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René Verney un médecin normand dans la grande guerre (43e RAC, 74e et 24e RI)
6 août 2023

Retransciption du journal de Raymond Leconte (1939-1940) AD14 151/J5

 

 

 

Journal de campagne et de prisonnier de guerre

 

 

de Raymond Leconte, capitaine de réserve

 

 

commandant la 3e bartterie du 43e R.A.D.

 

 

1939 - 1940

 

 

 (AD14 151J/5)

 

 

 

 

RETRANSCRIPTION DU JOURNAL

1er septembre 1939 - 31 décembre 1940

 

 

La navigation au sein du document est favorisée par la recherche plein texte à partir de la touche Ctrl+F de votre clavier, faisant apparaître une fenêtre destinée à la saisir le terme recherché et ainsi d'accéder à l'ensemble des occurences présentes dans le texte.

 

Il est ainsi possible d'accéder aux pages correspondant au chapitrage du récit que nous avons proposé dans notre page d'introduction. Par exemple la saisie en recherche de l'occurrence "037a" donne directement accès à la retranscription de la page correspondante. Pour mémoire, le chapitrage proposé est celui-ci :

 

 

I - Drôle de Guerre, 1er septembre 1939 – 9 mai 1940  voir pages : 002b - 037a

 

Mobilisation à Grentheville (Calvados), 1er-10 septembre 1939  voir pages : 002b - 005a

 

Phase d’entrainement à Sissonne (Aisne) et d’instruction à Seraincourt (Ardennes), 11 septembre – 22 octobre 1939  voir pages : 005a - 009a

 

Frontière Belge région d’Hirson (Aisne), 24 octobre – 26 décembre 1939  voir pages : 009a - 015a

 

Frontière Lorraine, secteur de Boulay (Moselle), 27 décembre 1939 – 17 mars 1940 voir pages  : 015a - 031a

 

Repos en Woëvre (Meuse), 20 mars 1940 – 9 mai 1940 voir pages : 031a - 037a

 

 

II Bataille de France 10 mai – 21 juin 1940 voir pages : 037a - 049a et n°077b

 

Montée en ligne 10-16 mai 1940 voir pages : 037a - 039b

 

Combats à Stenay face à Inor (Meuse), 17-22 mai 1940 voir pages : 039b - 041a et 077b

 

Combats sur les secteurs de Beaufort-en-Argonne et Belval-Bois-des-Dames (Ardennes), 22 mai - 10 juin 1940 voir pages : 041a - 045a et 077b

 

Repli et reddition, 10-21 juin 1940 voir pages : 045a - 049a et 077b - 081b

 

 

III Détention, 22 juin - 31 décembre 1940 voir pages : 049a - 076b

 

Détention à Nancy, 22 juin – 29 juillet 1940 voir pages : 049a - 054a

 

Détention oflag VI A, Soest (Westphalie, Allemagne), 30 juillet – 31 décembre 1940 voir pages : 054a - 076b

 

 

 Eléments documentaires associés :

 

 

Introduction au journal du capitaine Raymond Leconte

 

Index des noms de personnes

 

Index des noms de lieux

 

Index des abréviations militaires

 

 

 

La référence placée en amont du texte retranscrit (AD14 151J/5 n°..) est un lien d'accès à la page numérisée du carnet original disponible sur le site des Archives départementales du Calvados, permettant ainsi une consultation en parallèle. 

 

 

 

AD14 151J/5 n°001

 

CAPITAINE RAYMOND LECONTE 43eme R.A.D.

N°3649 OFLAG VI A SOEST WESTPHALIE. ALLEMAGNE

BLOCK II   IIème COMPAGNIE CHAMBRE 84.

 

NOVEMBRE 1940

 

 

AD14 151J/5 n°002

Septembre 1939

 

La Mobilisation

Vendredi 1er. A 14h, je suis avec Letenneur et son couvreur Laniel sur le toit d’un immeuble qu’il vient d’acheter à l’entrée de la rue Caponière ; vers 14h30, un homme dans la cour appelle Laniel : « La mobilisation générale est décrétée, je viens de l’apprendre à la T.S.F. ». Ce n’est pas une surprise hélas, mais on se raccrochait malgré tout au dernier espoir. Depuis plusieurs mois la situation avec l’Allemagne était très tendue ; Hitler prononçait discours sur discours : la menace se précisait. Depuis une dizaine de jours la mobilisation est commencée : rappels individuels par échelons ; tous les matins, je m’attends à trouver une convocation et ma cantine est à peu près terminée. Demain 2 septembre est le jour de la mobilisation et dès 8h je dois rejoindre le quartier Claude Decaen.

Je termine le plus rapidement possible mon entretien avec Letenneur qui ne me semble pas très pressé, j’ai hâte de rentrer chez moi pour mettre au point bien des dossiers, donner des instructions pour des affaires en cours. Pour combien de temps vais-je quitter le cabinet ?

 

Samedi 2. Je me présente à 8h au Quartier Claude Decaen au centre mobilisateur ; je suis affecté à la 3e brie du 43e R.A.D., depuis longtemps j’ai pris connaissance de mon dossier de mobilisation et il y a une dizaine de jours, j’ai fait la connaissance de mes lieutenants : s/lt Boitet de réserve, licencié ès science qui prépare l’actuariat – et le s/lt Fléchelle qui termine son service actif, ingénieur électricien - HEC-

 

AD14 151J/5 n°003a

Septembre 1939

 

La 3e brie se mobilise à Grentheville ; les voitures de services sont déjà touchées et sont remises dans la cour du quartier ; je touche 25 hommes d’active et une vingtaine de chevaux d’active ; les réservistes doivent n’arriver qu’à partir du 2e jour.

 

Dimanche 3. Le départ des hommes, chevaux et voitures pour Grentheville s’effectue à 13h et nous nous installons dans la ferme de M.. où doit se tenir toute la batterie, hommes, chevaux, matériel ; dans la salle à manger le bureau – dans un grenier du 1er étage le magasin d’habillement (où tous les effets ont été transportés avant la mobilisation) la cuisine roulante et la forge sous un hangar, une partie des chevaux dans les écuries, une autre partie à la corde dans le pré en arrière ; dans la maison une chambre d’officier ; 2 autres chambres au château chez le veuve du cdt Leroy où logent aussi les officiers de la 2e brie,  capitaine Moreau, lt de la Fortelle et s/lt Motte. A Grentheville doit aussi se mobiliser la 2e brie, la 1ère brie est à Four - l’E.M.1 et la C.R.1 à Soliers.

 

Lundi 4. Jusqu’au 11 lundi, la batterie se forme ; les réservistes arrivent, les chevaux de réquisition sont touchés sur le terrain de Cormelles, le matériel au parc, le tout suivant l’horaire fixé au carnet de mobilisation. Les chevaux sont matriculés, malléinés. Au cours de cette opération de maléination, le canonnier Etot est renversé par une ruade, le coup l’atteint au ventre et on le relève évanoui ; il est transporté à l’hôpital.

Les hommes arrivent, beaucoup ont bu – il faut les équiper, les habiller, j’ai quelques difficultés avec l’habillement car il me manque des effets ; il faut que je me …/…

 

 

AD14 151J/5 n°003b

Septembre 1939

 

…/… débrouille avec la capitaine Périchon qui commande le C.M.3.

 La batterie est ainsi composée :

Officiers : capitaine Leconte Cdt de brie

               s/lt Boitet – lt de tir (chef de la 1ère section)

               s/ lt Fléchelle lt en second (chef de la 2e section)

S/officiers : adjdt chef Wetterwald (active)

               Maréchaux des logis ; Perine chef de section (active)

Lehericy – Marie (active) Guillemare – Knidelberger – Rousselin – Bisson (d’active mécanicien) – Helaine – Sailly – Boulay (ffm chef) – Guezennec (fourrier) – Paquias.

Brigadiers : Olive – Gognet – Jacques – de Beer (active) – Souiard (ffm téléphone) – Porée – Bailleul – Chapelle – Laudrun (ordinaire) – Potin (maréchal).

Les 6 pièces de la batterie comprennent :

1° Pièce : chef de section : mdl Perine

               Chef de pièce ; mdl Lehéricy

               Brigadier : Marie

               Servants : Fontaine - Victor – Brault – Lecot - Sergent - Lefauconnier – Sébire

               Conducteurs : Lebarbanchon – Ozanne – Verdonck – Lailler – Papelard – Pain – Rouxel

2° Pièce : chef de pièce : mdl Guillemare

               Brigadier : Olive

               Servants- : Colombel – Vasseur – Olivot – Savary – Messier.

               Conducteurs : Delanay – Joly – Volard – Desjoués – Tison – Brochard – Andrieu.

 

 

AD14 151J/5 n°004a

 

3° Pièce : chef de pièce : Ber-chef Knidelberger

               Brigadier : Gognet

               Servants : Brenugat – Goument – Ravet – Crochemore – Letellier

Conducteurs : Fontaine – Gérard – Grignard –Duguépéroux – Mariau – Damoville – Lochin – Guintaine

4° Pièce : chef de pièce : mdl Rousselin

               Brigadier : Jacques

               Servants : Barthelemy – Petit – Martin – Piattier – Arondel

               Conducteurs : Hébert – Dupong – Buisson – Langlois – Geffroy

5° Pièce : Mdl mécanicien Bisson – mdl artificier Helaine – mdl observateur : Sailly – Brigadiers : de tir de Beer – de pièce : Porée – téléphoniste : Souiard – mitrailleur : Bailleul.

Servants : Beaussieu – Blin – Andrieu – Thorel – Chitel – Lecourbe – Peccavé – Cycliste : Cuenca – Téléphonistes : Etasse – Declomesnil – Velasco – Tallet – Floquet – Duhail – Lestrelin.

Conducteurs : Martin F – Lefrique – Mulot – Roux – Mesnil – Sanson – Vedie – Guesbe – Mondon – Lamarre – Lecesne – Guérin – Libert – Orvain (mon ordonnance).

6° Pièce : Mdl chef Boulay – mdl (fourrier) Guezennec – mdl Paquias.

               Brigadiers : Chapelle – Laudrun (ordinaire) - Potin (maréchal).

               Servants : Davenay – Courteil – Duchemin (cuisinier) - Lesachez – Moutier – Herbillon.

               Conducteurs : Goueslain – Norgeot – Lebert – Cahours – Foliot – Louet – Maudouin – Duron – Lemaitre – Lehoux – Monpellier – Panchou – Duhamel – Thibier – Ferey.

 

 

AD14 151J/5 n°004b

Septembre 1939

 

Matériel = 18 voitures = 4 canons de 75 mm

                                            6 caissons et 1 caisson téléphonique

2 fourgons – 1 chariot de parc – 1 voiture porte plateforme (réquisition) – 1 voiture porte mitrailleuse (carriole de réquisition).

1 forge – 1 cuisine roulante.

Chevaux 120 dont une vingtaine d’active – parmi lesquels Volnay que je monte souvent au quartier le dimanche depuis 4 ou 5 ans et que je prends comme cheval de selle malgré son âge (16 ou 17 ans).

Les autres chevaux sont de réquisition dont fidélité, jument de trot que choisit le s/lt Boitet et Maringouin que choisit le s/lt Fléchelle.

Les coffres contiennent = 672 obus (charge normale – OB et rupture)

                                            et 797 fusées.

En résumé la batterie comprend :

               3 officiers

              12 sous-officiers

123 hommes      12 brigadiers

                              40 servants

                              59 conducteurs

120 chevaux

  18 voitures

Le 1er groupe du 43 R.A.D. est commandé par le capitaine Stievenard qui remplace au moment de la mobilisation le commandant Galli. Son E.M. comprend : capitaine Rabaud, capitaine adjoint - lt Guillemin, orienteur – le lt Gosselin – le capitaine médecin Kerzreho – le vétérinaire s/lt Lucas.

La 1° Batterie est commandée par le lt Amadieu avec les lts Féron et Foucher.

 

 

AD14 151J/5 n°005a

Septembre 1939

 

La 2° batterie est commandée par le capitaine Moreau et les lieutt de la Fortelle et s/lt Motte.

La C.R.1 est commandée par le capitaine Grünenwald avec le lt Béhagel et le s/lt Bonhomme officier de détail.

Le 43e R.A.D. est sous le commandement du colonel Tisnes (capitaine adjoint Buffet)

Il comprend 3 groupes :

               1er groupe : capitaine Stievenard

               2e groupe : cdt de Joannis

               3e groupe : cdt Hémard

Nous sommes artillerie avec le 243 RAS (155) de la 6e division d’infanterie commandé par le général Lucien.

ID/6 colonel Blanc – AD/6  Colonel Bailly

Les régiments d’infanterie sont le 119e – le 36e – le 74e

= Adieux déchirants Simonne et les enfants route de Paris près Grentheville.

 

Lundi 11. La 3e batterie dont la mobilisation est complètement terminée depuis 3 jours quitte Grentheville à 13h et se rend à la gare de Caen petite vitesse pour embarquer à quai avec une fraction de la C.R.1 – 1 cheval déjà fourbe et malade tombe rue d’Auge au pied de la venelle Canchy (…) on le dételle et on l’abandonne en prévenant le quartier d’artillerie. L’embarquement se fait vite et correctement dans le calme et sans cris ; équipe pour les chevaux avec l’adjudant-chef Wetterwald ; équipe pour le matériel avec mdl Bisson et Perine. A 16h, tout est prêt. Vu sur le quai de la gare le colonel Vigan qui était commandant au 43e en 1919. Plusieurs trains de troupe passent en gare, fantassins, artilleurs, notamment le 243e R.A.D. venant de Cherbourg – Le chef de gare prépare 300 l d’eau chaude pour un train d’Anglais qui doit passer …/…

 

 

AD14 151J/5 n°005b

Septembre 1939

 

…/… en gare et dont les occupants exigent de pouvoir se raser.

Notre train quitte la gare à 19h39 et suit l’itinéraire : Mantes – Laon – Vervins – Hirson – Novion-Porcien (A Laon un train du 119e RI).

 

Mardi 12. A 20h, arrivée à Novion-Porcien ; la nuit et la pluie, débarquement convenable mais pas très rapide à cause de la nuit, et nous partons sur la route par l’itinéraire qu’on nous remet : Novion – Séry – Hauteville – Son – Ecly – Seraincourt – Forest (Ardennes). C’est la 2e fois que les chevaux attèlent et il fait nuit noire, aussi l’étape est-elle fertile en incidents : des voitures en panne, des timons cassés (ils sont en bois très sec et cassent assez facilement), le goudron est glissant et des chevaux tombent, le mdl Perine fait 2 chutes de cheval dont une à la suite d’une collision avec un motocycliste, minimum de mal.

 

Mercredi 13. A 3 heures, la batterie arrive à Forest, petit hameau de Seraincourt où est déjà installée la 21e brie dont le train précédait le nôtre ; il pleut et nous nageons dans la boue ; les cantonnements sont reconnus dans la nuit et un certain nombre de chevaux restent à la corde. Cantonnement important dans la ferme de M. Hulvoët, un flamand où se trouve le bureau de la brie et ma chambre. La popote, en commun avec les officiers de la 2e brie est installée dans une maison fort rustique, non meublée et abandonnée, pas de lumière. Manque de confort.

 

Jeudi 14. Installation au cantonnement ; on arrive petit à petit à caser les chevaux, mais hommes et chevaux sont très à l’étroit.

 

Vendredi 15. 14h, convocation de tous les officiers du groupe à la mairie de Seraincourt, où cantonnent l’E.M.1, la 1ere brie et la C.R.1, pour présentation au colonel Bailly, col. de l’A.D. Le colonel qui est accompagné du capitaine Etienne de l’A.D. …/…

 

 

AD14 151J/5 n°006a

Septembre 1939

 

…/… fait un laïus filandreux et interminable ; c’est parait-il un officier de valeur (jeune colonel) mais il n’est certes pas orateur.

 

Samedi 16. A 16h30, visite détaillée du cantonnement ; les hommes, soit dans des greniers, soit dans des maisons abandonnées sont bien à l’abri mais très à l’étroit. On a reconnu les caves susceptibles de servir d’abris en cas de bombardement ; elles sont affectées à chaque pièce. Le parc est formé dans un pré planté qui tient aux bâtiments de la ferme Hulvoët ; toutes les voitures sont dissimulées sous les arbres.

 

Dimanche 17. A 12 heures, départ de la batterie de tir avec quelques voitures de service pour le camp de Sissonne où le régiment doit faire des écoles à feu ; la 3e brie part derrière la 2e brie, les éléments de ces 2 batteries qui restent à Forest sont sous le commandement du s/lt Fléchelle. Itinéraire – Forest – Seraincourt – Bray – Hanogne – Sevigny-Valeppe – Mizy-le-Comte – La Selve – Sissonne où nous arrivons à 15 heures. Au cours de ce trajet nous traversons des villages occupés par les troupes de la division et je rencontre Duthilleul, sapeur au 3e génie – Loison lt au 119e R.I. et de la Hougue sergent fourrier au 119e R.I. Un incident de route : un cheval du chariot de parc – Géant II mle 519, se casse une patte quelques kilomètres avant d’arriver à Sissonne ; il est dételé sur place et reste avec son conducteur ; dès l’arrivée au camp, je préviens le vétérinaire avec lequel je reviens en voiture ; le cheval est abattu avec mon revolver.

 

Lundi 18. A 7h, école à feu du 1er groupe. Arrêt pour la soupe et reprise aussitôt après jusqu’à 17h, exécution de tirs d’arrêt ; tirs sur le bois de l’épine et à gauche sur la route ; l’après-midi inspection du général Lucien et du colonel Bailly. Au camp les hommes sont logés dans les casernements …/…

 

 

AD14 151J/5 n°006b

Septembre 1939

 

…/… les officiers dans des pavillons avec chambres individuelles, les chevaux dans de très bonnes écuries. Nous prenons nos repas en popote dans une cantine du camp. Nous devons rester plusieurs jours car c’est notre matériel qui va servir pour les écoles à feu des 2e et 3e groupes et même d’un régiment de passage.

 

Mardi 19. A 7h, écoles à feu qui durent toute la journée pour le 2e groupe. Vu de Joannis qui commande le IIe groupe et qui vient de passer chef d’escadron. Nous sommes crocos.

 

Mercredi 20. A 7h, écoles à feu qui durent toute la journée pour le 3e groupe avec le commandant Hémard. Nous sommes encore crocos.

 

Jeudi 21. A 7h, école à feu pour notre groupe où nous effectuons de nombreux tirs de concentration au rapporteur universel. A 13h nous effectuons de nombreux tirs pour les officiers du 10e R.A.D. qui doivent partir en secteur ; leurs tirs sont en général peu réussis.

 

Vendredi 22. Nos tirs sont terminés et à 6h nous reprenons le chemin de Forest où nous arrivons à 11h30. Revu au passage Loison – de La Hougue – Duthilleul.

 

Samedi 23. Séjour au cantonnement de Forest, nous rechargeons nos caissons avec nos obus qui avaient été déchargés avant le départ à Sissonne.

 

Dimanche 24. Convocation à Seraincourt pour 14h30 ; nous faisons au bureau du groupe des exercices de P.C.T. et nous recevons des instructions pour la manœuvre de division qui doit avoir lieu le 27.

 

Lundi 25. Le matin, passage dans la chambre à gaz pour vérification des masques. A 15h, départ en reconnaissance en auto vers la Selve. Les positions de brie sont reconnues - emplacement de pièce – travail préparatoire – mise en surveillance – double piquet ; je couche sous la tente avec de Beer et Sergent.

 

 

AD14 151J/5 n°007a

Septembre 1939

 

Mardi 26. Il a fait froid sous la tente et le matin nous avons une superbe gelée blanche ; je rentre à Forest vers 10h.

 

Mercredi 27. 14h, départ de la batterie pour La Selve derrière la 2e brie. Nous nous arrêtons au Haut Chemin vers 18h, il fait un vent glacial. Nous nous installons sur le talus pour y dîner car nous ne devons mettre en batterie qu’à la nuit. Mise en batterie à 21h par un beau clair de lune, puis je monte immédiatement à l’observatoire où nous montons la tente ; il fait -2° ; je dors 1h la nuit, restant à observer, mais les liaisons fonctionnent mal et pratiquement la manœuvre foire.

 

Jeudi 28. A 9h, nous recevons l’ordre d’amener les avant-trains et le retour à Forest s’effectue à 14h après un arrêt sur la route pour déjeuner.

 

Vendredi 29. Le colonel Tisnes que j’ai vu le 27 lorsque nous étions arrêtés pour dîner au Haut Chemin, trouve que nous sommes trop serrés dans le cantonnement de Forest ; il a obtenu une extension de cantonnement au Radois, hameau de Fraillicourt, à 2 km de Forest, et me demande d’y aller en reconnaissance ; je rends-compte après visite que je peux m’installer à Radois ; la décision est prise de déplacer la 3e brie et le mouvement doit s’effectuer demain.

 

Samedi 30. A 14h, la batterie quitte Forest pour le Radois où elle s’installe ; le Radois est un petit hameau assez étendu où hommes et chevaux sont logés convenablement. J’ai ma chambre, bien froide et humide, chez M. Pierrot, la popote est chez un ancien instituteur M. Houde, chez lequel logent Boitet et Fléchelle, le bureau est dans une maison vide, à peu près au milieu du pays et les voitures dans un pré devant le bureau, cachées sous les arbres.

 

 

AD14 151J/5 n°007b

Octobre 1939

 

Dimanche 1er. Le curé de Seraincourt vient dire la messe à Forest et le capitaine Moreau m’invite à aller déjeuner à sa popote avec Fléchelle et Boitet ; nous y allons à cheval ; la messe se dit sur le perron d’une ferme et les assistants sont dans la cour ; sermon très touchant du brave curé. A 21h incident de Sergent, docker à Rouen, déjà condamné au conseil de guerre, il rentre ivre au cantonnement et terrorise tout le monde dans sa pièce, on me fait appeler pour le désarmer. Grave indisposition de la jument du chef Boulay (Nuit de Mai, jument de 4 ans ½ de la remonte, venant de chez Hardy de Saint-Lô). On fait venir Lucas le véto qui la soigne, mais la jument meurt le lendemain d’une congestion intestinale.

 

Lundi 2. 14h30, manœuvre de groupe ; reconnaissance de position de brie vers la Folie ; observatoire vers Fraillicourt.

 

Mardi 3. A 11 h à Seraincourt, sur convocation du capitaine Stievenard pour communication d’instruction. L’après-midi le colonel Tisnes traverse le Radois avec Gendron et Drouet.

 

Mercredi 4. Devant notre popote, il y a une mare avec un lavoir, seul point d’eau du pays ; il est difficile d’y faire boire les chevaux, car la mare est envasée. Je décide de faire nettoyer la mare, d’y faire apporter plusieurs voitures de cailloux, de construire une auge en ciment ; les travaux sont confiés au mdl Paquias ingénieur ITN de la Société Eaux-Assainissement – maçon Langlois – cantonnier Andrieu – Sergent : Martin et Crochemore – Piatier (des Hauts-fourneaux de Caen) pour le bouchon en Pas-cailloux : mdl Lehericy (de Clécy).

 

Jeudi 5. Le capitaine Moreau va avec le capt. Stievenard en reconnaissance en auto vers Hirson, région que nous devons occuper plus tard.

Au Radois nous commençons les travaux de campagne, positions de brie à quelques centaines de mètres du Radois, constructions d’alvéoles de pièce.

 

 

AD14 151J/5 n°008a

Octobre 1939

 

Vendredi 6. Les travaux à l’abreuvoir s’avancent. Le soir, nous recevons à dîner le capt. Moreau, de la Fortelle et Motte.

 

Samedi 7. 10h, inauguration solennelle de l’abreuvoir par mon cheval Volnay qui y boit le 1er. A 19h à Seraincourt Moreau et moi, sommes invités à dîner par le colonel Tisnes ; repas très cordial : « Qu’est-ce qui aurait pu prévoir, dit le colonel, le 2 septembre dernier, qu’un mois après nous serions en train de dîner tranquillement dans un cantonnement ; drôle de guerre n’est-ce pas Leconte », le tout avec son accent savoureux de Castres. Drouet qui était venu me chercher en voiture, me reconduit après le dîner.

 

Dimanche 8. Messe à Forest à 12 h. Nous restons à déjeuner avec Moreau qui a invité aussi le curé. Le soir retour au Radois sous l’eau.

 

Lundi 9. De la pluie toute la journée ; nos travaux de campagne sont inondés.

 

Mardi 10. Instruction des hommes. Travaux de campagne. A déjeuner le lt Graillaud du 243 R.A.D., invité de Fléchelle.

 

Mercredi 11. Les hommes ont perfectionné leur installation qui hélas ! ne sont pas toutes bien confortables ! Ils ont mis des noms sur les maisons vides qu’ils occupent : Villa des cœurs éloignés – des privés d’amour – des cœurs meurtris – des sans amour –au chant d’oiseau – comme cheux nous.

 

Jeudi 12. Visite sanitaire des chevaux.

 

Vendredi 13. Le capt. Stievenard convoque les officiers à l’E.M. à Seraincourt, instructions diverses ; tenir coûte que coûte les positions d’appui, interdiction de se replier.

 

Samedi 14. L’après-midi, visite de l’aumônier militaire. Ordre de nominations paraissent dans la soirée : brigadier-chef Knidelberger est nommé mdl, ainsi que le brigadier Marie ; Souiard est nommé brigadier téléphoniste.

 

Dimanche 15. Nous avons la messe au Radois par le lt Tissot des pionniers …/…

 

 

AD14 151J/5 n°008b

Octobre 1939

 

…/… qui loge à Chaumontagne ; C’est un R.P. bénédictin de l’abbaye de Solesmes très gentil et sympathique ; nous lui installons un autel de fortune sur un avant train de canon, dans la grange Pierrot. Nous avons à déjeuner Moreau – de la Fortelle – Motte – Rabaud et Guillemin.

 

Lundi 16. Réveil à 3h. Cuenca, le cycliste de liaison à l’EM, vient frapper à mes volets : ordre d’alerte pour attaque allemande éventuelle ; je réveille tout le monde ; les sous-officiers au bureau ; tout le monde alerté. Il ne se passe rien. Grave histoire de soûlographie : Sergent et Potin sont allés hier à Fraillicourt où cantonne une brie du 243 R.A.D., se sont enivrés avec un homme de garde. Coup de couteau de Sergent dans la cuisse du canonnier du 243 son copain ; rentre au casernement Potin et Sergent causent une bagarre dans le cantonnement. Tout cela se traduit par de vertes semonces, de la morale et des punitions de prison. L’aspirant Motte est nommé s/lieut; nous allons Boitet, Fléchelle et moi à Forest pour arroser cela vers 18 heures.

 

Mardi 17. Le capt de la Morinière vient me voir pour l’histoire Sergent, il m’invite pour le soir à dîner à Fraillicourt avec Boitet et Fléchelle. Il nous fait prendre en voiture à 18h30 ; dîner sympathique avec son E.M. et des officiers de brie stationnant à Fraillicourt ; vu Cormier qui est capitaine et commandant de batterie. De la Morinière commande un groupe du 243 R.A.D. (commandé par le colonel Malassinet qui cantonne à Renneville).

 

Mercredi 18. Cantonnement au Radois ; tous les jours ont lieu des instructions pour les hommes et pour les sous-officiers : école de pièce – de batterie – instruction des téléphonistes, des signaleurs – des mitrailleurs etc…

 

Jeudi 19. Réunion des officiers à Seraincourt à l’E.M. pour 10h. Instruction sur le réglage S.O.M.

 

Vendredi 20. Même réunion à la même heure : le capt Stievenard …/…

 

 

AD14 151J/5 n°009a

Octobre 1939

 

…/…fait une instruction sur le plan perspectif.

 

Samedi 21. Encore une instruction à 10h à Seraincourt pour les officiers. Nous faisons 2h de P.C.T., Guillemin est chef de l’équipe des calculateurs et exercice d’abaque des corrections planimétriques. 3 chevaux, réformés par le vétérinaire capitaine Robin de la division sont évacués sur la ferme de Trion (Chanteuse – Islette – Chatenier).

 

Dimanche 22. Notre séjour à Radois se termine ; nous recevons le matin l’ordre de départ pour un mouvement en 2 étapes qui doit nous amener dans la région d’Hirson. Le matin messe par le R.P. Tissot dans la grange Pierrot. A déjeuner le capt de la Morinère et le lt Versavel. Le soir tout est prêt et nous démarrons à 19h30. Itinéraire Wadimont – Rubigny – Vaux-les-Rubigny ; étape courte mais avec un passage difficile, descente goudronnée. Arrivée à Vaux-les-Rubigny à 23h : formation de parc le long des haies d’un pré assez mouillé ; je suis logé chez le bistrot.

 

Lundi 23. Vaux-les-Rubigny est un gentil pays que nous verrons peu car nous recevons l’ordre de départ pour le soir 18h direction le Nord. Itinéraire : Vaux-les-Rubigny – Raillimont – Rozoy – Chery – Dolignon – Renneval – Dagny - Lambercy – Bancigny –Plomion - Landouzy-la-Cour – Le Chaudron – Origny – Les Routières. Etape longue et fatigante de plus de 40 km, itinéraire mal reconnu, au profil très dur ; nombreuses pannes, côtes qu’on ne peut monter que voiture par voiture avec des attelages de renfort. Le départ a lieu par un beau clair de lune, mais dernière partie de l’étape s’effectue dans la nuit noire et sous la pluie. Incidents : plusieurs chutes sur le goudron très glissant, une auto du 119e R.I. heurte un attelage.

 

 

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Octobre 1939

 

Mardi 24. Arrivée à 4h30 aux Routières, faubourg d’Origny qui est à 11 km d’Hirson (la 1ère brie est au Chaudron avec l’E.M.1. La 2e brie est à l’Arbalète).  Installation pénible ; beaucoup de chevaux à la corde ; entrée difficile du pré planté dans lequel on forme le parc (camouflage sous les arbres). Nous sommes littéralement trempés (Boitet était parti en avant pour faire le cantonnement qui est très étendu). Une partie des Routières est occupée par des pionniers d’infanterie dont le commandant s’appelle Poulain. La cuisine roulante est bien installée. Forge dehors. Notre popote chez Madame Lambin, brave femme, veuve d’un instituteur, qui nous prête sa salle à manger. Ma chambre chez de bonnes gens qui ont une petite maison de plain-pied, froide et humide ; mon ordonnance, Orvain, couche à côté.

 

Mercredi 25.  Le cdt Poulain chef de cantonnement, dépend de son colonel, Tessier, major de cantonnement qui est à Origny ; je vais donc me présenter à lui. Dans l’après-midi, visite inopinée de Girard, un camarade de Caen, fils du vétérinaire, qui est capitaine et commande la C.R. d’un groupe du 404 RA contre avions, cantonné à la Bouteille à quelques kilomètres des Routières. Il a vu du 43 dans le secteur et est parti à ma recherche. Girard m’invite à dîner chez lui le soir même. Entre-temps Wetterwald me rend compte de la découverte dans le grenier de la maison où les s/off ont installé leur popote, des papiers compromettants, fiches de mobilisation de Laon – St Quentin – Archives de mobilisation, pièces secrètes et la maison était occupée par un Beguin Heidoker qui est parti et qu’on qualifie d’espion ; je vais en rendre compte le soir même au colonel Tessier qui me promet de m’envoyer le lendemain, le capitaine chargé du 2e bureau. Le soir, très cordial dîner à la popote du capitaine Girard qui est bien installé avec des camarades agréables dont lt Coutard professeur de taupe à La Flèche.

 

 

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Octobre 1939

 

Jeudi 26. A 8h, arrivée du capitaine du 2e Bureau d’Origny qui fait l’inventaire et emporte les papiers de l’espion (?). A 13h30 départ en reconnaissance avec le capt Stievenard, disposition de brie à Cocréaumont au nord d’Hirson par itinéraire : les Routières – Origny – Hirson – St Michel – Cocréaumont ; ma position est située en bordure d’un chemin de terre. Au retour, arrêt à Hirson pour différents achats de popote.

 

Vendredi 27. Je pars de bonne heure le matin à cheval avec Boitet, nous passons par le Chaudron où nous voyons le capt Stievenard, puis nous filons sur la Bouteille où nous trouvons Girard à son bureau ; il nous fait visiter son cantonnement : douches et foyer du soldat très bien installés ; nous revenons par Foigny et l’Arbalète où nous nous arrêtons pour voir Moreau. Girard très gentiment, m’a proposé de faire passer mes hommes aux douches ; il vient les chercher l’après-midi en camion et fait 2 voyages ; malheureusement, j’ai bien du mal à en décider une quarantaine à se laver.

 

Samedi 28. C’est aujourd’hui l’anniversaire de Boitet qui a 26 ans. Guillemin est invité à dîner à cette occasion et nous fêtons cet anniversaire en servant au dessert un beau gâteau avec 26 bougies !

 

Dimanche 29. Les pionniers qui cantonnent aux Routières ont des infirmiers dont plusieurs sont prêtres ; l’un d’eux dit la messe à 9h dans une grange au tournant de la route. Nous avons à déjeuner Stievenard – Amadieu et Féron. Le soir nous allons dîner chez le cdt Poulain qui a sa popote dans le café du pays : repas cordial avec superbe menu à l’aquarelle.

 

Lundi 30. A 8h, Boitet part en reconnaissance à Cocréaumont pour préparer le campement des hommes qui vont travailler aux positions de pièce.

 

Mardi 31.  A 6h, départ de Boitet pour Cocréaumont avec une …/…

 

 

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Novembre 1939

 

…/… section : 2 chefs de pièce, 12 servants, 1 cuistot et son ordonnance et un chariot de parc qui emporte les hommes, leur paquetage et l’outillage. Il va s’installer à Cocréaumont et préparer les positions de batterie. L’après-midi je vais à cheval au Chaudron avec Fléchelle, nous touchons notre solde ; retour par Origny pour voir le colonel Tessier (Colonel de réserve, architecte à Rennes).

 

Mercredi 1er. Le lt Coutard de la C.R. de Girard vient me chercher de bonne heure en voiture ; nous allons ensemble à Cocréaumont voir comment la section est installée ; le temps est affreux et personne ne travaille sur la position ; nous filons ensuite sur la Bouteille où nous prenons Girard son lt mécanicien Bouillet garagiste à Tours ; Coutard reste au cantonnement et nous partons vers St Quentin où Girard doit s’occuper d’une question de matériel. Nous passons à Vervins – Laon – La Fère où nous nous arrêtons au quartier d’artillerie pour voir le maître tailleur ; j’y rencontre Blanc lt d’art. qui a habité Caen comme inspecteur d’assurances. Arrivée à St Quentin, je vais à l’Hôtel de la Paix où je trouve avec plaisir les Richez et les Vatin ; nous allons déjeuner au buffet (Richez étant mobilisé sur place et ne faisant plus restaurant) puis je fais des courses. Avant de repartir adresse aux Richez qui nous offrent une coupe de champagne. Retour par Guise et Vervins. Le temps mauvais le matin s’est levé l’après-midi (je me suis fait photographier avec Girard).

Jeudi 2. Le lt Bouillet qui a affaire à Laon emmène Fléchelle qui grille d’envie d’aller se promener. Colombel, maître-pointeur à la 2e pièce, employé chez Schneider au Havre, est rappelé …/…

 

 

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Novembre 1939

 

…/… comme affecté spécial au Havre. Nous avons à dîner Girard, Coutard et Bouillet.

 

Vendredi 3. A 8h, je pars seul à cheval pour Cocréaumont : visite des travaux de position. Itinéraire : Les Routières – Origny-en-Thiérache – Buire - Hirson – St Michel – Cocréaumont. Les travaux de la 1ère brie et de la Fortelle ceux de la 2e brie ; Stievenard vient à l’heure du déjeuner et reste avec nous. Retour en fin d’après-midi. 30 km aller-retour.

 

Samedi 4. Fléchelle va à Cocréaumont en bicyclette pour être au courant des travaux. Moreau m’invite à déjeuner à 12h à l’Arbalète ; j’y vais à pied et je suis mouillé - Sale temps !

 

Dimanche 5. Messe dans la même grange par infirmier des pionniers. L’aumônier de l’armée y assiste et fait un sermon ; il s’exprime difficilement car il a l’habitude de prêcher en breton. Nous avons à déjeuner Moreau et Motte. Après le déjeuner nous allons assister à un match de football de notre équipe contre l’équipe des infirmiers pionniers : nous y rencontrons le Cdt Poulain qui passe en se promenant à cheval.

 

Lundi 6. Boitet m’écrit par le ravitaillement pour m’annoncer une modification dans la position ; plus qu’une section à construire, on intervertit les pièces et on construit un abri. Goueslain, servant, est rappelé à Cherbourg aux usines Amiot comme affecté spécial.

 

Mardi 7. Le matin, pluie diluvienne ; je vais à cheval à l’Arbalète déjeuner avec Moreau et Motte ; je reviens par la hauteur, joli panorama. Le bruit court pour nous d’un prochain départ dans le secteur de Forbach.

 

Mercredi 8. Nous avons à déjeuner Moreau et Motte. Maman m’a envoyé …/…

 

 

AD14 151J/5 n°011b

Novembre 1939

 

…/… un pullover pour un de mes hommes ; je le donne à Lecourbe, mitrailleur.

 

Jeudi 9. A 7h30, Fléchelle part à Cocréaumont avec la 2e section pour relever Boitet et son équipe. De bonne heure le matin, mort subite du cheval « Démangeaison » au mdl Guillemare. A 13h30 au bureau du groupe exercice P.C.T. sous les ordres du colonel Bailly nous partons dans la nature, chaque brie reliée téléphoniquement au groupe ; ça marche. Une tasse de thé à la popote du groupe après la manœuvre. Le soir Boitet rentre à Cocréaumont.

 

Vendredi 10. RAS. Les jours se suivent au cantonnement avec des instructions régulières des servants et des promenades de chevaux.

 

Samedi 11. Vers 4h30, canonnade de D.C.A. sur des avions ennemis qui repassent 1 heure après. A 10h exercice de manœuvre à pied pour répétition de la prise d’armes du lendemain à Origny (armistice). A 14h30, répétition de la prise d’armes à Origny sous les ordres du cdt Poulain. Au retour, je trouve Stievenard à mon bureau ; intervention pour coup de pied de cheval ; Stievenard exige que Quetel, conducteur du cheval soit puni (ce que je n’accepte pas car je ne le considère pas comme responsable) ; A 20h30, un cheval malade à la 3e pièce ; je demande Lucas qui arrive en tan-sad avec Guillemin.

 

Dimanche 12. 9h, à Origny. Messe en musique pour l’anniversaire du 11 novembre, puis prise d’armes au monument au morts à 9h45 (incident Gosselin qui commande le détachement du I/43, tête droite). Retour à pied aux Routières. A 12h nous avons à déjeuner le Cdt Poulain, son toubib et ses 2 adjoints, bridge l’après-midi. A 20h30 nous allons à la popote du cdt Poulain invité par lui, il a lt Paul Colline, le chansonnier connu (d’Huard) qui nous dispense quelque unes de ses chansons les plus réussies : …/…

 

 

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Novembre 1939

 

…/… « Quand c’est aux piétons de traverser. !! une chanson sur l’air de la Madelon, sur la voiture du cdt Poulain ; gâteau, café et on sacre chevalier avec ses éperons, cravache, le toubib Guynot de la Boissière.

 

Lundi 13. RAS. Nous recevons des ordres pour une manœuvre demain avec l’infanterie que nous préparons.

 

Mardi 14. 13h, départ de la manœuvre avec l’infanterie en arrière d’Hirson ; mise en brie observatoire à la cote 201 ; j’y rencontre le cdt d’infanterie Mouquet et le lt Sauvalle du 36e R.I. (Sauvalle, ami de Frémont a une ferme à Lasson), nous pataugeons dans la boue.

 

Mercredi 15. 13h30, Stievenard vient me prendre en voiture pour la reconnaissance de nouvelles positions de brie. Une position à la Bovette (sur St Michel) avec 4 pièces et une position de section avancée au carrefour Alexandre dans la clairière. Nous allons à Cocréaumont où nous trouvons Fléchelle sur ses travaux. Le colonel Tisnes y arrive avec Buffet et Barette ; nous retournons ensemble voir le nouvel emplacement à la Bovette en 29-29 ; le colonel donne son avis et apporte quelques modifications.

 

Jeudi 16. Temps effroyable toute la journée.

 

Vendredi 17. A 8h, je pars en carriole avec de Beer et Mulot pour le carrefour Alexandre pour préparer la section avancée ; passage du gué où, par suite des pluies, le niveau fait 0,90 m avec un courant important ; déjeuner dehors avec le casse-croûte apporté. Ensuite, retour à la Bovette pour préparer le travail sur la position de brie reconnue ; mais au gué, l’eau a encore monté et le cheval ne veut plus passer ; ½ heure de travail et nous y arrivons. Nous rentrons aux Routières vers 18h un peu moulus et sous la pluie ; la pauvre carriole est bien mal suspendue.

 

 

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Novembre 1939

 

Samedi 18. A 12h, déjeuner chez Moreau. Nous déménageons les chevaux de la 5e pièce qui vont dans une ferme sur la hauteur. A 19h, grand dîner au groupe qui a invité Amadieu, Moreau et moi, très bonne soirée ; menu spécial avec surveillance et repère du chef d’escadron.

 

Dimanche 19. Le matin, je reçois en renfort Thibier qui était en affectation spéciale aux usines Renault et qui a dû faire une faute ; c’est un P.R. mais qui semble assez bon type ; il sera à surveiller. A 12h, nous allons Moreau et moi, déjeuner à la popote de la 1ère brie et C.R. : Amadieu – Féron – Grünenwald – Bonhomme – Béhagel – Moreau. Bridge après déjeuner.

 

Lundi 20. 8h, je pars seul à cheval pour Cocréaumont voir les travaux qui ont été repris par Boitet et voir avec lui la nouvelle position de la Bovette ; déjeuner avec Boitet – de la Fortelle – Foucher et Guillemin, venu faire le travail topographique de la position. Au retour, je trouve de nouvelles instructions sur le régime des permissions ; les hommes d’active partiront les premiers. Reçu instructions pour manœuvres de demain.

 

Mardi 21. Lever 5h30. Départ à 7h avec la brie de tir et le caisson téléphonique vers la Bouteille par l’Arbalète. A la Bouteille, arrêt : inspection du capt Stievenard qui critique chez-nous le harnachement. La 1ère brie jugée par lui peu présentable, reçoit l’ordre de faire demi-tour. Nous passons à Landouzy-la-Cour ; mise en brie, observatoires ; montage des lignes, puis retour vers 13h. L’après-midi je reçois la visite de Girard qui part en permission vers le 23 et se propose d’emporter de mes nouvelles à Caen. Le mdl Knidelberger est affecté spécial aux hauts-fourneaux de Quevilly, c’est une grosse perte pour la brie mais je m’en réjouis pour lui parce qu’il a de lourdes charges de famille. A 24h, je reçois un ordre de partir en reconnaissance demain à 7h.

 

 

AD14 151J/5 n°013a

Novembre 1939

 

 Mercredi 22. A 7h, départ en reconnaissance avec Stievenard, Moreau et Amadieu pour Anor ; il s’agit de relever un groupe du 29e R.A.D. : je dois personnellement relever la 7e brie commandée par le capitaine Gaube ; il fait froid et il y a une épaisse couche de neige ; au bureau du groupe du 29e R.A.D., je retrouve Baur et Malher. La batterie est en lisière de bois avec circulaires installées ; je visite le secteur avec Gaube ; 2 observatoires dans les arbres, bien installés presque à la frontière belge (l’un d’eux construit par Baur à 18m – 4 plateformes ; je déjeune à la 7e brie ; Gaube me passe les dossiers de cantonnement (vu un coin charmant : étang de la Galoperie). Les travailleurs reviennent de Cocréaumont.

