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René Verney un médecin normand dans la grande guerre (43e RAC, 74e et 24e RI)
16 avril 2017

5e Division d'infanterie, Chemin des Dames et mutineries (printemps 1917)

 

 

Dans ses mémoires rédigées avant 1939 et récemment publiées, le colonel Maurice Besnier (Caen 1879 - Caen 1970) alors commandant à la 5e Division d'infanterie, décrit et analyse avec clairvoyance la crise qui caractérise les "mutineries de 1917" qui se déroule entre le 28 mai et le 5 juin au sein de son unité qui regroupe les 129e, 36e, 74e et 274e RI. Le 43e RAC, son artillerie divisionnaire, n'est pas citée et ne semble pas impliquée dans ce mouvement collectif aux dramatiques conséquences. Nous proposons ici d'en mieux cerner le contexte qui met parallèlement en valeur l'implication du régiment d'artillerie dans l'offensive "Nivelle" déclenchée le 16 avril 1916 sur le Chemin des Dames.

 

Colonel Maurie Besnier "Souvenirs de guerre 1914-1918." Edition Claire et Dominique Bénard, 2014, voir p. 283-305 

-contact avec l'éditeur : clairebenard@mac.com

 

L'offensive Nivelle sur le Chemin des Dames est lancée le 16 avril 1917 à 6 heures du matin. Elle a comme objectif de percer le front en 48 heures sur 40 km, entre Soisson et Reims. La stratégie adoptée repose sur l’effet de surprise et la puissance de l’artillerie, chargée de préparer la rupture par la destruction intensive des 1ère et 2èmes lignes ennemies et d’accompagner une rapide avance de l’infanterie par un feu roulant.

 

Sont mobilisées la VIe armée (général Mangin) et la Ve  armée (général Mazel), chargées d’enlever la totalité des positions ennemies et d’exploiter leur succès en direction du plateau de la Malmaison. La Xe armée (général Duchêne), placée au contact de ces deux dernières en tant qu'élément du Groupe d’armées de réserve G.A.R. (général Micheler), doit déboucher aussitôt la rupture accomplie et poursuivre immédiatement en direction du Nord-est vers Nizy-le-Comte, Montcornet, Froidmont-Cohartille.

 

Les troupes de la 5e division d'infanterie (36e, 74e, 129e et 274e RI) arrivent sur le secteur du Chemin des Dames le 13 avril, mais privées de leur artillerie divisionnaire. La 5e DI est en effet intégrée au dispositif de réserve (G.A.R.), alors que le 43e régiment d'artillerie de campagne est depuis le 1er avril, mis à disposition du 6e corps d’armée et ainsi intégré au dispositif d'attaque dans le secteur situé au Nord-est de Chassemy.

 

.

Le 43e RAC mis à disposition du 6e Corps d'armée (1er avril-8 mai 1917)

 

 

Le 6e Corps d'armée est composé des 12e, 56e, 127e et 166e D.I, renforcées des 27e et 29e bataillons de tirailleurs sénégalais. Il déploie ses forces sur un front de 8 km depuis le Canal de l’Oise à l’Aisne à l’est de Soupir, passant par Chavonne au centre, et ce jusqu’aux limites de Vailly-sur-Aisne et Celles-sur-Aisne à l’extrême ouest.

 

Il est encadré sur sa droite par le 1er Corps d’armée Coloniale, renforcé dans un second temps par le 37e Corps d'armée et, sur sa gauche, par le 220e Corps d'armée.

 

JMO 66e compagnie d'aérostiers, SHD 1 A 238/4 (front au 21 avril - ligne Hindenburg)

(le 16 avril, le  front est positionné de part et d'autre de l’Aisne et de son canal entre Vailly et Pont-Acy)

 

Le 6e corps d'armée, installé dans le secteur depuis janvier, a vu la puissance de feu de son artillerie se renforcer progressivement. Les moyens dont il dispose début avril, témoignent de la place accordée à l'artillerie dans la préparation de l'opération. D'après le JMO du 6e CA il est ainsi doté de : 20 groupes d’artillerie de campagne (batteries de 75) ; 14 batteries d’artillerie de tranchée, 27 batteries de 155 courts, 10 batteries de 95, 9 batteries de 120 longs et 11 batteries de 155 longs.

