt Dommanget, vét. Dupont, cap. Jobit (Album R. Verney p. 6, 63)

 

 

XII / 25 mai 1915 [écrit probablement du château de Brévillers (Pas-de-Calais)]

 

Nous sommes tous réunis en ce moment, le régiment au complet dans un petit pays de 90 habitants (49). Il y a des arbres, de l’ombrage, du vent, un superbe soleil très chaud et pas de pluie. Aussi n’y a-t-il pas à se plaindre.

 

Les SMA sont tout près de nous (50), j’ai vu Lecomte (51) hier et déjeunerai avec lui demain. Drouville (52) est venu me voir ce matin et Offroy(53) prépare son passage dans une batterie. Hier j’ai croisé le colonel Bassac (54), pas changé, mais le Cpt Febvrel (55) est devenu bouffi, Eymard aussi (56). Le Cne de la Moissonnière (57) s’est fâché avec Febvrel. Ce dernier a relégué la 5e SMA à l’échelon du colonel Coblenz, (58) que j’ai vu aussi, et qui lui, n’a pas changé. Il parait que Kornorobst (59) fait un maréchal des logis de premier ordre à la Section Drouville, toujours prêt à l’heure et au courant de tout. Qui l’eut dit ? Je vois ici le Dr Bioche (60), médecin major du 2e groupe, mari de Madeleine Jubier (61), de Louviers. Il est fort gentil, amateur de cavalerie et de chasse à courre, donc très ami de la Moissonnière (57), avec lequel il a chassé.

 

Chevillard est définitivement disparu de la 7e, car sa balle au poignet lui a cassé l’extrémité du radius, et il en a pour six semaines à l’American Hospital du Boulevard d’Inkerman à Neuilly (62). J’en suis heureux, ayant touché un très bon sous-lieutenant sorti de Centrale en août. Ferembach (63), ton ex-camarade de Condorcet te souhaite le bonjour : c’est le chef des échelons du 3e groupe.

 

 Je crois qu’André (64) n’est plus qu’à 25 km à l’est de moi, mais je n’ai aucune nouvelle. Il paraît qu’il en demande de moi malgré mes lettres.

 

L’auto permet des mouvements fantastiques. On voit des passages de 200 camions en un seul jour. C’est affolant, Morel (lieutenant) (65), qui ignorait l’auto en septembre, l’apprécie et commande une section automobile.

 

Dans peu de temps, nos chevaux paraîtront antédiluviens !

 

(66)

 

49 - (note dactylographiée « Quelque part dans le Pas de Calais. Neuville-Saint-Vaast ? ») [Brévillers, propriété du Général Hippolyte Marie Ghislain Antoine Le Bègue de Germigny (Lille 1840 - 1918).]

50 – [La plupart des hommes cités dans ce courrier sont des officiers appartiennent au parc d’artillerie du 3e corps d’armée et mobilisé par le 43e RAC (1er échelon). Le JMO du PA du 3e CA et le JMO de son 1er échelon en révélent précisément l’organisation au 6-8 août 1914.]

51 - [René Louis LECOMTE (Paris 1887 - 1960) X promotion 1907, sous-lieutenant de réserve à la 6e SMA. (Registre de matricule, 6e bureau de la Seine, classe 1907, matricule n°15 (indisponible) ; Dossier Léonore n°224335 ; Bibliothèque centrale de l'Ecole polytechnique)]

52 - [DROUVILLE Lieutenant de réserve commandant la 7e SMA.]

53 - [Robert Alphonse Marie OFFROY (Malaunay 1878 – Malaunay 1960), X promotion 1899, lieutenant de réserve 8e SMA (cf. note n°3). Portrait : Bibliothèque centrale de l’Ecole polytechnique.]

54 - [Robert BASSAC (Vannes 1862 – Versailles 1929), X promotion 1882. Lieutenant-colonel commandant le Parc d’artillerie du 3e corps d’armées. Dossier Léonore n°19898 ; Portrait : Bibliothèque centrale de l’Ecole polytechnique ]

55 - [Maurice Marie FEBVREL (Verdun 1873 - 1959), X promotion 1892. Capitaine commandant le 1er échelon du Parc d’Artillerie du 3e corps d’armée (Registre de matricule, 6e bureau de la Seine, classe 1893, matricule n°362 ; Portrait : Bibliothèque centrale de l’Ecole polytechnique).]