 

Jeudi 23. A 7h1/4, Boitet part à Anor avec les plateformes que nous devons échanger et faire la reconnaissance du cantonnement. Nous faisons nos adieux au cdt Poulain ; l’après-midi excitation, des parachutistes seraient descendus dans la région : patrouilles nombreuses ; résultat négatif. Départ le matin des premières permissions de détente : Wetterwald et Beaussieu. Le colonel Bailly quitte le commandement de l’A.D.6 et va à Dole (Jura). Il est remplacé par le colonel Tisnes qui ainsi quitte le régiment. Une note relative aux permissions indique que tout permissionnaire aura droit à 10 l d’essence par jour.

 

Vendredi 24. Je reçois l’ordre de départ pour demain 7h vers Anor, itinéraire : Origny – Neuve-Maison – Mondrepuis – Anor). A 13h le cdt Poulain et ses adjoints viennent au café nous dire au revoir. Vers 18h le temps se refroidit et il neige.

 

Samedi 25. Lever 5h, verglas (et brouillard) qui oblige à cramponner les chevaux ; difficultés pour certains qui ont de vieux fers. Etape difficile : le chariot de parc ne peut démarrer ; caisson de la 4e pièce se renverse dans le fossé ; nombreuses glissades, chutes nombreuses. Un canon de la 2e brie s’arrête au milieu d’Origny, cheval tombé. A leur …/…

 

 

AD14 151J/5 n°013b

Novembre 1939

 

…/... maison vu le capitaine Marie cdt le C.R.2, député de Rouen, ministre, arrivé à Anor à 11h30 ; installation difficile ; mise en brie de 3 pièces. La 1e pièce va en antichar sous le commandement du lt Ferin de la 1e brie. Tout le groupe est à Anor ; la B.H.R. à Fourmies ; je vois Malher et le capitaine Cretz du 111e RAL (105 L).

 

Dimanche 26. Tempête énorme dans la nuit avec grosses pluies. A 8h réunion au groupe pour les consignes ; tempête de pluie toute la journée et je reste calfeutré. Fléchelle et Boitet vont à Fourmies.

 

Lundi 27. Le temps affreux continue, on commence à 8h les travaux sur la position ; drainage, curage de fossé, continuation de l’abri pour les hommes. L’après-midi visite de Stievenard et Rabaud sur la position ; pluie et vent continuent. Anor que nous voyons d’un peu loin doit être un pays charmant… quand il fait beau.

 

Mardi 28. Enfin du soleil. A 13h30, je vais à cheval vers le bois Milourd. Nous sommes installés en popote dans une petite maison à la lisière de la forêt ; la propriétaire habite chez ses parents mais nous cause toutes difficultés voulant reprendre sa maison ; c’est une lutte continuelle et désagréable, j’ai ma chambre dans la même maison : y logent aussi les ordonnances et nos chevaux. Les chevaux de la brie sont dans une usine d’Anor à 2 km de la position. La cuisine entre les 2 ; mauvaise organisation passée par nos prédécesseurs, qu’il est malheureusement difficile de modifier.

 

Mercredi 29. Le matin visite du général Lucien sur les positions ; il pleut sans arrêt et on a des difficultés à drainer la position. On parle du Cdt Debroise pour commander le régiment. Volnay est indisponible avec une grosseur au garrot.

 

Jeudi 30. Le capt Stievenard en permission ; il pleut toujours. L’après-midi, visite de Buffet et Drouet. Philippe à 12 ans.

 

 

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Décembre 1939

 

Vendredi 1er. On parle de très prochain départ. En l’absence de Stievenard, Rabaud commande le groupe et le capt Buffet prend le commandement du régiment. Le matin on apprend que l’URSS a déclaré la guerre à la Finlande.

 

Samedi 2. Relève en perspective ; arrivée d’une reconnaissance du 33 R.A.N.A. (reconnaissance rapide du cdt de groupe).

 

Dimanche 3. A 10h, grand-messe à Anor. A midi nous avons à déjeuner Gosselin du groupe. Le soir, je vais en voiture à Fourmies, invité à dîner par le colonel Malassinet. Réunion agréable ; capt Texier, capt (…), lt Kretmann, Basdevant. Le colonel Malassinet me reconduit lui-même à Anor après le dîner. Il a des propriétés tout près d’Anor, pièces en limite de frontière.

 

Lundi 4. Très mauvais temps. J’ai mal à la gorge et suis un peu grippé. A 22h nous sommes prévenus d’une reconnaissance du 33e R.A.N.A. pour demain 8h.

 

Mardi 5. A 8h, convocation au bureau du groupe, prise de contact avec la reconnaissance du 1er groupe du 33 R.A.N.A. (Epinal) qui descend de secteur. Je suis relevé par la 3e brie commandée par le capitaine Fektz, filateur à Epinal, père de 6 enfants. Visite des positions et des cantonnements. A 16h au bureau de groupe, je vois le cdt Debroise qui prend aujourd’hui officiellement le commandement du 43 R.A.D. Le colonel Tisnes envoie un ordre du jour d’adieux.

 

Mercredi 6. A 6h30, mort de Marmoréen, cheval du mdl Rousselin ; je fais venir le vétérinaire Restout qui prévient l’équarisseur de Fourmies ; A 18h ce dernier enlève le cheval mort. L’adjudant-chef Wetterwald rentre de permission.

 

Jeudi 7. Le vétérinaire fait l’autopsie de Marmoréen ; mort de congestion intestinale subitement. A 23h, je reçois l’ordre de retirer les pièces.

 

 

AD14 151J/5 n°014b

Décembre 1939

 

Mercredi 8. A 8h, on rentre les pièces de la position en vue du départ par route ; on fait revenir la pièce antichar du mdl Lehericy et on attend des ordres. L’après-midi visite de Rabaud et de Grünenwald, ce dernier retour de permission.

 

Samedi 9. L’ordre de départ doit arriver incessamment, Volnay est toujours indisponible. Je prendrai Harmonieux pour le déplacement. En principe, départ demain à 7h pour Leuze vers Aubenton en vue d’embarquement.

 

Dimanche 10. 6h30, départ d’Anor pour Leuze. Itinéraire : Forêt St-Michel – Cocréaumont – St-Michel – route de Charleville – Leuze ; étape de 6h sous la pluie ; nous arrivons trempés et traversés à Leuze à 12h30, cantonnement assez moche ; chariot de parc reste en panne rejoint. Nous faisons popote avec l’E.M.1 et j’ai ma chambre très humide dans la même maison (popote : Rabaud – Guillemin – Requier – Drappier – Gosselin).

 

Lundi 11. Installations au cantonnement. Boue énorme. Difficultés de logement ; il y a à Leuze le 1er groupe en entier : E.M.1 – 1 – 2 – 3 brie s et C.R. Le soir retour de permission de Stievenard.

 

Mardi 12. Première visite officielle du cdt Debroise ; 3h1/2 d’entretien dans la salle d’école pour examiner les questions : effectifs, cadres, sous-officiers - chevaux – matériel – habillement etc. Le cdt voit tout en détail. L’après-midi, je vais à cheval à Bucilly, cantonnement du 3e groupe ; à la 8e brie vu Ringot, son capitaine Lebreton est en permission, ainsi qu’Emmanuel des Pallières, canonnier à la 8e brie que j’aillais voir sur les indications de Frémont, de Lasson.

 

 Mercredi 13. Je suis très enrhumé et j’ai des coliques : métaspirine et grog. Le soir je dîne avec Boitet et Fléchelle chez Moreau avec Motte. La jument Harmonieuse que je montais, Volnay étant indisponible, est elle-même arrêtée avec crevasse au boulet.

 

Jeudi 14. A 13h30, départ en reconnaissance de position pour une manœuvre vers Beaumé – Hurtebise avec Stievenard. Amadieu …/…

 

AD14 151J/5 n°015a

Décembre 1939

 

…/… part suivre un cours à Renneville puis à Mailly. Je prends Jalap, cheval du mdl Perine parti ce matin en permission.

 

Vendredi 15. A 10h, présentation au cdt Debroise des chevaux pour la réforme : il retient Demonstratine et Chalaud, le cdt m’apprend que je pars en permission le lendemain, le pourcentage des permissions venant d’être augmenté.

 

Samedi 16. A 7h, départ de Boitet avec la brie pour exécution de la manœuvre dont la reconnaissance a été faite le 14. Quant à moi, Rabaud, qui va à Cocréaumont en voiture pour continuation de travaux, m’emmène à Hirson où je prends le train le matin ; arrêt à Laon où j’achète un panier repas. Arrivée Paris 17h25. Je couche à Paris à l’Hôtel du Printemps et le dimanche parti de Paris à 6h45. Je suis à Caen à 10h28.

Pendant ma permission, le régiment embarque à Aubenton et débarque le 27 décembre à Mars-la-Tour. Etape très dure par neige et verglas, froid intense allant jusqu’à -28°.

La batterie est cantonnée à Waville avec l’E.M.1, la 1ère et la 2e brie aux Baraques.

 

Jeudi 28. Je pars de Caen le matin ; arrive l’après-midi à la gare régulatrice de Tergnier sous la neige. J’y retrouve Lieutaud lt du 243 R.A.D. (de Cerisy-la-Forêt) ; on nous apprend que la 6e D.I. est en route et qu’il nous faut rejoindre Revigny ; notre train part le lendemain à 7h. Nous couchons tant bien que mal à Tergnier.

 

Vendredi 29. Départ de Tergnier à 7h, arrivée à Revigny à 13h, nous allons en auto à Bar-le-Duc et à 16h nous prenons le train de Bar-le-Duc à Nancy ; dîner et coucher à Nancy.

 

Samedi 30. Départ de Nancy vers Pagny-sur-Moselle ; il a fait très froid -22° ou -24° (à Metz -28°) et le train est en retard …/…

 

 

AD14 151J/5 n°015b

Décembre 1939

 

…/…pour se former. Nous descendons à Pagny-sur-Moselle où nous trouvons l’A.D. avec le colonel Tisnes. Vers 12h, Kury me prend en auto à Pagny et m’emmène à Villecey-sur-Mad où cantonne le B.H.R. Le cdt Debroise, qui vient d’avoir un accident d’auto, m’invite à déjeuner. Ensuite je retrouve Boitet et Fléchelle à Waville. Neige et froid. Je vois Stievenard et Rabaud. Waville est à 24 km de Metz.

 

Dimanche 31. En mon absence, Sergent a fait des siennes ; ivre, il a bagarré avec notamment Lehéricy. Le cdt Debroise convoqué. Il est proposé pour section de discipline. Après-midi excursion dans la neige avec Boitet et Guillemin. Il gèle dans les chaussures et dans ma cantine, l’Optraex et l’encre Waterman sont en glaçon.

 

Pendant la permission : évacuation du mdl Paquias à la suite d’un coup de pied reçu en jouant au foot ; il ne reviendra plus à la brie et je le regrette beaucoup car c’était un des meilleurs sous-officiers.

 

1940

 

Lundi 1er.  A 8h45, messe chantée à l’église de Waville. Le lt Gosselin de l’E.M.1 affecté au parc d’essence de Montcornet rentre de permission avec Béhagel – Rabaud, part en reconnaissance pour les cantonnements du lendemain. Nous sommes à effectifs réduits, mais les permissions sont supprimées depuis plusieurs jours. Guezennec et Bisson sont en permission. Sur la hauteur dominant Waville, il y a un calvaire avec une branche de croix arrachée par la foudre. Je reçois l’ordre de départ pour le lendemain.

 

 

AD14 151J/5 n°016a

Janvier 1940.

 

Mardi 2. 10h30, départ de Waville pour Montigny-lès-Metz. Itinéraire : Waville – Onville – Arnaville – Noveant – passage de la Moselle (site superbe) – Fey – Augny, et nous arrivons au cantonnement à 17h. Nous sommes à 3 km de Metz en bordure de l’aérodrome de Frescati. Le froid est très vif ; il gèle dans les chambres et la route était très glissante sur la fin du parcours. Incident de route : mort de la jument Emigria que nous abandonnons dans le fossé. La brie est cantonnée en 2 parties ce qui est très incommode ; je suis avec une moitié dans une grande ferme avec Boitet qui partage mon lit. Le surplus avec Fléchelle.

 

Mercredi 3. Je reçois à 10h15 l’ordre de départ pour 11h15, le temps de prévenir l’autre fraction, nous sommes forcément en retard. Très rude étape. Itinéraire : Cuvry – Orny – Pontoy. Nombreux incidents, très longs arrêts provoqués par des encombrements de la route, voitures en panne ; nous avons devant nous des fantassins et la C.R. !! La brie est en entier cantonnée dans une ferme abandonnée sur le bord de la route de Metz à Strasbourg : ferme de la Haute-Grève, on arrive vers 21h30. J’ai fait presque toute l’étape à pied, tellement la route était glissante et je suis fourbu. Je trouve à me loger dans la salle à manger d’une ferme importante.

 

Jeudi 4. Je reçois l’ordre de départ de Pontoy, puis le contre ordre, en raison de l’état déplorable des routes entièrement verglacées ; on ne peut même pas circuler à pied, les autres dérapent ; 3 contre ordres, enfin le départ est remis à demain.

 

Vendredi 5. 9h, je pars de Pontoy (ferme de la Haute-Grève) en reconnaissance auto avec Rabaud et Guillemin vers Hallering notre cantonnement. Itinéraire : (…) à l’arrivée, nous prenons contact avec le II groupe du 29e R.A.D. que nous …/…

 

 

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Janvier 1940

 

…/… relevons (je relève la 4 brie commandée par le capitaine Padieu). Hallering est situé en arrière de la ligne Maginot. La 1ère brie et la 3e brie y occupent des positions de repli et la 2e brie s’incorpore au D.A.S. en avant de la ligne Maginot et va occuper une position à Varsberg. L’artillerie du D.A.S. qui comprend 2bries du 43 R.A.D. (2e et 9e) et une brie du 243 R.A.D. (14e) est commandée par le capitaine Stievenard qui prend avec lui Fléchelle en liaison. Le D.A.S. est commandé par le colonel Blanc cdt I.D.6., avec P.C. au château de Varsberg.

Notre position de brie est à 500m sur la hauteur au nord d’Hallering, elle est mal aménagée, une tranchée de génie pour un câble téléphonique passe derrière les pièces et gêne tout travail sérieux, et la terre est tellement gelée qu’on casse les pointes où les manches des pioches en voulant creuser. La brie est partie à 14h de Pontois, l’étape est de 35 km. A 22h je pars avec Rabaud et Guillemin d’Hallering au-devant de la brie que nous trouvons à 5 km d’Hallering. Très dure fin de parcours sur 2 km de piste dans la neige ; les chevaux sont à bout et il faut s’arrêter plusieurs- fois sur la piste ; la côte est rude. Mise en batterie assez pénible ; et on redescend à Hallering. Mort du cheval Encan à l’arrivée, près de l’abreuvoir.

 

Mercredi 6. Je me couche à 3h30 et me lève à 7h pour faire sur la position, l’inventaire des munitions avec Bisson ; il y a 3200 obus et fusées. Nous nous installons au cantonnement ; restent à Hallering les chevaux de la brie de tir : canons – caissons téléphoniques – voiture porte plateforme et cuisine roulante ; le surplus de la brie sous les ordres de Wetterwald est avec la C.R.1 à Villers-Stoncourt. Nous faisons popote avec lt Lévy, pionnier, la 1ère brie et Rabaud, Guillemin. Cantonnent également à Hallering, le colonel Corret du 36e R.I. avec son E.M. et la compagnie d’engins d’accompagnement – génie – D.C.A. …/…

 

 

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Janvier 1940.

 

…/… Le logement est de ce fait très difficile : Hallering est un très petit pays avec une rue bordée de fumier ; je loge dans une chambre que je partage avec Boitet, elle est au-dessus d’une étable à cochons et à vaches donc pas trop froide, mais quelle odeur ! tous les effets en sont imprégnés. De temps en temps on entend au loin le canon qui roule.

 

Dimanche 7. Dans la nuit, Moreau a mis en brie à Varsberg ; à Hallering messe à 10h par un prêtre du 36e R.I. L’après-midi, je monte à la position de brie et avec Rabaud nous visitons au Haut-Bois le P.C. du régiment en béton, le poste téléphonique etc. Dans l’après-midi visite à Hallering du cdt Debroise – Buffet – Barette. Nous leur offrons le thé à la popote. Le soir il tombe du verglas ; les routes sont impraticables. On apprend la décision du général Lucien pour la punition de Sergent : 25 jours de prison dont 12 en cellule et traduction devant le Tribunal militaire. Et cela malgré l’avis de toutes les autorités hiérarchiques qui l’ont précédé : cdt Debroise – col Tisnes.

 

Lundi 8. Le dégel commence. Le capitaine Rabaud va déjeuner à Varsberg. On commence à organiser la position.

 

Mardi 9. Froid très vif. Vent d’est très violent : le dégel commencé la veille mais regel à -15° ; les routes sont en patinoire, mais praticables. On monte sur la position et on commence le transport des obus. Je vois à Hallering le capitaine Chenel de l’EM du colonel Corret.

 

Mercredi 10. Incident de chevaux ; de bonne heure le matin, on vient me chercher : 2 chevaux Arsance et Aga sont morts électrocutés dans une écurie ; ils se sont entortillés dans des fils téléphoniques pendant le long du mur et reliés (par nos prédécesseurs) au courant du secteur (220 v). Ce sont des chevaux de la 3e pièce. Froid vif à -17°. Vent d’est soufflant en tempête. Il est difficile …/…

 

 

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…/… de travailler aux positions. L’après-midi une corvée de bois part avec Jacques avec la voiture porte plateforme ; au retour la voiture tombe dans un pré en contrebas de la route de 2 m. Dans l’après-midi visite du lt La Capelle de l’A.D. : de la Rosière capt à l’A.D. est définitivement évacué. Buffet capt adjoint à Debroise est évacué pour bronchite. Théron quitterait l’A.D. pour venir dans une brie.

 

Jeudi 11. Il fait -23° ; le vent d’est est toujours violent. Le matin je commande une corvée de servants avec 4 chevaux pour aller chercher la voiture porte plateforme restée en panne sens dessus-dessous dans le pré vers Zimming. Expédition difficile ; Chassepot fort cheval est en limon ; il tombe plusieurs fois et se blesse ; glissade de la voiture – des hommes, des chevaux.

Le matin Boitet part en permission.

L’après-midi : on tire les 2 chevaux électrocutés de leur écurie ; 10 chevaux attelés sur un traîneau confectionné par Piattier, on les conduits dans un pré au-dessus de l’église sans pouvoir les enterrer ; il y a d’ailleurs dans ce pré plusieurs chevaux morts abandonnés par les prédécesseurs (M… c’est pis que pour un Président de la République : réflexion d’un canonnier en voyant passer le cortège.

 

Vendredi 12. Toujours du froid et du vent. Le matin de la position, je découvre le chemin de Faulquemont (Redlach) ; je sors le gonio sur la position pour viser la direction repère ; j’ai l’onglée. La terre est trop dure pour qu’on puisse creuser ; on transporte les munitions pour en faire des tas de 100. On apprend de l’échelon à Villers-Stoncourt, la mort de Martmiton (657) qui avait été proposé pour la réforme. Affectation à la brie du mdl Ducrotoy venant de la B.D.A.C. avec une grosse punition pour mauvais …/…

 

 

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…/… esprit, c’est un sergent de ville parisien ; le colonel Tisnes a été trop bon, il mériterait la cassation : l’avenir d’ailleurs le prouvera.

 

Samedi 13. De bonne heure le matin, je vais à la ferme Ste Suzanne dans l’intention de voir le cdf de Joannis qui m’avait convoqué croyant que je montais au D.A.S. au 2e tour ; mais à Ste Suzanne je trouve le IIIe groupe dont les officiers sont plus ou moins grippés. Le cdt Hémard est évacué. Le capt Lebreton est chargé de l’enquête sur Sergent. Il vient l’après-midi à Hallering pour interroger les témoins (Lehericy, Letellier, Lecourbe). Visite de Wetterwald qui m’annonce la mort à Villers-Stoncourt de 2 chevaux Demeurer et Chanterelle mort de la typhose. Le 29e R.A.D. avait eu une épidémie et les écuries n’ont pas été désinfectées. Le ravitaillement suit l’itinéraire : Villers-Stoncourt – Frécourt –Servigny-lès-Raville – Raville –Fouligny – Marange – Hallering. Le soir une partie de bridge dans la chambre de Héry avec Rabaud et Guillemin.

 

Dimanche 14. Je pars le matin avec Rabaud à l’observatoire O53 cote 362 sur la route de Zimming à Parbéfontaine ; route difficile parce que glacée ; retour par le bois de l’Homme-Fort, le Haut-Bois, la 3e brie et la 1ère brie. Au retour nous trouvons l’ordre d’état d’alerte à partir de 14h ; le bruit court d’une attaque allemande possible ; les permissions sont supprimées ; occupation de la position toute la journée ; le froid est très vif (Lehéricy et Bisson sont malades). Préparation des tirs, disposition de tir et les servants travaillent aux circulaires. Fin d’alerte vers 18h et je redescend à Hallering avec le cdt Debroise.

 

Lundi 15. A 2h, réveil en sursaut ; nouvelle alerte ; je convoque les s/officiers au bureau ; hommes alertés tout prêt à occuper la position. Excitation ennemie dans le secteur, on craint une offensive ; le cdt Debroise prétend que les chefs de corps en permission ont été rappelés. …/…

 

 

 

 

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…/… Les bries du D.A.S. sont avec leurs voitures prêtes à se replier derrière la ligne Maginot. Gros brouillard. Alerte toute la journée ; on pose les plateformes à lambourdes et on installe les pièces dans de meilleures conditions. Les appareils d’éclairage ne fonctionnent pas. Je suis gelé – mal à la gorge – extinction de voix. Le soir l’alerte continue. Obligation de coucher habillé.

 

Mardi 16. J’ai la grippe et suis obligé de garder le lit ; plusieurs visites de Rabaud – d’Amadieu – Feron et Lévy pionnier. Amadieu apprend sa nomination de capitaine et sa mutation au service des poudres, mais il ne peut partir car c’est la 1ère brie qui va relever la 2e brie; en principe ce devrait-être moi mais je n’ai pas de lieutenants et suis malade. Traitement : gargarismes, bouillon de légumes et 24 ventouses par jour en 2 séries.

 

Mercredi 17. Je suis obligé de garder le lit ; ma grippe va mieux ; j’ai 37,9° mais je tousse toujours. Même régime : 2 séries de ventouses. C’est le médecin capitaine du 36e R.I., un ancien légionnaire, qui m’ausculte et me soigne. Amadieu est allé voir Joannis à Momerstorf, pour s’entendre avec lui pour la relève. Il prend la place de Clément de la 8e brie à Ham-s/Varsberg. Nombreuses mutations en cours dans le régiment : Amadieu doit rejoindre les poudres à son retour de position (l’autre brie sera celle de Charlent du 2e groupe), Féron passerait à l’E.M.1. Drappier au commandement de la 1ère brie ; de la Fortelle quitte la 2e brie pour remplacer à la C.R. Béhagel qui va au IIe groupe. Il tombe de la neige et il gèle assez fort.

 

Jeudi 18. Le matin, il fait -13° et il neige. Voitures en panne. Amadieu est en panne avec sa voiture pour partir en reconnaissance ; il emmène avec lui Guillemin qui va à la liaison. La 1ère brie doit partir vers 2h30 le 19. Il lui manque 4 servants ; sont volontaires …/…

 

 

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Janvier 1940

 

…/… à la 3e brie : Lefauconnier – Brault – Arondel et Buisson. J’apprends dans la soirée que les permissions sont rétablies. Je suis toujours obligé de garder la chambre. 2 séries de ventouses.

 

Vendredi 19. La 1ère brie part à Varsberg pour relever la 2e brie. Fléchelle revient dans la matinée après avoir passé ses consignes à Guillemin. Je n’ai plus que 37,2° et le toubib m’autorise à mettre le nez dehors, mais c’est peu réchauffant. A 8h il fait encore -18°, il a dû geler à -20 ou -22°. Je vais déjeuner à la popote ; le lt Lévy garde à son tour la chambre. Rabaud part avec Fléchelle pour trouver des doublements de position de brie. Dans la soirée arrivent la 2e brie et l’E.M.1 ; à dîner : Moreau – de la Fortelle – Requier -  Drappier (ce dernier part en permission le soir).

 

Samedi 20. A 9h, visite du colonel Tisnes qui veut qu’on travaille sur les positions malgré le froid -13° et la neige qui tombe. On casse des pointes de pioche. Fléchelle qui arrive en retard sur la position pour mettre les pièces en direction, manque écoper 8 jours d’arrêt de rigueur du colonel. Lévy va mieux et revient déjeuner à la popote. Je monte à la position avec Fléchelle ; il fait froid ; en redescendant, Requier m’apprend que je suis désigné pour une commission d’examen du permis de conduire auto dont le président est le cdt Debroise. Le chef et Guezennec sont allés aux échelons ; leur cheval est arrivé avec la typhose : piqûre de formol (depuis fin décembre, le chef est Hareng – d’active, jusqu’ici vaguemestre, en remplacement de Boulay évacué pour albumine).

 

Dimanche 21. La neige est tombée cette nuit et continue de monter. Je vais à la messe de 8h30 ; l’église est glaciale. Je téléphone au cdt Debroise pour commission auto ; il me dit d’attendre. Le capt Stievenard ayant passé ses consignes à Varsberg au cdt Joannis … /…

 

 

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Janvier 1940

 

…/… arrive à Hallering pour déjeuner et reprend le commandement du groupe – et la neige tombe toujours. Arrivée d’un renfort à la brie mdl Doremus – bier chef Fournier – 6 conducteurs, 2 servants : très bons éléments en général du reste comme Saulce.

 

Lundi 22. A 8h, visite du cantonnement et des positions par le capt Stievenard ; avec lui et Moreau la position de la 1ère brie et repère de position du groupe. Le cdt Debroise me demande d’aller voir à 18h à Zondrange avec Ozanne lt au 3e groupe qui doit faire partie avec moi de la commission Auto.

 

Mardi 23. Je vais à Varsberg et Ham-s/Varsberg conduire Foucher qui rentre de permission ; temps superbe – neige – mais froid -20°. Je vois à Ham-s/Varsberg le cdt Joannis chez Amadieu et Féron qui préparent des tirs pour midi : je vois la position de brie. De Joannis, à part, m’expose sa rancœur en me parlant de Debroise ; ils ne peuvent se sentir. Je redescends en voiture emmenant Motte qui réintègre sa batterie ; nous passons par Varsberg dont nous visitons l’église et les anciennes positions de Moreau ; retour par Porcelette – Boucheporn (détour par Bambiderstroff pour acheter du pain) Zimming – Hallering. On doit, le soir, faire une patrouille sérieuse avec une compagnie du corps franc capt Delarat. Le D.A.S. prépare 3 tirs d’arrêt pour protéger la retraite de cette patrouille. Boitet rentre de permission.

 

Mercredi 24. Je pars sur la position avec Boitet et nous revoyons notre plan de travaux ; en descendant, je trouve un camion qui vient chercher les chevaux morts pour les conduire au champ d’équarrissage de Borny. Le cdt Debroise déjeune à la position avec Roger. Après le déjeuner, je pars avec lui à Bionville au G.S.D. pour la visite médicale des permis de conduire : ensemble visite de l’A.D. où je vois le coll Tisnes. …/…

 

 

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Janvier 1940

 

… /… Le lt Ozanne qui devait être mon adjoint pour le permis de conduire a la grippe et reste couché ; le lt Pimard est désigné pour le remplacer.

 

Jeudi 25. A 9h, je vais à Bionville au G.S.D. pour examen médical du permis de conduire ; médecin Durousseau. Le cdt Debroise vient me chercher, passe à l’A.D. et nous ramenons Théron qui est affecté à la 2e brie ; nous déjeunons à la popote de la B.H.R. à Zondrange et je repars à Bionville l’après-midi ; au G.S.D. on amène un fantassin du 74 R.I. tué la nuit par une grenade qu’il a laissé tomber ; il y a eu 2 autres blessés graves. Le soir retour à Hallering ; Moreau est parti à midi en permission. Stievenard et Requier l’ont emmené à Metz. Nous avons le soir à dîner le lt Guise de la D.C.A. ; Motte commande la 2e brie, de la Fortelle passe à la C.R.1.

 

Vendredi 26. Départ pour Morlange avec Gendron et Pimard ; je fais passer l’examen pratique et Pimard l’examen théorique à tous les chauffeurs de la B.H.R.. Déjeuner chez le cdt Debroise à Zondrange. Suite de l’examen après le déjeuner. Vu le colonel Malassinet qui cantonne à Zondrange. Je retourne à pied à Hallering (de Zondrange) et je m’arrête à l’église de Marange.

 

Samedi 27. A 7h1/4, départ pour Villers-Stoncourt avec Pimard. Il a neigé, mais il dégèle. Examen des permis de conduire du 2e groupe. Déjeuner à la C.R.2 avec Béhagel et Christian de Caters. Retour par Zondrange. Guillemin aux avant-postes aurait été marmité. Le capt Marie, ministre, est à Varsberg à l’EM de Joannis en dilettante… Le capt Cousergue commande la brie Charlent (parti en permission exceptionnelle pour maladie de son enfant). (brie est en position à Canada, groupe de maisons ouvrières pour mineurs).

 

 

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Janvier 1940

 

Dimanche 28. Départ à 7h15 pour Villers-Stoncourt avec Pimard ; examens de chauffeurs, puis à Vittoncourt où nous déjeunons avec le Cdt Debroise à 14h à Marange pour faire passer les permis du 1er groupe et de certains chauffeurs du 2e groupe. Le dégel s’est transformé en une superbe glace avec -15 et -18°, les routes sont de véritables patinoires et c’est le moment choisi pour faire passer les permis de conduire.

 

Lundi 29. A 7h3/4, je suis à Bionville pour faire passer les permis aux chauffeurs de la 106e Cie du Train ; examen théorique passé par le lt Bardoux de cette compagnie. J’opère jusqu’à la tombée de la nuit. En tout 27 permis poids lourds et 1 touriste (abbé Leprieur curé de Thiberville, Eure). Déjeuner à la popote du train où le cdt Debroise est venu nous rejoindre : capt Maruin cdt la 106e Cie, entrepreneur à Rouen ; Retour à Hallering à 18h.

 

Mardi 30. Je reste à Hallering car j’ai du travail à mettre à jour au bureau et d’autant plus que Boitet reste couché avec un peu de grippe. Impossible de travailler le matin sur la position : tempête de neige et il fait froid. Dans la soirée la jument de Boitet « Fidélité » (?) avorte de 2 poulains d’environ 5 mois et demi. Je préviens le vétérinaire Lelandais du 36e R.I. qui la délivre, tout se passe bien.

 

Mercredi 31. Je retourne à 8h à Bionville, pour la continuation des examens : permis poids lourds et camionnette pour chauffeurs du Q.G.. Il tombe du verglas qui colle sur le parebrise et il faut mettre une bougie allumée à l’intérieur et contre la vitre ; mais elle tombe ou s’éteint constamment. La route devient de plus en plus mauvaise ; dérapage nombreux, amorces de tête-à-queue. A pied même, on ne peut rester debout. Je suis obligé d’arrêter ; aussi le cdt Debroise me prévient que je monte à la relève du D.A.S. samedi.

 

 

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Février 1940

 

Jeudi 1er. Verglas formidable : impossible de partir en reconnaissance à Varsberg le matin ; j’y pars l’après-midi en auto à 13h avec Boitet qui pour la 1ère fois passe la ligne Maginot. Itinéraire : Hallering – Marange – Zimming – Boucheporn – Ham-sous-Varsberg ; nous prenons contact avec Amadieu – Foucher – Féron de la 1ère brie. Ils tirent comme nous arrivons de leur position de Ham ; résultats immédiats : ils cassent les carreaux de la pièce qui sert de salle à manger et de bureau. Nous reconnaissons la position principale et les positions de section nomade Grünhof et Guerting. Retour à Hallering vers 16 heures après arrêt à Porcelette où doivent être les échelons.

 

Vendredi 2. Préparation de la relève ; on décharge les camions sur la position d’Hallering ; nous devons laisser nos canons sur cette position et reprendre ceux de la 1ère brie (qui sont ceux de la 9e brie) sur la position de Ham ; nous laissons aussi la plateforme Arbel et à lambourdes et nos munitions. Wetterwald doit déménager de Villers-Stoncourt demain matin à 7h. Le lt Théron est définitivement affecté à la 2e brie.

 

Samedi 3. Je pars de bonne heure en voiture avec Bisson et de Beer pour Ham ; arrêt à Varsberg au P.C. du D.A.S. dont le commandant de la Morinière du 243 R.A.D. prend le commandement. Dès l’arrivée à Ham, contact avec Amadieu, Féron et Foucher. Nous retournons aux postions nomades : Guerting et Grünhof. Inventaire des munitions. L’après-midi Amadieu tire de Guerting. A 17h je vais à pied à Porcelette voir si Boitet est arrivé avec la batterie ; le retrouve s’installant à Porcelette où le cdt du 606e Pionniers est major de cantonnement ; Boitet doit repartir à Ham demain à 4h avec la brie de tir et le caisson téléphonique ; la route goudronnée est couverte de neige un peu gelée et assez glissante. Je reviens à Ham pour dîner.

 

 

AD14 151J/5 n°021b

Février 1940

 

Dimanche 4. Boitet est arrivé à Ham à 5h avec la brie de tir et la relève est effective avec la 1ère brie ; d’autant plus facilitée que les canons restent sur la position. Amadieu reste toute la journée en otage pour passer les dernières consignes et mettre en route. Visite le matin de cdt Debroise, puis du cdt de la Morinière avec Joannis. On prépare un tir pour 14h30 sur la ferme Marhof de la section nomade Guerting ; Boitet part mettre la section en direction et déclenche le tir à 14h30 ; il tire même le 1er coup : c’est traditionnel ! C’est le 1er tir de la brie sur territoire ennemi. 43 coups O.E.C.N. – fusées R.Y.G.1 ; riposte allemande auquel nous ripostons nous-même à 15h15 ; difficultés de liaison, la ligne téléphonique est défectueuse avec Guerting et je la fais relever, épissures refaites et remonter.

 

Lundi 5. A 5h30 départ de la 2e section avec Fléchelle à position Guerting pour tir 15h30 sur le Buchenstauden. Dégel et brouillard toute la journée ; l’ennemi riposte à notre tir et nous ripostons 2 fois – 50 cps O.E.C.N. R.Y.G.1. La 4e brie est en H avec Dupré Latour et Khayatt ; nous les voyons tous les 2 au retour du tir.

 

Mardi 6. A 5h30 départ de la 1ère section avec Boitet pour la position Guerting (B) (la position normale de Ham étant A et la position de section normale de Grünhof étant C). Tir à 142-15 de 3 minutes sur les pentes nord de Stettinger : riposte des Allemands : nous tirons que 2 fois – 56 cps tirés O.E.C.N.  R.Y.G.1 ; le matin le dégel s’accentue et on retrouve sur la position normale les emplacements de pièce inondés ; il faut sortir les obus, faire des caillebotis etc. Dans la matinée, je rencontre Prigent sur la route de Creutzwald ; il est capitaine au 119e R.I. et adjoint au capitaine Le Drappier qui commande le bataillon actuellement en ligne ; leur popote est à Ham sur la route de Creutzwald. L’après-midi le capt Lebreton et le lt Houneau du 3e groupe …/…

 

 

AD14 151J/5 n°022a

Février 1940

 

…/… viennent nous amener un jeune aspirant John Moignard récemment sorti de Poitiers et affecté au 3e groupe ; on me le donne pour apprendre son métier.

 

Mercredi 7. La 2e section est sortie de brie vers 6h et mise sous des granges. Elle part à 13h avec Fléchelle pour occuper la position C, ferme de Grünhof dans un petit bois de sapins. Le tir est préparé pour 14h25 sur le carrefour cote 258,9 en O.E.1917. Le tir est déclenché : l’ennemi riposte 2 fois, au total pour nous 78 cps tirés. Les Allemands ont riposté sur un poste d’infanterie p.26 et sur nos observatoires, notamment celui de Neüland ainsi que nous le dit le s/lt Marchal de la 8e brie qui est en liaison au bataillon d’infanterie du 119e R.I. de Prigent. Marchal dîne avec nous. Le matin, nous avons eu la visite du Cdt Debroise, accompagné de Buffet et de Théron. Le soir, à la nuit, je reçois Wetterwald. Le ravitaillement s’effectue de la façon suivante : un fourgon part le matin de Porcelette pour Hallering, charge notre ravitaillement à la 2e brie, revient à Porcelette et un autre fourgon vient de Porcelette à Ham, nous apporter notre ravitaillement. La cuisine pour la batterie se fait dans une maison avec du matériel de fortune ; il y a à Ham les chevaux de la brie de tir, du caisson téléphonique, de la carriole.

 

Jeudi 8. La 1ère section avec Boitet et Moignard à cheval, part à 6h30 occuper la position C ; tir d’arrêt préparé pour 7h45 pour protéger une reconnaissance de fantassins ; le tir n’est pas demandé. Les servants restent toute la journée sur la position. L’après-midi, exécution d’un tir de riposte à un tir ennemi à 16h47 sur la borne 31 – 10 cps O.E.17.

 

Vendredi 9. A 5h, départ de Fléchelle et Moignard au C. Tir à 6h, concentration sur la ferme Smiedhof ; nous recevons à déjeuner …/…

 

 

AD14 151J/5 n°022b

Février 1940

 

…/… Stievenard – Rabaud et Grünenwald. A 13h15, je pars en voiture à l’observatoire Neuland avec Kretmann et Huosch. Visibilité mauvaise, l’observatoire est au 4ème étage d’un grand immeuble qui servait de logement en dortoirs aux mineurs célibataires - ou hôpital, les carreaux sont cassés et il y a des courants d’air ; on voit la ferme Smiedhof et les maisons de douane – P.26 – P.7. Nous tirons à 15h sur le Buchenstauden. Réaction ennemie : nous sommes marmités à Neuland, tous les observatoires arrosés. Nous voyons le plus près à 120m (du 105). Avec Kretmann, après nous cherchons des cafuts dans la neige. A notre gauche, arrive un tir coup par coup pendant 2 heures. Je reçois ainsi le nouveau baptême du feu 1940. Il y a eu des tirs sur le viaduc et non loin de Cousergue en H. ; Stievenard et Rabaud ont été faire dans l’après-midi un tour à Creutzwald.

 

Mercredi 10. A 5h ¼ départ de la 1ère section sur position B ; les servants reviennent, le tir ne devant avoir lieu qu’à 14h ; mais on est obligé de déplacer les pièces de point parce qu’on passe pour en sortir en pleine vue de l’ennemi - de même l’accès aux positions nomades. Le matin Fléchelle va à Bionville pour être entendu par le juge d’instruction dans l’affaire Sergent. A 11h, dans la salle de l’école de Ham, je réunis tous les types de la brie sous-officiers et hommes et on boit le champagne pour arroser le baptême du feu de la brie. On trinque dans des quarts avec du Mercier doux qui est horrible. Je suis dans la chaire du professeur ! Dans l’après-midi grosse excitation dans le secteur. Tir ennemi du côté de Diesen et sur le viaduc cherchant probablement la position H. 4 tirs de chez nous en tout 108 cps O.E.17 R.Y.G.1 et R.Y.G.C.R (14h – 14h27, 15h28 – 15h45). Le soir nouveau tir ennemi vers 21h30- 22h.

 

Dimanche 11. Lequettier à 1h50 nous réveille ayant vu une fusée bleue …/…

 

 

AD14 151J/5 n°023a

Février 1940

 

…/… je téléphone à Varsberg au cdt de la Morinière, pas de suite ; à 5h15 la 2e section va en B en vue d’un tir dans l’après-midi sur la ferme de Smiedhof. Depuis hier matin la gelée a repris. Hier -4°, ce matin à 7h -8°, glace partout et nous n’avons plus de crampons. A 16h20, 3 tirs de B à 16h30 sur ferme de Smiedhof ; à 16h46 sur le Buchenstauden ; à 16h54 sur la ferme de Smiedhof ; en tout 88 cps d’O.E.17 R.Y.G.1. Dans la journée le temps s’est couvert, il fait très gris. Boitet est allé à l’observatoire Neuland avec Marchal. Le soir nous avons à dîner le lt Augrain du G.R.D.I. qui est à la casemate à la sortie de Ham vers Creutzwald ; il est major de cantonnement de Ham et m’envoie souvent des ordres de faire évacuer les tas de fumier qui bordent les rues.

 

Lundi 12. A 5h départ de Boitet et de Moignard à la position C pour tir d’arrêt éventuel sur la cote 271,3 ; il fait très gris et il neige, flocons très fins – température -5°. A midi, le temps devient clair ; l’alerte terminée mais les servants restent sur la position pour les tirs prévus l’après-midi. A 13h30 sur Smiedhof, à 14h42 sur le Buchenstauden, à 14h57 sur Smiedhof. En tout 80 cps O.E.17 R.Y.G.1. L’après-midi visite du cdt Debroise accompagné de Pimard. L’intendant, attaché d’intendance Delagarde, avocat à Rouen, vient chercher du fourrage. Le cdt Debroise annonce des chambardements dans le personnel des officiers de brie du régiment. Charlent va à la B.D.A.C. A 22h le cdt de la Morinière téléphone pour une alerte éventuelle. Il ne se passe rien.

 

Mardi 13. La gelée augmente -15°, il a neigé un peu ; les routes redeviennent très mauvaises, la 2e section est partie à 5h ¼ à la position de Guerting ; A 8h, le cdt Dupré Latour passe chez nous, revenant de mettre cette section en position en C ; il est à la 4ème brie avec Cousergue.

 

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Février 1940

 

La 4e brie depuis plusieurs jours, n’est plus à Varsberg mais à Canada un peu devant nous. A 15h tir de 3 minutes sur les organisations allemandes du Buchenstauden ; pas de riposte ; les servants restent sur la position ; nouveau tir à 21h et 3 mn sur le chemin à l’est du Buchenstauden ; il neige et il fait très froid ; le ravitaillement arrive tard ; difficultés de circulation. Je réclame désespérément des crampons ; les chevaux glissent. En tout 42 cps O.E.17 R.Y.G.1. Le cdt de la Morinière dit que le tir de l’après-midi était en place. Les pièces rentrent à 23h.

 

Mercredi 14. La 1ère section va en C. Tir préparé à partir de 12h sur un point entre Smiedhof et la lisière du Buchenstauden. Fléchelle part avec Moignard à l’observatoire Neuland pour 12h, prêt à signaler si les travailleurs viennent – 2 autres tirs de riposte sont préparés sur la cote 258,9 et 250,9. Il neige et la visibilité est mauvaise. Il a fait cette nuit -18°. Potin mon brigadier maréchal guidé par le lt Ledilicoq du 119e R.I. revient de Creutzwald avec tout le matériel de forge dont il avait besoin à la suite des vols d’Hallering et de Porcelette (j’avais réclamé avec insistance ces outils au P.A.D. mais impossible de les obtenir). Fléchelle n’a pas vu grand-chose à Neuland. Il a déclenché le tir sur des travailleurs à Smiedhof. A 13h37 18 cps O.E.17 R.Y.G.1. Je dîne au 3e bataillon du 119 R.I. avec Prigent – Le Drappier – Dr Duboc (d’Isigny neveu de Plessard) et Lepeux père de 7 enfants, pharmacien à Dives-sur-Mer.

 

Jeudi 15. A 5h ¼, la 2e section part en C ; les servants vont à la position à 11h prêts à tirer à 12h. Tirs à 15h sur cote 258,9 ; à 15h16 sur cote 250,9 et à 16h46 sur cote 258,9 ; en tout 90 O.E.17 R.Y.G.1. A 11h Moignard est monté à Neuland et a observé nos tirs ; il a vu les Allemands dans Smiedhof, puis, vers 16h s’est fait sonner par 40 cps de 105 à côté de Neuland.