 

Parmi les unités à sa disposition on peut citer : Artillerie de campagne - les 4 régiments d'artillerie divisionnaire organiques (A.D.12, A.D.56, A.D.127 et A.D.166), auxquels s’adjoignent l’A.C.11, l’A.D.133 et l’A.D.5 ; Artillerie de tranchée - batteries divisionnaires organiques renforcées par l'artillerie de tranchée des divisions du 18e corps d'armée ; Artillerie lourde - A.L.6, A.L.11 et divers groupes de la Xe armée (groupements courts du 110e R.A.L. ; 1er groupe de 155 long Schneider du 88e R.A.L., groupements courts  du 117e R.A.L.).

 

Il bénéficie enfin du soutien de plusieurs batteries d’artillerie lourde à longue portée (A.L.G.P.) disposant de mortiers de 270, 293 et 370.

 

Mortier de 293 mm Schneider, pièce d'artillerie lourde à grande portée (A.L.G.P.),

61e batterie du 25e groupe du 3e R.A.P. Chassemy (Aisne) bois du Fer à cheval, avril 1917 (Album R. Verney p. 153)

 (voir SHD - JMO 37e RAL 21e batterie 26 N 1085/33)

 

L’A.C. 6 bénéficie en outre de l'appui de l’Escadrille 7 (SOP 7), et des observateurs de la 42e compagnie d’aérostiers (points d’ascension Vauxéré puis Dhuizel du 1er au 15 avril), enfin de la 66e compagnie d’aérostiers (point d’ascension à Saint-Mar, face à Soupir du 16 au 30 avril).

 

Les trois groupes du 43e RAC prennent position dans la nuit du 2 au 3 avril de manière indépendante :

 

-Le 1er groupe (commandant Garnuchot) est mis à disposition du groupement de droite sous les ordres du Lieutenant-colonel Petrini Poli (soutenant la 56e D.I.). Il est positionné sur la partie sud de la croupe de Madagascar au nord de Bourg-et-Comin.

 

-Le 3e groupe (commandant Berntzwiller) mis à disposition de l’A.D.166, est en position au nord-ouest de Brenelle (accompagnant l’offensive de la 127e D.I.) voir la Restitution du journal de marche de René Verney (11 clichés).

 

-Le 2e groupe (commandant Malraison) prend position dans les carrières de la ferme des Boves et les champignonnières dans le ravin à l’est de Chassemy. Il est quant à lui rattaché au groupement B de l’artillerie de corps (A.L.6, unité crée le 20 février 1916), placé sous le commandement du chef d’escadron du 43e RAC, le lieutenant-colonel Aymar qui  a également sous ses ordres :

 

     -le 1er groupe du 11e régiment d’artillerie lourde, pièces de 95 (commandant Perney)

     -deux batteries de position du 52e bataillon du 11e R.A.P., une de 95, une de 155 (Lieutenant Rochette)

     -le 1er groupe du 106e régiment d’artillerie lourde, pièces de 105 (commandant Didiot)

     -le 2e groupe du 106e régiment  d’artillerie lourde, pièces de 120 (commandant Coquegniot)

     -le 5e groupe du 106e régiment d’artillerie lourde, pièces de 155 (commandant Matheron)

     -le 5e groupe du 101e régiment d’artillerie lourde, pièces de 155 (commandant Roure)

     -le 1er groupe du 88e régiment d’artillerie lourde, pièces de 155S (commandant d’Argy)

 

Les tirs de destruction des 1ères et 2èmes positions ennemies par l’artillerie se déroulent du 7 au 14 avril. Le JMO du 6e CA comptabilise, pour cette préparation sur les 80 km2 du secteur, un total de 440 000 tirs de projectiles en 8 jours : 306 900 tirs d’artillerie de campagne, 88 200 tirs d’artillerie lourde et 45 200 tirs d’artillerie de tranchée. A elles seules les 12 pièces de 75 du 3e groupe du 43e effectuent 15 000 tirs.