56 - [Louis Marie Maurice EYMARD (Tarascon 1867 - 1941), X promotion 1887. Ancien capitaine au 1er régiment d'artillerie lourde le 01/07/1914. Chef d'escadron au 4e régiment d'artillerie lourde depuis le 01/04/1915. Passé au 43e RAC adjoint au Lieutenant-colonel (AD5) le 25/04/1916. Chef d'escadron 25/04/1916. Promu lieutenant-colonel JO 19/02/1917 pour prendre rang le 22/01/1917 commandant le 43e RAC (portrait et sources biographiques : Index des noms de personnes A à G)]

57 - [Louis Firmin René LE PREVOST de la MOISSONNIERE (Rouen 1860 - Canteleu 1934), capitaine de réserve 5e SMA commandant la section (02/08/1914). Registre de matricule, bureau de Rouen nord, classe 1880, matricule n°229 ; Dossier Léonore n°221135).]

58 - [Adrien COBLENTZ (Salin 1866 – Paris 1928) X promotion 1886. Chef d’escadron commandant le 2e échelon du parc d’artillerie du 3e corps d’armée. Dossier Léonore n°85241 ; Portrait : Bibliothèque centrale de l’Ecole polytechnique ]

59 - [Robert Antoine KORNPROBST(Versailles 1878 - )maréchal des logis de la réserve, passé au 43e RAC le 16/01/1916 (7e SMA), nommé maréchal des logis chef le 21/04/1915 (Registre de matricule, bureau de Versailles, classe 1898, matricule n°1029).]

60-61 - [Auguste Adrien Anatole BIOCHE (Darnétal 1872 - ), Médecin aide-major du 2e groupe du 43e RAC (20/10/1914 - 16/09/1916). Marié à Louviers le 26/02/1901 à Thérèse Marie JUBIER (Louviers 1881 - Louviers 1970) cousine d’Eugène Jobit. Registre de matricule, bureau de Rouen sud, classe 1892, matricule n°166.]

62 - [Gaston Paul Henri CHEVILLARD, lieutenant à la 7e batterie du 43e RAC (cf. notes 3 et 12), grièvement blessé le 10 mai 1915 à Roucy au poignet gauche par éclat d’obus, est évacué (cf. JMO 7e batterie du 43e RAC).]

63 - [Marcel Marie FEREMBACH (Paris 1880 – Neuilly-sur-Seine1967), admis à l'Ecole centrale des arts et manufactures (1901), lieutenant de réserve, affecté en août 1914 à l’Etat-major du 3e groupe du 43e RAC commandant le groupe des échelons. Passé à l'Etat-major de l'artillerie du 3e CA le 23/03/1918 (portrait et sources biopgraphie voir : Index des noms de personnes A à G).]

64 - (Note dactylographiée : Le capitaine André JOBIT est tué le 5 juin, près d’Arras, au « Labyrinthe » dans l’assaut d’une tranchée ennemie. Porté disparu,

son corps ne sera retrouvé qu’en ?) [André JOBIT, frère d’Eugène et Marcel (cf. notes 39 et 48). Le 21 mai le 25e RI a assuré la relève du 11e RI sur le secteur Roclincourt-Ecurie qui encadre la route de Lille à la sortie nord d’Arras. C’est ici que le capitaine André Jobit commandant de la 9e compagnie du 25e RI, est tué à l’ennemi le 3 juin suivant lors d’une attaque lancée par les 2e et 3e bataillons du régiment (Voir JMO 25e RI). Le 4 juillet, Eugène Jobit prend position avec sa batterie à Marœuil, au sud de Neuville-Saint-Vaast à 3 km du secteur tenu par le 25e RI (portrait et sources biographie Index des noms de personnes H à L).

Il est possible de préciser la proximité entre les positions occupées par la 7e batterie et celles du 25e RI. Le JMO de la 7e batterie contient deux calques situant précisément les positions des batteries du 3e groupe du 43e RAC sur le secteur de Neuville-Saint-Vaast (4 juillet - 23 octobre 1915) : 7e et 8e batteries positionnées au lieu-dit le Bercu, PC à la Tombelle, commune de Marœuil ; la 9e batterie à la Grande Caprelle, commune de Neuville-Saint-Vaast. Les échelons sont stationnés au bois d’Habarcq. La 7e batterie n’est ainsi éloignée que de 3 km du secteur de Rolincourt-Ecurie où André Jobit est tué le 3 juillet. Son régiment ne se retire du secteur que le 25 juillet après avoir enregistré la perte de 23 officiers et de 1 300 hommes. Le propre frère de René Verney, Louis François Armand Verney est lui-même soldat de 2e classe du 25e RI, les deux frères combattent ainsi durant vingt jours (du 5 au 24 juillet) à moins de 4 km l'un de l'autre, rien dans l'album ne témoignant de cette proximité.