 

 

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Février 1940

 

C’est son baptême du feu ; John Edwin Moignard qui a des ascendances anglaises est impassible. A 11h, visite du médecin lieutt Lauzié qui était au 43e R.A.D. avant la guerre et qui est au G.R.D., accompagné d’un dentiste ; il donne des tuyaux sur la relève ; ce serait la 5e D.I. en train de débarquer à Pagny-S/Moselle qui nous remplacerait ; ce qui m’étonne car la 5e D.I. est motorisée.

 

Vendredi 16. A 5h ¼ départ de la 1ère section en C avec Boitet prête à tirer à 7h sur la lisière de la forêt entre la cote 250,9 et la borne I pour couvrir une reconnaissance des corps francs. Il neige et gèle à -5°. Moignard à 9h en allant en C, glisse sur un vieux fil de fer barbelé rouillé et se blesse à la lèvre supérieure ; je le conduis à l’infirmerie du 119e R.I. au docteur Duboc ; il en ressort vert et je lui administre un verre de Cognac. Je déjeune à Varsberg à la popote du cdt de la Morinière ; pour la 1ère fois pas de tir de la journée ; le coup de main du corps franc n’a pas réussi ; il a rencontré une patrouille allemande et a eu 8 blessés dont 3 (morts) sont laissés aux mains des Allemands. A 17h, je vais à Canada à la brie Cousergue que je rencontre pour la 1ère fois et que je trouve très sympathique.

 

Samedi 17. A 5h ¼ la 2e section en C ; nous avons pu chez les pionniers, toucher des tôles métro et nous construisons sur cette position, un abri en sac à terre et tôles métro ; 3 tirs effectués à partir de 14h30 sur le chemin partant de la cote 250,9 et s’enfonçant dans la forêt ; en tout consommation de 90 O.E.17 R.Y.G.1. Il a neigé toute la journée et il y a plus de 20 cm de neige. Les routes sont paraît-il, impraticables en auto. Le coll Malassinet qui devait venir à Varsberg n’a pas pu passer Narbéfontaine. Fléchelle a reçu l’ordre d’aller demain à Bionville à 14h pour témoigner devant le tribunal militaire aff. Sergent. Cet après-midi les Allemands ont violemment riposté à nos tirs par une concentration.

 

 

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Février 1940

 

Départ de la 1ère section en C prête à tirer à partir de 9 heures sur le carrefour borne 6 ; tir d’arrêt pour couvrir une reconnaissance d’infanterie. Boitet est avec sa section et Fléchelle est parti en auto pour Bionville pour témoigner au conseil de guerre. Je vais à la messe de 7h ½ à Ham, assistance peu nombreuse ; ce matin -5° et du soleil. A 15h57 – 15h 58 tirs sur carrefour Buchenstauden est et sur carrefour borne 6 ; en tout 71 O.E.17 R.Y.G.1. La 4e brie en G a été sonnée sur sa position vers 16h, le piquet repère a été cassé, un coup sur un emplacement de pièce, heureusement vide. Le soir Fléchelle n’est pas rentré et Moignard doit repartir demain matin au 3e groupe.

 

Lundi 19. Il fait +2° et le matin il pleut ; nouveau dégel. La 2e section est en C. Vers 9h Fléchelle rentre de Villers-Stoncourt avec Grünenwald : Sergent est acquitté et le général Lucien est furieux. Ensuite, visite du capt Le Canuet avec Houneau et Ozanne. Ozanne vient relever Marchal à la liaison, car Marchal part en permission. A partir de 13h pluie diluvienne, le chemin qui passe devant le bureau est transformé en torrent. C’est un vrai dégel ! Le cdt Debroise qui s’était annoncé pour déjeuner ne vient pas. Nous lui avons délivré hier soir un brevet préparé par Boitet de 1er C.C. honoraire de la 3e brie. 2 tirs à 15h25 sur le sud du bois de Buchenstauden et 15h49 sur carrefour borne 6, en tout 82 cps O.E.17 R.Y.G.1. Visite du cdt Debroise et coll Malassinet. On a dépassé aujourd’hui le capt des 1 000 cps. Nous avons à dîner le capitaine Le Drappier et Prigent du 119e R.I.

 

Mardi 20. Gel la nuit puis dégel. La 1ère section est en B. Tirs à 14h et 15h20 sur carrefour 258,9 – 64 O.E.17 armés de fusées 51 R.Y.G.1 et 13 R.Y.G.C.R. Pendant que le lieutenant et observateur du Cdt de la Morinière règle sur les maisons de douane (la veille le 155 …/…

 

 

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Février 1940

 

A fait un beau tir sur le Buchenstauden. La veille le cdt Debroise fait des nominations : Jacques est passé mdl et Goument et Beaussieu brigadiers. Le soir je suis un peu à court de munitions. Pas de fusées R.Y.G.1 : 98 R.Y.G.C.R. et 128 O.E.17. Il y a eu un grave incident au D.A.N. : incursion d’une patrouille allemande à 3km en arrière des lignes : 20 tués chez nous !

 

Mercredi 21. Nouveau dégel ce matin ; on cramponne les chevaux pour aller en position. Stievenard et Moreau viennent chercher Fléchelle qui part en permission ; ils m’amènent le s/lt Théron pour le remplacer. Le capt Lebrethon doit relever Cousergue à la 4e brie. La 2e section est en B, prête à déclencher le tir à 15h ; le tir n’a pas lieu ; mais nous recevons l’ordre d’alerte pour 19h ; tir d’arrêt pour soutenir une reconnaissance d’infanterie ; garde constante aux pièces à partir de 19h, la fin d’alerte est donnée vers 24h. Nous recevons pour le lendemain un ordre de tir pour 5h30, genre de barrage roulant devant l’infanterie ; cela nous intrigue beaucoup ; après explication nous apprenons que c’est un faux barrage roulant pour faire croire à l’ennemi à une attaque pour savoir où il déclenche son barrage.

 

Jeudi 22. A 5h45, tir de barrage roulant en 3 bonds de 100 m toute la brie tirant de Ham (A) 9mm 4 cps sur les pentes du Buchenstauden 135 O.E.C.N. R.Y.G.1 et CR. Moignard part chercher des rondins aux mines de la Houve avec un bon de l’adjudant des pionniers. Il en rapporte 102 sur un charriot de parc. Dans la matinée, le lt-coll Malassinet s’invite par téléphone à déjeuner. Il arrive vers 12h30 avec capt Arnaud et lt Lancrenon ; il fait des reconnaissances dans la région pour déplacer la brie de Porcelette. A 15h on nous annonce la visite du Gal Lucien ; mais il ne dépasse pas Varsberg .../…

 

 

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Février 1940

 

…/… où il reste au P.C. de la Morinière pendant 1h30. Le matin 20 avions ennemis se promènent ; ils jettent des tracts genre image d’Epinal en couleur : Napoléon exilé – Jeanne d’Arc brûlée – Les Bourgeois de Calais et une tranchée où le soldat anglais pousse devant lui le soldat français. Le soir, il y a relève d’infanterie ; le 3e Bon du 119 R.I. est remplacé par un autre bon du même régiment.

 

Vendredi 23. La 2e section va en B ; un tir est préparé pour riposter aux Allemands. Déjeuner à 10h30. A 11h30 je pars à l’observatoire Neuland avec Lieureau – Riess et le capt Ramas qui commande la brie de 155 de Porcelette avec Biberon et de Monsabert. Je reste à l’observatoire de 11h45 à 17h. La brie de 155 tire sur la maison de douane du milieu – tir pas mal – 65 cps mais faisceau mal ajusté. Notre section tire sur les travailleurs à la ferme Marhof 21 O.E.17 R.Y.G.1 (que je ne puis observer depuis Neuland). A 16h15 je vois une fumée sur le Buchenstauden à 30 m à gauche de la dernière maison de douane. Je téléphone à de la Morinière mais je n’obtiens pas l’autorisation de tirer. Au retour de Neuland on croise les corps francs qui vont à une reconnaissance ; nous sommes en alerte à partir de 18h30 sur le tir d’arrêt pour les protéger ; j’ai passé l’après-midi avec Ozanne qui est venu me rejoindre à Neuland.

 

Samedi 24. La 1ère section va en B dès 5 heures ; des tirs sont préparés à déclencher vers 13h. Le matin visite du capt Stievenard et plus tard du Cdt Debroise ; je reçois l’ordre d’envoyer immédiatement en permission tous les sous-officiers et hommes qui ne l’ont pas encore eue ; pour compléter mes équipes de pièce, je vais recevoir en renfort une section complète du 3ème groupe. A 13h début du tir. Concentration sur Marhof puis riposte sur le chemin 258,9 …/…

 

 

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Février 1940

 

…/… en tout 64 O.E.17 R.Y.G.1. Visite du coll Tisnes avec Clément et le coll du Bois du Tilleul, de la justice militaire. Ce dernier était artilleur à la dernière guerre et vient voir la position de brie et notre installation. A 17h je reçois une section du 3e groupe sous les ordres du mdl chef Danjou (fils de mon voisin le pharmacien). Cette section formera ma 2e section. Le soir, nous avons à dîner le lt Plainchant du G.R.D.I. 13 qui a remplacé Augrain au blockhaus de la sortie de Ham et est major de cantonnement. C’est un ppal clerc de notaire (de Robineau je crois) et qui connais le fils Pépin de Courseulles, qui a succédé à son père au notariat.

 

Dimanche 25. A 0h avance de l’heure. Je vais à 7h30 à la messe de Ham, mais le curé, infirmier au 119e R.I. a dû oublier d’avancer son heure et nous a laissé en plan. Je suis obligé de m’en aller sans l’attendre car j’ai à faire à la brie. Dans la matinée, visite de Le Canuet – Lebrethon et Houneau venus pour voir l’installation de la section de Danjou qui est un amalgame de servants de 3 brie s du groupe. Ensuite arrivée du lt Margot du P.A.D qui amène 2 tubes que nous échangeons contre les canons des 1ère et 2e pièces qui partent à la révision. Il reste à déjeuner avec nous. Après le déjeuner je rencontre Jacques Perrotte, lieutt au 1er Bon du 119e R.I. Il a passé 3 semaines dans les petits postes et descend au repos ; il a l’air fatigué. A 17h45 départ de la 2e section avec Theron pour B ; tir à 19h30 sur 258,9 – pas de riposte – 30 cps O.E.17 R.Y.G.1.

 

Lundi 26. La 1ère section part à la position Grünhof pour préparer un tir de concentration sur Carlsbrünn. Le matin, je vois Lebrethon …/…

 

 

AD14 151J/5 n°026b

Février 1940

 

…/… et Geigues qui viennent relever Cousergue le 27 au soir. Tir sur le bois de Carlsbrünn, poste ennemi repéré – concentration à 16h40 – 48 cps O.E.C.N. R.Y.G.1 pas de riposte. Histoire amusante, des 43 fusées IAL pour matériel, rayés à gauche et ordre signé de tirer des fusées IAL avec des O.E.17. L’après-midi visite des chevaux par le vétérinaire 5 ficelles d’un corps d’armée accompagné de Robin véto de la division ; il trouve les chevaux en bon état.

 

Mardi 27. La 1ère section va en B. Le matin, je perds Moignard que vient chercher Le Canuet ; Moignard rejoint Lebrethon qui relève Cousergue à la position Canada. Nous avons à déjeuner le cdt de la Morinière – Ozanne et le lt Margot du P.A.D. Le dernier est venu changer la 4e pièce qu’il emmène à réviser. A 14h tir inopiné sur des travailleurs à Smiedhof, puis à 15h sur le Buchenstauden, en tout 104 O.E.17 R.Y.G.1 et C.R. Dans la soirée le cdt Debroise passe chez nous, accompagné de Buffet et Drouet, après avoir vu la relève Lebrethon - Cousergue.

 

Mercredi 28. La 1ère section part à 5h en G à Canada ; je pars à 11h avec le cdt de la Morinière et Lancrenon pour P.1, petit poste d’infanterie à gauche de notre secteur. Nous allons en voiture jusqu’à l’extrémité de la forêt de Ham à P.C. Excavation où nous trouvons le lt Lieutaud du 243 R.A.D. qui fait la liaison avec le 74R.I. (vu le capt Piard du 74e R.I. à son P.C.), puis nous partons sous-bois vers P.1 ; le sol est verglacé et la marche difficile ; nous sommes accompagnés d’une patrouille de fantassins fusil à la main, ce qui est une bonne précaution car P.1 est à 200 – 300 m de la ligne ennemie, c’est l’endroit où le contact entre les 2 lignes est le plus rapproché. Nous marchons 1 heure et nous accédons à P.1 par des boyaux absolument inondés ; je plains les fantassins …/…

 

 

AD14 151J/5 n°027a

Février 1940

 

…/… qui tiennent ce poste commandé par un jeune s/lieutt Lalande sorti de Saint-Cyr, fils du commandant Lalande qui fut en garnison à Caen au 119e R.I. et chef de l’Etat-major de la 6e D.I. au début de la guerre. Je commence à tirer à 12h30 sur le Sabelskraut nous voyons du personnel à l’œil nu. Plusieurs tirs dont un sur un poste de F.M. qui riposte par des rafales de balles, nous ayant probablement aperçus ; j’observe le tir à 300 m et l’angle d’observation à 90° ; je vois des Allemands fuir dans le bois. Le F.M. est bien encadré et à un coup tout proche. Malheureusement, je dois m’arrêter n’ayant pas eu de ravitaillement en munitions et devant conserver des obus pour un tir d’arrêt prévu pour le soir même. Je tire en tout 64 O.E.C.N. L’ennemi riposte avec du 105 en différents endroits et avec des Minenwerfer qui sont à contre-pente sur le Skadelskraut, nous rentrons sans incident. Le soir, la brie se met sur un tir d’arrêt de protection ; il y a une reconnaissance d’infanterie.

 

Jeudi 29. L’alerte de nuit pour déclencher le barrage a duré toute la nuit ; Boitet et Théron ont veillé toute la nuit : pas de tir. Dans la journée aucun tir. Visite de Bonhomme avec la solde, de Le Canuet avec Dr Houdeville, du coll Tisnes avec capt Etienne ; en outre le s/lt Margot apporte 2 canons révisés et nous touchons enfin 400 obus que nous amène le P.A.D. Le soir, Ozanne reste à dîner avec nous, pour manger des rillettes et un pot de confitures qu’il a reçu. Coup de téléphone ; le cdt Debroise s’annonce à déjeuner demain.

 

 

AD14 151J/5 n°027b

Mars 1940

 

Vendredi 1er. La 2e section va à Grünhof. A déjeuner le cdt Debroise qui part rapidement à Canada chercher Moignard qui va en permission. Il nous dit que le Gal Lucien doit aller suivre un cours d’artillerie à Mailly à partir du 17 mars. Tir sur Smiedhof, puis tir à 16h30 sur un champ de mines repéré sur le Buchenstauden ; histoire du tir 30m avec le 155, un coup court dans les lignes d’infanterie. Le capt Ramas du 243 a été relevé par le capt Durand de la 18e brie avec de Monsabert.

 

Samedi 2. Le 1er secteur à Grünhof ; il a gelé cette nuit : vent du nord glacial mais soleil radieux toute la journée ; circulation de nombreux avions, combats au-dessus de Ham. 2 tirs à 15h30 et 19h 80 cps tirés sur la ferme Marhof O.E.17 R.Y.G.1. Visite de Legiller du 3e groupe. Vu Grambard lt au 119e R.I. qui commande une cie du 1er Bon. Nous avons à dîner Plainchant lt de notre G.R.D. du blockhaus de Ham, premier clerc de notaire de Bernard Robineau à Paris, ami de Pépin notaire à Courseulles.

 

Dimanche 3. La 2e son va à Guerting prête à tirer pour 14h. Je vais à la messe à 7h30 : vu Gransard et capt Artus. A 11h30, visite des cdt de la Morinière et Fasquelle et le capt Philippe. Fasquelle et son E.M. remplace de la Morinière qui part en permission à partir de demain. Boitet va déjeuner à Bisten au G.R.D.I.. Tir de 40 cps sur le carrefour 72.83 à 14h30 (O.E.17 – R.Y.G.1). A 17h25 déclenchement d’un exercice de tir d’arrêt D.A.30 en face de P.26 – 1 cp par pièce de la section restée en A à Ham. Le coll Blanc qui a donné cet ordre n’a pas prévenu l’infanterie et ces 2 cps ont failli être malheureux …/…

 

 

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Mars 1940

 

…/… pour des fantassins qui se trouvaient en avant de P.26. Visite de Thuileau – Ducasse – Houdeville. Temps très beau et beaucoup d’avions en l’air toute la journée. Le soir à 22h activité du secteur nord jusqu’à 24h, artillerie – mitrailleuses.

 

Lundi 4. La 1ère section à Grünhof. Temps très clair ; la section prête à tirer à 12h. A 12h tir de 40 cps O.E.17 sur la tranchée du Buchenstauden en 59.96. Beaucoup d’avions en l’air. Visite du lt- coll Debroise promu au 1er mars et qui vient montrer ses galons avec Rabaud. Il me propose de partir en permission parce que c’est mon tour, on ne relèverait pas ma brie mais un autre officier en prendrait le commandement. Je refuse dans ces conditions. Il annonce à Theron qu’il va passer à la batterie antichar avec Fleury ; cela l’embête considérablement. Notre 3e canon rentre révisé du P.A.D. avec Margot. La nuit, il a gelé à -6°.

 

Mardi 5. La 2e section va en B, prête à des tirs inopinés à partir de 13h. Un tir est prévu pour 16h. Tempête de neige le matin, temps pas très clair. A 12h15, je pars avec de Beer pour l’observatoire de la cote 315 sans le bois au nord de Ham ; temps s’est éclairci, panorama très étendu et splendide sous le soleil : P.26 – Smiedhof – maisons de douane – Marhof – le Buchenstauden, dont une partie est cachée par un crassier – au deuxième plan Merten – Uberherrn – Bisten – Berus sur un éperon, Friedrichweiler. Aucune activité chez l’ennemi à 16h05 tir de ma brie sur le Sabelskraut de 30 cps, non observables de l’observatoire 315 où je suis. Le soir, je reçois une lettre de félicitation du ministre ( !) pour cours aux sous-officiers de réserves en 1938-39, il est temps ! Nous avons à dîner Plainchant. Puis Ozanne et Ledilicoq au bridge. Lebrethon se fait relever par Ringot à la 8e brie et part en perm. L’après-midi en mon absence, visite de Buffet, affaire Sergent.

 

 

AD14 151J/5 n°028b

Mars 1940

 

Mercredi 6. La 1ère section va en C. Il fait -1° à 8h. Nouvelles bourrasques de neige, vent violent. Boitet à 9h part avec la promenade de chevaux. L’après-midi tir à 13h30 sur les pentes du Buchenstauden en 51.92 – 22 cps O.E.17 R.Y.G.1. Fléchelle rentre de permission. Théron est affecté à la B.D.A.C. avec Fleury. Visite des colonels Tisnes et Debroise ; hier le capt Philippe adjoint à Fasquelle, a fait un tir très bien réglé sur un observatoire repéré sur le Buchenstauden, des dégâts. Cornard de Fasquelle avec un tir de 155 – pas de précision sur le déclenchement. On parle de relève pour le 12 !!

 

Jeudi 7. Vers 6h tentative de coup de main ennemi devant nous ; l’artillerie est demandée, mais trop tard. Le matin, je vais à Grünhof voir la position ; l’abri est bien, mais il y a de l’eau partout et il faut un drainage sérieux. Vu Drouet qui fait la liaison à l’ID près du coll Blanc cdt le D.A.S. : Ringot est à P.5. Tir vers 16+h sur son réglage 39 cps sur les pentes sud du Buchenstauden. A 17h15 concentration sur carrefour 59.98, 30 cps O.E.17 R.Y.G.1. La section est en position à Gründhof. Après-midi visite des lts Chevalier (jésuite) et Maurier de l’EM de Fasquelle.

 

Vendredi 8. A 8h, je file en bicyclette à Varsberg voir le capt Philippe, rendre-compte de l’impossibilité où je suis d’exécuter un tir qui m’a été ordonné de la position C en O.E. sur le Sabelskaul. Je n’exécuterai pas. Ensuite je vais à Porcelette inspecter les échelons. Des aviateurs de l’armée viennent aux postes d’infanterie pour repérer le terrain. Philippe est à P.1 pour vérifier les tirs d’arrêt de la 8e brie et de la 18e brie. L’après-midi Boitet va à cheval à l’observatoire 315 avec Perine – Rousselin et Guillemare. Nous avons à dîner Drouet et Ozanne. L’après-midi nouvelle visite de Chevalier pour des questions de munitions.

 

Samedi 9. La 2e section va en C prête à tirer à 12h sur les environs de la ferme de Smiedhof et à faire des tirs inopinés. Le lt Ryes est à l’observatoire 315. Boitet y monte aussi dans l’espoir de régler des tirs sur objectifs …/…

 

 

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Mars 1940

 

…/… inopinés. Le matin, je vais voir la position de Guerting ; les travaux ne sont pas très avancés ; amorces d’abris en tôle cintrées renforcées que nous avons pu toucher par les pionniers – mais pas par notre génie. Pas de tir de la journée – un seul fait par le 155. Visite du coll Debroise accompagné de son fidèle Pimard. Le Cdt Fasquelle et Ryes sont allés à 315 au 3e groupe en position arrière, incendie de la ferme Smiedhof où grille un type T[….] – histoire de soulographie. Je reçois le Benta[..] commandé par Boitet.

 

Dimanche 10. Je vais à la messe à 7h30 ; vu capt Artus. Visite le matin de Le Canuet et Ducasse, nous déjeunons à 10h15 et je pars à 15h30 à Neuland à pied avec de Beer ; j’observe le tir de 13h derrière les maisons de douane (la 1ère section est en C). Etant à mon observatoire au 4e étage, Gransard qui a son P.C. dans la cave me fait appeler pour prendre le café avec lui et le capt Delesse qui le relève ce soir. Gransard redescend à Canada. Il ne restera plus longtemps au 119e R.I. ; son oncle le Gal Gransard qui commande un C.A. le demande comme officier d’ordonnance. Fouché, en voiture, vient me chercher à Neuland ; en descendant et près du pont, je trouve Fouquet, sergent à la 1ère cie de Gransard. Tout près du viaduc j’aperçois le Gal Lucien qui fait un tour dans le secteur avec son beau-père Paul Boncour. Nous avons tiré 40 cps O.E.C.N – fusées 24/31. Nous versons à la 18brie capt Durand 75 fusées R.Y.G.C.R. Une note de Varsberg m’apprend que nous allons recevoir à la brie 2 officiers d’état-major d’infanterie en subsistance pour stage d’étude. Nous avons à dîner Plainchant.

 

Lundi 11. La 2e section part en C. Ringot à 9h est à Neuland. Pas de tir de la brie. La 8e a tiré. Le 155 à 14h envoie 200 cps sur le Buchenstauden. Le matin, nous recevons les 2 stagiaires fantassins : …/...

 

 

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Mars 1940

 

…/… d’EM : capitaine Liberos et lt Delatre ; ils doivent rester avec nous 13 jours avant de partir suivre à Compiègne, un cours de 3 mois d’état-major. L’après-midi ils vont avec Boitet à l’observatoire 315 ; A déjeuner également : Guillemin et Pimard qui viennent équiper l’observatoire de 315 et de la Petite Saule. Le temps est très beau, beaucoup d’avions. Le soir la préparation d’un tir d’arrêt ou de protection sur le Buchenstauden pour la sortie d’un corps franc. La fin d’alerte est donnée à 23h, le tir n’est pas demandé. 

 

Mardi 12. A 7h30 je pars à l’observatoire cote 315 ; j’y suis avant 8h pour effectuer des tirs sur objectifs inopinés ; je redescends à Ham pour déjeuner entre 13h et 14h et Fléchelle me remplace ; il effectue un tir sur des travailleurs qui passent devant la maison de douane : 12 O.E.C.N. fusée tête blanche. L’après-midi le temps se couvre et il pleut. Drouet qui est monté à l’observatoire reste avec moi. Ringot est à Neuland. Le matin, je reçois la visite de Ryes, Chevalier et Clément accompagné de son collègue de l’A.D. relevante ; c’est la 26e D.I. de Clermont-Ferrand. A 12h45 j’ai vu 56 Allemands à la suite passer au pas de gymnastique et pliés en deux devant les maisons de douane. J’ai vu aujourd’hui sur la route de Bisten à Mlerhern, une automobile allemande.

 

Mercredi 13. A 7h30, je pars pour observatoire cote 315 ; mauvais temps, quelques éclaircies. A 13h30, tir de 11 coups sur des travailleurs devant les maisons de douane. Ringot à Neuland déclenche en même temps que moi. Je rentre de déjeuner à 14h et Boitet me remplace. Ils ont eu à déjeuner Guillemin – Fouché et Théron. Pas de tir l’après-midi ; toujours un temps affreux. Le soir visite de Plainchant : nous resterions 3ème armée actt commandée par Condé. Prételat commande l’ensemble. Gal Loiseau commandant notre C.A. Il y a en tout en ligne 20 divisions environ.

 

 

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Mars 1940

 

Jeudi 14. La 1ère section est à Grünhof ; visite le matin de Kretmann, Leblond et Ryes. A 12h je vais à l’observatoire 315 ; très mauvais temps, éclaircies, je contrôle un tir de 155 sur la ferme de Smiedhof, complètement foiré – 500 m long. Vers 15h30 énorme tornade, vent de 100 km à l’heure, orage, éclair, arc-en-ciel, dans la forêt d’Ham, nombreux sapins énormes arrachés ou rompus ; la même chose sur toutes les routes qui sont barrées, notamment celle de Porcelette au passage du bois ; la pression 720m/n , les fils téléphoniques sont arrachés. Dans la nuit ce vent s.o. tombe et il gèle à -2° et -3° ; la section n’a pas tirén’ayant rien vu valant la peine. Liberos et Delatre ont été à P.5 avec Philippe pour un tir ; ont tiré 4 cps les liaisons ayant foiré.

 

Vendredi 15. La 2e section à Grünhof, pas de tir de la journée ; je suis à l’observatoire 315 à 12h30. A 13h, 2 tirs de 155 sur le Stetenger, trop longs et mal placés – en tout 80 cps. Le 75 n’a pas tiré. Très bonne observation toute la journée ; à 13h40, je signale au cdt Fasquelle des fumées sur la ferme Marhof, mais il est absorbé par ses tirs de 155 et ne me donne pas l’autorisation de tirer ; il me demande seulement d’observer ses tirs de 155 et de lui faire un rapport. Je lui fournis le soir en lui expliquant qu’ils étaient loupés et je n’en entends plus parler. L’après-midi Boitet a reçu le coll Tisnes avec le Gal Loiseau cdt l’A.D.26 et le cdt Debroise avec Le Canuet. La 26e D.I. comprend le 86e R.I., le 105e R.I. et le 98e R.I.

 

Samedi 16. A 8h, visite de Stievenard avec Requier pour préparer la relève. La 2e section avec Danjou, rejoint le 3e groupe, et la brie reprend son organisation du début. Doremus et la 1ère section va en C pour des tirs inopinés. Le cdt Fasquelle autorise un réglage fusant pour l’instruction des stagiaires fantassins. Boitet part avec eux à Neuland …/…

 

 

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Mars 1940

 

…/… à 12h30. Tir à 14h sur la lisière de bois en arrière de Smiedhof – 60 cps O.E.C.N. fusées D.E.A. ; foirage au début ; les pièces se croisent. Le soir visite de Gendron avec son collègue des transmissions du 36e R.A.D.

 

Dimanche 17. Je vais à la messe à Ham à 7h30 (Liberos, Boitet, Gransard) la 2e section est en B à Guerting pour des tirs inopinés dans l’après-midi mauvais temps. Boitet à l’observatoire 315 et ne voit rien ; pas de tir de la journée. Ringot avec la 8e brie est relevé cette nuit. La batterie depuis le 4 février qu’elle est à Ham a tiré 2 065 coups.

 

Lundi 18. A 7h le col Debroise apporte l’ordre de relève qui doit être effectuée dans la nuit prochaine ; il a été voir avant la relève de Ringot. L’échelon partira de Porcelette à 19h et la batterie de tir après minuit ; première étape : Frécourt, itinéraire : Porcelette – Boucheporn – Zimming – Marange – Raville et Frécourt – environ 25 km. Nous devons emporter dans nos coffres 405 obus de la position. L’après-midi arrivée du capt Hardy qui commande la 4e brie du 36e R.A.D. ; je lui explique les dossiers : plan de feux – cantonnement – dossier topographique de la position principale et des positions nomades. Sa batterie arrive à 0h15 et la relève s’effectue par section sans incident et dans le calme, la nuit n’est pas trop noire. Boitet part en tête de la brie tir à 2h30 pour Frécourt ; il doit s’arrêter à Porcelette pour y reprendre les filets cache-canons de nos successeurs ; il y a des éclairs de chaleur, le ciel est illuminé ; je reste à Ham 24h en otage pour passer toutes les consignes avec Bisson qui a le contrôle des munitions. L’après-midi nous avons eu la visite du colonel Maurin qui commande le 36e RAD.

 

Mardi 19. La batterie Hardy (4e brie – 36 R.A.D. – 3 p 117) ne tire pas de la journée et s’installe. Je conduis l’après-midi le capt. Hardy à l’observatoire 315 où nous retrouvons le capt Auger qui commande groupement mixte après Fasquelle ; je vais ensuite à bicyclette à Grünhof et Guerting …/…

 

 

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Mars 1940

 

…/… avec mon lieutenant de tir. Le soir, au moment de me mettre à dîner avec Hardy, je suis appelé au téléphone par Fasquelle qui m’invite à dîner et m’envoie sa voiture ; Au P.C. de Varsberg Philippe m’accroche avec l’histoire de Ringot pour lequel il veut demander 15 jours d’arrêt sous prétexte qu’il n’aurait pas passé les consignes au successeur ; je crois plutôt que le successeur est un imbécile. Ensuite histoire des gardes aux fusées que Fasquelle découvre en quittant son commandement. Nous dînons avec Auger et ses adjoints.

 

Mercredi 20. A 6h le cdt Debroise me fait prendre en voiture avec Bisson et nous repassons au petit jour la ligne Maginot en avant de laquelle nous sommes restés sans en bouger depuis un mois et demi. Soupir de soulagement. J’arrive à Zondrange à 6h45 et je vais me présenter au colonel qui dort encore comme un loir ! Il est vexé – mais aussi pourquoi m’avoir fait prendre à 6h sans rime ni raison. Il me rejoint une heure après à la popote. Je pars ensuite avec lui à l’A.D. à Raville, puis une voiture du 2e groupe me conduit (avec La Capelle qui part en permission et prendre le train à Metz) à Borny, quartier Bridoux où se trouve toute la brie qui a fait l’étape Frécourt - Borny. Je reprends un peu contact avec le groupe dont j’ai été séparé depuis longtemps. L’après-midi malgré les précautions prises, les ordres donnés déchaînement des types qui depuis 1 mois et demi n’ont pas vu un bistrot. Ivresse = incidents Duhamel – Herbillon – Fontaine.  Rabaud part en permission à 16h ; je manque de partir avec lui ; Fouché est parti en voiture à Zondrange avec ma permission pour la faire signer au colonel ; mais il ne le trouve pas – néanmoins, je me suis changé prêt à partir. Nous recevons l’ordre de départ pour Vionville à 19h ; le départ du quartier a lieu dans des conditions normales. .../

 

 

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Mars 1940

 

/... Itinéraire : Fort de Queuleu- - Sablon – Saint-Privat – ferme Bradin – Pont de Jouy-Ars – Gravelotte – Rezonville – Vionville où nous arrivons à 2h. Mauvais parcours en sortant de Metz ; itinéraire certainement pas reconnu avec un chemin où les voitures enfoncent jusqu’aux moyeux ; à peu près 30 kil.

 

Jeudi 21. Après m’être un peu reposé dans un bon lit qui a des draps, je vais voir les installations des hommes ; puis Stievenard m’annonce que le motocycliste vient d’apporter ma permission signée. Je boucle ma valise et à 11h30 Stievenard – Moreau et Boitet me conduisent en voiture à Metz ; mais mon train part à 12h45 et nous n’avons que le temps de déjeuner rapidement au buffet tous les quatre. Arrivée à Paris 18h – Achères 20h – 21h – Caen 1h10. Ma permission part donc du 23.

En mon absence la brie reste plusieurs jours à Vionville puis fait un déplacement pour Avillers c’est là que je la retrouve à mon retour.

 

Avril 1940

 

Mardi 2. La permission est terminée. Départ de Caen à 8h – Paris 11h45 – je vais déjeuner 41 rue Madame chez M. Mad. Boitet qui m’ont invité. Gare de l’Est départ 17h40 – Ligne Metz par Vitry – Châlons – Bar-le-Duc. Arrivée Onville 23h40. Moreau et Boitet m’attendent à la gare et m’emmènent à Avillers où cantonnent les 2e et 3e brie et la B.D.A.C. Avillers est au sud d’Etain et au NE de St Mihiel. Nous faisons popote 2e et 3e brie chez M. Beausire où j’ai ma chambre, bien installé. L’E.M.1 et la C.R. sont à Thillot. La BAR et le 3e groupe à St Maurice.

 

Mercredi 3. Installation ; je visite le cantonnement ; hommes et chevaux ne sont pas mal installés mais il a fallu faire des aménagements pour les …/…

 

 

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Avril 1940

 

 …/… hommes dans certaines écuries ; le bureau est derrière l’église, la cuisine en face dans une grange, bien couverte et bien close. Boitet part l’après-midi en permission avec Requier. Rabaud rentre dans l’après-midi par la gare de Thiaucourt. Le soir, nous avons Moignard à dîner. Stievenard en ramenant Rabaud s’est arrêté chez nous ; visite confortable à la roulante.

 

Jeudi 4. Mauvaise journée, pluie et vent. 30 hommes piqués. Mort du cheval Marmouset par infection – disparition des globules rouges.

 

Vendredi 5. Le matin, visite du capt Stievenard. L’après-midi je vais à cheval à Thillot par St Maurice. Je vois Rabaud – Guillemin (qui vient d’avoir une petite fille), de la Fortelle et Stievenard qui parle des propositions d’avancement. A Thillot, il y a outre l’E.M.1 et la C.R., la 1ère brie. Le bureau de l’E.M.1 est au 1er étage à la mairie, les officiers adjoints travaillent chacun chez eux…

 

Samedi 6. Le matin, je vais en bicyclette à Thillot, voir Bonhomme pour solde et Grünenwald auquel je fais mes adieux ; il est désolé de partir, il est vrai qu’il avait été volontaire pour partir il y a quelque temps ; il part à Angoulème faire l’instruction aux recrues. L’après-midi je vais à 14h en voiture avec le vétérinaire Forterre du 2e groupe à Creue pour toucher 6 chevaux et 2 charriots de parc provenant de la dissolution de la S.M.H. (il y a pour moi 5 chevaux et 1 charriot en remplacement de la voiture porte plateforme. De loin je vois sur la hauteur le château de Hattonville.

 

Dimanche 7. Je vais à la messe à l’église d’Avillers à 8h dite par le R.P. Fleury, jésuite, professeur de philo à Ste Geneviève, qui commande la B.D.A.C. Nous avons à déjeuner Gendron et Leguiller. Très belle journée ensoleillée. Nous faisons un tour à pied après le déjeuner, puis nous faisons un bridge. Dans la soirée scandale : Joret l’adjudant de Moreau ; il est ivre …/…

 

 

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Avril 1940

 

…/… et les canonniers le conspuent. Moreau doit intervenir. Il sera très gravement puni par le colonel et changé de brie, ira au 2e groupe ; c’est un ivrogne invétéré.

 

Lundi 8. Lever 5h30, nous partons en manœuvre de groupe vers Woël ; mise en brie – observatoire, tour d’horizon ; simulacre de tirs ; il y a une forte gelée blanche. A 12h nous sommes Moreau et moi invités à déjeuner à la B.H.R. à St Maurice ; une auto vient nous chercher ; à table Buffet – Gendron – Barrette – Pimard. Le colonel Debroise et Roger sont en permission ; réunion très cordiale après laquelle nous rejoignons Avillers.

 

Mardi 9. Je vais le matin à bicyclette au groupe, pour avoir l’autorisation d’aller visiter les champs de bataille de Verdun ; en revenant je m’arrête à St Maurice aux bureaux de l’EM du régiment pour essayer de persuader le cdt de Joannis, qui commande provisoirement le régiment, de nous conduire à Verdun dont il connaît très bien la bataille car il y était ; visite et il accepte pour m’après-midi. Je préviens aussitôt plusieurs camarades et nous partons à 14h à 4 voitures ; du premier groupe Stievenard, Rabaud, Moreau – officiers du 2e groupe etc. Nous faisons une visite intéressante avec un laïus très documenté de Joannis : Vaux – Douaumont – Tunnel de Tavannes – Ossuaire de Douaumont (que nous parcourons), Thiaumont – tranchée des baïonnettes et nous revenons par la ville de Verdun. Nous apprenons que les permissions sont supprimées à cause des évènements : la Norvège, le Danemark sont envahis ; il y a des combats navals etc. Moreau qui devait partir demain en permission a une cruelle déception.

 

Mercredi 10. Il fait un temps glacial ; je fais un tour avec Volnay au début de l’après-midi.

 

Jeudi 11. Lever 5h30, nous partons en manœuvres vers Billy – Hatton-Chatel ; forte gelée blanche le matin ; mise en brie et nous montons à l’obser- …/…

 

 

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Avril 1940

 

…/… -vatoire sur l’éperon d’Hatton-Chatel ; beau panorama – exercices de tirs, liaisons marchent, nous redescendons et rentrons à Avillers vers 11h. On annonce que en raison des évènements, le colonel Debroise a été rappelé de permission. Des mutations doivent bientôt se produire, il est vrai qu’il y a déjà longtemps qu’on en parle : Rabaud abandonnerait le 1er groupe pour prendre le commandement du 3e groupe où il y a fort à faire et il faut de la poigne pour mettre de l’ordre ; situation difficile avec Le Canuet, assez ancien et qui a souvent commandé ce groupe par intérim, aussi Le Canuet passerait à l’A.D. Motte et Fléchelle iraient à l’EM du 1er groupe ce qui va bien dégarnir les batteries. Le capt Grünenwald serait remplacé à la C.R.1 par le lt Delcourt qui vient de la S.M.A. dissoute. Le capt Etienne quitte l’A.D. pour prendre le commandement du 6e groupe du 243e R.A.D. à la place de Fasquelle qui va commander le P.A.D.6.

 

Vendredi 12. Vie de cantonnement, paperasse au bureau, piqure des hommes – vaccinations. L’après-midi, je vais à cheval avec Motte et nous faisons de bons temps de galop dans le vent avec la pluie qui fouette le visage.

 

Samedi 13. Les piqures anti typhiques continuent en masse ; l’après-midi examen sérieux des masques à gaz et vaccination antivariolique. Je reçois du 243e R.A.D. un détachement de 35 hommes, 3 sous-officiers et 46 chevaux, C.R. et T.R. du 5e groupe qui est cantonné loin sur les côtes ; il formera un relais de ravitaillement. Dans la soirée, visite du cdt de la Morinière pour mettre au point ce cantonnement rendu possible car la B.D.A.C. a déménagé et est partie à Creue.

 

Dimanche 14. C’est la 1ère communion à Avillers ; il y a 7 communiants, sermon par le R.P. Fleury. Nous avons à déjeuner Stievenard – Rabaud – Guillemin – de la Fortelle. A la fin du déjeuner nous recevons un télégramme …/…

 

 

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Avril 1940

 

…/… nous mettant immédiatement en alerte : ordre de charger les voitures et se tenir prêt à partir ; Stievenard file immédiatement au groupe pour préparer les ordres. Fléchelle qui a été désigné pour un cours de transmission à Euville près Commercy du 15 au 30 avril est parti à 10h pour Euville. Boitet doit revenir demain de permission ; arrivera à Thiaucourt à 17h5 mais nous ne serons certainement plus là.

 

Lundi 15. A 2h, je reçois l’ordre de départ : le campement part à 7h avec Moreau. Le départ d’Avillers est fixé à 14h15 ; itinéraire St Maurice – Thillot – Hannonville (au loin l’éperon des Eparges avec deux de ses monuments), Saulx (Pays de Sauce), Fresnes-en-Woëvre (où je vois Boutry lt au 74 Ri). Traversée de la route de Verdun à Metz – Ville-en-Woëvre – Braquis – Warcq et Gussainville où nous devons cantonner et où nous arrivons à 21h. Depuis Ville nous recevons une pluie battante –et nous arrivons trempés. La popote est dans une grande maison neuve à peine achevée – avec la 2e brie qui cantonne avec nous à Gussainville. Sur route, inspection du colonel Debroise. Boitet est rentré de permission à 17h5 à Thiaucourt ; une voiture est allée la chercher et il nous rattrape après Fresnes.

 

Mardi 16. Installation au cantonnement ; grande fermes modernes (reconstruites après la guerre) dans ce petit hameau, hommes et chevaux sont bien logés ; le bureau est dans la salle de la mairie ; les voitures bien camouflées dans une cour de ferme. A 14h Moreau part avec Stievenard, Rabaud et Guillemin en reconnaissance vers Longuyon pour l’étude d’une bretelle.

 

Mercredi 17. Pluie toute la journée ; A 13h30 je vais en bicyclette à Warcq pour voir Stievenard et le colonel Debroise (cantonnement à Warcq, 1ère brie, la C.R.1, l’E.M.1, la B.H.R.). J’apprends que sont enfin régularisées les nominations de Chapelle et Bailleul, brigadiers à la date du 1er septembre – erreur à la mobilisation, il étaient ffon et non brigadiers. …/…

 

 

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Avril 1940

 

…/…  Puis je règle la question de la jument Betterave, laissée au départ à Borny ; j’obtiens un ordre de mission pour Doremus qui va la rechercher ayant appris qu’elle était guérie. Je vois Rabaud – Guillemin – Requier – Lucas - le coll Debroise – Buffet – Gendron – Pimard – Roger. Warcq est à 4km de Gussainville.

 

Jeudi 18. Le matin, visite de Stievenard qui vient voir le cantonnement. Le lieutenant médecin Girault évacue Lecot suspect d’oreillons.

 

Vendredi 19. Je pars à cheval à 8h en direction de Buzy – St Jean de Buzy. L’après-midi, instruction des servants et des téléphonistes. Visite de Clément (qui est à l’A.D.) avec de Courtive (gars de Cherbourg) et Liard ; ils recherchent un emplacement pour créer un foyer du soldat. Le temps se dégage dans la soirée ; belle fin d’après-midi ; la nuit, grosse activité d’aviation.

 

Samedi 20. Je pars à 8h à cheval avec Moreau vers Darmont où existe un camp d’aviation. Buzy (où nous voyons le cimetière français) puis retour par la cote, route de Parfondrupt : chemins et champs très mouillés. En rentrant, nous trouvons à 11h Buffet et Gendron qui annoncent que le colonel Debroise viendra déjeuner chez nous le lendemain. L’après-midi, je passe une revue d’armes et de harnachement.

 

Dimanche 21. A cheval à 8h avec Boitet et Motte vers Buzy - St Jean de Buzy. A 10h nous sommes rentrés à Gussainville pour assister à la messe que dit l’abbé Rousset, infirmier à la C.R.1, dans une ancienne chapelle allemande revêtue de fresques, située sous la maison (devenue château) où nous avons popote. A midi nous avons à déjeuner coll Debroise et Buffet : dans l’après-midi nous faisons un tour dans le cantonnement et nous visitons la ferme Colin où se fait dans une grande étable la traite électrique. Arrive Rabaud, qui nous fait ses adieux ; il prend demain le commandement du III/43 ; il a fait …/…

 

 

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Avril 1940

 

…/… toute la journée un temps très chaud ; soleil cuisant. La nuit circulation d’avions.