 

 

La tentative de rupture du front (16 au 21 avril)

 

Au cours de l’offensive qui se déroule du 16 au 21 avril 1917, les hommes du 6e corps d'armée, à partir de leur base de départ concentrée sur 3,5 km entre Moussy-Verneuil et Chavonne face au plateau de la Croix-sans-tête, vont au prix de très lourdes pertes (3 250 tués, blessés et disparus), non seulement progresser de 6 km vers l'ouest le long de l'Aisne jusqu'à Vailly-sur Aisne mais également opérer une avancée de 3,5 km en profondeur. S'ils franchissent les premières et deuxièmes lignes allemandes et occupent progressivement les villages de Braye-en-Lannois Ostel et Aizy-Jouy, la progression s'achève au plus près de la ligne Hindenburg, au pied du chemin des Dames. Ici comme ailleurs entre Soissons et Reims, l'offensive Nivelle est un échec.

Le 6e corps d'armée, conformément au plan d’action n°1383/3 du 30 mars 1917, met en ligne durant les nuits du 5 au 7 avril entre Soupir et Chavonne les 56e et 127e DI accolées, au pied de trois éperons puissamment défendus (les Grinons, le Mont-sapin et le Balcon) qui dominent les lignes françaises de plus de 100 mètres.

 

Positions de départ des unités de la 56e DI le 16 avril 1917 - SHD 26N366/2 - JMO 56e DI

 

Les allemands connaissent date et lieu de l’offensive, le temps est mauvais froid et neigeux, le terrain détrempé et bouleversé. Les lignes de défense allemandes sont constituées sur le plateau d'une organisation de cavernes souterraines reliées entre elles et communicant avec les défenses extérieures. L'intense préparation d'artillerie opérée depuis le 7 avril n'a que très partiellement réduit la puissance de feu ennemie notamment constituée d'un très grand nombre de minen et de mitrailleuses positionnés sur les crêtes du plateau.

 

Le 16 avril à 6h l'offensive est déclenchée. S'il est possible d'en suivre le détail à partir des JMO de chaque unité, corps d'armée, divisions et régiments (en dehors des JMO du 172e RI et 49e BCP manquants), nous en retraçons ici les grandes lignes.

 

Dès 6h45, d'après le JMO du 6e corps d'armée "il devient évident que le premier bond prescrit ne sera pas exécuté à l'heure prévue". Les unités engagées dans le premier assaut : 106

e RI, 132e RI (56e DI) et  355e RI, 25e BCP172e RI (127e DI) dont la progression durant toute l'attaque devait être de 100 mètres en 3 minutes, se trouvent bloquées sous le feu des mitrailleuses ennemies, et ne parviennent pas à franchir des réseaux de barbelés demeurés intacts.

 

Le 132e RI (56e DI) paie le plus lourd tribut, perdant en moins d'une heure son commandant le lieutenant-colonel Théron grièvement blessé ainsi que son adjoint le capitaine Gabet, alors qu'est tué le commandant Rivals chef du 2e bataillon (au soir ce bataillon ne comptera plus que 3 officiers présents sur les 12 requis).

 

 

  Soupir (Aisne) bois des gouttes d’or, premières lignes prises par le 106e RI les 16-17 avril 1917

Album R. Verney  p.176 et 177,  juin-juillet 1917

 

Bois des Gouttes d'or pris par le 106e RI les16-17 avril 1917

Album R. Verney p.170, juin-juillet 1917

 

A 8h 45 la progression est reprise mais aucune avancée notable n'est réalisée. A 9h 45 en exécution des ordres du général commandant l'armée (Nivelle), il est exigé de gagner du terrain "coûte que coûte en tournant les îlots de résistance". 

 

A 11 heures 30, il apparaît clairement que la tentative de rupture a échoué. Face à l’enrayement de la progression des Ve et VIe armées, ordre est donné à tous les éléments de soutien du 6e CA et aux renforts de la Xe armée de stopper tout mouvement en avant et de se maintenir en soutien sur les emplacements occupés.