 

Positions du 3e groupe du 43e RAC (Neuville-Saint-Vaast) et du 25e RI (Rolincourt-Ecurie) juillet 1915

(© verney-grandeguerre. Fonds de carte Ign Géoportail)

 

     Situations comparées de la 7e batterie du 43e RAC et du 25e RI en juillet 1915 © verney-grandeguerre

(fonds de carte JMO 7e batterie du 43e RAC 1915)

 

          Situations comparées de la 7e batterie du 43e RAC et du 25e RI en juillet 1915 © verney-grandeguerre

(fonds de carte JMO 7e batterie du 43e RAC 19-20/09/1915)

 

 

Secteur de Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais)

 

positions de la 7e batterie du 43e RAC, le Bercu, commune de Marœuil, 4 juillet - 24 octobre 1915

 

(Album de la Guerre européenne de René Verney médecin aide-major 3e groupe du 43e RAC)

 

Neuville-Saint-Vaast [Marœuil, le Bercu] (Pas-de-Calais), positions des 7e et 8e batteries, 

juillet-octobre 1915 (Album R. Verney p. 88)

    

Neuville-Saint-Vaast [Marœuil, le Bercu] (Pas-de-Calais), positions des 7e et 8e batteries, 

juillet-octobre 1915 (Album R. Verney p. 90)

 

Neuville-Saint-Vaast [Marœuil] (Pas-de-Calais), abri des officiers de la 7e batterie, juillet-octobre 1915 (p. 89)

de g. à d.  lt Jean, Dr Verney

 

 Neuville-Saint-Vaast [Marœuil, le Bercu] (Pas-de-Calais), entrée de la cagna du lt Fakler

7e batterie, juillet-octobre 1915 Album R. Verney p. 87)

 

Neuville-Saint-Vaast [Marœuil, le Bercu] (Pas-de-Calais), intérieur de la cagna du lt Fakler

7e batterie, juillet-octobre 1915 Album R. Verney p. 87)

 

Neuville-Saint-Vaast [Marœuil, le Bercu] (Pas-de-Calais), 7e batterie, juillet-octobre 1915 (p. 89)

à g. [??], Quettier,  Dr Verney

 

Neuville-Saint-Vaast [Marœuil, le Bercu] (Pas-de-Calais), pièce de la 7e batterie, juillet-octobre 1915

de g. à d. [?], [?], [?], Pinel, M.P. Heckmann, [?], Mdl Estard (Album R. Verney p. 90)

 

Neuville-Saint-Vaast [Marœuil, le Bercu] (Pas-de-Calais), pièce de la 7e batterie, juillet-octobre 1915

            de g. à d. [?], [?], Heckmann, Estard (Album R. Verney p. 90)

 

Neuville-Saint-Vaast [Marœuil] (Pas-de-Calais), Chemin des pylônes, juillet-octobre 1915

Cuisiniers de la 7e batterie (Album R. Verney p. 80)

 

65 - MOREL lieutenant. Sur les transports par véhicules automobiles voir : Véhicules et armements motorisés 1915-1918(camions de transport de troupes.]

66 - (Note dactylographiée : Le commandant Eugène JOBIT sera tué le 4 février 1916 près de Morcourt (Somme). L’obus entré dans son PC tua également deux de ses lieutenants.) [Eugène Jobit est promu chef d’escadron le 04/08/1915, il transmet le commandement provisoire de la 7e batterie au lieutenant Delaygue (8e batterie). Le 15/08/1915 il est affecté au 28e régiment d’artillerie, commandant le groupe de 95. Il est tué à l’ennemi à L’Eclusier-Vaux (Somme) observatoire cote 93, le 04/02/1916 (Mémoire des hommes ; sources biographiques : Index des noms de personnes H à L).

 

 Commandant Eugène Jobit (document d'origine familiale communication Stéphane Breget)

 

 

 

 

 

 

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