 

Lundi 22. Lever 5h. Nous partons en manœuvres vers Braquis – Ville-en-Woëvre. Mise en brie, déplacements d’observatoire – mise en place de la E.R.22 qui fonctionne mal ; l’expérience n’est pas concluante ; nous rentrons vers 12h. Au rapport du soir, annonce de nominations : Bisson et Doremus sont mdl chefs – Lailler et Ferré passent brigadiers. Perine devient chef de la 6e pièce. L’après-midi Guillemin vient faire passer la 2e brie à la chambre à gaz dans les sous-sol du « château » de Gussainville : temps très lourd ; la nuit avions.

 

Mardi 23. Journée calme ; instructions aux servants – aux spécialistes. Motte reçoit l’ordre de rejoindre l’E.M.1. Le temps est toujours très chaud. Les permissions doivent reprendre le 25 avec un pourcentage journalier de 1% avec maximum de 15%.

 

Mercredi 24. Manœuvre de brie ; départ à 6h45 vers Buzy et route de Lanhères. L’observatoire est à 1 km ; liaisons marchent. Retour à 10h30. A 16h visite des chevaux par le capitaine vétérinaire Robin ; bonne impression. On m’annonce un aspirant, Vaidès, qui sort de Fontainebleau et est affecté à la brie en remplacement de Fléchelle ; il est arrivé au groupe à Warcq et Boitet tient à ce que nous le recevions à la brie avec la tradition, c.à.d. en lui faisant une blague ; Nous commençons par lui envoyer le plus gros cheval blanc de la batterie pour le ramener ; mais la pluie vient et nous devons faire ½ tour au canonnier qui lui conduisait ; pour le dîner je prends la vareuse de Boitet qui me serre un peu ! et Boitet se camoufle en serveur : c’est lui qui pendant tout le repas passe les plats en faisant bêtise sur bêtise : rasades d’alcool qui n’est que de l’eau fraîche etc.. mais tout à une fin, et le pauvre Vaidès est un peu éberlué quand je reviens avec ma vareuse ! (il est de Gisors, a fait ses études à Henri IV, a été reçu en juillet à l’Ecole des mines et a fait 7 mois à Fon- …/…

 

 

AD14 151J/5 n°035a

Avril 1940

 

…/… tainebleau). Le soir le cheval Narval de la 5e pièce, s’embarre sur un piquet de batflax. Le s/lt Lucas vient, trouve une perforation intestinale et décide de l’abattre.

 

Jeudi 25. A 6h abattage du cheval Narval par Boitet, vidé, dépecé, saigné par Mogne boucher à 2e brie. Le matin je reçois une note pour Souiard et Duhail qui ont été pris dimanche 21h05 dans un café d’Etain ; rapport de punition – responsabilité du chef de pièce. L’après-midi, arrive Stievenard qui fulmine pour la mort de Narval, venant lui-même de se faire attraper par le coll Debroise ; il inflige 8 jours de prison à Lamarre qui était garde d’écurie et a été négligent dans ses fonctions.

 

Vendredi 26. A 8h, à cheval, sous l’eau, on annonce une manœuvre avec l’infanterie pour demain. Moreau est désigné pour y représenter le groupe, mais il rouspète et refuse. A 20h, je reçois l’ordre d’aller à cette manœuvre à sa place et Moreau est un peu vexé ; il décide d’y aller avec moi demain.

 

Samedi 27. Je pars à Etain à cheval avec Moreau pour voir le capt Lassere du 3e Bon du 36e R.I., mais en arrivant, nous apprenons que la manœuvre est supprimée. Nous devons partir de Gussainville lundi 29 à 1h30 et l’ordre arrive de nous préparer au départ. Il fait lourd – orageux et il y a des averses.

 

Dimanche 28. Messe à 10h dans la cave du château – préparation du départ. A 22h, en route. Le pt initial est Warcq à 23h – pas d’eau, mais de la brume, goudron très glissant. Itinéraire St Maurice – Braquis – Ville-en-Woëvre – Fresnes-en-Woëvre – Trésauvaux et Les Eparges où nous devons cantonner.

 

Lundi 29. Les Eparges – arrivée au jour à 5h ; très mauvaise côte de Trésauvaux aux Eparges. On est obligé de monter voiture par …/…

 

 

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Avril 1940

 

…/… voiture. Installation au cantonnement : hommes et chevaux sont bien logés ; c’est un village entièrement détruit à la dernière guerre et rebâti complètement. Après le déjeuner, je vais à pied avec Boitet à la cote des Eparges. Il y a des entonnoirs formidables que 20 ans n’ont pas comblés ! 3 monuments sur la cote : au milieu celui du Coq – aux extrémités le point X et le monument de Real del Sarte – au pied, le cimetière du Trottoir. Notre popote est installée chez son gardien, grand invalide de guerre, un bras de moins et épaule abîmée. Le bureau est à la mairie à côté de l’église. Le matin, visite du colonel et de Stievenard ; la 1ère brie est à St Rémy, la 2e à Dommartin, l’E.M.1 et la C.R. à Hannonville à une dizaine de kil. des Eparges : difficultés de ravitaillement.

 

Mardi 30. A 9h30, une section en armes – le surplus de la brie en 2 sections ; nous allons au cimetière du Trottoir rendre les honneurs aux 1 500 morts identifiés et aux si nombreux non identifiés : sonnerie aux morts par le mdl Perine – 1 minute de silence – dépôt par Geffroy d’une gerbe sur l’ossuaire – retour au cantonnement. L’après-midi à 13h30, je pars d’Hannonville avec Boitet et Vaidès pour faire 3 heures de cours de P.C.T. au bureau du groupe : abaques – rapporteur universel – plan perspectif. Itinéraire : Combres – Saulx-en-Woëvre – Hannonville. Retour à 17h30 par le bois au-dessus d’Hannonville. Le soir il y a une manœuvre du 74 R.I. autour des Eparges. Un évacué : Peccavé (originaire de Rouen).

 

 

Mai 1940

 

Mercredi 1er. A 8h30, je vais à cheval avec Moreau sur la crête des Eparges : une manœuvre prévue pour l’après-midi vers Combres et Herbeuville est décommandé.

 

 

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Mai 1940

 

Jeudi 2. (Jeudi de l’Ascension) Convocation à 8h à St Rémy des 3 cdts de brie par Stievenard qui annonce le prochain départ de la division en secteur Sierck et Apach dans une huitaine de jours, 1 bataillon du 119e R.I. serait à gauche de la Moselle, le surplus de la division à droite ; à notre droite nous aurons une division écossaise. Le ravitaillement doit se faire à Hayange, la gare de ravitaillement Uckange ; le parc général de C.A. à Thionville. Ensuite, je pars avec Stievenard et Drappier (cdt la 1ère brie) pour reconnaître le champ de tir de Troyon - Seuzey dans lequel nous devons aller faire des écoles à feu avant d’aller en secteur.

 

Vendredi 3. A 8h, départ vers Seuzey – Ecoles à feu de 12h à 17h - Crocos nombreux – coll Tisnes – de Joannis ; le champ de tir est peu intéressant. Liaison observable batterie double = téléphone et E.R.22 : ça fonctionne. Les cdts de brie et les lt de tir exécutent un tir. Retour vers 19h sous la pluie. Moreau qui part en permission demain matin m’invite à dîner ; j’y part en bicyclette sous l’eau. Boudin son cuistot s’est surpassé et a pêché de petites écrevisses. Je rentre de même sous l’eau aux Eparges.

 

Samedi 4. Temps triste et très gris. Moreau le veinard est parti en permission ce matin, il arrivera à Caen le 5 à 1h.

 

Dimanche 5. Messe à 10h30 aux Eparges. M. le curé Tripied est là depuis 1908 ; il a été mobilisé pendant la guerre 1914-1918 et a rencontré en rentrant son église dont il ne restait plus rien. Je vais avec Boitet déjeuner à St Rémy chez Drappier. Le soir, nous avons à dîner les lieutenants Marion – Plainchant et Augrain du G.R.D. cantonné à Jonville. En sortant de table à 23h30, histoire de soulographie ; Savary, de garde, ivre mort dans le ruisseau – Troussard – Periné – Ducrotoy.

 

Lundi 6. A 6h30, départ en manœuvre vers Combres et Herbeuville ; une pièce en bordure de la route. Exercice de transmission et de réglage avec …/…

 

 

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Mai 1940

 

.../… avion (simulé). Retour vers 11h45 à Combres où ils sont cantonnés. Le lt Sauvalle et le capt Appel du 36e R.I., que j’invite à dîner le soir même. A 14h, je rencontre devant l’église des Eparges, le lt Lamy, orienteur du 2e groupe dont la famille habite Asnières et connait mon oncle Henri ; il est très gentil et sympathique. C’est la première fois que je le rencontre depuis la mobilisation. A 15h malleination des chevaux par le lt véto Lucas (Condé-s/Noireau) contre la morve. Le matin, il y a eu séance de vaccination antivariolique (50%). A 17h je vais moi aussi à St Remy pour subir la même vaccination. Nous avons à dîner Sauvalle et Appel, ce dernier prêtre et professeur à l’institut St Joseph du Havre a beaucoup d’entrain.

 

Mardi 7. A 7h30 la batterie va sur la route faire une marche d’entraînement - batterie attelée – à 13h je pars avec Boitet à cheval et sous une pluie battante pour Hannonville, convocation Stievenard à la mairie pour critique de l’école à feu et instructions générales. Dans l’après-midi le cdt Joannis qui commande provisoirement le régiment, le colonel Debroise étant en permission, vient me chercher en voiture pour remonter aux Eparges et interroge lui-même Troussard gravement puni pour soulographie et récidive et qui peut passer au conseil de guerre et le mdl Ducrotoy dont j’ai demandé la cassation pour soulographie et mauvais esprit devant les hommes. Je redescends ensuite à Hannonville avec de Joannis ; la séance avec Stievenard est terminée. Il ne me reste plus qu’à reprendre mes affaires et remonter à cheval pour rentrer.

 

Mercredi 8. Stievenard vient à 12h me chercher pour aller assister aux Ecoles à feu de Seuzey – Troyon du 3e groupe ; nous sommes crocos du 1er groupe avec Drappier. Visite d’inspection du général Boris, inspecteur général de l’artillerie et Mingeot de l’artillerie d’armée. Stievenard a reçu une lettre qu’il me montre du lt Dürr du 243 R.A.D. pour …/…

 

 

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Mai 1940

 

…/… incident Perine à Billy en revenant du P.A.D en carriole. Dès le retour des écoles à feu, Stievenard commence l’enquête ; confrontation du lt Dürr que Stievenard a convoqué et de Perine qui se défend énergiquement ; interrogatoire négatif du témoin Tricault qui conduisait la voiture. J’apprends que notre départ vers Sierck est pour le 10 au soir. Las autres groupes du 43 partent le 9 au soir.

 

Jeudi 9. A 6h Boitet part avec 6 charriots de parc et 45 hommes pour la récupération des cafuts et la recherche des obus non éclatés sur le champ de tir de Seuzey – Troyon. L’ordre de départ arrive le soir pour demain 10 mai. Le pt initial est Hannonville pour St Maurice – Woël – Jonville – Sponville – Yonville. C’est la première étape vers Sierck et Apach.

 

Vendredi 10. Toute la nuit à partir de 21h30, l’aviation allemande a circulé. D.C.A. ; bombardement de certains points. A 4h30 combat d’avions au-dessus de Saulx-en-Woëvre. Avions descendus (?) ; le matin de bonne heure, des Messerschmitt passent en vol en rasant. A 8h, je suis au bureau ; le vaguemestre Le Tellier arrive pour lever les lettres ; il m’apprend qu’à 3h30 les Allemands ont envahi la Belgique, la Hollande, le Luxembourg. A 9h30 arrive l’ordre : le mouvement de la division est suspendu ; prendre des précautions au cantonnement : D.C.A., défense passive ; les permissions sont supprimées, officiers et hommes rappelés. On apprend à la T.S.F. que les Allemands ont bombardé Lille – Nancy – Pontoise – Lyon – Luxeuil, de nombreux aérodromes et … à 13h30 vols d’avions allemands qui jettent des bombes en direction de Fresnes ou Conflans – D.C.A. les bombes 14 ou 16 sont tombées sur Fresnes à 5 km des Eparges : 1 mort et 2 blessés par bombe non loin du P.C.D.I. Précautions contre les parachutistes : D.C.A. renforcée.

 

Samedi 11. La nuit D.C.A. à 1h puis à 2h : passage de nombreux bombardiers vers 5-6 et 7h ; quelques bombes lâchées sur Thillot par un bombardier …/…

 

 

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Mai 1940

 

…/… poursuivi. Nouvelles : Reynaud a élargi son ministère (Marin, Ybarnegaray). Chamberlain démissionné, remplacé par Churchill ; il y aurait eu 100 avions abattus en Hollande et sur notre territoire – pas beaucoup de nouvelles. Les avions ennemis sillonnent le ciel continuellement au-dessus de nous. A 14h je reçois l’ordre de départ pour la soirée. Nous devons remonter vers Etain. Départ à 21h vers Fresnes – Ville-en-Woëvre – Braquis ; la 2e batterie est derrière nous avec la 1ère Brie et nous retrouvons Stievenard au carrefour de Fresnes. Nous devons cantonner à Warcq et Bionville, mais ces pays sont occupés par 10 000 réfugiés Luxembourgeois qui depuis 2 jours défilent sur les routes : pauvres défilés de femmes - d’hommes – d’enfants – vieillards emportant ce qu’ils peuvent et comme toujours les choses les plus hétéroclites. Mais combien d’espoir parmi eux et sans aucun contrôle ; nous bivouaquons dans le bois de Braquis ; heureusement il fait beau ; nous nous étendons vers 4h ; les voitures sont entrées difficilement dans un chemin sous-bois assez mou par endroit et on leur fait faire demi-tour à la main après avoir dételé. Les avions allemands dès le matin circulent sans cesse et lancent des bombes en de nombreux points ; on n’a pas de nouvelles.

 

Dimanche 12. C’est la pentecôte ! Journée passée dans le bois ; les réfugiés Luxembourgeois continuent à circuler sur la route de Warcq vers Ville-en-Woëvre ; c’est l’exode. Retour de permission de Moreau qui a fait un voyage rempli de péripéties : trains bombardés, lignes coupées etc. Dans la journée nombreux raids d’avions qui jettent des bombes. Le soir, ordre de départ et itinéraire : Warcq – Etain – Rouvres (20km de  Briey), marmitage continu au loin : roulement ininterrompu du canon, lueurs ! Cette fois-ci c’est le grand feu. Finie la guerre de blocus qui devait suffire à nous faire gagner la guerre ! L’étape est courte et nous arrivons à Rouvres vers minuit. En traversant Etain, Foucher, lieutenant à la 1ère brie tombe de cheval (glissade sur le goudron), il sera évacué et nous ne …/…

-blessure au genou hydarthrose-

 

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Mai 1940

 

…/… le reverrons pas ; pour lui la guerre est finie. A Rouvres, le cantonnement se fait assez facilement : le pays est grand et on y loge l’E.M.1, la 2e et la 3e brie ; il y a un champ d’aviation de la R.A.F. qui est en train de déménager ayant été bombardé.

 

Lundi 13. Cantonnement à Rouvres ; nous faisons popote avec Moreau. Vers 7h je vois passer, rasant l’église un Messerschmitt dont je distingue le pilote poursuivi par un avion anglais qui le mitraille ; l’Allemand a été abattu plus loin. A 13h histoire du parachutiste ; un suspect que nous poursuivons dans les champs avec hommes en arme dont un Anglais ; on ne découvre rien qu’un artilleur français affolé. Le général Lucien passe dans la matinée et donne l’ordre de mettre une pièce en batterie en limite du camp d’aviation contre le débarquement d’avions ennemis. Vaidès y va avec la 1ère pièce. Arrivée d’une compagnie de mitrailleurs de 74e R.I. dont le lieutt dîne avec nous. Récupération à Rouvres de boîtes de conserve, tentes etc. laissées par les Anglais.

 

Mardi 14. Réveil à 2h30 : ordre de se tenir prêts à partir, chevaux bricolés ; tout le monde alerté. Puis plus rien ! et on se recouche quelques heures tout habillés. A 12h l’ordre de départ arrivé pour 13h vers Azannes ; toute la division se déplace en plein jour ce qui ne laisse présager rien de bon ! Avant notre départ, nous voyons défiler plusieurs centaines d’autobus qui ont embarqués nos fantassins. Je laisse en consigne au maire de Rouvres le cheval Bibelot qui, fourbu, ne peut plus suivre. Les autobus ont eu du retard et nous ne partons qu’à 14h. L’étape est longue et mouvementée ; grosse activité d’aviation. En arrivant à Etain, un groupe d’avions bombarde la ville, gare et coupe la route de Verdun qu’heureusement nous ne prenons pas ; Crochemore se foule le pied en sautant du caisson pour s’abriter dans le fossé, il est évacué sur Etain. Une colonne d’autobus …/…

 

 

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Mai 1940

 

…/… avec nos fantassins, nous double sur la route. Nous apprenons qu’elle a été attaquée par des Heinkel et nous retrouvons à Azannes la colonne sur le bord de la route : dégâts = morts et blessés – autobus calcinés. Itinéraire : Rouvres – Etain – Morgemoulin – Gincrey – Maucourt – Ones – Grémilly – Azannes-et-Soumazannes où nous arrivons vers 24h pour bivouaquer dans un bois ; sous la tente avec Moreau. L’étape a été allongée d’un détour qu’on nous a obligés à faire pour éviter un embouteillage ; sur la route coll Debroise et son E.M. En arrivant vers le bois, nous allons faire tourner les voitures dans une ferme occupée par des Joyeux ; le charriot de Moreau bascule dans le fossé ; il faut le vider pour le sortir de sa position difficile.

 

Mercredi 15. Vers 6h Requier vient nous réveiller ; il faut partir immédiatement ; les chevaux non débricolés sont attelés et nous démarrons en vitesse vers Damvillers et le bois de Remilly ; attaque de la colonne par avions allemands à quelques kilomètres d’Azannes le capt Stievenard me fait prévenir de le rejoindre à un point fixé dans le bois de Remilly ; je descends de cheval et prends la bicyclette de l’agent de liaison ; de Beer part avec moi. Stievenard nous attend pour partir en reconnaissance ; après Damvillers nous doublons la colonne de la 1ère brie au moment où des avions ennemis survolent et nous jettent des bombes, avant l’arrivée cote rude et longue, que je monte à pied avec tout mon barda ; j’arrive au point fixé en nage et complètement claqué. De Beer, reconnait dans le bois un bivouac pour la batterie, tandis que je pars en reconnaissance avec Stievenard (Moreau et Drappier) en voiture vers Sivry - Liny et Dun-sur-Meuse ; Nous reconnaissons une position entre Liny et Fontaine-Saint-Clair pour battre éventuellement le pont de Dun que nous allons voir ; le génie est en train de le miner ; nous rentrons de reconnaissance vers 12h ; nous restons l’après-midi dans le bois de Remilly où le groupe entier est plus ou moins bien camouflé, le bois étant assez clair. J’essaie de dormir, mais je n’y arrive pas étant trop fatigué.

 

 

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Mai 1940

 

A 19h, les batteries prêtes à partir pour leurs nouvelles positions ; à la même heure, je pars en voiture avec Stievenard, Moreau et Drappier pour achever la reconnaissance ; nous arrivons à Fontaine St Clair où Stievenard installe son P.C. et nous examinons en détail les positions de brie. Celles de la 3e brie est dans un buisson mais plein d’épines noires. La brie arrive avec Boitet vers 24h ; on décroche les trains, on décharge les voitures, on commence à s’installer… et le contrordre arrive ; le colonel Tisnes est arrivé, a vu Stievenard et a donné l’ordre d’aller mettre en brie à 15 km plus loin, vers Milly – Lion-devant-Dun.

 

Jeudi 16. A 2 heures la brie de tir repart avec Boitet et je pars immédiatement en reconnaissance en voiture avec Stievenard ; je suis claqué et j’ai bien du mal à me traîner ; nous arrivons, toujours de nuit, dans la forêt de Woëvre à côté de Lion-devant-Dun ; je reconnais une partie de lisière de bois où la brie mettra en position ; nous avons une mission antichar. Boitet arrive avec ses voitures un peu avant le lever du jour et la mise en brie à lieu au jour naissant. L’échelon a fait de son côté, mouvement avec la C.R.1 ; les chevaux de la brie de tir restent dans le bois à proximité de la position. La brie mise en place nous nous étendons sous la tente une ou 2 heures ; difficile de dormir car nous sommes couchés sur des plantes qui sentent le faux ail et empestent. Le matin, visite de Roger de la B.H.R. qui nous annonce le départ dans l’après-midi. Le général Lucien aurait pris le commandement d’une division qui a lâché pied (une D.I.N.A.) ; on annonce 11 000 prisonniers, la division allemande qui s’était infiltrée ayant été coupée et capturée. L’ordre de départ arrive pour 19h pour bois s.e. de Baâlon, le bois du Chenois à l’est de Stenay. A 15h55 bombardement du bois par avions, plusieurs vagues successives ; c’est peu étonnant car il y a des allées et venues nombreuses autour du bois sans aucune précaution par d’autres unités, une bombe parmi les nombreuses que … /…

 

(Note marginale à gauche : 55e et 71 D.I. enfoncées, ainsi que l’aile gauche de la 3e D.I.N.A. – dont le 20e R.A.N.A. de Poitiers).

 

 

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Mai 1940

 

…/… nous recevons, tombe sur la brie et tue le mdl chef Bisson et blesse grièvement le mdl Marie (plaie au ventre, il meurt le lendemain à l’hôpital) et le mdl Rousselin (doigts arrachés, éclat au dos). Le départ de la brie est retardé à 20h45 pour éviter- le déplacement de jour ; je pars en reconnaissance en auto avec Stievenard vers Stenay et nous fixons rendez-vous à Boitet à … où nous le retrouvons avec la batterie de tir dès la reconnaissance faite. Reconnaissance de positions à la nuit tombante d’une lisière de bois au n.e. de Stenay ; puis nous revenons au-devant de la brie ; je monte à cheval et j’amène la brie sur la position, presque 15 km encore à faire ; en passant à Bronelle, dans la descente, la colonne est coupée et grave embouteillage, si bien que nous arrivons à mettre en brie juste avant le lever du jour. Je laisse les chevaux et les avant-trains dans le bois, au bivouac, à l’intérieur.

 

Vendredi 17. Nous nous organisons aussitôt sur la position ; nous avons une mission antichar ; la ligne d’infanterie est très imprécise ; le coin est bourré d’artillerie d’appui direct et les batteries qui sont derrière nous à notre droite et à notre gauche, tirent continuellement et l’ennemi riposte assez violemment ; précautions à prendre pour nous, car une partie de la lisière du bois est vue de l’ennemi. Je fais faire immédiatement des abris pour les hommes ; abris pour les pièces et abris de section à l’intérieur du bois. Dans la soirée, la pluie tombe et ne cesse de presque toute la nuit, très noire ; nous sommes mouillés sous la tente ; plusieurs appels téléphoniques et je vais à tâtons dans le bois de la tente au poste téléphonique ; impossible de rien voir ; toute la nuit on ne peut dormir. Notre itinéraire hier était : Lion-dev.-Dun – Charmois – Baâlon – Stenay – Bronelle – Bois de Bronelle.

 

Samedi 18. Inor repris par nous a dû être abandonné et il ne resterait plus grand monde du 3e Bon du 36e R.I. Le colonel Corret cdt du 36e R.I. a été relevé de son commandement, évacué ; le commandement revient au cdt Bleger. La nuit …/…

 

 

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Mai 1940

 

…/… dernier moment d’affolement à la 1ère brie qui a tiré 40 cps dans la nature à 1 ou 2 km ; heureusement pas de dégâts, mais ça aurait pu être grave. Tirs d’artillerie continuels. Stievenard me donne l’ordre de mettre la 1ère pièce en avant dans un endroit plus dégagé, ce qui est fait à 21 heures. Le 103 R.I. dans la lisière de notre bois part pour attaquer demain ; les hommes sont fatigués. Le soir arrivée de très nombreux chars, des gros, pour attaquer dans la soirée ; sérieuse préparation d’artillerie. Pour nous arrivage de munitions ; 3 caissons vides vont vers Mouzay et la C.R. nous amène 3 caissons pleins ; le ravitaillement est seulement terminé à l’aube. Stenay est évacué et dans la journée plusieurs servants dont Vasseur vont faire de la récupération pour le ravitaillement boîtes de conserve et … car notre ravitaillement normal se fait dans d’assez mauvaises conditions. Sauce, ordonnance de Boitet originaire de Saulx-en-Woëvre, est évacué avec une petite brindille dans l’œil.

 

Dimanche 19. Tirs constants. Cette nuit nous avons fait une attaque avec les chars ; ils ont avancé de 5 km, mais les fantassins n’ont pas suivi, arrêtés par des barrages de 220 ; l’avance n’a servi à rien. Des chars perdus, et l’ennemi a contre-attaqué et regagné le terrain. La situation est évidemment critique. Que se passe-t-il à droite et à gauche – on parle à nouveau d’une attaque que nous ferions ce soir pour réduire cette poche. Dans la soirée arrive le G.R. du 4e Spahis avec le capitaine de St Quentin ; il reste 3h, et reçoit l’ordre de repartir vers l’Ouest. Il revient du Luxembourg, dont il s’est tiré à grand peine ; on tient les chevaux constamment bricolés et nous restons dans l’attente. Toute la journée et la nuit le 38e R.A.D. qui est en position derrière nous, tire constamment ; il est difficile de dormir !

 

Lundi 20. Encore une mauvaise journée ; vers 10h marmitage sur la batterie de 75 du 38 R.A.D. en arrière de nous. Un coup court …/…

 

 

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Mai 1940

 

…/… tombe sur notre 3e pièce. Tué Duguépéroux qui faisait fonction de servant et blesse grièvement le MP Brenugat (œil arraché). Un cheval tué (Cheffe 250), plusieurs blessés. Un cheval échappé. Le canon et le caisson sont détériorés et on les emmène le soir au P.A.D. On apprend avec stupeur que les Allemands sont aux environs de Saint-Quentin – la Fère. Weygand est nommé généralissime ; Pétain est ministre d’Etat ; gouvernement très restreint. Stievenard est passé commandant à T.T. à compter du 1er mai 1940 (J.O. du 14 mai 1940).

 

Mardi 21. Stievenard vient montrer ses ficelles le matin. Le Dr Girault vient chercher le matin, le corps de Duguépéroux qui sera enterré à Mouzay après que l’abbé Rousset, infirmier à la C.R. a dit une messe près du corps vers 7 heures. Le lt Fleury (X.) jésuite, professeur à Ste Geneviève) cdt à la B.D.A.C a été tué hier soir à Cervizy.  Dans la soirée je reçois l’ordre de renvoyer les chevaux à l’échelon sans les avant-trains. C’est la jument Croupière qui s’est enfuie au cours du marmitage d’hier. Les fantassins de la division sont relevés. Une D.I.N.A. monte relever une autre D.I.N.A.

 

Mercredi 22. Alerte à 4h, on craint une attaque de chars imminente, tout le monde est alerté et toutes dispositions prises ; l’alerte dure toute la matinée ; puis l’ordre arrive de départ pour le soir. C’est le 6e R.A.N.A. qui nous relève. Nous devons partir par Stenay vers Mouzon. Puis au dernier moment le contre-ordre arrive ; nous passerons la Meuse à Stenay. Le matin vu Stievenard - - nouvelles mauvaises ; le général Corap serait responsable de l’avance ennemie ayant négligé de faire sauter plusieurs ponts ; il aurait été fusillé (?). L’ennemi aurait poussé une pointe vers Amiens, Bapaume... Dans la soirée, le capitaine Giraud du 6e R.A.N.A. arrive pour nous relever. A 21h45, cette relève s’effectue dans de bonnes conditions. Nous quittons la position en longeant la lisière du bois ; passage …/…

 

 

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Mai 1940

 

…/… de la Meuse à Stenay, sur un pont de bateaux, le pont étant sauté ; on ne peut passer que voiture par voiture et tous les hommes pied à terre ; triste impression que cette ville vide dont bien des maisons ont été pillées. Itinéraire : Stenay – Laneuville – Beauclair et le bois de Nouard, où nous arrivons pour bivouaquer vers 1 heure.

 

Jeudi 23. Nous pensons pouvoir nous reposer un peu ; hélas, il faut déchanter ; dès 4h le cycliste Cuenca vient m’appeler sous la tente. Stievenard m’attends immédiatement pour partir en reconnaissance ; je me harnache en vitesse ayant à peine dormi et sur la route, je retrouve Stievenard qui m’attend en auto avec Moreau et Drappier. Nous devons mettre en brie vers Beaufort-en-Argonne ; les échelons seront à Halles-sous-les-Côtes ; matinée éreintante, nous n’en pouvons plus et nous traînons pour trouver des positions convenables, tous les buissons des haies sont pris. Stievenard installe son P.C. à Beaufort ; nous sommes détachés de la 6e D.I. et mis à la disposition d’un groupement d’artillerie commandé par le colonel Fady. Enfin, je trouve un emplacement où je peux mettre 3 pièces (la 4e abîmée à la position précédente, ne m’a pas été rendue). Retour vers 10h au bois de Nouard. Les avions survolent continuellement. Je m’étends par terre quelques instants, puis je pars en bicyclette avec Boitet et de Beer pour reconnaître l’accès des pièces et l’installation sur la position. Au passage vu Stievenard dormant sur sa table dans une maison de Beauclair. Le soir nous quittons le bois de Nouard à 22h ; embouteillage dans Beaufort : occupation de la position et travaux immédiats de camouflage. Mise en direction des pièces par Guillemin qui a fait le travail topographique. Je reste seul avec Boitet, Vaidès est conservé à l’E.M. par Stievenard pour le P.C.T., Fléchelle …/…

 

 

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Mai 1940

 

…/… partant à la liaison et Motte à l’observatoire. Itinéraire : Bois de Nouard, Beauclair, Beaufort et positions n-e. de Beaufort.

Vendredi 24. Installation sur la position G = 6000 ; pas d’eau pour boire, ni pour se laver. Les herbages sont remplis de bestiaux dont personne ne s’occupe, les vaches ne sont pas traites (essai de traite de certaines pour l’alimentation de la brie). Survols fréquents d’avions. Les 1ère et 2e bries sont à 400 m de moi. Ce matin, Moreau va à l’observatoire toute la journée : difficultés pour obtenir la communication téléphonique. Le soir, visite d’un capitaine cdt une brie antichar ; il vient voir nos possibilités antichars : nulles. A la nuit, notre ravitaillement arrive. On amène aussi 1 000 cps.

 

Samedi 25. 6h15, je pars avec de Beer pour l’observatoire ; à Beaufort, Bruni me prend en voiture jusqu’à l’entrée du bois de Dieulet, vu le colonel Chauvin cdt le 3e R.I. Colo. À son P.C. ; Fléchelle au P.C. du coll Chauvin me conduit à travers bois à l’observatoire où je retrouve Motte. L’observatoire est en lisière de forêt de Dieulet dans la 1ère ligne d’infanterie à côté d’un emplacement de mitrailleuse. Tour d’horizon : ferme qui a brûlé, bois de la Vache, bois carré, bois en c. un Dornier abattu. J’accroche les tirs d’arrêt des 2e et 3e bries. Le 1er R.A.C. tire souvent. Vu le cdt Soupaviac cdt le bataillon en ligne. Je reviens de l’observatoire à 18h. L’échelon a été marmité par des obus de 155. 12 ou 14 chevaux tués ou blessés. Comment attèlera-t-on les voitures pour repartir ? Le charriot de parc vient pour le ravitaillement de munitions ; casse 2 timons et traits, reste en panne.

 

Dimanche 26. Vers 1h, il y a une attaque à côté et nous sommes en état d’alerte à partir de 2h45 ; il ne se passe chez nous rien d’extraordinaire. Boitet reste étendu dans l’abri que nous avons fait creuser à côté du poste téléphonique. Il a une courbature fébrile. Vols nombreux d’avions. Le soir on doit encore recevoir des munitions. A 18h30, Stievenard m’appelle à Beaufort pour m’annoncer des tirs de concentration de 21h à 2h20, en …/…

 

 

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Mai 1940

 

…/… tout 100 cps par brie ; puisque je pars demain matin à l’observatoire pour tirer avec les 3 bries : harcèlement sur lisière de bois ; j’ai une allocation de 300 cps. Nuit agitée : [ ?]]tirs, la riposte ennemie et la pluie qui nous tombe sur la figure à travers les toiles de tente, je me fais réveiller à 4h ¼.

 

Lundi 27. Lever 4h15 ; je pars à l’observatoire avec de Beer ; il fait lourd, le sol est très glissant ; j’arrive en nage à l’observatoire. Je fais de nombreux tirs avec la 1ère, la 2e et la 3e brie sur le bois Carré, bois de la Vache, bois en ruines, bois des liégeois etc. Je déjeune avec Motte auquel j’offre une partie de mon repas froid car il a peu de ravitaillement. L’après-midi Stievenard arrive ; je tire à nouveau ; il vérifie le tir d’arrêt des 1ère et 2e brie ça colle ! transports de tirs ; nous repartons vers 18h. Arrivée au P.C. 69 dans Beaufort. Stievenard qui a de l’eau, m’invite à me laver et à me raser, ce que je fais avec d’autant plus de plaisir que je ne me suis ni lavé, ni rasé depuis 6 ou 7 jours. Je reste à dîner avec lui et ainsi, je mange chaud, ce qui aussi n’est pas arrivé depuis longtemps. A partir de 22h, tirs de harcèlement jusqu’à 24h : 120 cps tirés. L’après-midi consommation pour le groupe environ 300 cps.

 

Mardi 28. A 5h15, au moment où je lis mon courrier qui est arrivé la veille au soir, mais que je n’ai pas pu ouvrir parce qu’il faisait nuit, nous recevons un arrosage sur zone sur les 1ère, 2e et 3e bries ; chez nous pas de mal quoique quelques coups soient à proximité des pièces ; A la 1ère brie, 3 caisses d’obus ont été atteintes et ont fusé. Moreau est parti à l’observatoire ; il tire le matin avec sa batterie et l’après-midi avec les 1ère et 3e bries. Vers 15h marmitage des lisières où est l’observatoire ; le pauvre Motte est tué par un éclat d’obus en plein front qui insère son casque dans le crâne, à côté de Moreau qui a un petit éclat à la cuisse. Le mdl Delevoye à côté n’a rien et le mdl Fauvel blessé au bras. Moreau redescend catas- …/…

 

 

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Mai 1940

 

…/… trophé, il y a de quoi !  Il a du mal à marcher avec le coup reçu sur la cuisse. Après avoir dîné je vais voir Moreau. C’est Drappier qui doit monter demain à l’observatoire : je dois prêter Boitet qui sera à la 1ère brie pendant la journée, Stievenard préférant que l’aspirant Soussolier ne soit pas seul à la brie. A partir de 22h, tirs de harcèlement en O.D.17 – 6 rafales de 12 cps jusqu’à 2h30.

 

Mercredi 29. Boitet part à la 1ère brie pour que Drappier aille à l’observatoire ; nous ne tirons pas dans la journée. Vers 18h, Boitet va à Halles assister à l’inhumation de Motte avec Moreau – Stievenard – Barette. Je ne peux malheureusement quitter la brie. Pauvre petit Motte, si charmant camarade et qui était si gai la vielle avec moi à l’observatoire !.. Le soir tir de harcèlement jusqu’à 2h30. Ravitaillement en munitions – (Rabaud ne commanderait plus le 3e groupe ; il est arrivé de Poitiers un capitaine Travers d’active qui a pris le commandement). On apprend la capitulation des Belges.

 

Jeudi 30. A 6h45, je pars à l’observatoire avec de Beer. Vu Stievenard au passage, Fléchelle a remplacé Motte comme observateur, emplacement de fusil-mitrailleur à côté de l’observatoire du 1er RAC. Tirs dans la journée : 302 cps (bois de la vache, bois en ruines, bois en c). Observatoire repéré sur la crête – puis transport du tir sur Beaumont et Létanne. Le cdt Stievenard arrive vers 17h, reste 5 minutes et je pars avec lui. Arrêt au P.C. du colonel Chauvin cdt le 3e RIC ; il reçoit cette nuit un renfort de 850 hommes du dépôt. Le communiqué annonce : journée très importante pour nous. Retour à la brie à 19h. Tirs de harcèlement jusqu’à 2h30 au cours desquels Volard se fait arracher l’index droit et est évacué ; il est très sensible et tombe dans les pommes (il était tireur, doigt accroché avant le retour du tube en brie). On apprend que Mellinger et Sauce sont évacués à Biarritz.

 

 

AD14 151J/5 n°043a

Mai 1940

 

Vendredi 31. Je vais à Beaufort voir le cdt Stievenard qui me donne une voiture pour aller à l’échelon à Halles ; j’y vais avec Vaidès qui cueille une gerbe de fleurs que nous mettons au cimetière de Halles sur la tombe de Motte en priant pour le repos de son âme. Je vois à l’échelon le lt Delcourt qui commande la C.R. et Wetterwald avec lequel j’examine les questions notamment de chevaux. Je fais venir ma cantine et je change de linge, ce qui n’est pas arrivé depuis le départ des Eparges. Je ne m’étais d’ailleurs pas déshabillé depuis ce moment. Retour à la brie vers 16h. Etude d’une position de batterie de rechange et visite le soir de Stievenard pour disposition de mitrailleuses, organisant la brie en centre de résistance. Tirs de harcèlement de 22h à 2h30.

 

Juin 1940

 

Mercredi 1er. Boitet part à 6h30 à l’observatoire avec de Beer, fait plusieurs tirs dans la journée – 250 cps environs. Je reste à la brie ; nous touchons du matériel, piquets et barbelés pour former un ilot de résistance. Boitet rentre à 18h30 ; il a fait un réglage percutant de précision sur l’ouvrage allemand repéré sur la crête : il a eu un coup dedans. Dans la soirée, visite de Stievenard – ordre du jour Weygand et général Georges. La 6e D.I. est remontée en secteur à notre gauche. Rabaud serait affecté à l’A.D. Tirs de harcèlement jusqu’à 3h30.

 

Dimanche 2. Nous touchons du fil barbelé pour entourer la brie ; journée sans incident ; à 18h arrive l’indication de la relève et Boitet part en reconnaissance préliminaire avec Stievenard. Nous devons quitter le groupement du colonel Fady et monter à gauche (Beauclair, Nouard, Fossé) derrière la 6e D.I. qui est remontée après avoir été recomplétée. Le 119 R.I. serait déjà arrivé. Les 2e et 3e groupes du 43e R.A.D. sont déjà en position. ../...

 

 

AD14 151J/5 n°043b

Juin 1940

 

.../... Nous échangeons nos positions avec le 23e R.A. Colonial, capt Johnson ; le mouvement doit avoir lieu dans la nuit du 3 au 4 juin. Le soir tirs jusqu’à 24h (100 cps) à 4h alerte : déclenchement du tir de contre préparation n°18. Pas de suite. Tuyaux reçus par des lettres de camarades : Courcier blessé par balles – fils Mabille tué – général Déchaux prisonnier, Consigny blessé et prisonnier. Les troupes françaises en Belgique sont encerclées et refluent tant bien que mal vers Dunkerque pour s’embarquer.

 

Lundi 3. Le matin préparation du départ ; je vais à 13h avec Stievenard – Moreau – Drappier en reconnaissance de notre nouvelle position de brie par Beauclair – Nouard – Fossé vers la ferme Bellevue et les bois, P.C. du cdt Maurin du 23e R.A. Colonial. Un cycliste m’accompagne à la position du capt Johnson dans le bois. J’aperçois le capitaine de Caters au P.C. de Joannis. Au retour on apprend que le mouvement est suspendu. On passe à Halles pour prévenir l’échelon : à la brie un cheval abattu avec une patte cassée, un autre paralysé. Tirs de 20h à 22h et de 2h à 4h. Nous recevons du matériel. Les Allemands seraient stoppés, mais l’intervention de l’Italie semble imminente.

 

Mardi 4. Je remonte à l’observatoire avec de Beer ; vu Fléchelle toujours observateur à la place de Motte. Le colonel Chauvin dit qu’on lui a signalé des automitrailleuses entre Beaufort et Létanne. Je tire plus de 300 coups dans la journée : bois de la Vache, bois en c, bois en ruines, observatoire à droite, tranchées en arrière du bois de la Vache. Transport de tir sur brie de D.C.A. repérée par avion. Coup de main en préparation pour 22h. Nous tirons 160 cps à partir de H+25 (H=21h45). Sérieuse préparation d’artillerie. Dans la nuit nous tirons de 2 à 4h des rafales de harcèlement. On apprend le raid des allemands sur Paris : 40 morts et 200 blessés, mais il y a eu 18 appareils abattus (chiffres rectifiés : près de 300 morts).

 

 

AD14 151J/5 n°044a

Juin 1940

 

Mercredi 5. Le matin, visite de Stievenard ; nous allons ensemble voir la position de rechange prévue ; il va peut-être falloir l’occuper demain. Puis on fait monter la 3e pièce restée à l’échelon après réparation du P.A.D. Cette pièce sera antichar sous le commandement du brigadier-chef Fournier ; on aménage son emplacement sur la crête à l’est de notre position normale. Bertrand de la 2e brie est à l’observatoire. Fléchelle voit arriver à côté de lui un obus ennemi… qui n’explose pas et se contente de s’ouvrir en deux ; il a eu chaud. Le soir 4 rafales de tir de harcèlement de 20 à 22h et de 2 à 4h. On apprend au communiqué du soir que les Allemands ont attaqué sur un front de 150 km entre Aisne et Somme.

 

Jeudi 6. Boitet part à l’observatoire avec de Beer. Il tire 300 cps dans la journée sur bois en c - bois en ruines - bois de la Vache – Tir progressif et régressif sur la haie montant au bois en ruines. De 20 à 22h, 2 rafales de harcèlement et un tir demandé par le groupe sur un rassemblement ennemi. Préparatifs pour installer la 3e pièce non pas comme antichar comme prévu hier – il y a eu contre-ordre, mais sur la position à gauche de la 4e pièce. Continuation du réseau de fil de fer pour former point d’appui. Après-midi, visite de Moreau qui a reçu les photos que j’avais prises à Gussainville et aux Eparges.

 

Vendredi 7. Rien de sensationnel dans la matinée. A 11h, Boitet part à l’échelon pour se nettoyer. À 16h30, je reçois l’ordre de départ pour le soir même suivant l’ordre reçu lundi dernier. Les échelons et avant-trains partent de Halles à 21h15 et la brie vers Fossé par l’itinéraire : Beauclair – Champy-Haut – Champy-Bas – Belval-Bois-des-Dames – Ferme Bellevue et longue piste jusqu’au bois. La brie est en lisière. Je pars à 20h30 de Beaufort avec Moreau, en auto pour …/…

 

 

AD14 151J/5 n°044b

Juin 1940

 

…/… achever la reconnaissance ; je reprends contact avec le capitaine Johnson, puis je repars pour 23h à la ferme Bellevue, attendre la brie qui n’arrive que vers 2h après m’avoir causé de grosses inquiétudes, car il y a du marmitage sur les routes et spécialement aux carrefours. La voiture mitrailleuse cassée est restée en panne. La mise en brie se fait vers 3h15, la brie Johnson étant partie dès 24h. Le jour se lève et nous avons juste le temps de nous camoufler, car l’avion d’observation ennemi est déjà en promenade ; et le marmitage sur les pistes de tout ce coin est assez sérieux. L’aspirant Weymann du 23e Colo reste pour les consignes (2e brie du 23e Colo). Nous sommes groupement sous les ordres du lt-colonel Malassinet.