 

Les combats se poursuivent jusqu'à la nuit par un mouvement tentant de prendre l'ennemi de flanc. Au soir ordre est donné de se maintenir au contact de l'ennemi sur les positions atteintes (2e lignes allemandes) et de pousser des guetteurs en avant.

 

Entre Soupir et le canal de l'Oise à l'Aisne (56e DI) :

 

-A gauche, le 132e RI très éprouvé (160 tués et 382 blessés), n'a pu progresser que de 300 mètres au pied du bois de la Bovette et le long du canal de l'Oise à l'Aisne.

 

-A droite, le 106e RI (51 tués, 170 blessés, 36 disparus) gravit les pentes du bois des gouttes d'or franchit trois lignes de tranchées et parvient à prendre pied sur le plateau.

 

Les 49e, 65e et 69e BCP sont placés en réserve des 106e et 132e RI et restent toute la journée sur les premières lignes allemandes.

 

Entre Soupir et Chavonne, 127e DI :

 

-A droite, le 172e RI a traversé le ravin de Cour-Soupir, parvenant à assurer la liaison sur la crête de la cuvette avec le 25e BCP à droite et avec le 106e RI (56e DI) à gauche.

 

-Au centre, le 25e BCP (45 tués, 205 blessés, 13 disparus) renforcé dans l'après-midi par deux compagnies du 29e BCP (18 tués, 62 blessés, 13 disparus) est parvenu à prendre le Mont-Sapin.

 

-A gauche, le 355e RI (65 tués, 125 blessés, 67 disparus) soutenu par un bataillon du 25e BCP a progressé jusqu'aux pentes des Grinons et parallèlement jusqu'à Chavonne dont il occupe la partie sud.

 

Le 27e BTS est en position d'attente dans les boyaux et tranchées du Mont-Sapin alors que le 29e BTS se place dans les tranchées Théron, des Passerelles, rocade sud et Ostel (15 tués, 53 blessés, 17 disparus).

 

Restitution de l'offensive sur le Chemin des Dames, 6e corps d'armée (16-21 avril 1916)

réalisée d'après les JMO divisionnaires et régimentaires

(Fonds de carte SHD - 26 N 826/16 - JMO 29e BCP et SHD - 26 N 408/006 - JMO 77e DI, Artillerie, 2e groupe)

Du 02 au 23 avril le 3e groupe du 43e RAC, accompagnant l'offensive de la 127e DI,

est positionné dans le ravin de Brenelle

(voir la Restitution du journal de marche de René Verney)

 

 

 

 

Le 17 avril l'attaque reprend à partir de 17h30, non plus sur tout le front mais en concentrant les efforts sur des points choisis et une progression générale vers le nord-ouest tentant de prendre l'ennemi de flanc. Celle-ci se poursuit toute la nuit durant laquelle les allemands entament leur repli sur la "Siegfried Stellung" ou ligne Hindenburg.

 

Entre Soupir et le canal de l'Oise à l'Aisne (56e DI) :

 

-A gauche, le 132e RI, est renforcé dès l'aube par le 69e BCP qui progresse le long du canal et dont une patrouille entre dès 4 heures du matin dans Braye-en-Lannois.

 

-A droite le 106e RI prend le bois de la goutte d'or et reçoit à partir de 17h30 le renfort  du 65e BCP qui prend le bois de la Bovette dont la lisière nord est atteinte durant la nuit.

 

Entre Soupir et Chavonne 127e DI :

 

-A gauche le 172e RI marche sur Cour-Soupir renforcé du 29e BCP qui prend l'ancienne carrière souterraine, relayant le 25e BCP placé le lendemain en réserve de division.

 

-A droite, le 355e RI atteint la lisière ouest de Chavonne soutenu par le 29e BTS qui prend d'assaut le plateau des Grinons et organise les positions conquises.

 

Le 27e BTS tient les tranchées du réduit du Mont-Sapin derrière le 355e RI, 25e et 29e BCP.