 

Samedi 8. Installation sur la position ; recensement des munitions qui sont en tas un peu partout, et le bois assez touffu. L’aspirant Weymann qui a passé toutes ses consignes part après le déjeuner. Dans la soirée, Stievenard m’apprend qu’à nouveau tout mouvement est suspendu, Drappier qui est resté à Beaufort et nos échelons, ne feront pas mouvement ce soir. Nous recevons des tirs à préparer pour la nuit et un tir d’encagement pour 3h45 à 4h ; puis grosse excitation dans le secteur ; le tir d’arrêt est déclenché 2 fois ; l’ennemi a dû attaquer sur la ligne. Dans l’après-midi, visite de Féron, qui commande une brie du 2e groupe et qui est en position à la lisière d’un bois immédiatement à notre droite.

 

Dimanche 9. Léger recul de la ligne devant nous ; des tirs nous sont constamment demandés. Après le déjeuner, je pars à l’observatoire en avant et à gauche de la brie Moreau – trajet d’une ½ heure en terrain varié ; l’ennemi marmite un peu partout et les avions ennemis d’observation sont constamment au-dessus de nous ; promenade mouvementée avec plats ventre ; enfin, arrivée à l’observatoire d’où on ne voit pas grand-chose : la ligne passe à l’intérieur d’un bois, par endroits nous tenons la lisière sud.

 

 

 

AD14 151J/5 n°018b

Janvier 1940

 

…/… Les bries du D.A.S. sont avec leurs voitures prêtes à se replier derrière la ligne Maginot. Gros brouillard. Alerte toute la journée ; on pose les plateformes à lambourdes et on installe les pièces dans de meilleures conditions. Les appareils d’éclairage ne fonctionnent pas. Je suis gelé – mal à la gorge – extinction de voix. Le soir l’alerte continue. Obligation de coucher habillé.

 

Mardi 16. J’ai la grippe et suis obligé de garder le lit ; plusieurs visites de Rabaud – d’Amadieu – Feron et Lévy pionnier. Amadieu apprend sa nomination de capitaine et sa mutation au service des poudres, mais il ne peut partir car c’est la 1ère brie qui va relever la 2e brie; en principe ce devrait-être moi mais je n’ai pas de lieutenants et suis malade. Traitement : gargarismes, bouillon de légumes et 24 ventouses par jour en 2 séries.

 

Mercredi 17. Je suis obligé de garder le lit ; ma grippe va mieux ; j’ai 37,9° mais je tousse toujours. Même régime : 2 séries de ventouses. C’est le médecin capitaine du 36e R.I., un ancien légionnaire, qui m’ausculte et me soigne. Amadieu est allé voir Joannis à Momerstorf, pour s’entendre avec lui pour la relève. Il prend la place de Clément de la 8e brie à Ham-s/Varsberg. Nombreuses mutations en cours dans le régiment : Amadieu doit rejoindre les poudres à son retour de position (l’autre brie sera celle de Charlent du 2e groupe), Féron passerait à l’E.M.1. Drappier au commandement de la 1ère brie ; de la Fortelle quitte la 2e brie pour remplacer à la C.R. Béhagel qui va au IIe groupe. Il tombe de la neige et il gèle assez fort.

 

Jeudi 18. Le matin, il fait -13° et il neige. Voitures en panne. Amadieu est en panne avec sa voiture pour partir en reconnaissance ; il emmène avec lui Guillemin qui va à la liaison. La 1ère brie doit partir vers 2h30 le 19. Il lui manque 4 servants ; sont volontaires …/…

 

 

AD14 151J/5 n°019a

Janvier 1940

 

…/… à la 3e brie : Lefauconnier – Brault – Arondel et Buisson. J’apprends dans la soirée que les permissions sont rétablies. Je suis toujours obligé de garder la chambre. 2 séries de ventouses.

 

Vendredi 19. La 1ère brie part à Varsberg pour relever la 2e brie. Fléchelle revient dans la matinée après avoir passé ses consignes à Guillemin. Je n’ai plus que 37,2° et le toubib m’autorise à mettre le nez dehors, mais c’est peu réchauffant. A 8h il fait encore -18°, il a dû geler à -20 ou -22°. Je vais déjeuner à la popote ; le lt Lévy garde à son tour la chambre. Rabaud part avec Fléchelle pour trouver des doublements de position de brie. Dans la soirée arrivent la 2e brie et l’E.M.1 ; à dîner : Moreau – de la Fortelle – Requier -  Drappier (ce dernier part en permission le soir).

 

Samedi 20. A 9h, visite du colonel Tisnes qui veut qu’on travaille sur les positions malgré le froid -13° et la neige qui tombe. On casse des pointes de pioche. Fléchelle qui arrive en retard sur la position pour mettre les pièces en direction, manque écoper 8 jours d’arrêt de rigueur du colonel. Lévy va mieux et revient déjeuner à la popote. Je monte à la position avec Fléchelle ; il fait froid ; en redescendant, Requier m’apprend que je suis désigné pour une commission d’examen du permis de conduire auto dont le président est le cdt Debroise. Le chef et Guezennec sont allés aux échelons ; leur cheval est arrivé avec la typhose : piqûre de formol (depuis fin décembre, le chef est Hareng – d’active, jusqu’ici vaguemestre, en remplacement de Boulay évacué pour albumine).

 

Dimanche 21. La neige est tombée cette nuit et continue de monter. Je vais à la messe de 8h30 ; l’église est glaciale. Je téléphone au cdt Debroise pour commission auto ; il me dit d’attendre. Le capt Stievenard ayant passé ses consignes à Varsberg au cdt Joannis … /…

 

 

AD14 151J/5 n°019b

Janvier 1940

 

…/… arrive à Hallering pour déjeuner et reprend le commandement du groupe – et la neige tombe toujours. Arrivée d’un renfort à la brie mdl Doremus – bier chef Fournier – 6 conducteurs, 2 servants : très bons éléments en général du reste comme Saulce.

 

Lundi 22. A 8h, visite du cantonnement et des positions par le capt Stievenard ; avec lui et Moreau la position de la 1ère brie et repère de position du groupe. Le cdt Debroise me demande d’aller voir à 18h à Zondrange avec Ozanne lt au 3e groupe qui doit faire partie avec moi de la commission Auto.

 

Mardi 23. Je vais à Varsberg et Ham-s/Varsberg conduire Foucher qui rentre de permission ; temps superbe – neige – mais froid -20°. Je vois à Ham-s/Varsberg le cdt Joannis chez Amadieu et Féron qui préparent des tirs pour midi : je vois la position de brie. De Joannis, à part, m’expose sa rancœur en me parlant de Debroise ; ils ne peuvent se sentir. Je redescends en voiture emmenant Motte qui réintègre sa batterie ; nous passons par Varsberg dont nous visitons l’église et les anciennes positions de Moreau ; retour par Porcelette – Boucheporn (détour par Bambiderstroff pour acheter du pain) Zimming – Hallering. On doit, le soir, faire une patrouille sérieuse avec une compagnie du corps franc capt Delarat. Le D.A.S. prépare 3 tirs d’arrêt pour protéger la retraite de cette patrouille. Boitet rentre de permission.

 

Mercredi 24. Je pars sur la position avec Boitet et nous revoyons notre plan de travaux ; en descendant, je trouve un camion qui vient chercher les chevaux morts pour les conduire au champ d’équarrissage de Borny. Le cdt Debroise déjeune à la position avec Roger. Après le déjeuner, je pars avec lui à Bionville au G.S.D. pour la visite médicale des permis de conduire : ensemble visite de l’A.D. où je vois le coll Tisnes. …/…

 

 

AD14 151J/5 n°020a

Janvier 1940

 

… /… Le lt Ozanne qui devait être mon adjoint pour le permis de conduire a la grippe et reste couché ; le lt Pimard est désigné pour le remplacer.

 

Jeudi 25. A 9h, je vais à Bionville au G.S.D. pour examen médical du permis de conduire ; médecin Durousseau. Le cdt Debroise vient me chercher, passe à l’A.D. et nous ramenons Théron qui est affecté à la 2e brie ; nous déjeunons à la popote de la B.H.R. à Zondrange et je repars à Bionville l’après-midi ; au G.S.D. on amène un fantassin du 74 R.I. tué la nuit par une grenade qu’il a laissé tomber ; il y a eu 2 autres blessés graves. Le soir retour à Hallering ; Moreau est parti à midi en permission. Stievenard et Requier l’ont emmené à Metz. Nous avons le soir à dîner le lt Guise de la D.C.A. ; Motte commande la 2e brie, de la Fortelle passe à la C.R.1.

 

Vendredi 26. Départ pour Morlange avec Gendron et Pimard ; je fais passer l’examen pratique et Pimard l’examen théorique à tous les chauffeurs de la B.H.R.. Déjeuner chez le cdt Debroise à Zondrange. Suite de l’examen après le déjeuner. Vu le colonel Malassinet qui cantonne à Zondrange. Je retourne à pied à Hallering (de Zondrange) et je m’arrête à l’église de Marange.

 

Samedi 27. A 7h1/4, départ pour Villers-Stoncourt avec Pimard. Il a neigé, mais il dégèle. Examen des permis de conduire du 2e groupe. Déjeuner à la C.R.2 avec Béhagel et Christian de Caters. Retour par Zondrange. Guillemin aux avant-postes aurait été marmité. Le capt Marie, ministre, est à Varsberg à l’EM de Joannis en dilettante… Le capt Cousergue commande la brie Charlent (parti en permission exceptionnelle pour maladie de son enfant). (brie est en position à Canada, groupe de maisons ouvrières pour mineurs).

 

 

AD14 151J/5 n°020b

Janvier 1940

 

Dimanche 28. Départ à 7h15 pour Villers-Stoncourt avec Pimard ; examens de chauffeurs, puis à Vittoncourt où nous déjeunons avec le Cdt Debroise à 14h à Marange pour faire passer les permis du 1er groupe et de certains chauffeurs du 2e groupe. Le dégel s’est transformé en une superbe glace avec -15 et -18°, les routes sont de véritables patinoires et c’est le moment choisi pour faire passer les permis de conduire.

 

Lundi 29. A 7h3/4, je suis à Bionville pour faire passer les permis aux chauffeurs de la 106e Cie du Train ; examen théorique passé par le lt Bardoux de cette compagnie. J’opère jusqu’à la tombée de la nuit. En tout 27 permis poids lourds et 1 touriste (abbé Leprieur curé de Thiberville, Eure). Déjeuner à la popote du train où le cdt Debroise est venu nous rejoindre : capt Maruin cdt la 106e Cie, entrepreneur à Rouen ; Retour à Hallering à 18h.

 

Mardi 30. Je reste à Hallering car j’ai du travail à mettre à jour au bureau et d’autant plus que Boitet reste couché avec un peu de grippe. Impossible de travailler le matin sur la position : tempête de neige et il fait froid. Dans la soirée la jument de Boitet « Fidélité » (?) avorte de 2 poulains d’environ 5 mois et demi. Je préviens le vétérinaire Lelandais du 36e R.I. qui la délivre, tout se passe bien.

 

Mercredi 31. Je retourne à 8h à Bionville, pour la continuation des examens : permis poids lourds et camionnette pour chauffeurs du Q.G.. Il tombe du verglas qui colle sur le parebrise et il faut mettre une bougie allumée à l’intérieur et contre la vitre ; mais elle tombe ou s’éteint constamment. La route devient de plus en plus mauvaise ; dérapage nombreux, amorces de tête-à-queue. A pied même, on ne peut rester debout. Je suis obligé d’arrêter ; aussi le cdt Debroise me prévient que je monte à la relève du D.A.S. samedi.

 

 

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Février 1940

 

Jeudi 1er. Verglas formidable : impossible de partir en reconnaissance à Varsberg le matin ; j’y pars l’après-midi en auto à 13h avec Boitet qui pour la 1ère fois passe la ligne Maginot. Itinéraire : Hallering – Marange – Zimming – Boucheporn – Ham-sous-Varsberg ; nous prenons contact avec Amadieu – Foucher – Féron de la 1ère brie. Ils tirent comme nous arrivons de leur position de Ham ; résultats immédiats : ils cassent les carreaux de la pièce qui sert de salle à manger et de bureau. Nous reconnaissons la position principale et les positions de section nomade Grünhof et Guerting. Retour à Hallering vers 16 heures après arrêt à Porcelette où doivent être les échelons.

 

Vendredi 2. Préparation de la relève ; on décharge les camions sur la position d’Hallering ; nous devons laisser nos canons sur cette position et reprendre ceux de la 1ère brie (qui sont ceux de la 9e brie) sur la position de Ham ; nous laissons aussi la plateforme Arbel et à lambourdes et nos munitions. Wetterwald doit déménager de Villers-Stoncourt demain matin à 7h. Le lt Théron est définitivement affecté à la 2e brie.

 

Samedi 3. Je pars de bonne heure en voiture avec Bisson et de Beer pour Ham ; arrêt à Varsberg au P.C. du D.A.S. dont le commandant de la Morinière du 243 R.A.D. prend le commandement. Dès l’arrivée à Ham, contact avec Amadieu, Féron et Foucher. Nous retournons aux postions nomades : Guerting et Grünhof. Inventaire des munitions. L’après-midi Amadieu tire de Guerting. A 17h je vais à pied à Porcelette voir si Boitet est arrivé avec la batterie ; le retrouve s’installant à Porcelette où le cdt du 606e Pionniers est major de cantonnement ; Boitet doit repartir à Ham demain à 4h avec la brie de tir et le caisson téléphonique ; la route goudronnée est couverte de neige un peu gelée et assez glissante. Je reviens à Ham pour dîner.

 

 

AD14 151J/5 n°021b

Février 1940

 

Dimanche 4. Boitet est arrivé à Ham à 5h avec la brie de tir et la relève est effective avec la 1ère brie ; d’autant plus facilitée que les canons restent sur la position. Amadieu reste toute la journée en otage pour passer les dernières consignes et mettre en route. Visite le matin de cdt Debroise, puis du cdt de la Morinière avec Joannis. On prépare un tir pour 14h30 sur la ferme Marhof de la section nomade Guerting ; Boitet part mettre la section en direction et déclenche le tir à 14h30 ; il tire même le 1er coup : c’est traditionnel ! C’est le 1er tir de la brie sur territoire ennemi. 43 coups O.E.C.N. – fusées R.Y.G.1 ; riposte allemande auquel nous ripostons nous-même à 15h15 ; difficultés de liaison, la ligne téléphonique est défectueuse avec Guerting et je la fais relever, épissures refaites et remonter.

 

Lundi 5. A 5h30 départ de la 2e section avec Fléchelle à position Guerting pour tir 15h30 sur le Buchenstauden. Dégel et brouillard toute la journée ; l’ennemi riposte à notre tir et nous ripostons 2 fois – 50 cps O.E.C.N. R.Y.G.1. La 4e brie est en H avec Dupré Latour et Khayatt ; nous les voyons tous les 2 au retour du tir.

 

Mardi 6. A 5h30 départ de la 1ère section avec Boitet pour la position Guerting (B) (la position normale de Ham étant A et la position de section normale de Grünhof étant C). Tir à 142-15 de 3 minutes sur les pentes nord de Stettinger : riposte des Allemands : nous tirons que 2 fois – 56 cps tirés O.E.C.N.  R.Y.G.1 ; le matin le dégel s’accentue et on retrouve sur la position normale les emplacements de pièce inondés ; il faut sortir les obus, faire des caillebotis etc. Dans la matinée, je rencontre Prigent sur la route de Creutzwald ; il est capitaine au 119e R.I. et adjoint au capitaine Le Drappier qui commande le bataillon actuellement en ligne ; leur popote est à Ham sur la route de Creutzwald. L’après-midi le capt Lebreton et le lt Houneau du 3e groupe …/…

 

 

AD14 151J/5 n°022a

Février 1940

 

…/… viennent nous amener un jeune aspirant John Moignard récemment sorti de Poitiers et affecté au 3e groupe ; on me le donne pour apprendre son métier.

 

Mercredi 7. La 2e section est sortie de brie vers 6h et mise sous des granges. Elle part à 13h avec Fléchelle pour occuper la position C, ferme de Grünhof dans un petit bois de sapins. Le tir est préparé pour 14h25 sur le carrefour cote 258,9 en O.E.1917. Le tir est déclenché : l’ennemi riposte 2 fois, au total pour nous 78 cps tirés. Les Allemands ont riposté sur un poste d’infanterie p.26 et sur nos observatoires, notamment celui de Neüland ainsi que nous le dit le s/lt Marchal de la 8e brie qui est en liaison au bataillon d’infanterie du 119e R.I. de Prigent. Marchal dîne avec nous. Le matin, nous avons eu la visite du Cdt Debroise, accompagné de Buffet et de Théron. Le soir, à la nuit, je reçois Wetterwald. Le ravitaillement s’effectue de la façon suivante : un fourgon part le matin de Porcelette pour Hallering, charge notre ravitaillement à la 2e brie, revient à Porcelette et un autre fourgon vient de Porcelette à Ham, nous apporter notre ravitaillement. La cuisine pour la batterie se fait dans une maison avec du matériel de fortune ; il y a à Ham les chevaux de la brie de tir, du caisson téléphonique, de la carriole.

 

Jeudi 8. La 1ère section avec Boitet et Moignard à cheval, part à 6h30 occuper la position C ; tir d’arrêt préparé pour 7h45 pour protéger une reconnaissance de fantassins ; le tir n’est pas demandé. Les servants restent toute la journée sur la position. L’après-midi, exécution d’un tir de riposte à un tir ennemi à 16h47 sur la borne 31 – 10 cps O.E.17.

 

Vendredi 9. A 5h, départ de Fléchelle et Moignard au C. Tir à 6h, concentration sur la ferme Smiedhof ; nous recevons à déjeuner …/…

 

 

AD14 151J/5 n°022b

Février 1940

 

…/… Stievenard – Rabaud et Grünenwald. A 13h15, je pars en voiture à l’observatoire Neuland avec Kretmann et Huosch. Visibilité mauvaise, l’observatoire est au 4ème étage d’un grand immeuble qui servait de logement en dortoirs aux mineurs célibataires - ou hôpital, les carreaux sont cassés et il y a des courants d’air ; on voit la ferme Smiedhof et les maisons de douane – P.26 – P.7. Nous tirons à 15h sur le Buchenstauden. Réaction ennemie : nous sommes marmités à Neuland, tous les observatoires arrosés. Nous voyons le plus près à 120m (du 105). Avec Kretmann, après nous cherchons des cafuts dans la neige. A notre gauche, arrive un tir coup par coup pendant 2 heures. Je reçois ainsi le nouveau baptême du feu 1940. Il y a eu des tirs sur le viaduc et non loin de Cousergue en H. ; Stievenard et Rabaud ont été faire dans l’après-midi un tour à Creutzwald.

 

Mercredi 10. A 5h ¼ départ de la 1ère section sur position B ; les servants reviennent, le tir ne devant avoir lieu qu’à 14h ; mais on est obligé de déplacer les pièces de point parce qu’on passe pour en sortir en pleine vue de l’ennemi - de même l’accès aux positions nomades. Le matin Fléchelle va à Bionville pour être entendu par le juge d’instruction dans l’affaire Sergent. A 11h, dans la salle de l’école de Ham, je réunis tous les types de la brie sous-officiers et hommes et on boit le champagne pour arroser le baptême du feu de la brie. On trinque dans des quarts avec du Mercier doux qui est horrible. Je suis dans la chaire du professeur ! Dans l’après-midi grosse excitation dans le secteur. Tir ennemi du côté de Diesen et sur le viaduc cherchant probablement la position H. 4 tirs de chez nous en tout 108 cps O.E.17 R.Y.G.1 et R.Y.G.C.R (14h – 14h27, 15h28 – 15h45). Le soir nouveau tir ennemi vers 21h30- 22h.

 

Dimanche 11. Lequettier à 1h50 nous réveille ayant vu une fusée bleue …/…

 

 

AD14 151J/5 n°023a

Février 1940

 

…/… je téléphone à Varsberg au cdt de la Morinière, pas de suite ; à 5h15 la 2e section va en B en vue d’un tir dans l’après-midi sur la ferme de Smiedhof. Depuis hier matin la gelée a repris. Hier -4°, ce matin à 7h -8°, glace partout et nous n’avons plus de crampons. A 16h20, 3 tirs de B à 16h30 sur ferme de Smiedhof ; à 16h46 sur le Buchenstauden ; à 16h54 sur la ferme de Smiedhof ; en tout 88 cps d’O.E.17 R.Y.G.1. Dans la journée le temps s’est couvert, il fait très gris. Boitet est allé à l’observatoire Neuland avec Marchal. Le soir nous avons à dîner le lt Augrain du G.R.D.I. qui est à la casemate à la sortie de Ham vers Creutzwald ; il est major de cantonnement de Ham et m’envoie souvent des ordres de faire évacuer les tas de fumier qui bordent les rues.

 

Lundi 12. A 5h départ de Boitet et de Moignard à la position C pour tir d’arrêt éventuel sur la cote 271,3 ; il fait très gris et il neige, flocons très fins – température -5°. A midi, le temps devient clair ; l’alerte terminée mais les servants restent sur la position pour les tirs prévus l’après-midi. A 13h30 sur Smiedhof, à 14h42 sur le Buchenstauden, à 14h57 sur Smiedhof. En tout 80 cps O.E.17 R.Y.G.1. L’après-midi visite du cdt Debroise accompagné de Pimard. L’intendant, attaché d’intendance Delagarde, avocat à Rouen, vient chercher du fourrage. Le cdt Debroise annonce des chambardements dans le personnel des officiers de brie du régiment. Charlent va à la B.D.A.C. A 22h le cdt de la Morinière téléphone pour une alerte éventuelle. Il ne se passe rien.

 

Mardi 13. La gelée augmente -15°, il a neigé un peu ; les routes redeviennent très mauvaises, la 2e section est partie à 5h ¼ à la position de Guerting ; A 8h, le cdt Dupré Latour passe chez nous, revenant de mettre cette section en position en C ; il est à la 4ème brie avec Cousergue.

 

 

AD14 151J/5 n°047a

Juin 1940

 

…/… reproductions de la carte Michelin qui vont tout de même permettre de faire les tirs ! Les villages que nous traversons seront cet après-midi même occupés par l’ennemi ; on essaie de les faire flamber ; on scie les arbres qui bordent les routes. La situation est grave. L’ennemi nous pourchasse et nous sommes dépassés à droite et à gauche. Triste repli ! Et Paris serait occupé par l’ennemi – Quel effet moral ! on aurait déclaré Paris ville ouverte pour éviter la destruction.

 

Samedi 15. Au jour, arrivée dans le bois de Moineville. Halte dans le bois pendant la reconnaissance, puis départ pour la mise en position dans l’ordre 1ère, 2e et 3e brie ; les reconnaissances sont gênées par l’avion d’observation constamment au-dessus de nous. A 11h, la 3e brie démarre en voitures espacées mais trop tôt, la 2e brie n’est pas encore casée, embouteillage ; une très forte côte, oblige à monter voiture par voiture en renvoyant des attelages de renfort. Il faut plusieurs heures à la 1ère et 2e brie pour mettre en position. En raison de la fatigue de la brie qui la veille a fait 2 positions, j’obtiens de Stievenard de ne pas mettre en brie. Nous ravitaillons en munitions. Moreau et Drappier tirent ; nous allégeons toutes les voitures abandonnant dans le bois tout ce qui n’est pas indispensable. A 18h l’ordre de repli immédiat arrive c’est tangent ! Départ vers Heppes où j’aperçois Appel. Sérieux cornard sur la route à suivre (St André marmité à travers lequel nous aurions dû passer) en sortant du bois, un de mes caissons verse sur le petit pont en bois ; obligé de le décharger, de le tirer de sa fâcheuse condition et de le recharger. Itinéraire Heppes – Neuville – Longchamp – Pierrefitte – routes embouteillées en arrivant à Pierrefitte et de plus des évacués civils. A Pierrefitte installation au bivouac dans un petit pré à la sortie du village.

 

Dimanche 16. Nous nous étendons et vers 4h30 Stievenard m’appelle en reconnaissance. Départ vers Rupt. Nous reconnaissons des positions de brie dans une rosée qui nous trempe ; puis nous revenons à Pierrefitte chercher …/…

 

 

AD14 151J/5 n°047b

Juin 1940

 

…/… les bries ; mais nous recevons immédiatement contrordre ; je donne des indications à Boitet pour qu’il amène la brie par l’itinéraire qu’on m’indique et avec Stievenard, Moreau et Drappier, nous partons à Rupt où est l’A.D. Nous recevons l’ordre de nous porter vers Koeur-la-Grande où nous filons pour les reconnaissances. Les routes sont encombrées d’une façon effrayante ; immenses colonnes qui défilent une grande partie de la journée vers les ponts de la Meuse, qu’il faut passer ce soir, car on va les faire sauter. Boitet amène la brie qui s’installe au bivouac dans un petit pré avec de bien maigres arbres. Avec Stievenard nous reconnaissons des positions très proches que nous pouvons occuper s’il le faut en quelques minutes. Nous recevons l’ordre de partir à 19h ; puis nouveau cornard : à 300m de Koeur, le colonel Tisnes arrête tout le groupe sur route et les cdts de brie sont convoqués à la mairie de Koeur-la-Grande ; s’y trouvent le coll Blanc, un général cdt d’I.D., coll Tisnes, coll Debroise et d’autres fantassins et artilleurs ; ordre de faire demi-tour et de mettre en brie immédiatement. Puis contrordre téléphonique. Il faut partir non moins immédiatement et passer sans délais les ponts de la Meuse. Nous filons le plus vite que nous pouvons – au pas ! Il faut arriver au pont avant l’ennemi qui essaie de nous couper. A Sampigny on passe la Meuse ; Royer et Clément règlent la circulation et nous font hâter ; je suis le dernier du régiment. On mine les ponts à notre passage et il y a juste la place de circuler ; plusieurs ponts commencent à sauter. Bruit lugubre et gros panache de fumée qui s’élève dans le ciel calme. Nous passons à Mécrin puis Pont-sur-Meuse : arrêt place de l’église qui va durer plusieurs heures car nous laissons défiler devant nous toute l’infanterie de la division qui a traversé la Meuse sur un autre pont et nous coupe la route. Plusieurs colonnes se doublent et se triplent sur la route ! embouteillage soigné. Enfin nous passons Boncourt, et arrivée à 2h au bois de Jurieu. Bivouac. Les chevaux restent attelés (A Pont-sur-Meuse, faisant la police sur la place de l’église, le coll Debroise).

 

 

AD14 151J/5 n°048a

Juin 1940

 

Lundi 17. Vers 9h, nouvel ordre de repli ; mais à nouveau cela semble tangent ! Le colonel du 74e R.I. près duquel Stievenard a été chercher des ordres, pense être fait prisonnier, parle de brûler ses papiers, de hisser le drapeau blanc ! On défile au trot par Vignot – Euville. L’ennemi tire sur nous à la mitrailleuse, désagréable ; cela dure sur 1 km de route. Arrivée à Vertuzey où est le général Lucien qui rassemble des fuyards. Drappier a dû abandonner 3 canons, des hommes disparus etc. De Vertuzey, je pars en reconnaissance avec Stievenard vers St Germain. Il pleut. Reconnaissance d’une position de brie en lisière de bois sur la route de Void à Ouches ; reconnaissance d’observatoire. Nous sommes soutien d’un régiment d’infanterie coloniale qui, le soir, n’est pas encore arrivé. Boitet arrive avec la brie ; mise en brie vers 2h après avoir cassé la croûte à St Germain ; installation… et à 4h30 ordre de Stievenard de partir. Arrivée à St Germain à 5h où nous trouvons le R.I.C. qui monte, nous stoppons sur la route.

 

Lundi 18. Je pars vers 5h en reconnaissance avec Stievenard : position dans le bas de St Germain – quelle rosée ! Puis nous montons au haut du clocher qui servira d’observatoire (il devait-être descendu dans la journée) ; mais on n’occupe pas cette position : nouvelle position reconnue au-dessus de St Germain devant la voie ferrée ; nous l’occupons vers 8h ; tout le groupe est aligné dans le bled ; l’observatoire est à 400m plus haut, sur le chemin montant au bois. Tirs à vue de l’observatoire et de la brie sur l’ennemi qui avance sur les crêtes et débouche des lisières de bois ; marmitage sérieux, la brie écope et l’observatoire est sérieusement sonné ; j’y suis avec Stievenard et Moreau, un obus nous recouvre de terre ! A la 2e brie Bastien et Boudin blessés (ce dernier aura les 2 pieds coupés). Vers 12h, ordre de départ pour aller occuper une autre position ; en passant en vue sur une crête à la hauteur d’Ugny, des minen nous prennent à partie : ils tirent bien hélas ! Et nous encaissons ; Boitet qui montait Volnay tombe blessé grièvement au ventre – adjdt-chef Wetterwald …/…

 

 

AD14 151J/5 n°048b

Juin 1940

 

…/… blessé à la cuisse - Declomesnil, téléphoniste blessé au cou et à la main – Fontaine blessé – Damoville, jeune conducteur tué. Le médecin auxiliaire Saher arrive et fait un pansement à Boitet ; il est blessé à son tour par un éclat dans les fesses (ils seront tous évacués sur Epinal où ce pauvre Boitet succombe à ses blessures. Je ne l’apprendrai que le 25 septembre, Wetterwald, avec sa jambe abîmée reste infirme). Seul Moreau met en brie et j’assiste à son tir : ma brie est trop loin sur la route pour mettre en brie ; elle a continué sa route pendant que je revenais vers mes blessés. Puis nous partons vers une longue étape que je fais le plus souvent à pied et aussi sur un avant-train, mon pauvre Volnay étant blessé lui aussi et se traînant lamentablement. Marmitage sur la route ; le cycliste de la 1ère batterie est tué et on l’enterre sur le bord de la route ; files interminables de convois sur la route, voitures d’infanterie, nègres etc… Les avions survolent constamment. Itinéraire* Blenod et bois d’Allain où nous arrivons vers 1h. Bivouac (adjdt Germain Duron a été évacué, son cheval lui a marché sur la figure, alors qu’il dormait, bier Boucher évacué avec une balle dans le bras - Buisson évacué, un charriot lui est passé sur le pied !).

*[Note dans la marge à gauche] St Germain – Rigny – Blenod – Crézilles – Colombey – Allain.

 

Mercredi 19. De bonne heure, on vient me chercher ; le coll Debroise est avec Stievenard et à 8h nous repartons en reconnaissance ; nous partons aussitôt et mettons en position Moreau et moi à proximité du bois d’Allain. Nous sommes à côté d’une brie du 243 avec de la Morinière, Versavel. Drappier qui fait antichar avec la pièce qui lui reste. Nous tirons dans l’après-midi 800 cps à nous deux sur Autreville – Barizey – harcèlement – Nous sommes sous les ordres du cdt de la Morinière, ne recevant plus d’ordres du coll Debroise. Nous ravitaillons l’après-midi. Le téléphoniste Rouault de la 2e brie a été tué en revenant de l’observatoire, on l’enterre sur le bord de la route. Vers 17h nous repartons vers Crépey, Germigny où nous faisons halte ; on mange (dîner avec Stievenard) puis nous filons sur le bois du Fey, sur la route de Germigny à Viterne où nous arrivons vers 24h. Canonniers égarés : Lochin – Thibier – Langlois – Troussard …/…

 

 

 

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Juin 1940

 

…/… Lefauconnier – Gérard.

 

Mercredi 20. Bivouac au bois du Fey. La situation est désespérée. La tenaille se resserre – Epinal – Toul sont pris ; nos blessés évacués sur Epinal sont prisonniers. Il y aurait 2 gouvernements : un Reynaud à Londres partisan de la lutte à outrance, l’autre Pétain chercherait à négocier un armistice ; des plénipotentiaires seraient à Berlin. L’après-midi, état d’alerte. Chevaux bricolés. C’est Moreau qui va mettre en position en avant de la lisière du bois du Fey devant Germigny. Je lui passe des attelages de renfort et toutes mes munitions ; il part à 4h30 pour aller mettre en position ; l’échelon nous rejoint la nuit. Le bois se garnit de troupes. Du 155 vient mettre en brie à côté de nous (155 long).

 

Jeudi 21. Triste journée. La tenaille se resserre de plus en plus. Nous sommes complètement encerclés et ce n’est plus qu’une question d’heures. Moreau est à l’observatoire avec Stievenard, mais ne tire pas, à cause des nombreuses femmes et enfants qui sont dans les villages. Quelques tirs ennemis, quelques obus chez nous. Le feu des mitrailleuses se rapproche. J’ai fait prendre toutes les dispositions pour faire sauter les tubes en déclavetant. Vers 19h les Allemands arrivent sur la route. C’est fini ! je démolis les canons : nous sommes prisonniers ! les voitures d’abord attelées doivent rester. Nous emportons le minimum. On nous emmène en troupeau à travers le bois du Fey. 3 heures de marche. Arrêt dans un champ ; il est une heure. Nous nous étendons pour dormir ; j’ai avec moi Vaidès et nous retrouvons Stievenard, Requier, Guillemenin, Bonhomme, Lucas, Delcourt.

 

Vendredi 22 juin. A 4h, en route ; nous- faisons 15 km environ jusqu’à Cintrey. Itinéraire : Bois du Fey - Thélod – Parey – Houdelmont – Autrey – Cintrey. A Cintrey courte pause et on nous sépare de nos hommes et sous-officiers qu’on expédie à pied sur Nancy : quel crève-cœur ! Orage effrayant. Nous attendons ; on nous embarque en camion et nous arrivons à Nancy vers …/…

 

 

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Juin 1940

 

…/… 15h. Arrivée à la caserne Molitor où nous retrouvons le coll Debroise – Roger – Drouet – Rabaud –Houneau – Ducasse. Il y aurait dans notre coin 8 divisions de prises dans la poche. De la caserne, on nous met en camion pour nous conduire à l’Ecole professionnelle où on nous campe.

 

Dimanche 23. Nous sommes logés dans le grenier sous tuile, il fait très chaud mais nous avons pu dormir. On parle toujours d’armistice, en réalité il n’y a que des négociations ; ce serait une paix séparée de l’Angleterre qui continue la lutte. Les Allemands sont corrects mais stricts. Très bonne tenue, très bon aspect physique. Beau matériel, chevaux superbes. On ne sait si nous restons à Nancy. Nous sommes arrivés épuisés et nous commençons à nous reposer, mais nous réalisons mieux maintenant l’horreur et les conséquences de la défaite qui est terrible.

 

Cette guerre n’aurait pas dû être déclenchée en septembre par notre gouvernement étant donné notre impréparation. Le soir au dîner : ordre de départ, nous sommes embarqués en camions et arrivons à l’école primaire supérieure ; un monde fou. Avec bien du mal je trouve un lit sans matelas entre Rabaud et Leralu que je n’ai pas vu depuis 20 ans !

 

Lundi 24. Nous déjeunons en nous débrouillant pour faire acheter à l’extérieur et nous apprenons qu’on nous déménage encore, car il n’y a pas de place pour nous. Gros orage le soir ; départ en camions découverts sous la pluie battante, arrivée au lycée Poincaré déjà en partie occupé : troupes allemandes et officiers français. Nous sommes au 2e étage, classe de 3e, couchés sur le parquet avec un peu de paille.

 

Mardi 25. Nous organisons notre installation au lycée Poincaré ; nourriture bonne mais juste : en aurons-nous toujours autant. Un officier est autorisé à aller faire quelques achats : Bonhomme est désigné. Mais certains ont abusé. Un officier a craché sur une sentinelle allemande ; les nancéens ont fait trop bon accueil aux officiers français ; les Allemands sont vexés, serrage de vis, interdiction dorénavant de sortir, d’aller dans la cour d’entrée.

 

 

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Juin 1940

 

Mercredi 26. Lycée Poincaré – RAS – l’ennui ! Communiqué allemand des conditions de l’armistice… sans commentaires ; nous avons encore plusieurs mois de captivité ; les lettres ne doivent pas encore partir.

 

Jeudi 27. Il faut s’habituer à manger peu ; on expédie toujours des lettres, mais les communications ne doivent être rétablies que dans la Meurthe-et-Moselle. Nos lettres ne sont certainement pas encore acheminées.

 

Vendredi 28. Les Anglais auraient bombardé Berlin avec 1 700 avions. Ils auraient débarqué dans le Cotentin. Noguès et Mittehauser continueraient à combattre en Egypte et au Maroc ; 15h15 réunion des officiers dans la cour, présentation au commandant des 5 camps de prisonniers de Nancy, observations sur la tenue et les marques extérieures de respect (le coll Pellion, des spahis commande le camp). 17h30 départ des 3 aspirants Vaidès, Soussolier et Sauvalle pour un nouveau camp avec les adjudants et adjudants-chefs. Le coll Debroise et Stievenard quittent la classe de 3eme et ont une chambre pour deux au 3e étage. Nous restons, Rabaud, Delcourt, Féron, Houneau, Ozanne, Théron, Drouet, Roger, Guillemin, Lamy, Bonhomme, Ducasse, Khayatt, Lucas, Requier et moi.

 

Samedi 29. A 8h dans la chapelle du Lycée, service pour Dupré Latour par un aumônier – L’ennui – Pas de nouvelles.

 

Dimanche 30. A la messe à 7h30. Toujours peu de chose à manger. On dit que les Allemands ne signeront la paix avec la France que lorsque la guerre entre l’Allemagne et l’Angleterre sera terminée. Les trains doivent commencer à repartir de Nancy vers Paris ; mais rien ne prouve que le courrier parvienne. La boîte aux lettres est pourtant vidée de temps en temps. Nos hommes dont nous n’avons aucune nouvelle et qui doivent être dans des camps à Nancy ou environs, après avoir claqué du bec pendant 2 ou 3 jours – pain et eau – seraient un peu mieux nourris.

 

 

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Juillet 1940

 

Lundi 1er. Appel nominal dans la cour du gymnase annoncé pour 8h45 ; mais l’officier qui doit y procéder a fixé à la même heure pour les 5 camps de Nancy ; il arrive à 11h30 – appel de tous les officiers qui quittent la cour aussitôt après avoir répondu présent. Déjeuner : petit morceau de bœuf – lentilles – pain - vin. Temps très lourd – orage. Dîner : soupe à l’oignon et nouilles.

 

Mardi 2. Temps superbe ; le matin grosse occupation : 1 heure d’attente chez le coiffeur pour se faire couper les cheveux. Après-midi établissement d’une liste d’officiers active et réserve, professions. La chair se fait rare : déjeuner lentilles et pain – soir soupe à l’oignon et nouilles. On parle inconsidérément d’Anglais à Dunkerque, Calais, Amiens. Les Allemands disent qu’ils ont débarqué en Angleterre ; ils sont à Jersey et Guernesey. Le ministère Pétain – Darlan – Weygan – Pomaret – Marquet – Doumenc est installé à Clermont-Ferrand. Le colonel Debroise a triomphalement sorti son ruban de nouvelle Croix de guerre (le coll Tisnes l’a eu en lui donnant une citation à l’ordre du régiment !!).

 

Mercredi 3. Toujours du beau temps. Déjeuner : pois secs pain – 1 verre de vin. Répartition de fraises entre toutes les tables, qui ont été achetées par un service de ravitaillement. Dîner : soupe et nouilles. Les jeunes crèvent de faim et nous devons entamer nos réserves : 2 boîtes de singe. Dans la soirée, Leralu qui s’occupe d’une coopération d’achat, nous vend un peu de vin, de bière et 2 paquets de cigarettes pour 18 ! Après le dîner avec soldats allemands qui jouent au ballon dans la cour ; un soldat allemand menace d’une gifle un lieut. de tirailleurs. Soldat allemand punis de prison.

 

Jeudi 4. Le col Peillon nous annonce que des incorrections sont commises dans notre camp et que nous avons un régime moins large que dans les autres camps de Nancy. A 9h messe par l’aumônier pour Motte. Continuation de nouvelles bizarres et contradictoires concernant les Anglais qui auraient torpillé le Dunkerque et d’autres bateaux de guerre français dans le port d’Oran.

 

Vendredi 5. Histoire d’évasion : un officier chargé des cuisines, a profité de ses visites en ville pour s’échapper ; de ce fait nous n’avons pas eu de viande au déjeuner. Nouvel …/…

 

 

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Juillet 1940

 

…/… appel nominal et alphabétique à 8h45 devant le nouveau cdt de camp. Le soir la radio annonce que les relations diplomatiques sont rompues entre la France et l’Angleterre (à n’accepter que sous toutes réserves). Repas : lentilles, nouilles et fromage de Gruyère acheté par Leralu. Le coll Peillon a eu une entrevue avec le maire, Nancy coupé de toutes communications. Ravitaillement seulement pour 4 jours – après ??

 

Samedi 6. 9h service à la chapelle pour le lt Fleury. Un peu de viande au déjeuner. Je commande au bottier une paire de souliers jaunes, semelles crêpes 300 f. Note de service : nous avons droit à 2 lettres par semaine seulement, contrôle par le vaguemestre. A partir du 7, appel tous les jours à 9h30 dans la cour du gymnase : appel numérique.

 

Dimanche 7. Messe à 7h30, appel à 9h30 par le lt allemand cdt le camp, compte unité par unité. Nouvelle règlementation pour les lettres entre en vigueur aujourd’hui, alphabétique : j’ai droit à une lettre le lundi et une le jeudi. Triste après-midi : il pleut. Les repas sont meilleurs et plus substantiels.

 

Lundi 8. Les jours se suivent toujours aussi mornes. Ordre de remettre au colonel français cdt le camp les fonds des officiers payeurs ou les bons détenus par les cdts d’unité ; je verse les 200 f que j’ai de bons contre décharge et après autorisation du cdt Stievenard et du coll Debroise. Repas convenable mais ni viande ni vin.

 

Mardi 9. Pas de café, pas d’appel à 9h30. Les officiers de réserve qui sont des Ponts-et-Chaussées quittent le camp, on doit les employer à reconstituer les ouvrages d’art ou des routes dans la région de Nancy. Quelques achats par le ravitaillement : chaussettes, caleçons, 1 chemise, 1 cravate. Des officiers sortent avec une sentinelle ; encore une histoire, certains s’étant attablés dans une pâtisserie ; attrapade au retour et suppression de toutes visites et sorties, peut-être même des ravitaillements de groupe.

 

Mercredi 10. Pas de café, appel à 9h30 par le coll Peillon. Une partie des Allemands …/…

 

 

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Juillet 1940

 

…/… qui était au lycée est partie ; il est question d’un nouvel arrivage d’officiers français ; après-midi nouvelle répartition du cantonnement. Une partie de notre classe va en 5eme proche de la nôtre. Restent en 3eme (3) Rabaud, Delcourt, Requier, Guillemin, Bonhomme, Lucas et moi. En 5eme Roger Khayatt, Féron, Théron, Lamy, Drouet, Hounau, Ducasse, Ozanne. Le tailleur me livre mon pantalon (450 f) il va bien, mais je n’ai pas encore mes souliers pour le porter.

 

Jeudi 11. Du thé le matin au lieu de café. Journée pluvieuse. Appel 9h30. A 10h service funèbre pour tous nos morts du 43e R.A.D.. Les visites seraient rétablies. On parle de libérer ceux de la SCNF.

 

Vendredi 12. L’ennui. Repas plus copieux. Orage l’après-midi. Les lettres données lundi matin à la Croix Rouge ne sont pas parties, le commandant allemand ayant refusé leur départ.

 

Samedi 13. J’achète au tailleur des jambières laine imitation molletières 47 f. Les lettres ou cartes que nous avons envoyées jusqu’à présent sont-elles même parties ? On nous distribue des cartes imprimées sur lesquelles il n’y a plus que la signature à apposer ainsi que la date, l’adresse du destinataire et l’adresse de l’expéditeur ; elles sont ainsi rédigées : « Je suis prisonnier et interné au camp de prisonniers du Lycée Henri Poincaré à Nancy. Je suis en bonne santé. Tout va bien. Défense d’ajouter ou rectifier [quoi] que ce soit. Une note indique que nous sommes prisonniers jusqu’à la conclusion du traité de paix. Les Anglais continuent, parait-il, à bombarder les villes allemandes.

 

Dimanche 14. Pétain aurait remplacé Lebrun. Le ministère serait à 12 avec Laval, Weygand, Piétri, Marquet etc. Aujourd’hui jour de deuil dans la France meurtrie et envahie. Réunion à 9h25 cour du gymnase pour une minute de silence avant l’appel. Moment émouvant : le coll Peillon passe devant le front des officiers réunis ; ensuite il demande une minute de silence. Nous avons fabriqué avec du carton un jeu de 52 cartes : Rabaud, Guillemin, Lamy et moi …/…

 

 

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Juillet 1940

 

…/… mais il glisse mal et il est difficile à distribuer.

 

Lundi 15. Mon jour d’écrire, mais toujours pas de nouvelles ! Déjeuner : un oignon cru (essai peu concluant pour ma part) et choux. En parlant avec Roger (professeur agrégé au Lycée Claude Bernard), je découvre que son père était aux chemins de fer Voies et bâtiments, quand papa était chef de section ; son père connaissait aussi l’oncle Henri ; la famille Roger habitait rue de Calix. Roger était dans la classe de Jacques Porin-Troyon et Pierre Guibé. Un colonel (Lasne) aurait reçu une lettre de sa femme datée du 6 juillet d’Angers ! Nous rien. Lucas a écrit au tableau : « chercher à comprendre, c’est commencer à désobéir ». Le colonel ne trouve pas cela de son goût.

 

Mardi 16. Lucas sort à 7h30 pour faire le ravitaillement pour le 1er groupe d’achat. Il revient à 12h pas mal servi (chocolat, confitures et pain). Je retire mon linge de blanchissage et l’ordonnance a pu hier laver mon pyjama ; lavé le matin, il était sec le soir ; je n’en ai donc pas manqué. Je n’ai plus de linge dehors, heureusement car vers 17h on annonce notre départ pour le 18 ou le 19. Nous quitterons le lycée pour aller à Essay à 4 km de Nancy où serait installé un camp de 14 000 officiers, on y grouperait tous les officiers de la région, mais quelle sera l’installation. Houneau a vu Léguiller par la fenêtre ; il est à Bosserville avec tout le reste du 43 : Thiolleau, Moreau, Dappier.

 

Mercredi 17. Le départ reste dans l’air ; mais nouvel incident : le coll cdt les camps de Nancy a fait une inspection inopinée. Il a trouvé beaucoup à redire et des officiers PG non seulement ne l’ont pas salué mais se seraient moqué de lui ; d’où nouvel ordre : suppression de toutes sorties qui n’avaient été autorisées que par un esprit de compréhension et chevaleresque des officiers allemands ; on devra apprendre à reconnaitre les grades ; tous les officiers français devant le salut aux officiers allemands vainqueurs de la guerre. Hier soir arrivée à 22h d’une quarantaine d’officiers prisonniers du secteur de Montmédy. Presque régulièrement nous lisons la même Metzer Zeitung moitié allemand, moitié français. Soirée, visite de Léguiller.

 

 

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Juillet 1940

 

Jeudi 18. Après déjeuner le colonel Debroise nous apprend que 2 officiers se sont évadés, un lieutt de la légion et un capit. de tirailleurs, en bourgeron par la porte de la cour en portant une échelle sur leurs épaules ; on dit que 3 autres aussi seraient partis. Sanction à craindre ou restriction des allées et venues. Beau temps aujourd’hui, mon jour d’écrire, mais quoi écrire. Une liste au local de la poste n’indique pas le Calvados dans les départements avec lesquels les relations sont reprises.

 

Vendredi 19. Le départ du lycée est remis ; tous les tuyaux circulent ; en réalité personne ne sait rien. Les bruits continuent à courir sur un débarquement loupé des Allemands en Angleterre. Du point de vue du camp, nous continuons à avoir droit aux livres de la bibliothèque, mais les livres d’histoire et les romans sont interdits, les livres d’allemand recommandés.

 

Samedi 20. Arrivée inopinée de Mad. Khayatt venue de Caen voir son mari (elle habite place Saint-Sauveur), elle est partie de Caen mercredi sur de vagues indications du Dr Lhonoré du 2e groupe, gendre Lepetit avoué. Relations normales entre Caen et Paris et entre Paris et Nancy sans aucun papier. A Nancy elle a fait tous les camps pour trouver son mari. Il y aurait eu un combat à Caen à l’entrée de la ville, mais l’occupation est correcte, il n’y a pas de pillages. Les hauts-fourneaux à Mondeville travaillent pour les Allemands, aussi les Anglais viennent-ils les bombarder. On apprend le matin qu’aucun courrier n’a encore été expédié. Inutile de remettre du courrier, il n’est pas acheminé : aucune des cartes envoyées depuis 1 mois n’a dû parvenir, sauf peut-être la carte imprimée de lundi, on doit distribuer de nouvelles imprimées.

 

Dimanche 21. Ce seraient 3 types qui se seraient en définitive évadés : 2 officiers et un homme. Les conséquences se font sentir : toutes visites restent supprimées, les permissions de sorties même médicales supprimées. Appel 3 fois par jour dans la cour du gymnase à 9h30, 14h et 18h. Ce matin messe à 7h30 R.P. Bonduelle dominicain qui organise des conférences sur les béatitudes. A 21h au réfectoire exhibition de la chorale laïque.

 

 

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Juillet 1940

 

Lundi 22. Les visites et sorties continuent à être supprimées et Mad Khayatt ne peut apercevoir son mari que par une fenêtre donnant sur la rue. On affiche le tableau des soldes ; un capitaine touchera 96 marks par mois. Cours 1 mark pour 20 francs. Toujours 3 appels 9h30, 14h et 18h. Le cdt Klein du 4e R.A.D. remplace le cdt Simonpoli au commandement des hommes de troupe prisonniers au lycée : ordonnances, cuisiniers, serveurs environ 250. A 20h15 commencement des conférences du R.P. Bonduelle de Lille lt d’artillerie - « le Bonheur » Heureux ceux qui gardent la parole de Dieu.

 

Mardi 23. Le lt Léguiller lorsqu’il est venu au camp, a annoncé que les cantines avaient été transportées à Vaucouleurs – Rabaud tanne le colonel pour qu’il obtienne l’autorisation d’y aller voir avec un camion ; l’autorisation de principe est accordée. Le coll Malmary du 20e R.A.N.A. reçoit sa femme de Fontainebleau. On s’est battu à Fontainebleau, le 13e R.A.D. s’est défendu ; un cdt de groupe a été tué à 2 km de chez lui. Les Alsaciens Lorrains vont être libérés (le lt Fournaise fait fonction d’interprète depuis le début). A 14h15 conférence « La richesse » Heureux les pauvres – 20h15 « La Chair » Heureux les cœurs purs, conférences absolument remarquables. Rabaud passant par Toul est allé à Vaucouleurs et n’a trouvé aucune cantine. Celles du 1er groupe auraient été brûlées dans le bois du Fey…

 

Mercredi 24. Le service de santé va être libéré, l’aumônier part aujourd’hui. 10h15 conférence « La Liberté » Heureux les persécutés. Long entretien avec Loiseau et Mercier qui sont au 621e pionniers coloniaux. N’ont aussi aucune nouvelle de Caen. Loiseau était à l’office des habitations à bon marché, sa femme gérait la maison des étudiants ; elle est morte au cours d’une de ses permissions, il a un fils mobilisé et d’autres enfants réfugiés dans le nord. 20h15 conférence « Le Droit » Heureux les affamés de justice (lois sociales, le salariat, inégalités sociales). Il continue à faire un temps affreux, il pleut sans cesse.

 

Jeudi 25. Toujours 3 appels par jour. Pluie continuelle. Le cdt Stievenard reçoit une carte de sa file datée du 21, écrite en allemand : espoir pour les autres. A 18h 45 …/…

 

 

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Juillet 1940

 

…/… conférence « La Force » Heureux les doux. De l’eau toute la journée. 20h 15 conférence « La Charité » Heureux les miséricordieux. On dit que les Allemands amènent à Nancy femmes et enfants allemands des régions bombardées par les Anglais ; la caserne Molitor serait aménagée à cet effet ; De même on aménagerait le Lycée Poincaré dans le même but. Il est question de nous envoyer dans des camps en Allemagne.

 

Vendredi 26. Toujours un temps affreux ; il fait très lourd et les averses sont continuelles. Au courrier lettre pour Théron de ses parents habitant Colombes, expédiée le 23. Khayatt est sorti à 7h pour le ravitaillement ; il doit rencontrer sa femme et faire avec elle des achats. A 10h45 conférence « La Fraternité » Heureux les pacifiques ; à la sortie un officier du 152e RAF meurt dans le couloir d’une angine de poitrine. On annonce officiellement que par fournées, on va nous expédier en Allemagne. Officiers d’active d’abord ; des hommes seraient déjà partis. Grande joie à 17h enfin carte de Philippe et une lettre de Simonne. A 20h15 conférence « Le Mal » Heureux ceux qui pleurent.

 

Samedi 27. Le courrier m’apprend que Pierre est prisonnier depuis le 29 mai en Allemagne ; il a donné de ses nouvelles le 13 juillet. Du courrier aussi pour Delcourt d’Yvetot, Lucas, Ozanne (de St Louvent beau-frère d’Ozanne a été tué dans un combat à Pont-d’Ouilly). Les journaux allemands d’hier annoncent la déclaration d’autonomie de la Bretagne. 10h45 conférence « Notre-Dame » Heureux me diront tous les âges. A la sortie le colonel me remet une lettre de Mad. Scherrer ; son mari et elle, ont essayé de me voir, mais ils n’y ont pas réussi. Les visites sont toujours interdites. Stievenard, Drouet, Requier, Roger, Ducasse reçoivent des nouvelles.

 

Dimanche 28. Messe à 7h30. Faisant l’écureuil dans la cour, le colonel me remet 3 cartes : 2 de Denise, 1 de Simonne. Famille disséminée : Simonne à Saint-Jean-d’Angély, maman à Vannes, Marcel à Uzerche (Corrèze), oncle Henri dans la Vienne, Paulette à Clairac. A 9h45 inhumation du lt Marcelo au cimetière sud. 300 officiers désignés pour l’accompagner ; honneurs rendus au cimetière par piquet allemand en armes coll Peillon cdt le camp dirige la délégation. Nous recevons un aspirant du 243 Francou blessé et hospitalisé à …/…

 

 

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Juillet 1940

 

…/… Nancy, guéri (éclat à la jambe le 17 juin brie Ramas). Vers 16h brusquement on annonce notre départ, le camp du lycée Poincaré est dissous ; nous partons demain à 7h sauf les Bretons, les Juifs, les médecins ; le coll Debroise se déclare Breton et reste ainsi que Bonhomme retenu comme payeur.

 

Lundi 29. Départ à 7h du lycée en camions (je devais voir les Scherrer dans la journée). A la gare, embarquement dans un train sur le quai de la P-V., wagon de 3e cl., siège bois. Le train démarre à 9h30 destination inconnue. Le coll au départ parlait du camp de Mailly (?) Jarville, Dombasle, Rosières, Blainville, Mont-sur-Meurthe (je pense à Bacheley), Lunéville, Avricourt. Nous sommes hélas ! fixés. C’est l’internement en Allemagne. Sarrebourg à 14h30 (nombreux ponts sautés, passerelles). A Sarrebourg arrêt assez long, Mercier voit des officiers du 36e R.I. et apprend que son frère a été tué à … . Bertelming, Sarre-Union, Sarralbe (Ducasse et Hounau), Sarreguemines, frontière à Bliesbrück, 19h Homburg. La nuit Bingen, Coblence, alerte D.C.A., raid d’avions anglais, sirènes. Nous sommes très serrés, impossible de dormir.

 

Mardi 30. 6h45 Cologne. Solingen, Haspe, Hagen 9h45, arrivée à Soest 12h30 (Westphalie, environs de Dortmund). Trajet pénible à pied avec tous nos bagages jusqu’au camp. A l’entrée du camp on enlève les cannes ; nous sommes groupés par 200 et formons la 1ère compagnie au rez-de-chaussée du block II. Nombreux Belges, Hollandais prisonniers au camp. Nous posons nos bagages sous un grand hall, ils y restent pour être fouillés. On nous distribue des cuvettes marrons avec lesquelles nous allons aux cuisines toucher une gamelle de soupe que nous mangeons assis par terre dehors. Ensuite installation dans la chambre 46 au rez-de-chaussée du block II, au 1er et 2e étages Belges et Hollandais.

 

Mercredi 31. Chambre 46 ; lits en bois à 2 couchettes superposées. Rabaud couche au-dessus de moi. Nous sommes 14 du 43 R.A.D. (Stievenard, Rabaud, Ozanne, Drouet, Lamy, Roger, Guillemin, Feron, Requier, Théron, Lucas, Delcourt, Khayatt et moi), en outre 3 fantassins. Nous sommes très tassés et on manque d’air. Une …/…

 

 

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Juillet 1940

 

…/… table autour de laquelle 5 ou 6 peuvent d’asseoir. On mange dans les chambres. Les bâtiments sont ceux d’une caserne en construction. Le matin vers 7h, on passe du café (?), à 11h30 soupe aux légumes, 17h30 portion de pain noir, beurre et saucisson. Les bâtiments appelés blocks sont séparés par des réseaux de barbelés sous prétexte de mettre chacun de leur côté Wallon et Flamands. Les Allemands sont d’une grande distinction et très chics. 3 généraux dont un aide de camp de la Reine Wilhemmine. Les Belges sont assez bien habillés et propres ; ils n’ont pas eu le temps de faire campagne ; à côté nous sommes bien moches et sales. L’appel a lieu tous les jours à 16h30. Des prisonniers de Pont-St-Vincent et de l’Ecole professionnelle de Nancy sont avec nous. Rabaud retrouve son cousin Gaston Rabaud capt au 14e R.A.D., habitant Bordeaux. Il y a Dury du 119e, de Challonge du 36e avec son beau-frère de Calan, Prigent du 119 devenu commandant, coll Bleger du 36 R.I., coll Perdrigeon du 119 R.I. Raids anglais – Alertes.

 

Août 1940

 

Jeudi 1er. Les autres blocks doivent passer à la fouille avant nous ; nous y allons à 10 h. A 12h ce n’est pas terminé et on nous renvoie à 14h. Je dépose 6 255f, on me prend appareil photo, boussole, mètre, lampe électrique, encre Waterman, enveloppes, sifflet. Le stylo doit être vide ; interdiction d’écrire à l’encre. Promenades dans les cours, entourés de barbelé, 7 sentinelles grimpées dans des miradors également espacés et munis de mitrailleuses. Les Belges doivent partir incessamment ; démobilisés et rentrer dans leur pays ; il doit revenir d’autres officiers français. Raids anglais – Alerte.

 

Vendredi 2. Nous nous organisons un peu, mais nous sommes très à l’étroit pour 17 et nous ne savons où mettre nos affaires. On peut laver le linge, mais il est difficile de la mettre à sécher. Appel nominatif à 16h30. On nous attribue nos places. Les Belges répondent présent de toutes les façons : Ya – Yawol – Hier – Geworden (?)

 

 

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Août 1940

 

Samedi 3. Lavage de mon linge qui sèche vite car il fait chaud ; je reprise ensuite mes chaussettes… chaleur étouffante. Appel à 12h.

 

Dimanche 4. Alerte d’avions la nuit. Grand-messe à 9h30 dans le hall par des curés belges. Chaleur étouffante. Appel numérique 11h. Nous recevons du fromage auquel personne n’a voulu toucher tant à cause de l’odeur que de l’aspect ; il est parait-il à l’huile de baleine. Il va y avoir des déménagements dans le camp suite au départ des Belges qui doit toujours se produire.

 

Lundi 5. Les Hollandais quittent le block II pour le block I, échange avec des officiers français, arrivée de 6 officiers anglais sortant de l’hôpital. Vu capitaine Brindeau du 34e R.A.D. (du Havre) qui commandait un bataillon d’Annamites et qui a été fait prisonnier du côté de Flers. Départ des officiers Belges et Wallons pour un camp en Prusse orientale. Les Flamands qui sont installés aux blocks I et II doivent toujours partir sur Anvers. A 19h30 dans le grand hall séance par les Hollandais : harmonicas, chants, Revue du camp (chef d’orchestre officier de marine Malais), tours de cartes, y assistent les généraux Hollandais, des Belges, des Français, ils ont un gros succès. Il fait très lourd et orageux.

 

Mardi 6. Alerte la nuit. D.C.A. Ouverture de la cantine. Je touche 20 marks de camp ; ma plaque de matricule 3649, 1 carte et une enveloppe. On permet la communication des blocks I et II avec les blocks III et IV maintenant que les Wallons sont partis. Belle journée plus fraiche à la suite de pluie hier soir. Toujours des Belges ramasseurs de mégots. La cantine est tenue par des Hollandais, il y a du dentifrice, des brosses, des crayons. Après-midi douche chaude. Notre adresse : n°3649 OFLAG VI A Block II ch. 46.

 

Mercredi 7. Alerte la nuit D.C.A. Distribution de savon de toilette et ¼ savon à barbe. On vend à la cantine du pinard à 1,50 m la bouteille. Nous passons à l’immatriculation : taille, empreinte de l’index droit, nom de famille de la mère. Le coll Caldevoir qui commande notre block, a été convoqué par le colonel von Hirsch cdt le camp qui parle des atrocités infligées aux officiers …/…

 

 

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Août 1940

 

…/… allemands prisonniers à la dernière guerre (?) de leur maintien 18 mois après la signature du traité ; il va resserrer la discipline : salut, gymnastique obligatoire pour les lieutenants et sous-lieutenants. A 19h30 chorale française dans le grand hall, gros succès. Alerte D.C.A.

 

Jeudi 8. Affichage du règlement du camp ; séances obligatoires d’éducation physique pour lieutenants et sous-lieutenants. Lit à faire suivant modèle à partir de 8h, extinction des feux 22h. Fouille inopinée de 2 chambres du block III. Nous avons droit à 3 lettres et 4 cartes par mois ; notre chef de block est notaire à Dortmund, notre commandant de compagnie est le commandant d’aviation Poussot, minotier aux environs de Briey, président du tribunal de commerce de Briey. Intrusion bruyante du s/off. allemand dans la chambre. 19h30 très intéressante conférence sous le grand hall sur « Bonaparte en Egypte » par le lt Blancpain professeur au Lycée du Caire.

 

Vendredi 9. Alerte D.C.A. à 1h bruit d’avions, bombardement, projecteurs. 9h début des séances d’éducation physique : pas de soleil, beaucoup de vent. Grands préparatifs des Belges, chorale belge, discours de remerciement – Hip Hip Hourrah. Après réunion chambre 86, laïus du lt Blaton et histoires bruxelloises ; invité par Albert Bruyaux 111 rue Joseph II à Bruxelles qui doit aller à Rouen…

 

Samedi 10. Alerte D.C.A., avions. Enfin on réunit les Belges dans la cour pour le départ vers 10h30. A partir de ce moment, on nous interdit de sortir de notre block jusqu’à leur départ vers 14h ; on évite ainsi toute communication avec eux. Ils voguent vers Anvers et leurs foyers où tous nos vœux les accompagnent !.. Quand sera-ce notre tour. Le tuyau circule toujours que nous devons partir dans les 45 jours de la signature du traité de paix. Mais conditions primordiale, il faut que le traité soit signé et il n’en est pas question.

 

 

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Août 1940

 

Dimanche 11. Alerte D.C.A. Très grand vent. Maintenant que les aumôniers belges sont partis, nos prêtres organisent des messes dans le grand hall et dans le block I. Grand-messe à 9h30 sous le hall par le lt-colonel Colin ingénieur de l’E. Centrale, architecte de Montmédy ; sermon par le Cdt Mirabail de la légion étrangère, professeur dans un séminaire sur l’Apostolat. Tempête fait fort tout l’après-midi qui empêche de mettre les pieds dehors, tourbillons de poussière. Le soir il fait très froid. 3 officiers Anglais arrivent au camp. L’un est amputé d’un bras.

 

Lundi 12. Alerte D.C.A., projecteurs, tirs. Vu un capitaine du 8e R.I. a été blessé à l’épaule à Calais (5e D.I.) a écopé dans les Flandres et a retraité au milieu des évacuations de civils. Le coll Tachet des Combes cdt le 129e R.I. a disparu dès le début, vraisemblablement tué. Le soir arrivée d’un fort contingent d’hommes prisonniers qui viennent de Dortmund pour être équipe de travailleurs et remplacer les soldats belges.

 

Mardi 13. Temps froid et toujours vent d’ouest, avions anglais encore venus cette nuit. Pris numéro d’ordre chez le coiffeur pour mardi, il y a des amateurs. Après l’appel de 16h30 distribution de quelques lettres enfin ! cartes de Simonne et Claude que j’apprends avec joie reçu au P.C.B. de maman. Hier il y a eu aussi de nombreux colis d’arrivés.

 

Mercredi 14. Alerte D.C.A. Avion volant à faible hauteur – 1 carte de M Payen me demandant des nouvelles de son beau-fils Morette. Je vois le capt Charron du GRD 13 de chez nous, adjoint au colonel de St-Vincent. Morette a été tué le 23 mai à Sommauthe le même jour que le colonel et enterré au bois du four. La matinée a été belle, mais il a plu tout l’après-midi. Appel 16h30 couloir.

 

Jeudi 15. Alerte D.C.A., avions survolent. Triste fête de 15 août ; il a plu une partie de la nuit et le matin pluie continuelle. Messe 9h30, chantée sous le grand hall par père de la Rochebrochard capitaine au 20 R.A.N.A., jésuite, directeur de l’Institut …/…

 

 

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Août 1940

 

…/… de Poitiers ; sermon par R.P. Bonduelle. Mauvais temps à l’appel de 16h30 qui a lieu dans le couloir. On annonce une visite probable du colonel von Hirsch cdt le camp pour demain dans la journée.

 

Vendredi 16. Alerte D.C.A., plusieurs avions. Gris et pluie le matin. A 9h30 inspection du lt cdt le block avec le cdt Poussot. A l’appel, lecture d’une note sur les marques extérieures de respect dues aux officiers allemands et français dans tous les cas, assis, débout, en marche, nu tête, avec cigarette etc. Convocation au bureau du Feld Webel pour signature de décharge du matériel touché : cuiller, fourchette, couteau, tasse et matériel de literie.

 

Samedi 17. Longue alerte de D.C.A. Avions viennent et reviennent pendant 3 heures. Le matin on photographie individuellement tous les hommes avec grand écriteau autour du cou. L’après-midi photo des officiers, nous passerons tous ! Vu le capt de la Rochebrochard, jésuite de Poitiers qui connait le père Letellier et de Joannis. Visite dans le camp d’officiers allemands venant de Berlin.

 

Dimanche 18. Alerte courte de D.C.A.. Soleil dès le matin et grand vent. Grand-messe sous le hall 9h30, appel 11h30. Au camp, il y a un capitaine de chasseurs qui était à l’E.M. de Gort ; il confirme que nous n’aurons jamais dû entrer en Belgique en quittant les positions préparées ; et puis les civils encombraient les routes et rendaient les mouvements impossibles ; nous manquions d’armement – fusils environ 700 000. Visite au camp d’un journaliste au « Trait d’Union » petite feuille de chou tendancieuse que nous recevons une ou deux fois par semaine ; il interroge des officiers. 19h séance dans le hall, chorale en progrès et radio-crochet : un monde fou. 4 généraux au 1er rang, 1 français et 3 hollandais.

 

Lundi 19. Pluie. Temps très sombre. Appel dans le couloir, impossible de sortir. A 20h, lettre de Simonne du 26 juillet portée à la main jusqu’à Nancy.

 

Mardi 20. Alerte D.C.A. Pas d’eau mais temps très frais. 10h conférence d’agriculture. A 17h conférence sur l’éducation foirée par le lt Despont. On reçoit une lettre à envoyer le 21.

 

 

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Août 1940

 

Mercredi 21. Il a plu toute la nuit. A 8h douches, ensuite je lave mon linge ! j’ai envoyé ma lettre en réclamant tricot, caleçon Rasurel, 2 p. chaussettes laine, ceinture flanelle. A 16h singe Guillemin – régal. A 17h conférence sur la fermentation : moche, décousue, inepte. Nous touchons 20 L.M. Profitant d’une période sans averses et avec beaucoup de vent, mon linge a séché. L’appel dans le couloir : un officier (s/lt Durand du 199 RI) a été puni de 3 jours de cachot pour avoir fait du feu dans le camp. Drouet catéchise un Hollandais.

 

Jeudi 22. Toujours mauvais temps, froid et grosses ondées, tempête, glacial. Je tiens un bon rhume. 9h conférence sur l’introduction à la Bible, La Genèse par le lt Gasnier, pasteur protestant – très bien. 15h conférence sur la fondation de l’église par le lt Vicaire – très bien. 10h on passe à la photo d’identité, Stievenard et Dommange (capitaine d’infanterie qui est dans notre chambre) se sont rasé la moustache ; un écriteau pendu au cou avec le n° de matricule en grand. Après l’appel on fouille la chambre 63 de la légion étrangère. On prévient qu’on peut faire réparer les verres de montre. Tout le monde doit être rentré dans les blocks à 21h30 extinction 22h30.

 

Vendredi 23. Avions anglais volant bas, D.C.A., mitrailleuses et fusils mitrailleurs. Temps affreux, tempête, pluie, glacial, mon rhume m’a empêché de dormir cette nuit. 9h conférence sur l’Agriculture : travaux du sol, labours, hersage, roulage, binage. A l’appel on demande ceux qui n’ont pas de manteau : la Croix-Rouge doit en fournir. La nuit dernière, le bruit court que 4 maisons de Soest auraient été démolies par raid anglais. Fouille de chambre après l’appel. 19h45 conférence Blancpain « Stendhal et l’Amour ».

 

Samedi 24. Toujours une tempête énorme, glacial, mon rhume me gêne bien. 9h conférence sur l’Agriculture : les assolements et le travail des microbes. Je n’ai plus de mouchoirs et suis obligé de les laver dans la matinée. Appel 12h : on parle à nouveau de libérer les toubibs ; mais il arrive …/…

 

 

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Août 1940

 

…/…- encore plusieurs officiers belges de l’hôpital de Malines.

 

Dimanche 25. J’ai 42 ans, triste anniversaire ; le vent est un peu tombé, il fait meilleur. Mon rhume descend et je tousse. Messe 8h dans les combles du bock I, nous recevons une carte à envoyer pour demain. Les avions sont encore venus cette nuit, bombardements perceptibles. 16h, combles block I conférence sur les origines de l’homme par le cdt Arambourg, professeur au Museum, très documenté et intéressant. Rencontré en me promenant de Clermont-Tonnerre lt d’art. à l’E.M. de la 3e armée (de Villers-Bocage).

 

Lundi 26. Temps plus doux, moins de vent. 15h conférence par lt Vieillard sur la messe combles block I. Très curieux et sur un ton badin (il est aumônier de la Légion d’honneur, il a été archéologue à Rome). Du soleil dans la journée. J’accroche de Clermont-Tonnerre, il a beaucoup maigri et me raconte son odyssée : pas de nouvelles de chez-lui par suite de fréquents changements. A l’appel de 16h30, il s’évanouit ; je le revois après la soupe assez mal en point. A côté de Metz, au 10 mai il a assisté au bombardement par avions de Frescati et autres aérodromes. On doit déménager pour le 15 septembre. Après l’appel fouille de la chambre du Cdt Poussot.

 

Mardi 27. Bombardements avions. Temps assez frais le matin. Mercier parti à l’hôpital depuis quelques jours en revient, dit qu’on est très bien soigné (un homme français est mort d’un abcès au cerveau). 10h conférence sur l’Agriculture : le fumier. J’apprends qu’à la suite de son indisposition de Clermont Tonnerre a dû être envoyé à l’hôpital avec une congestion pulmonaire. 17h conférence sur l’éducation par le cap. de Poret, père de 9 enfants (grand organisateur des conférences du camp) bien creux avec style militaire (la table est le champ de bataille du père de famille). Quelques cartes commencent à arriver à notre nouvelle adresse (Rabaud, Théron, des régions inoccupées). Après l’appel fouille de 2 chambres au 2e étage de notre block (1 officier et 4 hommes).

 

 

 

 

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Août 1940

 

Mercredi 28. Le bruit persiste que nous devons avoir évacué le camp pour le 15 septembre. 10h conférence Vieillard sur les Eglises chrétiennes pendant les persécutions (an 30 à 331) très documentée ; il a été archéologue à Rome. 16h appel, fouille de 2 chambres au 1er étage. 17h conférence du lt Blondet sur les rayons X appliqués à la médecine (un peu trop scientifique !). Mort à l’hôpital d’un officier (fièvre typhoïde).

 

Jeudi 29. Alerte D.C.A. Nuit très fraîche. 9h conférence par le lt Gagnier, pasteur sur la Genèse (Caïn et Abel – Tour de Babel). 10h conférence du lt Avinin sur St Paul (Lazariste). Appel à 12h, les Allemands ont quartier libre (représentation théâtrale pour l’anniversaire de l’entrée en guerre). Pluie diluvienne. Je ne mets pas les pieds dehors de l’après-midi.

 

Vendredi 30. Alerte D.C.A. Temps meilleur, froid, pas d’eau. 9h cours d’agriculture ch. 90 sur les Engrais par un Directeur des Services agricoles du Maine-et-Loire, très intéressant, bien présenté. Après déjeuner, je lave un peu de linge, car je continue à salir beaucoup de mouchoirs. 18h 45, conférence Blancpain sur Ronsard ; je ne peux y aller car je suis gêné pour respirer avec mon rhume. On nous distribue lettres et cartes qi doivent partir lundi, mais nous n’avons toujours pas de courrier, donc rien à répondre.

 

Samedi 31. Alerte D.C.A., avions au-dessous de Soest ; il y a quelques jours les aviateurs Anglais seraient allés sur Berlin où ils auraient causé de gros dégâts. 10h30 solde 20 L.M. aujourd’hui anniversaire de la reine Wilhemine, les Hollandais sont en fête. Appel 12h. 15h conférence agriculture : nomenclature des engrais par le même capitaine qu’hier. C’est la dernière de lui, malheureusement car il est pédagogue. Temps assez doux dans la soirée. Gros arrivage de colis de la région non occupée. Les relations doivent réellement être rompues avec la zone occupée, ni lettres, ni colis. Programme alimentaire au camp : 7h un quart de litre de liquide chaud teinte noire plus ou moins foncée. 11h30 dans la cuvette émaillée marron : une louche de soupe, pommes de terre, carottes …/…

 

 

AD14 151J/5 n°058b

Août 1940

 

…/… choux (rouge ou non) assaisonnement au cumin. 15h30 un quart de tisane chaude (menthe ou gland). La soupe au rutabaga ne fera son apparition que plus tard. 18h30 Pain, margarine, confiture et saucisson (blutwurts ou genre pâté) à titre remboursable quelques concombres, fruits, oignons, confiture au début, plus tard mélasse, flocons d’avoine et citrons. Certains jours, le saucisson est remplacé par du fromage au cumin.

 

Septembre 1940

 

Dimanche 1er. Alerte D.C.A. Messe 8h combles 115 block I genre catacombes à l’étage (3e étage). Le matin il fait très beau et nous pensons qu’il va faire une agréable journée au bord de la mer. Appel 11h, mon rhume repique et j’ai la tête lourde malgré l’aspirine. 15h30 grand hall réunion contradictoire par Grimod genre club du faubourg : malheureusement les contradicteurs manquent et le speaker de Radio cité se dépense : l’huitre peut-elle être malheureuse en amour ; pour ou contre Wagner ; pour ou contre Hugo. L’homme est-il omnivore ou fructivore, ou carnivore (singe Guillemin).

 

Lundi 2. Alerte D.C.A. longue et à 2 reprises. A 9h service funèbre sous le grand hall pour le lt d’Avesac. 10h conférence sur la « Paternité divine » par le lt Geoffre. Temps gris, doux, brouillard. Rabaud reçoit son 1er colis : 1 kg de pain de seigle de 15 jours. Le journal le Trait d’union, prétend que les relations ne peuvent fonctionner avec la France occupée et qu’on ne peut avoir de colis. Nous remettons écrites 1 carte et 1 lettre. On nous accorde le droit de circuler sur une partie du mâchefer qui a été passé au rouleau, mais poussière rouge sur les chaussures.

 

Mardi 3. D.C.A. Temps meilleur, un peu de soleil dans la journée, mais du vent et de la poussière. 10h Agriculture, structure de la plante par lt Poirion professeur d’Ecole normale, sort de St Cloud. A l’appel : injonction d’ordre du coll cdt le camp de …/…

 

 

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Septembre 1940

 

…/… d’être assidus aux exercices physiques du matin pour les jeunes officiers. Après l’appel fouille d’une chambre du 2e étage (ch. 112).

 

Mercredi 4. Temps superbe dès le matin ; grosse activité d’aviation dans la nuit au loin ; sirène à Soest. Il fait chaud comme il n’a pas fait depuis plus de 15 jours. 8h30 douches puis lavage de linge. Soleil splendide. 17h conférence de Lamy sur la SNCF : réussi (le lt Lamy est celui dont la famille à Asnières connaît mon oncle Henri). Toujours ni lettre ni colis de la région occupée. Le soir audition intime de la chorale en l’honneur du départ des 3 généraux hollandais qui vont dans un camp de généraux.

 

Jeudi 5. D.C.A. Alerte. Encore une journée splendide. 10h conférence « L’Eglise primitive » par lt Vieillard, est extraordinaire (fausse légende Pompéi). 13h départ pour la Saxe du général français (ancien professeur de tactique à l’Ecole de guerre) et des 3 généraux hollandais. Entrée au cachot du coll Malmarie pour 3 jours pour avoir écrit incorrectement au coll von Hirsch. Il fait si chaud que je renonce à la conférence de 18h45 par Grimod (Radio-cité) sur les « coulisses d’un grand journal ». On demande liste des officiers bretons et juifs.

 

Vendredi 6. D.C.A. Alerte. Temps très lourd la nuit. 9h sous le hall, service funèbre pour 2 soldats morts au camp. 10h conférence du lt Hoop sur l’histoire « Le 18e siècle en France ». A 14h conférence sur la Genèse par le pasteur Gagnier « Histoire d’Abraham, Isaac, Esaü, Jacob ». Fatigué, je renonce à aller à 17h à la conférence sur le système solaire. Il fait froid à l’appel ; on demande les officiers flamands et corses. On dit que le colonel von Hirsch quitte le commandement du camp aujourd’hui-même.

 

Samedi 7. Alerte D.C.A. bombardements éloignés. Beau temps le matin ; je me décide à laver mon pyjama ; gros morceau pas commode. A 10h, conférence du lt Vicaire « Le Christianisme et la morale », très profond et inspiré. A 15h, conférence sur Agriculture, amélioration des plans, sélection (très technique) …/…

 

 

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Septembre 1940

 

…/… On affiche que les relations dans les 2 sens avec la France occupée sont rétablies… 17h conférence sur Flaubert et l’éducation sentimentale par le lt Heiszmann (intéressant) c’est un avocat. Le lt Vicaire est un Dominicain, professeur d’histoire à l’université de Fribourg.

 

Dimanche 8. Alerte D.C.A. Changement de temps, froid, aride, beaucoup de vent et de poussière. Nous apprenons un changement de ministère en France avec ministres non parlementaires. Je vais à la messe de 8h aux combles du block I. Pas de représentation de la revue, la censure n’ayant pas encore donné son visa. Nous recevons la carte à envoyer à la date à la date de demain.

 

Lundi 9. Il a plu cette nuit ; le Matin temps très gris et froid. 10h, conférence lt Geoffre : « La Chute originelle et le Sauveur promis ». Il pleut tout l’après-midi. Pas d’appel, nous touchons des biscuits au lieu de pain. Les 70 hollandais du camp ont reçu des colis et en font profiter Requier et Ozanne : tabac, pain d’épice. On annonce notre déménagement du rez-de-chaussée qui doit rester libre pour être achevé, dit-on.

 

Mardi 10. Déménagement à partir de 8h, nous allons au 1er étage ; grande chambre 85. Nous avons beaucoup de place et restons à 16. En plus du 43e R.A.D. : capitaines Domange et Cros, s/lt Azmoniewski. Le cdt Stievenard nous quitte pour aller dans une chambre de commandants au même étage n°66. Temps frais le matin, pluie de nuit. Nous nous installons dans notre nouvelle chambre. Rabaud a une lettre de sa sœur du 25 août, aucune adresse n’était encore parvenue à Caen à cette date.

 

Mercredi 11. Pluie toute la nuit ; le matin douches, puis lavage de linge. L’après-midi, je ne vais pas à la conférence sur la cellulose parce que je reprise mes chaussettes. J’essaie aussi de repriser mes mouchoirs qui sont murs mais sans grand succès. Nouvelle constitution des 2 compagnies pour l’appel (1ère cie commandée par cdt Poussot, 2e commandée par cdt Clément). Puis à 16h30 le nouveau cdt du camp Major von Padberg nous passe en revue. Nous touchons 21,5 M …/…

 

 

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Septembre 1940

 

…/… et nous envoyons une lettre. Vu Raguis capitaine (de Senlis) qui était au C.P.T.A. de Mailly en même temps de moi.

 

Jeudi 12. Temps frais le matin, à peine de soleil. 10h, conférence du lt Vicaire sur le « Monachisme », ses origines, les premiers moines. 14h30 Match de hand-ball entre Hollandais et Français (Ozanne, Drouet, Féron, Theron, Guillemin) perdu par équipe française. 16h30 appel : observation sur l’exactitude et le silence. Inspection d’officiers allemands dans la chambre. A 18h45, brillante conférence de Roger sur la constitution de la matière (molécules, atomes, ions). Je me décide à mettre un gros chandail.

 

Vendredi 13. Alerte dès 22h30, canonnade au loin. J’avais la fièvre hier soir en me couchant et j’ai eu chaud toute la nuit. A 9h, je vais à la visite, temps mauvais. Il a plu la nuit et il pleut le matin ; on me met des ventouses dont 5 seulement prennent bien. Le toubib me commande gouttes nez, potion et aspirine. Je suis mal fichu et je reste étendu sur mon lit tout l’après-midi (je suis sorti de la visite à 11h15, il y a eu à l’infirmerie visite d’inspection du cdt du camp). Temps affreux toute la journée, cafard. Appel dans le couloir, naturellement je ne mets pas les pieds dehors et je manque toutes les conférences.

 

Samedi 14. J’ai eu la fièvre toute la nuit. Dysenterie, maux de ventre. Je retourne à la visite à 9h. J’ai 38,5° et le toubib me fait rentrer à l’infirmerie (Revier) ch. 46. Il fait encore froid et beaucoup de vent. Je suis tout de même mieux à l’infirmerie, moins de bruit. Le soir 38,5°. Nous sommes 8 dans la chambre. Régime alimentaire comme dans les blocks, mais j’ai du pain blanc et ½ litre de lait (on touche un pain pour 3 jours).

 

Dimanche 15. D.C.A., nuit moins mauvaise. Le matin 37,4° toujours diarrhée, je reste couché. L’après-midi représentation de la revue à laquelle je ne peux me rendre « Oflagons un peu » de Grimod et Marc Didier. Les camarades trouvent très réussi décors, rampe électrique, chœurs très bien, morceaux de piano. Temps très maussade toute la journée. (37,7).

 

 

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Septembre 1940

 

Lundi 16. D.C.A. Bonne nuit. Le matin 37,4°, encore douleurs au ventre et coliques. Visite de médecins français accompagnés de médecins allemands. Je réclame le pain blanc ; nous touchons du lait. Beau temps le matin, mais qui se couvre vite ; vent froid. Je ne sors pas, d’ailleurs je ne tiens pas beaucoup sur mes jambes. A 15h, nouvelles représentation de la revue. Le Trait d’union annonce qu’on ne peut toujours pas envoyer de colis. La visite de l’oculiste annoncée pour 16h30 n’a pas lieu. (36,9°).

 

Mardi 17. 36,9°. Mauvaise nuit. La température est descendue, mais j’ai toujours des douleurs de ventre. Pas de visite du toubib et pas de remède ! Beaucoup de vent, du sud, averses. L’épouillage des blocks commence, compagnie par compagnie. Le block 4 y est passé, douche, fly tox et 1h30 nus dans une pièce pendant que toutes les affaires passent à la désinfection (sacs, linge, paillasse, literie). Demain block 3. Je signe le reçu des 5 000f versés (11 260 f). A cette date, j’ai à mon compte 164 marks et à peu près 7 M de plus par dizaine.

 

Mercredi 18. Mauvais temps. J’ai passé une bonne nuit. Il y a dans la chambre capt Loc, d’active du 220e RAL, avec entorse ; capt Reynet du génie E.M. du 43e C.A. (hémor) ; Chantoiseau lt au 149e R.I., engrais à Troyes ; Dr Guillon de Nantes ; Bonamy lt d’infanterie d’active ; capt Mettetal du 139e R.I. ; capt Pacaud du 6e Spahis, assureur à Paris, blessé en Hollande, un œil enlevé par une balle ayant traversé le cerveau.

 

Jeudi 19. D.C.A. Chantoiseau quitte la chambre. Temps gris le matin, beau soleil l’après-midi. Rabaud a eu des nouvelles de sa sœur à Caen. Le 7 septembre, Simonne n’avait pas encore reçu mon adresse à l’oflag VI A de Soest. Je ne peux m’étonner de n’avoir pas de nouvelles. Que le temps est long. Le cdt Prigent a une lettre de sa femme du 12 sept. Date à laquelle pour la 1ère fois elle a reçu l’adresse de l’Oflag VI A. J’ai essayé de passer à la vite de l’oculiste à 16h30, mais à 19h, il n’a pas fini et il s’en va.

 

Vendredi 20. Soleil, averses. La nuit a été bonne et mes intestins vont beaucoup mieux. Arrivée de nombreux colis et nombreuses lettres de la zone occupée. Il y a des …/…

 

 

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Septembre 1940

 

…/… prisonniers français libérés dans la zone occupée. A 17h, nouvelle visite de l’oculiste ; mais il trouve fermée la porte du local d’examen et s’en va furieux. Le reverrons-nous ?

 

Samedi 21. Alerte D.C.A.- F.M. et mitrailleuses et bombes au loin. Averses, temps humide. Le matin visite du médecin capitaine allemand accompagné de notre toubib ; il parait que toute l’infirmerie doit être vidée lundi ou mardi pour épouillage. Nous sommes renvoyés dans nos block après avoir été épouillés. Corvée ! Visite du payeur. Nous touchons 20 L.M. Nos docteurs ont été hier, visiter tous les hôpitaux de Soest qui ont été trouvés très bien tenus. Pas mal de lettres arrivent de la zone occupée et je n’en ai toujours pas. Capt Prigent a des lettres de Caen. Perrotte est démobilisé et travaille chez son père. Loison en congés, Marmitte, Lebonnois prisonniers. Pluie continuelle, temps bouché.

 

Dimanche 22. Visite des toubibs. On doit vider l’infirmerie pour épouillage sans s’occuper si les gens sont ou non malades ; pour nous ce sera vraisemblablement mardi. Arrivée d’une cinquantaine d’officiers venant d’autres camps dont un nouveau cousin de Rabaud. Très beau soleil le matin, je sors un peu après le déjeuner ; c’est la première fois que je mets les pieds dehors depuis que je suis malade. Beau temps, même lourd toute la journée. 15h exhibition de la chorale sous le hall ; je n’y vais pas par crainte d’être fatigué ; c’était paraît-il très bien. J’écris une lettre qui partira demain.