 

 

 

 

Le 18 avril, le retrait précipité des allemands durant la nuit favorise une avancée rapide des unités tout au long de la matinée suivant le même axe de progression vers le nord-ouest. A midi les objectifs assignés sont atteints avec d'importantes prises de matériel et de nombreux prisonniers. Parallèlement à l'ouest est recherché le contact avec les éléments de la 158e DI (37e CA).

 

Au nord de Soupir 56e DI :

 

-A droite,le 132e RI est regroupé en réserve relayé par les 65e et 69e BCP. Le 65e BCP s'établit dans la tranchée de Gallipoli, le 69e BCP est arrêté quant à lui sur les escarpements au nord du ravin de Braye face à la ferme Froidemont.

 

-A gauche, le 106e RI reprend le combat dès 3 heures sur la lisère nord du bois des Bovettes. A 5 heures la caverne de Coblentz est prise et le mouvement s'engage. Dès 11h 20, la 2e compagnie est entrée dans Ostel, des reconnaissances sont poussées jusqu'à la ferme Certeaux le régiment reste sur ses positions, il est désormais renforcé par le 49e BCP mis en réserve.

 

A l'ouest de Chavonne 127e DI :

 

-Au centre, la 3e compagnie du 29e BCP prend pied, dès l'aube, à la ferme de Cour-Soupir, puis le bataillon se dirige sur Folemprise en liaison constante avec le 172e RI jusqu'aux tranchées d'Andrinople et Bartan. A 17h30 des patrouilles sont dans Aizy. Le 27e BTS fait mouvement à partir de 14 heures en direction de la Pierre d'Ostel, Flolemprise, le soir il stationne aux abords de Rouge Maison dans les tranchées Flux, boyau Colibri et Corne N-E de la Fosse Marguet.

 

-A droite, le 2e bataillon du 172e RI atteint Cour-Soupir dès 6 heures, le régiment poursuivant sa progression jusqu'à la nuit tombante ce qui l'amène à dépasser la ferme Gerleaux.

 

-A gauche, le 355e RI prend Chavonne au petit jour. A 13h 15 plus de résistance allemande, la progression est rapide : à 17h30 est atteint la corne sud-ouest du bois des fosses sablières. Des détachements du 6e bataillon s'engagent dans Vailly. A la nuit tombante, une reconnaissance est poussée jusqu'à Jouy. Le 29e BTS placé en réserve du 355e poursuit sa marche en avant, s'arrêtant pour la nuit dans la creute des anciennes carrières de Rouge Maison.

 

Le 19-20 avril l'attaque se porte désormais vers le nord amenant les unités à avancer jusqu'à 500 mètres environ de la ligne Hindenbourg. Les unités de la 56e DI sont relevées dans la nuit du 19 au 20, celles de la 129e le seront dans la nuit du 20 au 21. A l'ouest est recherché le contact avec les éléments de la 158e DI (37e CA).

 

Au Nord de Soupir 56e DI :

 

-A droite, les 65e  et 69e BCP restent sur leurs positions. Ils sont relevés dans la nuit du 19 au 20 par des éléments du 67e RI (12e DI).

 

-A gauche, le 106e RI en liaison avec le 65e BCP, parvient à s'établir au nord de la Ferme Certaux et les trois bois à l'ouest de la ferme avant 13 heures. Le soir il est relevé par le 350e RI (12e DI).

 

Positions des unités du 350e RI le 20 avril 1917 pour la relève du 106e RI SHD 26N758/14 - JMO 350e RI

 

Au nord de Vailly 127e DI :

 

-A gauche le 172e RI en liaison avec le 106e s'établit le 19 au nord de la ferme Gerleaux et s'organise en profondeur. La relève est assurée dans la nuit du 20 au 21 par le 171e RI (66e DI).

 

-Au centre la 3e compagnie du 29e BCP est poussée le 19 au-delà du chemin Ferme Gerleaux-Aizy, le bataillon s'organise sur le terrain conquis et est relevé dans la nuit du 20 au 21 par le 19e BCP (66e DI)

 

-A droite, Le 355 RI progresse le 19 lentement vers Aizy et Jouy. Face à une forte résistance allemande, il ne parvient à occuper Aizy qu'à la tombée de la nuit. Le régiment prend un dispositif en profondeur, il  est rejoint dans la soirée par des éléments du 294e RI (166e DI) placés en réserve, ce régiment le relevant dans la nuit du 20 au 21.

 

Au petit jour du 19 le 29e BTS quitte le groupement du 355e RI et gagne Vailly pour nettoyer les organisations des bords de l'Aisne. Il y est rejoint à partir de 9h par le 44e RIT débarqué la vielle au soir sur les rives nord de l'Aisne. Ce dernier participe à la recherche de contact avec le 1er CAC dans le secteur de la ferme de Chantereine et passe le 20 avril aux ordres du 37e CA. Le 29e BTS se positionne ensuite aux Grands Riez et cantonne le soir dans Vailly.  Le 20 avril au matin, 233 hommes sont évacués pour gelures des pieds et des mains.

 

Le 2e escadron du 12e chasseur à cheval (56e DI) est mis à disposition de la 127e DI le 19 et reçoit l'ordre de gagner Vauxelles, de couvrir le flanc de la division et de chercher le contact du 37e CA à l'ouest vers les fermes de Chantereine et Colombe. A la fin de la journée, la liaison n'est pas encore totalement assurée. Le lendemain au lever du jour, l'escadron est en liaison avec le 224e RI vers la tranchée du Harpon. Le 27e BTS se porte le 19 sur les Grands Riez et cantonne la nuit à Saint-Précord au Nord-est de Vailly.

 

  

 Vailly-sur-Aisne (Aisne), Passerelle sur l'Aisne à l'usine électrique ;  Saint-Précord, avril 1917

Album R. Verney p. 154 et 155

 

L'offensive est désormais suspendue, s'achevant au pied du Chemin des Dames face à la ligne Hindenbourg puissamment renforcée. D'après le JMO du 6e CA, les 56e et 127e DI ont fait du 16 au 21 avril 1 941 prisonniers non blessés dont 31 officiers et 278 prisonniers blessés dirigés vers les ambulances. Les prises en matériel sont conséquentes : 40 pièces d'artillerie de 77 ou de 88, 17 pièces de 105, 15 pièces de 150, on dénombre également 46 minenwerfer, 64 mitrailleuses, 1 canon de révolver, 2 canon de 37, 6 caissons, de grandes quantités de munitions et de vivres, mais....

 

...la rupture du front annoncée n'a pas eu lieu malgré l'importance des pertes subies. Un échec qui aura des conséquences directes sur le moral des troupes et notamment sur des unités d'infanterie qui n'ont pas directement participé à l'offensive car placées durant près de deux mois en réserve et qui refusent, fin mai de monter en première ligne.


 

 

Les pertes du 6e corps d’armée en cinq jours : 3 250 hommes

 

D'après le JMO 6e CA : 669 tués dont 29 officiers, 2 137 blessés dont 49 officiers, 452 disparus dont 6 officiers. En ourtre 239 hommes du 29e Bataillon de tirailleurs Sénégalais ont été évacués pour gelures des pieds et des mains.

 

 Cimetière près de Soupir (Aisne), juin 1917 Album R. Verney p. 170

 

Pertes de la 56e DI d'après JMO 56e DI (période du 14 au 19 avril) : 1 502 hommes

 

106e RI : 92 tués dont trois officiers, 362 blessés dont 8 officiers, 64 disparus.

132e RI : 202 tués dont 11 officiers, 535 blessés dont 15 officiers, 24 disparus.

49e BCP : 2 tués, 22 blessés.

65e BCP : 19 tués, 79 blessés dont 1 officier, 3 disparus.