 

Lundi 23. La moitié de l’infirmerie (dont Mercier) passe à l’épouillage à 8h. Ce sera notre tour demain à la même heure et nous rentrerons ensuite dans nos blocks ; moyen comme un autre de vider l’infirmerie et de guérir tout le monde. Ce matin même ceux qui avaient de l’angine ont dû s’exécuter, rester sous la douche et ensuite nus 1 heure dans la pièce d’attente. Beau temps lourd. Les nouveaux arrivés étaient dans un camp au bord de la mer Baltique, bien traités ; on les envoie ici en camp de rassemblement. Les marins aviateurs ont une culotte courte, ils n’auront bientôt pas chaud. …/…

 

 

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Septembre 1940

 

…/… Joie ! Ouverture de lettres Claude et Philippe des 12 et 13 septembre et à 20h une lettre de Simonne enfin ! On annonce aux hollandais qu’ils vont quitter le camp.

 

Mardi 24. D.C.A. Le matin réveil à 7h pour passer à l’épouillage. Temps splendide, soleil et doux. Contre ordre avant l’épouillage on me convoque à 15h, à l’infirmerie pour aller à Soest à la visite de l’oculiste ; nous partons à 11h en groupe (une dizaine) avec un homme en arme. Irruption dans la salle d’attende de l’oculiste où trônent 2 dames respectables revêtues de l’insigne gammé ; oculiste bien installé, mais sourd. En sortant de chez lui, nous visitons un peu Soest, petite ville pittoresque, ancienne ; beaux monuments, magasins clairs et achalandés. Nous rentrons au camp vers 14h et je trouve une soupe au choux froide. Au block II grand branle-bas ; il doit arriver des officiers et nous allons déménager de notre chambre 85 très prochainement. On pose dans tous les blocks des affiches « N’oubliez pas Oran ». Elle est aussitôt arrachée dans le block III et on menace de 15 jours de suppression de courrier. Les affiches de notre block sont lacérées tard dans la soirée. Je reprends la vie un peu moins confortable du block, adieu pain blanc.

 

Mercredi 25. 8h30 douche puis lavage d’une partie de mon linge sale. Arrivée de courrier vers 10h. Guillemin reçoit une lettre de sa femme lui annonçant la mort de Boitet ! pauvre garçon. Je voulais encore conserver l’espoir ; son frère, lieutenant de chasseurs alpins grièvement blessé est prisonnier. Quel Chagrin ! Pauvres parents ! Nous devons être punis à la suite de la lacération de l’affiche d’Oran, peut-être privation de courrier. Je fais la connaissance du lt Marcel Silvain, rotarien de Paris (Monoprix) interprète à l’E.M. du 21e CA, ml 3864, block III ch. 46. Les Hollandais ont reçu contrordre et ne partent pas. Le soir, lettre de M. Le Maître.

 

Jeudi 26. Temps passable assez froid. 10h conférence du R.P. Bonduelle « Tribulations d’un croyant au XXe siècle ». Très bien. Après déjeuner, déménagement. Nous …/…

 

 

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Septembre 1940

 

…/… allons à la chambre 84 à côté de l’escalier. Nous partons à 14 : Cros et Dommange sont à la chambre 72. Nous sommes hélas très tassés et bien mal installés, ne sachant comment ni où mettre nos affaires ; manque de porte-manteaux. Il faut mettre des clous partout ; alors que nous étions plutôt au large à la chambre 85. D’accord avec Silvain, j’envoie pour lui et moi une carte à Berne au gouverneur du Rotary pour réclamer des colis. A 19h conférence magistrale de Roger sur la « Constitution de la matière, électrons, ions ». Beau succès. Le soir, carte de Denise du 17.

 

Vendredi 27. Alerte vers 1 heure. Temps splendide le matin et très frais. Il faut nous habituer à être serrés dans cette chambre. Je vais à la messe de 9h et je demande au R.P. Bonduelle de dire une messe pour Maurice Boitet ; il accepte pour lundi 30 à 9h. Rabaud reçoit 3 colis. Mercier a aussi des nouvelles de chez-lui, sa femme était partie à Toulouse. A midi cartes de Simonne et Maman du 15. Je me livre à un grand raccommodage de chaussettes. Les journaux annoncent l’attaque de Dakar par les Anglais et de Gaulle, représailles sur Gibraltar ? Envoi d’une carte de renseignements à Genève. A l’appel, on prévient de l’inspection du commandant du camp pour demain de 9h à 11h. A 19h conférence de Blancpain sur les Fables de la Fontaine. Trop de monde, je n’y vais pas.

 

Samedi 28. Il a plu cette nuit ; le matin froid et grand vent. 10h conférence du lt Geoffre « Le Christ et la souffrance » (défaite de la France, punition des pêchés, déchristianisation). Pluie et vent. Vers 15h arrivée d’environ 500 officiers français venant de l’Oflag VI B à 80 km de Soest, en partie de la région de Metz. J’y reconnais des officiers du 36e R.A.D. qui nous ont relevé à Ham (cdt Auger qui commandait le D.A.S. ; le lt-colonel Mauvin cdt le 36e R.A.D. que j’avais vu à Mailly au C.P.T.A. Au courrier, lettre du 17 de Claude et du 18 de Simonne. Le colonel Tisnes a écrit à Caen que j’avais une citation à l’ordre de la 6e D.I. J’arrose cela au Bulgarische Tafel Wein. Les nouveaux arrivés s’installent.

 

 

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Septembre 1940

 

Dimanche 29. Alerte de nuit. Temps froid et pluvieux. Messe à 8h de Geoffre. A 9h infirmerie pour voir l’opticien et choisir des lunettes suivant l’ordonnance de l’oculiste ; il doit les livrer dans la semaine. 11h appel des 3 compagnies sur le Marchfeld en formant le carré. L’après-midi temps assez beau, mais très frais. Il ne semble pas qu’il y ait de punitions pour les lacérations d’affiches, on les remplace dans les blocks et on prévient qu’à l’avenir seront punis, les officiers qui lacèreront.

 

Lundi 30. Il a gelé blanc cette nuit et assez fort ; de bonne heure, beaucoup de brouillard puis du soleil. A 9h à la chapelle, messe pour Boitet par le R.P. Bonduelle, à laquelle assistent tous les camarades. Vu Prigent : il y a au camp le capt Chaperon du C.M. du train des équipages de Caen et un fils d’Agier, capitaine d’infanterie. Nous touchons une lettre à envoyer demain. 16h30 appel numérique sur le Marchfeld. A 20h une carte de Simonne du 20. Un Hollandais s’est évadé. Recherches partout. C’est un officier de marine Larive, à barbiche (qu’il a rasé) sorti par la porte avec les soldats français.

Depuis les nouvelles arrivées, nous sommes environ 2 400 officiers et hommes dans le camp. L’Oflag VI A est situé à 2 km environ de Soest, dans des bâtiments à peine terminés destinés à une caserne. Il y a 4 bâtiments principaux, dénommés blocks où sont logés les officiers, plus un bâtiment cuisine, et un bâtiment écurie servant de logement à des hommes, le tout entouré de fils barbelés avec miradors de place en place occupés par des sentinelles armées de mitrailleuses. Dans chaque block, 3 étages plus combles où logent les ordonnances : à chaque étage une compagnie de 200 officiers environ (nous sommes 197). A l’extérieur des barbelés, vers la sortie du camp, un autre bâtiment avec une grande tour verte, c’est là que sont les bureaux de la Kommandantur. La nuit, les sentinelles des miradors s’interpellent toutes les heures ou toutes les deux heures pour se passer l’heure : achtung es ist … uhr : En cas d’alerte tout l’éclairage …/…

 

 

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Septembre 1940

 

…/… de l’entourage du camp s’éteint, mais chaque mirador possède 3 projecteurs qui éclairent dans 3 directions différentes.

 

Octobre 1940.

 

Mardi 1er. Gelée blanche très forte, vent d’est, beau soleil, alerte dès 22h. Je fais la lettre qui part aujourd’hui. Mercier reçoit un colis de St-Hilaire-du-Harcouët et me passe une bonne tablette de chocolat. Les Hollandais vont reprendre la cantine qu’ils avaient abandonnée croyant partir. Toujours des tuyaux sur la libération qui commencerait le 6 octobre ! Difficile d’y croire. Grand retard pour la distribution de la soupe du soir. On tire la langue, plus de beurre mais saindoux suif. A 15h distribution de 20 L.M. Stupéfaction, le chauffage central marche, un radiateur par chambre. L’hiver est commencé. 1 carte de mère.

 

Mercredi 2. Il a encore gelé cette nuit. Pas de soleil, du vent, du froid. A 8h30 douches avec ¼ d’heure d’attente dehors. Après le déjeuner, je vais laver mon linge, il commence à n’y pas faire chaud. 16h30, appel nominatif sur le Marchfeld, nouvelle disposition à cause des nouveaux arrivés. Journée froide avec beaucoup de vent. 12 heures carte maman du 22.  A 20h carte de Simonne du 24 septembre. Dès 22h alertes, sirènes, le courant est coupé pour tout le camp. Nous nous couchons à tâtons. Nous devons avoir le soir tous les 2 jours, patates ou soupe.

 

Jeudi 3. 2e alerte vers 2 heures. Le matin temps plus doux et moins de vent. 10h conférence du R.P. Bonduelle supérieur des Dominicains de Paris sur la situation des catholiques au point de vue social : catholiques sociaux, démocrates-chrétiens, classe bourgeoise, classe ouvrière. 16h30, appel nominatif. Après l’appel, Mercier vient dans la chambre faire mon portrait : profil au crayon de couleur. Il parait que ça n’est pas très …/…

 

 

 

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Octobre 1940

 

…/… ressemblant. Mercier m’a fait goûter un peu de beurre salé sur biscottes, c’est épatant.

 

Vendredi 4. Temps gris, froids. 9h messe à la chapelle des combles 115 par le R.P. Bonduelle. Circulaire : il ne sera pas fourni de manteaux aux officiers ; on prévient que les colis de Noël devront être remis à l’autorité allemande avant le 14 décembre, encourageant ! Menace de sanction pour la lumière qui reste apparente à la nuit tombée, allant pour le block jusqu’à la privation du courrier. Après le dîner, en jouant au bridge, Szmoniewski fait un portrait de profil mieux que celui de Mercier. Rabaud me donne un paquet d’Elesca à dissoudre dans l’eau froide ce qui fait une très bonne crème.

 

Samedi 5. Temps douteux, averses. 9h30 conférence sur la J.O.C. par lt Bricks vicaire à St Médard (Ve Ardt) Historique du mouvement, action anti-communiste, apostolat du fasciste - très intéressant (accent du parigot de banlieue). Appel à 11h, averse. L’après-midi match de hand-ball avec les Hollandais ; les Français remportent la pile. Terrain très glissant, buches nombreuses. Au courrier bonne et longue lettre de Simonne. Alerte à 22h, on nous fait éteindre toutes les lumières. Les Anglais ne semblent pas être venus jusqu’à Soest.

 

Dimanche 6. 8h45 messe basse par abbé Avinin lazariste combles 115. A 9h15 l’opticien Raabe vient à l’infirmerie avec des lunettes, mais les miennes n’y sont pas. Appel 11h, sur le Marchfeld puis l’ennui. Vent très violent toute la journée. L’après-midi je marche 1 heure sur le Marchfeld avec Prigent capt Baratte du 119e R.I. adjoint au colonel, instituteur à Vaudeloges à côté de St Pierre-s/-Dives.

 

Lundi 7. De la pluie toute la nuit et le matin. A 10h conférence du lt Brasillach sur l’Espagne de Franco. C’est un officier récemment arrivé de Warbourg, sort de normale supérieure, homme de lettres, journaliste qui collaborait à Candide, Gringoire, Je suis partout. Type très intelligent qui est intéressant (dans guerre d’Espagne 1 200 000 morts). J’envoie une carte. 16h30 appel …/…

 

 

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Octobre 1940

 

…/… sur Marchfeld sous la pluie avec inspection du commandant du camp major von Padberg. Dès 22h alerte, fusées éclairantes, on entend les avions qui survolent.

 

Mardi 8. Temps passable. Un peu de soleil de temps en temps. Un certain contingent d’hommes quitte le camp et est fouillé le matin. Après la soupe je lave un peu de linge qui sèche vite, car il y a un beau soleil tout l’après-midi. Le cdt Stievenard reçoit des nouvelles : Mathieu est rentré à Caen. Delaruelle est prisonnier. 17h match de hand-ball entre équipes françaises. Prigent me dit : Bigot – libraire ; Schmitt (représentant de Lemeulais) sont prisonniers en Allemagne. Au courrier du soir 2 lettres : Claude du 26 et Simonne du 29 septembre. 19h conférence du capt Bossuat sur « Dakar- Sénégal ». J’y retrouve le lt Gras du 204 de Mulhouse qui était instructeur adjoint au CPTA de Mailly avec capt Janniaud (ce dernier est passé commandant et commandait un groupe du 204 R.A.D.).

 

Mercredi 9. Beau temps dès le matin. Douches. A 12h il pleut, pluie toute la journée. Les matchs de hand-ball qui devaient avoir lieu sont supprimés. Tous les jours, il arrive des tonnes de pommes de terre. Au courrier ce soir, lettre de Denise du 30. Alerte dès 22h. Nous touchons une lettre à envoyer à la date du 11.

 

Jeudi 10. Il y a eu une autre alerte vers 2 heures et un coup de feu dans la nuit. Temps gris. A 10h, conférence du R.P. Bonduelle sur Machinisme et symbolisme religieux. A l’appel, on parle avec insistance du renvoi des officiers du service de santé. 19h, conférence du médecin lt Lefèvre sur séborrhée et calvitie : hygiène du cuir chevelu. Le soir, lettre de Philippe du 2 octobre ; on a passé à la peinture jaune les vitres des fenêtres, aux escaliers et couloirs. Alerte 22h, canonnade, bruit d’avions.

 

Vendredi 11. 2 alertes cette nuit. Le matin de bonne heure, il pleut et cela continue la matinée. Soest a été bombardé la nuit dernière, 3 …/…

 

 

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Octobre 1940

 

…/… bombes vers 22h15. A 13h30, conférence sur « L’éducation de la jeunesse en Italie par lt Lereboullet, chapelain de l’église française de Rome ; intéressant mais mauvaise diction (balillas, avant-gardistes – jeunes fascistes). J’envoie une lettre datée du 11. A 15h nous touchons 22 L.M. A 19h, conférence Blancpain « Promenade au Caire » qui dure 1h30 ; intéressante et agréable. Il a plu toute la journée.

 

Samedi 12. Pluie toute la nuit, qui cesse le matin. Appel à 11h. Je lave du linge après déjeuner. A 15h, début de l’exposition des œuvres des officiers prisonniers à la cantine, transformée pour la circonstance ; il y a un orchestre, piano, violon. A l’appel on prévient que les lettres ou cartes avec écriture trop fine et illisibles ne seront pas expédiées. 21h30 alerte, bruit d’avions, D.C.A.

 

Dimanche 13. Clair de lune superbe. Gelée blanche, brouillard. A 8h, messe de Geoffre. 9h infirmerie ; opticien arrive, mais n’a pas mes lunettes. 9h30, visite de l’exposition à la cantine : dessins, aquarelles, portraits, croquis amusants de Morel Fatio. Portraits très bien de Dilettrez, Barbedette (certains seront édités par souscription après la libération). 14h, réunion des Bas-Normands aux combles C block II : cdt Prigent, Baratte, d’Agier, présidence du coll Gallini de Granville. Alerte à 21h30. Un officier pharmacien est mort en allant à l’hôpital, dans la voiture d’ambulance (foie), son gendre est au camp.

 

Lundi 14. Brouillard. Nouvelle visite de l’exposition des dessins et aquarelles de la cantine. Le niveau est vraiment remarquable et il y a des œuvres très réussies. Nous touchons une à expédier à la date d’aujourd’hui. A 10h conférence « Charles Péguy », poèmes sur la France par le lt Warot. Temps splendide, soleil chaud. A 14h, 3 matchs de hand-ball contre les Hollandais, très animés et spectaculaires, dont match nul, succès ! A 16h, appel sur le Marchfeld. Nouvelle disposition. Lecture de la punition de Henri Larive, officier Hollandais, évadé et rattrapé à Constance : « 21 jours d’arrêt pour avoir tenté de s’évader du camp ».

 

 

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Octobre 1940

 

Mardi 15. 2 alertes dans la nuit claire. La 1ère dès 22h. Dès le matin, temps splendide. Hier le cdt Prigent me disait que Gransard et Préel étaient rentrés à Caen. A 14h, je reçois une lettre de Simonne du 4 ; elle envoie un colis. Jean Leconte est prisonnier sur parole, et une lettre de maman du 5 qui qui connait notre menu par Lamy d’Asnières. La nuit dernière Soest a été bombardé vers 22h, plusieurs maisons démolies. A 16h appel : on demande les officiers orthodoxes. 21h30, alerte, pleine lune et la nuit est très claire.

 

Mercredi 16. Plusieurs alertes dans la nuit. Brouillard le matin et temps splendide avec chaud soleil. A 8h, coiffeur et 10h douches au block III. Je nettoie tout le devant de ma vareuse à l’eau et au savon, le résultat est satisfaisant. Le matin service religieux pour le pharmacien de Luègue, mort le 13 dans l’ambulance qui l’emmenait à l’hôpital. A 14h on m’appelle à l’infirmerie pour toucher mes lunettes commandées chez Raabe. Elles vont très bien et sont beaucoup plus fortes que les anciennes (peut-être trop fortes). Je reçois une lettre du 5 octobre de M. Letellier. 18h appel sur le Marchfeld, étude d’une nouvelle disposition sur le terrain. On nous précise (pour la zone occupée) que nous n’avons droit qu’à 1 colis d’1 kg par mois et 1 colis de 5 kg tous les 2 mois. On nous vend du pâté de poisson de couleur rouge, pouah ! Je reçois une lettre du Rotary de Zurich du 8 octobre.

 

Jeudi 17. Encore une nuit très claire. Alerte dès 21h30. Le matin temps gris mais peu froid. Le secrétaire du Rotary de Zurich me dit qu’il pourrait envoyer un paquet de 2 kg par semaine, mais il faut l’autorisation de la Croix-Rouge Internationale de Genève transmise ensuite à Berne au Département d’Economie Politique Suisse, certaines denrées ne pouvant être exportées : je vois Silvain. Le temps se maintient, beau toute la journée. La coopérative d’achat déménage pour laisser toute la place à la cantine et va dans une baraque en bois, à côté du grand hall. Ce matin …/…

 

 

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Octobre 1940

 

…/… il est parti 7 grands blessés ou malades. Les manteaux et imperméables pourraient être rendus aux officiers auxquels ils ont été pris à condition qu’on leur applique dans le dos 2 grandes initiales K.G. – charmant !

 

18 octobre vendredi. Arrivée de mon premier colis. Encore du beau temps. J’en profite pour laver mon linge à 8h. Puis on annonce une liste de colis ; joie, j’en ai un que je touche à 11h45, après avoir attendu depuis 10h15. Toute la chambre en a ! Le mien est parti le 4 octobre (chocolat, pain d’épices, Nestrovit et tabac.). Chaude journée d’été, splendide et chaud. Après l’appel, je retrouve le cdt Plat, aviateur arrivé de Warbourg. Il était en 1914 à l’ancien 243, il était passé dans l’aviation, officier d’active ; fait prisonnier aux environs d’Amiens en allant récupérer du matériel aux usines Potez de Meaulte. A l’appel on rendra les manteaux sans K.G., mais si un évadé, tout sera repris.

 

Samedi 19. Temps frais le matin, mais beau. La coopérative rouvre dans ses nouveaux locaux. 10h, conférence du lt Vieillard sur les Missions (Japon et Chine. St François-Xavier). Encore très belle journée. 14h30, lettre de M. Gaugain du 14 octobre. 15h, grand hall reprise de Oflagons un peu… J’y vais n’ayant pas pu assister lorsque j’étais à l’infirmerie : chorale d’abord, très réussie, puis la revue avec des trouvailles astucieuses et des airs connus, le tout bien joué ; à la fin, avec des provinces de France. Visite au camp d’un général allemand.

 

Dimanche 20. Belle nuit et gelée blanche le matin. Temps splendide dans la journée. Messe à 8h. Appel inusité à 9h sans officier allemand. 15h, audition de la chorale, je n’y vais pas, préférant rester au soleil avec Rabaud, et puis il y a les patates à 15h30. Nominations arrivent au camp par l’officiel. Intendant Monnier nommé général. Cassagnac (ancien député, journaliste directeur de l’Autorité), colonel plein. Des rosettes de la légion d’honneur, sans doute promotion du 20 juin.

 

 

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Octobre 1940

 

Lundi 21. Gelée blanche le matin, très belle journée. A 10h, distribution de 20 L.M. (reste 26 L.M. popote payée). Nous expédions une lettre (Simonne et 1 carte Zurich). J’apprends que le capitaine Pacaud est parti le 17 octobre avec les grands blessés. 16h, appel sur le Marchfeld avec une nouvelle disposition, est-ce la dernière. 20h, lettre de Claude du 8 octobre. Lecture de la liste des colis : un d’annoncé pour moi à distribuer demain 9h. De qui est-ce ? Prigent a déjà une lettre du 14 de Caen.

 

Mardi 22. Temps gris le matin, puis le soleil perce et belle journée. 9h aux colis. Je touche un petit colis envoyé par de Broglie à X-sur-Indre. Je suis obligé de laisser le papier sans voir. Qui est-ce ? œuvre ? il y a 3 petites boîtes de conserves, petits beurre, petit pot de miel, chocolat noisettes, 1 mouchoir. Je rencontre Fleury, bibliothécaire de la Société de géographie, qui me donne des nouvelles de Clermont-Tonnerre toujours à l’hôpital. 20h longue lettre de Simonne du 11 octobre, qui parle de Boitet dont elle connaissait la mort depuis longtemps. On m’annonce un colis pour demain 9 heures.

 

Mercredi 23. Changement de temps, froid et gris. Vent d’est glacial. 9h colis de Denise annoncé depuis longtemps, envoyé par l’aide aux prisonniers : Plum Plouvier, cake, miel, Virginie, chocolat, Nestrovit, 2 boîtes de conserve, réglisse, 2 mouchoirs, 1 serviette, sucre. 10h30, douches block III : cohue, eau chaude, eau froide, mauvaise installation. 13h30, conférence de Brasillach sur « Paul Claudel », Brasillach ex normalien de 31 ans, rédacteur de « Je suis partout », très intelligent et astucieux. 19h, conférence du Cdt Coudrin sur « L’Education Physique » familiale et pour l’âge mûr. Pas de courrier pour personne.

 

Jeudi 24. Longue alerte cette nuit, temps froid, vent d’est. On affiche des interdictions de recevoir papier à cigarettes, médicaments, les boîtes de conserve seront ouvertes ? 15h, conférence du R.P. Bonduelle « Propriété, salaire, métier ». 14h lettre de Claude du 15 octobre. 16h30, appel et fouille …/…

 

 

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Octobre 1940

 

…/… de la chambre 86. Le temps se rafraîchit de plus en plus. Affichage très discuté d’articles par Francoul. Alerte 22h bombardement et D.C.A. au loin.

 

Vendredi 25. Il y a eu 2 alertes dans la nuit avec bombardement. Toujours temps très frais, c’est l’hiver qui est brusquement arrivé. 13h30, conférence spirituelle du colonel de Cassagnac sur les « Vins de France ». 15h, conférence su pasteur Gagnier « Introduction à la Bible » la Genèse, David, Absalon, fin de Saül. 16h, appel sous le vent d’est. On s’inquiète de dénombrer les Juifs, les Bretons, les Corses.

 

Samedi 26. Toujours froid. Vent. Après le déjeuner, je lave mon linge avec un savon RIF que Rabaud me prête ; l’eau n’est pas chaude. 14h, 3 matchs intéressants de hand-ball. 1 français et 2 avec les Hollandais. Malgré le manque de soleil, mon linge a à peu près séché. Pas de courrier, ni à 14h ni à 20h. On dit que Laval a rencontré Hitler.

 

Dimanche 27. Dans la nuit, 2 alertes vers 2h. Temps froid mais avec un peu de soleil. Messe 8h45 capitaine Laurent. On voit au nord plusieurs foyers d’incendie allumés soi-disant la nuit dernière par la R.A.F. ; beaucoup de fumée. Appel 11h. Notre lieutenant s’occupe des Bl. I et II. 14h réunion des Bas-Normands block II, combles B (intendant général Monier, d’Agier, nombreux hommes). Après, je vais poser dans la chambre de Mercier qui, au bout de ¾ d’heures, me laisse, n’arrivant pas à la ressemblance. A la réunion, vu de Hédouville, du Syndicat agricole, 9 quai de juillet, neveu de M. de Suin, rue de Bayeux.

 

Lundi 28. 2 alertes la nuit dernière. Il a gelé à glace. 10h, conférence du lt Vieillard « Développement de Rome ». Envoi d’1 carte à Simonne dont c’est la fête. 14h, je vais poser chez Mercier. Est-ce que la ressemblance vient ? Il fait froid et l’appel à 16h30 est réfrigérant. A 20h, on m’annonce un colis pour demain 8h30, de qui ? Hitler aurait rencontré le Maréchal Pétain ? seraient d’accord sur conditions du traité de paix ???

 

 

 

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Octobre 1940

 

Mardi 29. Il a fait, parait-il -12° cette nuit. Alerte. Froid mais soleil. 8h30, distribution des colis. C’est du Rotary : pain d’épice, petits beurre, gâteaux secs, chocolat, tabac, confitures. 10h, conférence du lt Vicaire « Papes, Papesse, Papauté ». 13h30, conférence du coll de Cassagnac « Les Vins de France » : comment servir les vins, les approprier aux menus. Après la conférence, je vais poser chez Mercier. On dit que l’Italie a envahi la Grèce. 19h, conférence Blancpain sur « Oflag VI A », illustration des dessins de Morel Fatio. Très satirique. Après je reçois une longue lettre de Simonne du 20 octobre et une de mère, même date.

 

Mercredi 30. Alerte 22h, avions, bombes ; le matin douches. Il a encore gelé cette nuit, et le matin il tombe de la neige fine qui cesse vers 12h. Simonne m’a donné des nouvelles de Wetterwald qui a des muscles atrophiés. Fils Molinié jeune tué, Szmoniewski le connaissait. Après le déjeuner, je retourne chez Mercier, je pose jusqu’à l’appel, la ressemblance vient. Après dîner on m’annonce 1 colis pour le lendemain 8h45. Alerte à 21h30. Le vent a tourné, mais il fait encore froid, il vole de la neige fine.

 

Jeudi 31. 8h45, aux colis ! Il fait froid, neige fine, vent fort. Le major von Padberg assiste à la distribution des colis et on prévient que les mesures affichées entrent en vigueur aujourd‘hui : ouverture de toutes les boîtes de conserve, sinon les laisser en dépôt jusqu’à ce qu’on veuille les utiliser. Mon colis 5kg de Simonne : chaussures, linge, cake superbe, chocolat, tabac, beurre, biscottes. 10h, conférence Bonduelle « Renoncement ou Joie de vivre ». Tout à fait épatant, il est très en forme. 14h, je reçois 2 lettres de Claude et Philippe des 19 et 23. Je mets mes chaussures semelles Uskide qui vont très bien. Je pose chez Mercier qui me donne mon portrait fini. J’accepte de devenir vaguemestre de la compagnie en remplacement du capitaine Kaag, qui se démet de ses fonctions.

 

 

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Novembre 1940

 

Vendredi 1er. Il a plu cette nuit, temps plus doux, mais vent. Messe à 8h45 par R.P. Bonduelle. Nous touchons une lettre à envoyer aujourd’hui. Les tuyaux circulent toujours sur les entretiens Pétain – Hitler ; Il semble qu’il y ait eu un certain accord, mais lequel ? Appel 15h30 puis conférence de Roger à 16h sur « La Critique de l’enseignement secondaire ». Requier reçoit une lettre l’informant que Folligny a été détruit.

 

Samedi 2. Temps gris, il pleut. 8h, messe des morts par R.P. Vicaire. A 10h30, reçu 20 L.M., reste 33 L.M.

 

Dimanche 3. Enorme tempête cette nuit qui continue dans la journée avec pluie continuelle : vent d’ouest. Messe 8h45 du R.P. Bonduelle. 11h, appel dans le couloir, pluie toute la journée. Vu Prigent : de Clamorgan est prisonnier. Seigneuret était en Afrique et est rentré à Caen, maigri de 30 livres.

 

Lundi 4. Pluie toujours. 10h, conférence du lt Hache curé dans le Pays de Bray « Mémoire d’un curé de campagne », véritable apôtre dans une paroisse rurale complètement déchristianisée J.O.C, J.A.C. Vu d’Agier, lt Delaunay, gendre de M. Caillard, serait grièvement blessé : jambe, bras coupés, reins cassés. Nous touchons une carte à envoyer à la date de demain. Annonce d’une visite probable du Cdt du camp qui ne vient pas ; il a visité des chambres du block III. Toujours des tuyaux de libération à la suite du discours du Maréchal Pétain ; les Italiens auraient envahi la Grèce.

 

Mardi 5. Toujours de la pluie. Je me décide tout de même à laver mon linge à 9h, il n’y fait pas chaud ; je le donne à l’ordonnance pour qu’il l’étende au grenier ; la pluie cesse dans la journée et je peux enfin sortir. Appel à 15h, annonce de colis pour 15h30, c’est du Rotary de Berne : pain d’épice, chocolat, tabac, cigarettes, gâteaux secs, bonbons. Une boîte de confitures qu’on m’ouvre suivant le règlement. Ce qui m’étonne c’est que Silvain ne reçoit toujours rien. Une carte datée d’aujourd’hui envoyée à …/…

 

 

AD14 151J/5 n°068a

Novembre 1940

 

…/… Simonne. Le soir, je reçois une carte de Simonne du 25 octobre qui parle de paix et de libération. Je vois Sylvain qui a enfin reçu un colis du Rotary.

 

Mercredi 6. Vent et pluie la nuit. Le matin douches. Les tuyaux optimistes circulent à qui mieux-mieux ; libération prochaine. Le capitaine qui s’occupe de la cantine bazar, solde certains articles et a reçu l’ordre de n’acheter que le courant ; pas d’achats massifs. La soupe arrive à partir d’aujourd’hui à 12h30 et l’appel à 15h au lieu de 16h30. Hier il y avait une conférence annoncée de Zousmann sur Proust à 19h ; elle n’a pas eu lieu ; chahut, intervention de Brasillach, Zousmann juif et avocat à Paris aurait été secrétaire de Léon Blum. De ce fait Brasillach ne pourra pas faire sa conférence sur Mauras. Alerte à 21h30, clair de lune. Sur les indications de Simonne, j’ai fait la connaissance de Guernier capitaine d’infanterie de la promotion de Pierre, 1ère Cie Bl. II, cousin des Elie dont la mère habite chez les Chaperon.

 

Jeudi 7. Il a plu une partie de la nuit, et pourtant l’alerte a duré longtemps et a été reprise à 6h30. Toute la matinée il pleut. 10h, conférence remarquable R.P. Bonduelle sur la « Liberté », libre arbitre, le Bien, le Mal, contrainte physique ou morale. Ozanne a rencontré Colibeuf qui est sorti de l’hôpital. 15h, appel dans les chambres par le lieutenant allemand et le feldwebel. Après-midi, je reprise 2 paires de chaussettes avec des trous importants. A 22h : alerte.

 

Vendredi 8. 2 alertes dans la nuit, du vent mais il ne pleut pas le matin. Mercier vient me chercher ver 9h pour mettre un peu de gouache à mon portrait. Dans sa chambre, je vois Loiseau qui me prête un manteau à lui, un peu juste mais qui va me rendre service pour l’hiver car je n’ai que mon imperméable. 18h, conférence « Un an chez Tchang …/…

 

 

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Novembre 1940

 

…/… Kaï-Tchek » par le colonel Renucci qui faisait partie de la mission française en Chine, comprenant 7 officiers ; très intéressant, anecdotes nombreuses. Appel 15h sur le marchfeld. Temps frais, vent, un peu de soleil. Nous devons fermer les volets noirs de 18h30 à 7h30. On annonce qu’enfin, les draps seront changés lundi. Les Hollandais doivent partir mardi pour Breslau. Clair de lune. Alerte dès 20h30, bombardement et D.C.A. au loin au N.O.

 

Samedi 9. Beau temps toute la journée, froid mais soleil, je reste toute la matinée dehors, d’abord avec Colibeuf que je retrouve : il a été fait prisonnier à Fougères avec la D.A.T. de Caen : Regnier et Tesnières le Juge (en Allemagne), sa ferme de Colleville est occupée et bouclée. Puis j’accroche Silvain qui me prête son journal de marche (assez énorme, vaste rigolade, missions périlleuses, repéré de nuit par un avion étant en auto avec feu rouge allumée) ; il était à l’E.M. du 22e C.A. Gal Flavigny. Appel 11h, au courrier enfin lettre de Simonne du 2 novembre. Je vais à la chapelle dont les fresques sont presque finies, c’est très artistique et très réussi. Exemple pour Silvain : il a une citation à la division : n’a pas hésité à aller interroger des prisonniers sous des bombardements !

 

Dimanche 10. Temps gris, puis soleil dans la journée. Messe 8h, lt de Geoffre. Appel 11h. A 13h30, réunion des Bas-Normands, combles C. Bl. II. Tuyaux de libération de Cassagnac et Brasillach. De Hédouville m’annonce que d’Olliamson est mort et de Neuville tué. 15h sous le grand hall, séance en l’honneur du départ des Hollandais, orchestre, monologues, allocutions Blancpain, réponse d’un major Hollandais, chants par des Hollandais des Indes néerlandaises, violoncelle, 1 prix du conservatoire épatant, puis duettistes très réussis piano et violon, flageolet. Gros applaudissements. On confirme que les Hollandais vont à Breslau. A 13h, match de hand-ball avec les Hollandais battus enfin par notre équipe 11 à 10. …/…

 

 

AD14 151J/5 n°069a

Novembre 1940

 

…/… magnifique partie paraît-il (j’étais à la réunion des Normands).

 

Lundi 11. Anniversaire de l’armistice, fête de la Victoire, hélas ! Qu’en avons-nous fait ? Il a plu cette nuit et il y a eu 2 alertes. Le matin temps incertain, froid, un peu de soleil. On change les draps, taies d’oreiller et l’enveloppe bleue de couverture. J’envoie une lettre à Simonne et une carte au Rotary. Appel 15h, après l’appel, observation d’une minute de silence sous les ordres des officiers français pour commémorer ce triste anniversaire de l’armistice : très émouvant ! Les Hollandais sont à l’appel pour la dernière fois. Demain, pour eux, fouille à 3h. Le soir les jeunes de notre équipe vont boire à la cantine avec les Hollandais qui leur donnent en souvenir 4 chaises dont nous bénéficions dans la chambre. Un dossier ! délicieux confort.

 

Mardi 12. Vent violent et pluie toute la nuit. De bonne heure, je lave mon linge, mouchoirs, serviettes, chaussettes, mais impossible de les étendre dehors tellement le vent est violent. 11h, distribution de 23 L.M., reste 43 L.M. 14h, lettre de Claude du 5 novembre. 15h dans le couloir (on demande les marins de guerre ou les marins au long cours puis fouille de la chambre…85 ! Il pleut toute la journée, impossible de sortir. Courrier du soir, joyeuse avalanche : lettre Simonne du 28 octobre et 7 novembre. Philippe 30 octobre et Denise 4 novembre. Tempête énorme toute la nuit ; malgré cela, deux alertes. 19h, Roger a répété sa conférence.

 

Mercredi 13. Toujours très forte tempête. Le matin coiffeur puis douches. Gros arrivage de colis et toujours rien pour moi, malgré tout ce qui est en route. L’heure de la soupe est ramenée à 12h15 dans les blocks. Appel 15h. A 15h30, conférence de Vieillard passé capitaine, sur Libraires et librairies chrétiennes, toujours intéressant. 20h, lettres de maman du 23 octobre. Liste de colis, toujours rien pour moi. Alerte dès 20h15, beau clair de lune, mais vent. On annonce la visite demain à 9h d’une …/…

 

 

AD14 151J/5 n°069b

Novembre 1940

 

…/… mission de médecins étrangers et après-demain 9h, inspection d’un général allemand.

 

Jeudi 14. Effarante tempête, les ardoises s’envolent, les vitres du grand hall se cassent, l’électricité s’interrompt, la cantine boissons démolie, ainsi que la coopé marchandises, le toit de la prison envolé, une partie de la droite abattue. Sur la route, arbres tombés, autos en panne. Difficile de rester dehors. La tempête se calme dans la journée, mais certaines parties des blocks sont privés d’électricité. Après-midi à l’infirmerie bridge avec les 2 Rabaud (celui de Bordeaux à l’infirmerie avec mal au pied envenimé), puis visite d’inspection de médecins suisses qui interrogent certains. Lettre de mère du 4 novembre. Pour les colis, on informe qu’aucun emballage ne sera laissé, boîtes vidées, paquets de cigarettes vidés. Nous touchons, contre remboursement, du flocon d’avoine.

 

Vendredi 15. Le vent est tombé, temps froid mais sans eau. Appel 11h, on m’annonce un colis pour lundi 10h. A 15h, je vais avec Rabaud et Drouet à l’infirmerie faire un bridge avec Gaston Rabaud. Colibeuf m’a expliqué qu’il avait été fait prisonnier avec Jean Tesnières (juge à Fougères, ce dernier capitaine de justice militaire, était à Dunkerque, Angleterre, Cherbourg, puis reformé à Orbec puis …/…

 

 

AD14 151J/5 n°070a

Novembre 1940

 

…/… mouvement de retraite jusqu’à Fougères. Dans la chambre, fabrication de cuisines diverses à base de flocons d’avoine, mélasse, sucre, flocons d’avoine au caramel, crêpes, caramel Lamy.

 

Dimanche 17. Du vent. Le matin frais et vent violent. Messe 8h combles 115 Bl. I, abbé de Geoffre. Un malade amené hier matin dans la chambre du capitaine Gaston Rabaud avec 39,6° et que nous avons vu en allant jouer au bridge dans la chambre, a été très malade dans la nuit, signes méningiques, tombé de son lit, a été évacué sur l’hôpital à 5h, on craint la cérébrospinale. Chambre de l’infirmerie est consignée pour 21 jours. Le type est du block II 3e étage. Journée vide. Le soir alerte dès 20h. Un peu de pluie.

 

Lundi 18. Beau temps avec soleil le matin, mais froid. Vu Leralu et Mercier à la coopé, où il y a une queue pour les valises. 10h, colis du Rotary (Ovomaltine, chocolat, tabac, cigarettes, confitures, gâteaux secs, lait condensé). On me vide mon Ovomaltine de la boîte et gâteaux secs en morceaux dans la musette ; je suis furieux. 14h envoi d’une carte à Simonne (la 1ère portant Soest) ; Il fait un soleil splendide ; Guernier sur le Marchfeld. 15h, appel, on demande les noms des Corses, Flamands, Bretons !! Les vétos et médecins sont appelés demain à 10h à la Kommandantur ; pas de courrier de la journée. 400 colis pour le block pour demain, rien pour moi (Rabaud en a 4 !) Vu Mercier qui a reçu son colis de 5 kg. ; 80 hommes partent pour une destination inconnue.

 

Mardi 19. Pluie la nuit. Rabaud a eu la fièvre et n’a pas dormi, un peu de grippe. Soleil, très belle journée avec le vent traditionnel. De bonne heure, je vais au lavoir avec mon linge que j’ai mis à tremper hier soir dans l’eau chaude, mais le savon manque ; je le mets à sécher aussitôt et à 14h30 je peux le rentrer sec. J’achète …/…

 

 
 

AD14 151J/5 n°070b

Novembre 1940

…/… un rasoir à la cantine. 15h30, cours d’instruction religieuse par Vieillard : écriture sainte, bible, source de la Révélation transmise aux hommes. 20h, lettre de Philippe du 9 novembre. Alerte à 21h.

 

Mercredi 20. 3 alertes cette nuit, il a plu. Le matin, vent, mais soleil. Douches. Nous touchons une lettre à dater d’aujourd’hui à expédier demain. 16h45, conférence du colonel de Cassagnac sur « Le Champagne » et conseils pour constituer une cave. Amusant et intéressant, comme toujours un peu trop épicurien. Dans la soirée la pluie se met à tomber.

 

Jeudi 21. Alerte la nuit, temps gris, vent. On expédie une lettre (à Simonne) datée d’hier. 15h30, conférence de Vieillard sur les Missions en Chine, Indonésie, Océanie (léproseries) et les régions glacées (le Grand nord). Il part un officier du camp, Pawloski, capitaine d’artillerie, architecte départemental à Bayonne. 5 mois que nous sommes prisonniers. Silvain a reçu une lettre du Rotary qui ne pourra plus envoyer qu’un colis par mois à cause des restrictions en Suisse.

 

Vendredi 22. Soleil dès le matin avec du vent. 10h20, solde 20 L.M., reste 45 L.M. 15h30, cours d’instruction religieuse R.P. Bonduelle : Dieu est un, et partout, n’a pas de commencement et n’aura pas de fin. Très ardu à suivre, mais épatant ! Au courrier ce soir, une carte de Fleury du 5 octobre, un succès de rapidité. Ce soir part Pawloski, architecte municipal non à Bayonne mais à Saint-Jean-de-Luz, probablement pistonné : c’est un commencement ! Alerte dès 20h et coupure de l’électricité dans tous les blocks pendant ½ heure, heureusement nous avons des lampes à graisse. Vers 3h, nouvelle alerte.

 

Samedi 23. Mercier me reprend mon portrait et je vais poser chez lui pour des retouches ; il veut le mettre à l’exposition du 25 à la cantine. Temps frais, un peu brumeux, mais beau. Nous touchons une carte pour lundi. …/…

 

 

AD14 151J/5 n°071a

Novembre 1940

 

…/… Toujours pas de courrier ni de colis. A partir de lundi, nouveau régime. Prisonniers consignés dans leurs chambres à 9h pour fouille. Appel à 12h20 sous le hall. A 14h, il y a séance, pièce chorale, orchestre pour blocks III et IV. Demain pour nous. Alerte 20h.

 

Dimanche 24. Autre alerte à 8h au moment de la messe et fin d’alerte vers 8h45. Messe 8h combles 115, lt de Geoffre. Il a fait froid cette nuit, le matin vent froid. Pluie à partir de 12h, sombre dimanche. 14h30, séance au théâtre libre, moche et glacial, Grimod supprime sa pièce inédite « Lucie » qui a remporté hier un beau sujet de rigolade. Je pars à l’entracte ayant trop froid et je loupe le « Client sérieux » de Courteline. D’Agier prétend que de nombreux prisonniers libérés rentrent en France.

 

Lundi 25. Temps gris et brume. Nouveau régime est entré en vigueur : fouille à 9h, appel à 12h20. 11h conférence du lt Coulon du génie, architecte dans le civil, sur « Notions et tendances de l’architecture moderne ». 15h, envoi d’une carte à Simonne. 16h, conférence de Blancpain sur « Anglais et Français dans le Proche-Orient », le canal de Suez. Agréable à entendre, mais plein d’inexactitudes quant aux chiffres. Pas encore de courrier, ni colis.

 

Mardi 26. Matin temps frais et vent, mais pas d’eau. Je rencontre Mercier, « Le Petit Parisien » annonce paraît-il, la libération de 400 000 prisonniers en commençant par les plus anciens, anciens combattants etc… Est-ce vrai ? 9h, fouille de la chambre 75, pas terrible. 11h, conférence du lt Cellier (fils du directeur général du CNEP) sur la banque de française (crédit affaires).15h, cours d’instruction religieuse par Vieillard : Le nouveau testament, les évangiles, Marc, Mathieu, Luc, Jean, leur authenticité, leur époque. Un Américain visite le camp vers 16h30. Enfin une …/…

 

 

AD14 151J/5 n°071b

Novembre 1940

 

…/… lettre de maman du 12 novembre et un colis annoncé pour demain à 9h45, de Simonne probablement et un autre à 11h45.