69e BCP : 16 tués, 80 blessés dont 1 officier, 2 disparus

 

Pertes de la 127e DI d'après JMO 127e DI (période du 16 au 21 avril) : 1 801 hommes

 

172e RI : 92 tués dont 3 officiers, 278 blessés dont 7 officiers, 45 disparus dont 1 officier

355e RI : 99 tués dont 3 officiers, 227 blessés dont 3 officiers, 45 disparus dont 2 officiers

25e BCP : 49 tués dont 2 officiers, 204 blessés dont 4 officiers, 204 disparus

29e BCP : 32 tués, 148 blessés dont 2 officiers, 22 disparus dont 1 officier

27e BTS : 21 tués, 72 blessés dont 1 officier, 47 disparus et 151 hommes évacués pour enflures aux jambes et gelures légères.

29e BTS : 43 tués dont 1 officier, 199 blessés dont 3 officiers, 133 disparus et 233 hommes évacués pour gelures des pieds et des mains.

Compagnie 26/5 du 10e Génie : 4 blessés

Compagnie 26/55 du 10e Génie :10 blessés

Artillerie divisionnaire : 2 tués, 5 blessés

12e escadron de chasseurs : 3 blessés

Groupe de brancardiers divisionnaires : 1 tué

 

Les trois groupes du 43e RAC restent attachés au 6e CA sur le secteur jusqu’au 8 mai. Le 25 avril, accompagnant l'avancée du front ils se déplacent et franchissent  l’Aisne :

 

-Le 1er groupe (capitaine Stouff), fait mouvement au nord de l’Aisne à 500m au nord de Chavonne et désormais placé sous les ordres du lieutenant-colonel Vady (AD56).

 

-Le 2e groupe (capitaine Malraison) toujours rattaché au groupent B de l’artillerie du 6e corps sous les ordres du lieutenant-colonel Aymar, prend position au sud-est de Maison-Rouge.

 

-Le 3e groupe (capitaine Berntzwiller), prend position au nord du château de Vauxelles, PC aux Grottes du Sourd, voir la Restitution du journal de marche de René Verney (25 clichés).

 

Les 8 et 9 mai ils sont relevés et rassemblés sous les ordres de leur chef de corps le lieutenant-colonel Aymar et restitués à la 5e DI. Les pertes du régiment au cours de cette période (1er avril au 8 mai) s'élèvent à  8 tués et 17 blessés.

 

Ce même 8 mai 1917 au nord d'Aizy, à quelque centaines de mètres face à la position occupée par le 3e groupe du 43e RAC, est blessé un homme du 294e RI (régiment également mis à la disposition de la 127e DI et engagé dans les combats dès le 20 avril), Hyacinthe Pierre René Dupont (registre de matricule, bureau de Granville, classe 1909, matricule 773). Touché par un éclat d’obus entrainant une fracture du cubitus et une plaie au tiers inférieur de l’avant-bras gauche qui lui laisseront de lourdes séquelles, son évacuation sur l'hôpital de Nogent-le-Rotrou est suivie d’un long périple d’hospitalisations qui durera jusqu’au printemps 1919. Hasard des destins croisés, ce jeune avocat n'est autre que le futur beau-frère de René Verney et dont on retrouve le portrait dans l'album de famille.

 

Hyacinthe_Pierre_R_n__Dupont__en_1915__10e_section_C

Hyacinthe Pierre Réné Dupont (Buais 1889 - Buais 1927) en 1915 (en uniforme de la 10e section C.O.A.)

affecté au 294e RI le 12 juillet 1916 et blessé au nord d'Aizy (Aisne), le 8 mai 1917.

 

 

La 5e DI reconstituée

 

Arrivés sur le secteur du Chemin des Dames le 13 avril, les unités d'infanterie (36e, 74e, 129e et 274e RI) sont restées en réserve rattachées avec le 3e Corps d'armée à la Xe armée (G.A.R. du général Micheler). Elles stationnent tout d’abord dans la région de Fère-en-Tardenois période au cours de laquelle les troupes sont soumises à d'incessants mouvements en colonne sur des routes encombrées (13-17 avril), avant d’être envoyées en cantonnement dans la zone de Beuvardes, puis à compter du 4 mai dans la zone de Jaulgonne (Aisne).