 

Mercredi 27. Temps splendide, froid mais soleil. Il y a eu plusieurs alertes cette nuit, la 1ère dès 20h, la dernière à 6h, bruits de bombes ou canonnade. 9h45, arrivée du colis de Simonne en parfait état : confitures de marron, pâté, rillettes, biscuits soldats, cigares, Zan. A 11h15 je touche un colis de Denise : chocolat Menier, noisettes, Nestrovit, une boîte de sardines, casse-croûte, tabac Virginie. Au courrier lettre de Marcel, d’Avize sans doute. 15h, cours de psychologie par le lt Lafon. 20h, enfin lettres de Simonne des 11 et 14 novembre. Alerte dès 20h15, seconde vers 22h. A partir de 12h, mauvais temps et pluie.

 

Jeudi 28. Il a beaucoup plu cette nuit. Le matin temps très frais et humide. 9h, fouille block II 3e compagnie. Appel 12h20, puis la pluie et très froid. 16h, conférence de Vicaire sur les ordres religieux : moines, ordres médiévaux, congrégations modernes. Alerte dès 20h.

 

Vendredi 29. Premières neiges. Le temps s’est beaucoup rafraichi. La neige tombe à gros flocons, mais fond au sol. Aujourd’hui ouverture de l’exposition des œuvres des prisonniers dans la cantine maintenant réparée. Froid humide. 11h, conférence du capitaine Petit Jouvet entrepreneur à Paris sur « Matériaux et chantiers ». 16h, cours d’instruction religieuse du R.P. Bonduelle « Science et amour de Dieu, Mystère de notre création ». 17h30, visite de l’exposition (où Mercier a mis mon portrait) il y a de très jolies choses, fusains Barbedette. 20h, lettre de Simonne du 16 octobre.

 

Samedi 30. Il a gelé et le vent est d’est. Froid vif, mais agréable. 10h20, je touche 20 L.M., reste 48 L.M.. Temps très beau avec soleil. Vu Leralu : Scapini aurait obtenu le renvoi de certaines catégories de prisonniers : père de 4 enfants, plus de 50 ans etc. 16h, sermon d’Avent par le R.P. Bonduelle.

 

 

AD14 151J/5 n°072a

Décembre 1940

 

Dimanche 1er. Le froid continue -8°, ce matin du soleil. 8h, combles 115, messe par l’abbé Lereboullet. Le résultat de l’entrevue Hitler-Scapini est beaucoup moins brillant qu’annoncé ; la libération des prisonniers n’interviendra que lorsque la guerre entre l’Allemagne et l’Angleterre sera terminée ! Quelle déception ! Sommes-nous là encore pour plusieurs années ? Aussi questions courrier. 11h, appel. 13h30 combles Bl. II, réunion des Bas-Normands à côté des gens de la Seine-Inférieure. Vu Ripoche, 1er Prix de violoncelle du conservatoire de Paris, dont les grands-parents habitent Caen rue Porte au Berger. J’ai une conversation à l’infirmerie avec le colonel Bonvalot (dans la chambre de Gaston Rabaud), il était à l’E.M. d’armée puis dans la guerre à l’E.M. du 21e C.A. Flavigny. Les gens avertis connaissaient notre impréparation ; il raconte que le président Daladier en tournée sur le front pendant la guerre de blocus, invité à dîner chez le général cdt de C.A., fut abattu pendant tout le repas et ne put dire que : « Quelle aventure ! Quelle aventure ! » avec son accent du midi.

 

Lundi 2. Il a gelé encore à -8°, du soleil, froid agréable. On apprend que Chiappe, nommé gouverneur de Syrie, se rendant à son poste, a été abattu en avion par les Anglais. 11h, conférence Blancpain « de Khartoum à Fachoda » conclusion personnelle et discutable. Envoi d’une lettre à Simonne datée du 1er décembre. 16h, conférence épatante sur l’Ecole des Sciences-Po par le lt de Calan du 119e R.I. (adjoint au coll Blanc I.D.6) inspecteur des finances. Les Anglais auraient bombardé Casablanca occupé la Nouvelle-Calédonie, Libreville (200 civils tués) où vont-ils en venir ? L’évolution dans les évènements va vite. Le temps change, vent d’ouest, pluie le soir. 20h, carte de Dreux du 17 novembre.

 

 

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Décembre 1940

 

Mardi 3. Temps gris, mais il fait plus doux. 11h, conférence de Brasillach sur « L’enfance du cinéma ». 16h15, instruction religieuse par Vieillard : « L’Evangile, comment il a été établi » enseignement. 20h, lettre de Simonne du 17 novembre. Il y a un peu de soleil cet après-midi. Alerte à 22h (Drouet s’est blessé au hand-ball en tombant. Il a une fracture du métacarpe de la main droite).

 

Mercredi 4. Nouvelle alerte à 4h, temps gris, neige fondue, douches puis raccommodage. 12h15, appel nouveau. « Zählen » par le sous-officier qui rend compte immédiatement au capitaine Harish, puis « Appel beendt ». 15h, cours de psychologie par le lt Lafon : Introspection. A 16h15, capt Vieillard : Les missions, Océanie et Afrique (il a inspecté lui-même les vicariats d’Afrique). Il a des renseignements sur les missions en Océanie, les Papous. C’est la Ste Barbe, beaucoup de bruit à la cantine ; je n’y vais pas, ça me dégoute. 22h, monôme de la chambre 66 de Stievenard. Pas de courrier ni de colis.

 

Jeudi 5. Alertes à 22h puis à 2h, puis 2 entre 6h et 8h. Il a plu toute la nuit, et le matin, la pluie continue. A 8h, Drouet est parti se faire radiographier la main. Pluie et vent toute la journée ; temps épouvantable. J’achète du Waschmittel et je lave mon linge, aussitôt après la distribution du courrier ; l’eau est froide (4 paires de chaussettes, mouchoirs, caleçon, serviettes !). Le savon est rare. 16h, conférence du lt Lereboullet « De Cumes aux Marais-Pontins » manque de vie. Il y a un départ de malades et grands blessés samedi : coll Calderon, cdt Arambourg, lt Dufour (Cannes), Cdt Mottant (Epernay), Villette (grains à Domfront).

 

Vendredi 6. Tempête cette nuit, pluie le matin, un temps de chien, alerte à 3h. Appel dans le couloir. Tristesse de voir des gens qui, demain, rentreront en France. Mottant est avoué à Epernay, je lui …/…

 

 

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…/… parle de Marcel. 16h, cours d’instruction religieuse par le R.P. Bonduelle : Dieu une préscience, fatalisme, liberté de l’homme, providence, miséricorde divine. Toujours un temps épouvantable, pluie et tempête, grosse chute de neige dans l’après-midi ; mais elle fond immédiatement, le sol étant tout mouillé.

 

Samedi 7. Grosse tempête toute la nuit. Vent très froid et dans la matinée la pluie revient. Impossible de sortir. A partir de 8h30, on voit les officiers évacués passer les barbelés, les uns vont à Hemer, les autres directement à Constance. Adieux touchants. Le cdt Prigent a retrouvé un des s/lt de son bataillon, Friedrich, porté disparu à Nouard, grièvement blessé : une jambe coupée, arrivé hier soir ; il part ce matin. A 11h, conférence de Cassagnac sur les Demoiselles d’honneur (tous les vins qui ne sont pas Bordeaux, Champagne, Bourgogne). Reçu lettres des 22 et 29 novembre de Simonne. Enfin !! Nous touchons lettres et cartes à envoyer lundi. 2 officiers se sont, parait-il, évadés.

 

Dimanche 8. Temps gris, vent et eau. A 8h, messe abbé Lereboullet, combles 115, Bl. I. A 9h, je vois le capitaine Charrier du 13e G.R.D.I., notre G.R. de division dont le fils aspirant vient d’arriver, il est ravi ; le fils vient d’un stalag de Silésie où il n’était pas bien, avec le frère de Drouet (a été prisonnier à Cherbourg, où l’on s’est battu 36h). J’apprends que le Général Champon est mort en captivité. Boudin est rentré à Caen avec les 2 pieds coupés. 2 officiers doivent partir mardi rappelés par leur maison. Alerte dès 20h.

 

Lundi 9. Temps gris, pluie et vent. Alerte la nuit. 11h conférence du lieut Garay (sciences Po) sur les nouvelles lois et l’organisation du travail en France (fonctionnaires, professions libérales, industrie, commerce, agricultures), Juifs naturalisés de fraîche date, femmes mariées, répartition des chômeurs à l’agriculture. Envoi d’une lettre …/…

 

 

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…/… et d’une carte à Simonne. Au courrier 3 lettres : maman du 25 novembre, Philippe du 26 novembre, Marcel du 27 novembre. 16h, conférence sur l’école H.E.C. par le lt Gros. On me prévient d’un colis à toucher demain à 9h30.

 

Mardi 10. Départ de Vibert (Ets Huet optique) et Grosnier-Lecomte (comptoir des tubes). Temps gris et vent. 9h30, colis Rotary : pain d’épices, petits gâteaux, Ovomaltine, chocolat, confitures, fromage, charcuterie fumée. 11h, conférence « L’Homme de demain d’après le Dr Alexis Carrel » par le docteur Cadeot ; rasant au possible, le type ne sait pas parler. 16h15, instruction religieuse, capt Vieillard : Actes des apôtres, Epîtres de St-Paul, Apocalypse. Arrivée des vétérinaires de Munster ; Forterre du IIe groupe, qui nous donne des nouvelles de Clément, Buffet, Thuileau, Fléchelle et de la Fortelle.

 

Mercredi 11. Alerte vers 6h. Pluie, neige fondue. 9h20, douches ? 11h, solde 23 L.M., en tout 52 L.M. Il pleut toute la journée. 15h, cours de psychologie, Lafon de Bordeaux. Gros arrivage de colis : 6 listes pour le block, mais rien pour moi (6 pour Khayatt). 14h, lettre de Duval de Ste-Honorine, peu encourageante : les prisonniers sont très bien. Alerte vers 21h. Les vétérinaires partiront demain dit-on. Nous faisons nos recommandations à Lucas.

 

Jeudi 12. Toujours de la pluie, temps froid humide. 11h, conférence du capt Vieillard : Moyens de transport, voyage en Afrique équatoriale, Elisabethville, avion, bateau ; il accompagnait un évêque en tournée d’inspection des vicariats en Afrique. Après-midi, je me décide à laver mon linge, mon pyjama, que j’ai d’abord fait tremper dans le Waschmittel, l’eau est froide. On prévient Lucas pour demain 9h ; nous lui faisons toutes nos recommandations.

 

Vendredi 13. Départ de Lucas. Il fait ses préparatifs et passe les barbelés à 9h15. Dernières recommandations et adieux émouvants. Il est parti, puisse-t-il …/…

 

 

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…/… rejoindre bientôt la Normandie. Nous ne sommes plus que 13 dans la chambre. 11h, conférence du lt Bricks ; une jeune paroisse des faubourgs de Paris, St François d’Assise, rue du général Brunet. Au courrier, lettre de Simonne du 24 novembre. Vu Silvain à l’infirmerie avec un panaris au pied. 16h, cours d’instruction religieuse par le R.P. Vicaire sur la morale : obligation, bien et mal, la vertu (très belle conférence).

 

Samedi 14. Il a gelé cette nuit, du soleil toute la journée. A 8h, coiffeur. Appel exceptionnellement à 10h50. Punition du commandant Piquet Pellors. 11h, conférence du coll de Cassagnac sur les vins d’Alsace et Cognac. Le matin de bonne heure, je lave mon linge qui arrive à sécher à peu près, mais il gèle quand je l’étends. Vu Silvain à l’infirmerie. Le Rotary l’a prévenu qu’un camarade de Poitiers Mergault était au camp Bl. II, 3e Cie. On m’annonce un colis pour lundi 15h15.

 

Dimanche 15. Très beau clair de lune, il a gelé assez fort et beaucoup de glace le matin. Messe combles 115 à 8h30, capt Laurent. Nous touchons une carte à envoyer demain, le bruit court que le courrier va être règlementé. Appel à 13h. 13h30, réunion des Bas-Normands Bl. V, vu 2 hommes récemment arrivés, un de la rue Haute, l’autre de Mézidon. Matinée sous le hall (il fait gelant), une pièce Mithridate. La chorale dans « la Bataille de Marignan ». Une revue : Oflagrant délit. Pas mal. Il a gelé toute la journée : mais du soleil. Alerte dès 20h.

 

Lundi 16. 3 alertes dans la nuit. Il gèle fort. Le matin beau soleil, froid sans vent. 11h, conférence du lt Delage : l’organisation professionnelle en France, loi du 18 août 1940. Envoi d’une carte à Simonne. Le Trait d’Union annonce le contrôle et la restriction des lettres colis à partir du 1er janvier 1941. Je touche un colis du Rotary …/…

 

 

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…/… (pain d’épices, confitures, gâteaux secs, 4 chocolats, tabac, cigarettes). J’ai vu Mergault, rotarien de Poitiers (vins), chambre 91 Bl. II, capitaine d’artillerie. Avec Silvain cela fait 3 Rotariens au camp. Reçu une carte de maman du 2 décembre. Alerte à 22h. Lecture de la brochure de Charles Reibel de la commission de l’armée : Comment l’armistice a été signé.

 

Mardi 17. Le vent a tourné. Il a moins gelé, mais vent glacial. Note officielle sur le régime des lettres et colis à compter du 1.1.41 : 2 cartes et 2 lettres par mois au départ et à la réception. Par contre 4 colis de 5 kg par mois. 15h, conférence de Brasillach sur le cinéma 1914-1940. Cinéma parlant est du théâtre en conserve. Au courrier lettre de mère du 4 décembre. 16h15, instruction religieuse : Vieillard, Théologie dogmatique, mystère de la Trinité ; par qui et comment ce mystère a été révélé. Il tombe de la neige. Au courrier, lettre de Claude du 1er décembre, on m’annonce 2 colis pour demain.

 

Mercredi 18. Neige cette nuit ; le matin soleil et pas de vent, température agréable, mais à 12h, temps gris qui sent la neige. Le lt Oudry, qui s’était évadé hier est paraît-il repris à Trèves. Le matin attente ¾ heures à la porte des douches qui n’ouvrent que plus tard. J’abandonne. 14h, reçu lettre de Simonne du 3 décembre. 14h30 colis de 5 kg de Simonne. 15h30, colis de 1kg de Denise. 16h30, je vais avec Mergault voir Silvain à l’infirmerie. 20h, reçu lettre de Simonne du 3 décembre.

 

Jeudi 19. Lever 7h, douche froide aux lavabos, puis messe à 8h30. Il neige toute la matinée. Appel dehors, néanmoins pour les blocks I et II. 11h, conférence dur l’X par le capitaine Monin. A 14h, annonce d’un colis pour demain 15h. 16h15, conférence de Cassagnac : Armagnac et vins de l’Adour ; conclusion sur les buveurs d’eau : anormaux. …/…

 

 

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…/… infirmes, hypocrites, impuissants ! Alerte des 20h30. Nous recevons chacun 3 cartes imprimées à envoyer pour prévenir de la restriction des lettres et colis. Les lettres adressées aux prisonniers le seront sur formulaires spéciaux envoyés par le prisonnier à sa famille. Pour les colis, des étiquettes adresses.

 

Vendredi 20. Très froid cette nuit, neige fondue sur les rues a gelé et la neige tient. 11h, paiement de la solde 20 L.M., reste 56 L.M. A 11h, conférence du cdt Asplanato sur Mistral. 15h, je touche un colis de Denise (pain d’épices, tabac, chocolat). 16h, cours d’instruction religieuse par le lt Vicaire : « La Volonté » vivre c’est chercher la béatitude, le salut. La volonté c’est le grand moteur de notre libre marche vers le bonheur. Il a gelé toute la journée. Nous touchons la carte avec coupon réponse nouveau régime, restrictions. On m’annonce un colis à toucher le 30 à 8h15 ; pendant ces 10 jours, ce sont les vacances de noël.

 

Samedi 21. 6 mois aujourd’hui que nous sommes prisonniers ! Et l’on nous annonce que nous n’aurons ni lettres, ni colis jusqu’à vendredi. Alerte ce matin à 7h, canonnade. Il a gelé très dur, et le matin un vent d’est violent souffle, glaçant les oreilles. A 9h, départ d’un officier alsacien-lorrain artilleur. Appel à 12h15 sur le Marchfeld au vent d’est : glacial. Après le déjeuner un peu de soleil dont je profite ; quelques lettres au courrier, mais jusqu’à vendredi nos gardiens sont en perme. 16h15, sermon d’Avent du R.P. Bonduelle. Nous aurons une messe de minuit ! et en France parait-il, la messe de minuit sera célébrée à 16h. Alerte dès 20h. J’ai reçu une carte de Dumonteil.

 

Dimanche 22. Au moins 4 alertes cette nuit dont la dernière à 7h. Il gèle toujours et très fort vent d’est glacial. Messe à 8h45 par le R.P. Vicaire. Appel 11h. Le vent souffle la neige à …/…

 

 

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…/… la figure. 13h30, réunion des Bas-normands au block V ; je n’y ai pas été n’en ayant pas été prévenu ; il y aura réunion le 1er janvier à la cantine avec les hommes. Vu le cdt Prigent. 15h, tirage de la tombola dont je n’ai pas pu avoir de billets.

 

Lundi 23. Alerte à 7h. Toujours du temps froid. Il gèle toute la journée et il vole un peu de neige. Appel à 11h et ramassage des cartes qui partent à la date d’aujourd’hui. Je monte dans la chapelle où il y a une crèche très bien. 16h, conférence de Brasillach sur Normale supérieure (canular Poldève) très amusant. On prétend que nous toucherons des lettres avant la fin de l’année. Le lt Hédouville passe dans nos chambres chercher des dons pour l’arbre de noël des hommes qui doit avoir lieu demain à 15h.

 

Mardi 24 décembre. Encore très froid -13° ou -14°, mais pas de vent et du soleil. Je vais à la messe de 8h après laquelle le R.P. Bonduelle fait une instruction, puis je me confesse à l’abbé Hache de la Seine-Inférieure. Appel à 11h. A 13h, instruction du R.P. Bonduelle ainsi qu’à 20h à la suite des complies. La messe de minuit n’aura pas lieu sous le grand hall, il fait froid ; il y en aura 2 autres aux combles 115 à 23h et 24h et une à 24h au block V écuries. Nous touchons une lettre et une carte avec réponse à envoyer vendredi dans la journée.

 

Mercredi 25. Noël Noël ! 0h messe de communion au block I combles 115 par le R.P. de la Rochebrochard, préfet des jésuites à Poitiers. Retour à la chambre. Réveillon ! A la même table : gâteau aux marrons, crème au chocolat confection Roger, gâteaux secs, dattes (chahut à 2h dans les couloirs). Lever 9h, il neige depuis 2h et toute la journée. Appel à 11h dans le couloir. Déjeuner : choucroute singe (poulet en gelée Rabaud) et crème vanille. 1 cigare à 50 Pf. Quel festin ! Il y a un an, je passai noël en famille. 15h arbre de …/…

 

 

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Décembre 1940

 

…/… noël pour les hommes sous le grand hall. Conte en vers, idiot, du Cdt Piquet Pellorce, orchestre.

 

Jeudi 26. Temps froid, la neige est toujours gelée. 10h, appel dehors pour notre block seulement. Quelques chutes de neige. 16h, conférence du lt Robichez sur « La Jeunesse de Racine », véritable coup de rasoir. C’est un professeur agrégé, je plains ses élèves.

 

Vendredi 27. Dégel et pluie, gadouille partout. Appel dans le couloir à 12h20. Envoi d’une lettre à Simonne et une carte à Claude et Philippe (avec lettre et carte réponse), mais nos cartes écrites le 23 sont toujours là. 16h, cours d’instruction religieuse par le R.P. Vicaire : les Passions, ce qu’elle est, sa place, passions de seule mentalité et passions de réaction : suivre la raison éclairée éduquée par la foi. Pas encore de courrier le soir. Les censeurs sont rentrés à 3 sur 10 et il y a toutes nos cartes du 23 à contrôler.

 

Samedi 28. Regel sur le dégel d’hier ; le résultat est superbe : verglas de première grandeur. Ayant mis mon linge à tremper hier, je me lève à 7h et je descends au lavoir à 8h, l’eau est froide et je reviens à 9h avec l’onglée. Appel 12h20 nominatif ; il fait froid. Courrier, 13 lettres pour toute la compagnie et rien pour moi ! 16h, demi-heure liturgique par le R.P. Bonduelle sur les fêtes et évènements liturgiques de la semaine. 16h30, demi-heure bibliographique par le capitaine Vieillard sur les livres religieux, missels, le christianisme. Redégel avec ses inconvénients.

 

Dimanche 29. Toujours dégel, mais beaucoup de vent qui de bonne heure, n’est pas chaud, car il y a un peu de verglas. Je vais à la messe à 8h15 et communie. Appel à 11h dans le couloir. A 13h30, je vais au block V pensant qu’il y a réunion des Bas-Normands …/…

 

 

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Décembre 1940

 

…/… mais rien ! Nous recevons à envoyer demain 9h15, 3 lettres vignettes pour les colis ; je les envoie toutes les 3 à Simonne. 20h15, alerte, pourtant quel sale temps. 23h, nouvelle alerte, bruit d’avions, 3 bombes aux environs (Soest). Vent et pluie.

 

Lundi 30. Pluie et vent toute la nuit et toute la journée ; pas moyen de mettre les pieds dehors. 8h15, colis de Simonne du 3 décembre : pain d’épice, chocolat aux noisettes, Virginie, sucettes, réglisse, dattes (on ouvre tout). Envoi à 10h des lettres vignettes. Pas encore de courrier à 14h (15 lettres pour la compagnie). 16h15, conférence sur « Expédition dans le Ténéré » par le cdt de la Maisonneuve (saharien) 2 700 km en 2 mois, chameaux faisant des étapes de 15 jours sans boire. Toujours la pluie et une boue effarante.

 

Mardi 31. Brusque changement de temps la nuit. Regel et abondantes chutes de neige, qui continuent le matin. Vu Mercier sortant de la visite : il a de l’emphysème. Enfin du courrier pour ce dernier jour de l’année : 2 lettres de Simonne du 6 et du 18 décembre. 1 lettre de R. Le Maitre du 1er décembre. 19h, office de fin d’année aux combles 115. Allocution du lt Geoffre, chants du Miserere, Magnificat, De profundis et complies.

 

Ainsi finit une triste année et se lève l’espoir d’une aube nouvelle pour l’année qui va commencer ; sera-ce l’année qui verra le rétablissement de notre chère France, notre libération et notre retour près des chers nôtres ?...

 

(La suite de ces notes se trouve dans mon carnet à couverture verte.)

 

 

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Renseignements sur la marche des opérations

 

Le 21e C.A. du 13 mai au 22 juin 1940

 

1ère Phase. Le 13 mai, le C.A. avec 3 divisions vient boucher le trou creusé par la défection des 35e et 71e D.I. au sud de Sedan.

 

2e Phase. Jusqu’au 23 mai, violents combats locaux (Stonne, La Besace). Le C.A. cède du terrain sur sa gauche tandis que la 1ère D.I.C. tient à sa droite. Le C.A.C. entre alors en secteur à la gauche du 21e C.A. et prend à sa charge le sous-secteur ouest. Le C.A. tient avec la 2e D.I. le front depuis Oches jusqu’à la Meuse.

 

3e Phase. Le front précédent est tenu en gros jusqu’au 12 juin. A cette date un repli sur la L.P.R. d’armée (front du 13/6) après arrêt retardateur sur le front du 12/6. Le mouvement s’effectue en ordre, mais par suite de l’avance ennemie à la gauche du C.A. (C.A.C.) la L.P.R. est à son tour abandonnée et la retraite continue.

 

4e Phase. Elle s’accélère de jour en jour (front des 14-15 et 16) et commence à s’infléchir vers l’est par suite de la poussée des forces ennemies qui ont percé à la gauche du C.A. sur le C.A.C..

 

5e phase. Le rabattement de la gauche du C.A. s’accentue (front du 17/6 et l’encerclement s’amorce (front des 18-19-20).

 

6e Phase. L’encerclement est maintenant complet (front du 21) et la poche ne fera que se resserrer jusqu’au moment de la capitulation.

 

 

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Ordre de Bataille pendant la même période d’ouest en est

13 mai -         36e D.I.                3e D.I.M.             6e D.I.C.               1e D.I.C.               18e C.A.

                        Gal Aublet      Bertin Boussus          Carles                Roucaud                  Doyen

 

                        En face          1er Panzer D             10e D.M., puis 36e D.I. et 24e D.I.

 

 

25 mai -         C.A.C.                  6e D.I.                  1er D.I.C.              18e C.A.

                  Gal Freydenberg     Gal Lucien       (la 6e DI remplace la 6e D.I.C. – le C.A.

                                                                          Perd sa division de gauche)

 

14 juin -         C.A.C.                  6e D.I.                  3e D.I.C.               R.F.V.

                  Gal Carles                                                                           Dubuisson

 

 

15 juin -         C.A.C.                  35e D.I.                6e D.I.            3e D.I.C.            R.F.V.      Le 21e C.A. devient

                                                  Decharme                                                groupement Flavigny absorbe le G.U. voisin

 

Jusqu’au 22 juin situation confuse par suite de la déroute. Le R.F.V. est redevenu autonome.

Le 22 juin le groupement Flavigny comprend : C.A.C. – 3e D.I.C. – 3e D.I.N.A. (Gal Mast) récupérée in extremis.

En face :        212e I.D. allemande              24e I.D. allemande           seules identifiées.

 

 

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Renseignements complémentaires

 

Vers le 10 juin le général Freydenberg quitte le commandement du C.A.C. où il est remplacé par le général Carles qui commandait la 6e D.I.C. et a été nommé chef de la IIe armée à la place du général Huntzinger (nommé commandant du groupe d’armée à la place du général Billotte, tué dans un accident d’auto).

 

-Le 12 juin. Au petit jour, le décrochage commence. L’escadrille du C.A. – 8 sur 9 des Potez 63 sont hors d’état. L’un d’eux abattu en flamme près de Sedan, les autres rentrés criblés d’éclats. Le seul avion restant se multiplie en missions photos et reconnaissances.

 

-Le 13 juin. La basse-Seine est franchie. Rouen prise – Paris sous la menace. La radio allemande annonce la chute de Reims et Soissons.

 

-Le 14 juin. On apprend que l’E.M. de la IIe armée s’est replié sans crier gare presqu’au sud de Dijon, nous sommes sans ordres et sans nouvelles de la IIe armée.

 

-Le 16 juin L’encerclement a progressé, l’ennemi converge de 3 côtés en direction de la Meuse venant de l’ouest, au-delà de la ligne Maginot qui vient d’être évacuée ; venant de l’est et débouchant de Verdun au nord.

 

-Le 17 juin. L’E.M. de la IIIe armée, général Condé est à Gérardmer ainsi que l’E.M. de la Ve armée, général Bourret.

 

-Le 21 juin au soir, alors que nous sommes faits prisonniers à 19h au bois du Fey, le général Flavigny, à Vaudémont radiotélégraphie à l’armée « Nous sommes encerclés de toutes parts ». L’armée répond « Sommes dans situation identique, sommes de tout cœur avec vous » (général Condé).

 

 

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Convention entre le général Flavigny et le général Hube.

 

« Entre le général Flavigny, commandant le 21e C.A. français et le groupement 21e C.A. et C.A.C. dans la région de Vaudémont et le général Hube commandant la 16e D.I. allemande et représentant le Haut commandement allemand.

La convention suivante a été arrêtée le 22 juin 1940.

1° En attendant la conclusion de l’armistice, une ligne de démarcation sera établie entre les troupes françaises et les troupes allemandes de manière à éviter tout incident. Cette ligne sera définie comme suit : Sortie NE de Praye, point cote 303 (700m de Praye) embranchement des routes Praye-Forcelles et Praye-Housséville, par la Censé Rouge, They-s/Vaudrecourt route They-s/Vaudrécourt-Dommarie -Eulmont – moulin de la forge – Thorey, route de Thorey-Ognéville jusqu’à l’embranchement du chemin de la ferme de Narmont, point cote 316 (1 km N.O. de l’église d’Etreval) embranchement 500m S.O. de l’église de Vroncourt, lisière nord de la zone boisée de Han, embranchement des chemins de terre 1 km N de l’église de Praye-s/Vaudrémont (la ligne définie ci-dessus aux troupes françaises).

2° Les troupes allemandes qui ont pénétré dans cette zone, l’évacueront le 23 juin à 6h, heure allemande.

3° Les troupes françaises conserveront leur organisation, leur commandement, leurs armes, leurs équipages et leurs bagages puis seront soumises aux conditions de l’armistice.

4° Aucun acte d’hostilité ne sera fait de part et d’autre.

5° Toute question relative à l’application de cette …/…

 

 

AD14 151J/5 n°079b

 

…/… convention, au ravitaillement et aux évacuations, feront l’objet d’accords particuliers entre le général Flavigny et le général Hube.

6° La présente convention entrera en vigueur le 23 juin à 6 heures (heure allemande).

Fait au quartier général                                                                                         Fait quartier général

de Vaudémont                                                                                                          de la 16e D.I.

Le général Flavigny cdt le                                                                                       Le général Hube cdt

21e C.A. et le groupement 21e C.A. et C.A.C.                                                       la 16e D.I.

 

 

AD14 151J/5 n°080a et b

 

Opérations du 21e C.A. du 23/5 au 21/6 1940

 

 

 

AD14 151J/5 n°081a

 

Itinéraires et stationnement de la 3e batterie du 43e R.A.D.

 

Du 11 mai au 21 juin 1940

11 mai. Les Eparges – Fresnes – Ville-en-Woëvre – bois de Braquis (bivouac)

12 mai. Bois de Braquis – Warcq – Etain – Rouvres (bivouac)

14 mai. Rouvres – Etain – Morgemoulin – Gincrey – Maucourt – Ornes – Gremilly – Azannes – Soumazannes (bivouac)

15 mai. Azannes – Damvillers – Remilly – Fontaine-St-Clair – Milly – Lion-devant-Dun (position anti char)

16 mai. Lion-dev.-Dun – Charmois – Baalon – Stenay – Bronelle – Bois de Bronelle (position anti char)

22 mai. Bois de Bronelle – Stenay –Laneuville – Beauclair – Bois de Nouard (bivouac)

23 mai. Bois de Nouard – Beauclair – Beaufort (position de bries)

7 juin. Beaufort – Beauclair – Champy-Haut – Champy-Bas – Belval-Bois-des-Dames – Ferme Bellevue et bois (position de bries)

10 juin. Bois de … Fossé – Bois de la Folie – Bayonville (position de bries)

11 juin. Bayonville – Remonville – Bantheville – Romagne-sous-Montfaucon (position de bries)

12 juin. Romagne – Gesnes-en-Argonne – Epinonville – Véry – Cheppy – Vauquois (position de bries)

13 juin. Vauquois – Boureuilles – Neuvilly – Aubréville – Parois – Forêt de Hesse (position de riBes)

14 juin. Forêt de Hesse – Récicourt – Brocourt (position de bries)

15 juin. Brocourt – Jubécourt – Ville – Julvécourt – Ippécourt – St-André-en-Barrois – Bois de Moineville (bivouac).

16 juin. Bois de Moineville – Heippes – Neuville – Longchamp – Pierrefitte (bivouac) – Rupt-devant-St-Mihiel …/…

 

AD14 151J/5 n°081b

 

…/… Koeur-la-Grande – Koeur-le-petite – Sampigny – Mecrin – Pont-sur-Meuse – Boncourt – Bois de jurieu (bivouac)

17 juin. Bois de Jurieu – Vignot –Euville –Vertuzey – St-Germain (bivouac – puis position de brie)

18 juin. St-Germain – Blenod – Colombey-les-Belles – bois d’Allain (bivouac – puis position de brie)

19 juin. Bois d’Allain – Crepey – Germigny – bois du Fey (route de Germigny à Viterne) (bivouac)

21 juin. -   - capture – déplacement dans bois du Fey

22 juin.  Bois du Fey – Thelod – Parey – Houdelmont – Autrey – Ceintrey – Nancy

 

24 juillet. → vers l’Allemagne

Nancy – Jarville – Dombasle – Rosières – Blainville – Mont-s/Meurthe – Lunéville – Avricourt – Sarrebourg – Saralbe – Sarreguemines – Frontière Bliesbrück – Hombarg – Bingen – Coblence – Cologne – Solingen – Haspe – Hagen – Soest.

 

 

AD14 151J/5 n°082a

 

Copie des certificats délivrés en captivité

 

6e Division d’infanterie

43e R.A.D.           Attestation

               Le lieutenant-colonel DEBROISE, commandant le 43e R.A.D., certifie que le capitaine LECONTE était présent au régiment pendant la période du 10 mai au 22 juin 1940, qu’il a pris part aux opérations de guerre de cette unité, qu’il s’est constitué prisonnier en raison d’un ordre de la D.I. (verbal) et dirigé de la région de Thelod – Bois du Fey sur Nancy où il a été interné le 22 juin 1940 vers 16heures.

               L’intéressé n’a pu récupérer sa cantine et ses bagages personnels.

               Il a dû remettre à l’ennemi : armes, harnachement et équipement.

               Cet officier n’a pas reçu l’indemnité de combat à laquelle il avait droit pour la période du 10 mai au 22 juin 1940.

Fait en captivité, le 30 juin 1940

Le lt-colonel DEBROIS

Signé : Debroise

 

 

AD14 151J/5 n°082b

 

 

43 RA

1er groupe

Le sous-lieutenant Bonhomme, officier de détails du 1er groupe du 43 RA

43, certifie que le livret de traitement de la Légion d’honneur du capitaine Leconte resté dans la caisse de comptabilité du groupe, a été pris par des Allemands dans le Bois du Fey, le 21 juin 1940. Cet officier n’a pas perçu le traitement du 2e semestre 1939 et du 1er semestre 1940.

Nancy, le 30 juin 1940

Signé : Bonhomme

 

Le chef d’escadron Stievenard

Cdt le 1/43

Signé : Stievenard

 

Certifié le 1er juillet 1940

Le lt-colonel cdt le régiment

Signé :  L Debroise

 

 

AD14 151J/5 n°083a

[Page vierge]

 

 

AD14 151J/5 n°083b

 

Article sur la VIe Division d’Infanterie

Par le lt Dubois, officier de liaison du 119e R.I. à l’I.D.6

(Prisonnier Oflag 13 A)

Extrait du journal du Trait d’Union du 7 août 1941

 

IN MEMORIAM

 

Ce dernier printemps fut si long à venir - le 5 mai les stalactites de glace ne pendaient-elles pas encore aux gouttières de nos baraques ? – nous a ramenés invariablement vers l’autre printemps, le printemps 1940. L’hiver aussi avait été long et rude, et tout à coup, vers la mi-avril, il jeta son manteau de feuilles rousses et d’herbes gelées et la grande plaine de Woëvre, où nous reposions entre 2 secteurs, se mit à luire, toute verte sous le soleil.

 

L’aube du 10 mai nous trouva en route vers Sierck « le plus sale secteur de la ligne Maginot » disait-on ; hélas ! nous devions en connaître de pires à l’écart de la belle ligne où s’abritaient nos illusions ou nos inquiétudes. Aube lumineuse et fraîche, peine de promesses. Un demi-sommeil rempli de coups sourds, de vrombissements d’avions, de cris joyeux d’enfants « Il l’a, il tombe ! » et deux heures plus tard, par la fenêtre ouverte, l’annonce de l’entrée en Belgique et en Hollande – 10 tués aux usines d’Homécourt. La « drôle de guerre » était terminée.

 

Changement de direction. La petite ville de Piennes, noire de réfugiés belges et luxembourgeois, la poussière, les appels de femmes et d’enfants et toujours ce soleil brûlant en avance d’une saison - 14 mai : embarquement pour la Meuse, autobus calcinés, « Junkers » volant à flanc de coteaux, au ras des collines – Dun-s/Meuse, Mouzay, Stenay, l’abcès de Sedan se vide ; civils, chariots et soldats confondus ; courage, nous arrivons !

 

 

AD14 151J/5 n°084a

 

Et c’est l’enfer des bois d’Inor et du Ligant, Olizy-sur-Chiers. 2 divisions superposées sur 4 km de front. Les 2 adversaires se pilonnent sans arrêt. Attaques et contre-attaques se succèdent sans beaucoup de résultats. Un seul abri, les bois où les bataillons fondent les uns après les autres. Le 22, c’est la relève, et quelle relève : 100 km à pied vers l’Argonne où, renforcés nous tiendrons un nouveau secteur. Depuis le 4 juin la vague déferle d’ouest en est, arrachant les digues légères sans profondeur aucune. Elle nous atteint le 9. Le 10 au soir, nous n’avons pas perdu un pouce de terrain et c’est alors qu’arrive l’ordre de repli. 20 km seulement sur une « position préparée d’avance ». Il parait que le front est crevé en Champagne. Et nous qui tenions si bien, en pleurerait mon lieutenant !... »

 

Cette position, nous ne la connaitrons jamais, nous en changeons chaque soir, réglés par l’avance qui se poursuit à 10 lieues, à notre gauche, sous la protection des « bouchons » qui s’accrochent au terrain, marches épuisantes d’un « doigt de gant » à l’autre, dont on sort chaque fois par miracle, pour aboutir à la reddition du 22 juin, 20 km au sud de Nancy.

 

Pour moi, dans mon exil, je pense à ce bataillon de mon régiment qu’une contrattaque avec chars avait porté un soir sur une croupe dénudée. A l’aube, des tirs d’artillerie d’une violence inouïe le rejeta sans protection, sans abris sur l’orée des bois, 300 m en arrière.

 

« Ledrapier vivant, il n’est pas possible que son bataillon recule ! » s’écriait le général, et quelques instants plus tard il apprenait la mort du commandant Ledrapier, jadis instructeur à St-Cyr, mais en même temps que lui 13 officiers sur 14 …/…

 

 

AD14 151J/5 n°084b

 

…/… manquaient à l’appel, tués ou blessés. Le seul survivant, le capitaine Prigent tenait encore avec une poignée d’hommes sous un feu d’enfer 3 jours et 3 nuits sur sa position. Lorsque je lui apportais à son P.C. (un trou d’obus) la citation à l’ordre de l’armée de son bataillon, il me confia « J’ai fait le chemin des Dames et Verdun, je n’ai pas connu pire, ah ! les braves enfants ! » et il éclata en sanglots.

 

Je pense à tous les autres, à Lefebvre qui commandant une C.A. mourut en chargeant à la baïonnette, à la tête de sa 3 section de commandement contre un nid de mitrailleuses, à mon camarade René de Tramond, si fier l’hiver précédent de sa section franche à laquelle il veillait ou patrouillait dans la neige en avant de la forêt de la Houve ; aujourd’hui il repose dans le petit cimetière de Vaux-en-Dieuilet, près du village en ruines. Un bel après-midi de juin sa patrouille rencontra des éléments de reconnaissance adverse, il s’élança comme un fou à la tête de ses hommes et fut criblé 20 mètres plus loin par une rafale de mitraillette. Et oui, comme en 14 !..

 

Je pense aux 1 000 morts de la 6e division, à ceux aussi nombreux de nos voisins : 1ère D.I.C., 3e D.I.N.A., 3e D.I.C., 35e DIv, aux 100 000 morts de la France, à tous ceux qui partirent le 1er septembre 1939 pleins d’espérance, dans la foi qu’ils combattaient pour la liberté de la Patrie, à tous ceux qui n’ont pas connu la défaite mais dont les familles paient aujourd’hui doublement la nôtre. Non ! si la France se ressaisit et demeure derrière ses chefs, il n’est pas possible que leur sacrifice ait été vain.

 

Le sort des armées ne décide pas toujours seul de la victoire, il est des défaites qui sont inscrites dans la vie d’un peuple avant …/…

 

 

AD14 151J/5 n°085a

 

…/… même que la guerre n’éclate, notre désastre, aboutissement logique d’une longue période de désarroi moral et social, pouvait en engendrer de pires encore : le pouvoir aux mains d’aventuriers, la révolution matée avec les mitrailleuses du vainqueur.

 

               Nous n’avons pas connu 2 fois le miracle de la Marne, mais nous avons eu le miracle Pétain. Il appartient au destin de la France, de descendre périodiquement aux limites même du néant, et puis de s’en écarter, parce que jaillit chaque fois la petite étincelle issue de son génie même, Jeanne d’Arc, Henri IV, Pétain…

 

               On a reproché au gouvernement de la France vaincue 9 mois de tâtonnements. Aujourd’hui la France suit une politique. Cette politique il ne nous appartient pas de la juger ; sur le plan sentimental elle peut plaire ou déplaire sur celui des réalités il n’est que d’acquiescer.

 

               Nos chefs sont les meilleurs que nous puissions avoir. L’amiral Darlan, qui détient 4 portefeuilles dans le gouvernement français, est un militaire et un marin, il représente une classe qui n’a trempé dans aucune politique, une arme qui n’a pas subi la défaite. Le Maréchal Pétain et lui possèdent le maximum d’informations sur la situation véritable de l’Europe et ils portent en même temps la responsabilité du pouvoir. Si notre critique pouvait s’exercer avant 1940 c’est que nous subissions seulement des courants- et des remous politiques. Aujourd’hui nous sommes dirigés pour le seul bien de la Patrie. Nous n’avons plus droit à la discussion. Nous suivons nos chefs vers le destin nouveau qu’ils forgent pour la France.

 

 

AD14 151J/5 n°085b

[page vierge]

 

 

AD14 151J/5 n°086a

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AD14 151J/5 n°086b

 

Liste d’Adresses

 

Arthus Bertrand 46 rue de Rennes, Paris 6e A

Amadieu 126 Bd Montparnasse 14e

 

B

Bastid Charles 87 rue Reaumur Paris (bas de soie)

                              et Vals-les-Bains

Brevedent de Bernard Genneville par la Rivière-St-Sauveur (Calvados)

Bataille 21 rue Mirabeau, Roubaix (33e brie 27 RA S.P. 83)

Boussard 1 rue Dupanloup bibliothécaire à Orléans (cousin Malfilatre)

Boitet 41 rue Madame

 

C

Colvée 135 rue Blouet 15ème, Vaug. 17.91

Cherche-Midi 71 rue du 6e A, Littré 06.22

Clair 79bis rue du Maréchal Foch, Versailles

 

AD14 151J/5 n°087a

 

D

 

E

Fleury 28 rue Hoche 8e A

 

G/sell Bottier 10, rue des Dominicains, Nancy

Guillemin 21 rue du Cherche-Midi, Paris

 

AD14 151J/5 n°087b

 

H

Imbert et Contassot Aubenas, Ardèche (marrons) de la part de Charles Bastide

 

J

 

K

 

L

 

AD14 151J/5 n°088a

 

M

Moreno 43 avenue Thiers, Nice (Usine à gaz)

De Montlivault Armand Les Bordes, Gennetines (Allier)

Motte-Lepoutre Edouard 7 rue Henri Bossuet, Roubaix

Mauviel Docteur ses parents à Villedieu-les-Poêles

 

N

 

 

AD14 151J/5 n°088b

 

Orliaguet 52 rue de Bondy, Paris 10e A

 

P

 

Q

 

R

 

 

AD14 151J/5 n°089a

 

Scherrer 2 rue Girardet, Nancy

 

T

 

 

AD14 151J/5 n°089b

 

U

 

V

du Vignaux 19 rue Dareau, Paris 14e A (paroisse derrière barbelés)

 

 

AD14 151J/5 n°090a

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AD14 151J/5 n°090b

[page agréentée de deux images chocolat Nestlé]

 

 

AD14 151J/5 n°091a

[page agréentée de cinq images chocolat Nestlé]

 

 

AD14 151J/5 n°091b - AD14 151J/5 n°113a

[Almanach allemand année 1940]

 

Annotation « Prisonnier de guerre » sur calendrier de l’année 1940 à la date du vendredi 21 juin : AD14 151J/5 n°112b

 

Annotation « Retour à Caen » sur calendrier de l’année 1941 à la date du dimanche 17 août : AD14 151J/5 n°113a

 

 

 

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