 

A cette date, la division est recomposée, passant de 4 à 3 régiments (74e, 36e et 129e RI), l'état-major de la 10e brigade se transformant en état-major d'Infanterie divisionnaire, celui de la 9e brigade étant dissous, et le 274e R.I. rattaché au dépôt divisionnaire. Le 10 mai le 3e CA est de nouveau rattaché à la Ière armée.

 

Le 14 mai les 3 groupes du 43e RAC rejoignent les unités de la division qui se dirigent sur la Marne au sud la région de Nogent-l'Artaud (Aisne) où elles cantonnent du 15 mai au 27 mai.

 

Stationnement des unités de la 5e DI au 16 mai 1917 SHD 26 N 268/10 - JMO 5e DI

 

Les 27 et 28 mai, l'ensemble des unités de la 5e DI quittent leurs cantonnements pour assurer la relève de la 153e DI. Les 3 groupes du 43e RAC se dirigent sur Chassemy où ils sont mis dès le 29 à la disposition de l'AD.143 afin de reprendre position au nord-est de Vailly-sur-Aisne.

 

Les régiments d'infanterie gagnent quant à eux le front par le sud de Soissons où ils cantonnent afin de monter en ligne le 5 juin. C'est durant ces dix jours qu'éclatent "les mutineries".

 

 Stationnement des unités d'infanterie de la 5e DI au 29 mai 1917 SHD 26 N 268/10 - JMO 5e DI

 

 

Les mutineries à la 5e DI (28 mai-5 juin 1917) : 41 condamnation à mort.

 

Il ne nous appartient pas de relater dans le détail les conditions dans lesquelles se sont déroulées ces "mutineries" qui touchent les quatre régiments d'infanterie de la division (129e, 36e, 74e et 274e RI) et d'en analyser les causes, faute de plagier les mémoires du Colonel Maurice Besnier et les études parallèlement publiées sur le sujet dont nous recommandons la lecture (voir infra).

 

Dans la nuit du 28 mai se déroulent les premières manifestations au 129e RI et dès le lendemain au 36e RI aux cris de "A bas la guerre" et "Vive la paix". La répression est sévère car afin de les maîtriser, les deux régiments sont isolés et déplacés en camions le 30 mai entre Noyon et Roye. Dès le lendemain, le 129e jugé responsable du soulèvement, est transféré sur Verdun et placé sous les ordres de la IIe armée, où ses bataillons sont temporairement séparés. Le 36e est transféré à la 21e DI le 2 juin.  Les conseils de guerre prononcent de lourdes peines. Au 129e RI on dénombre cinquante condamnations dont 4 condamnations à mort qui sont exécutées le 28 juin à Rarécourt (Meuse). Le 29 juin, le 1er bataillon est dissous, ses effectifs répartis entre différents régiments coloniaux. Au 36e RI sont recensées trente-six condamnations dont 13 condamnations à mort commuées par la Président de la République à des peines de travaux forcés.

 

Si la 5e DI est rapidement recomposée, conservant le 74e RI, reprenant le 274e et recevant les 5e RI et 144e bataillon de chasseurs alpins, les mouvements de contestation se poursuivent.

 

Le 5 juin au soir, les manifestations d'indiscipline se manifestent cette fois aux 74e et 274e RI à l'occasion de la relève qui doit avoir lieu au nord de Bourg-et-Comin et qui est imparfaitement assurée. Une nouvelle fois les sanctions sont sévères : quatre-vingt-sept condamnations au 74e RI dont vingt-sept condamnations à mort commuées par la Président de la République à des peines de vingt ans de prison et onze condamnations au 274e RI, dont sept à mort.

 

Un seul homme est exécuté à Paars le 2 juillet, deux autres condamnations étant cassées et quatre autres commuées par le Président de la République en des peines de seize ans de prison. D'après Denis Rolland (La grève des tranchées, Les mutineries de 1917, p. 372) ce mouvement d'actes collectifs d'indiscipline aussi intense qu'éphémère a touché 78 divisions et pas moins de 161 régiments appartenant très majoritairement aux unités d'infanterie.

 

 

Les régiments d'artillerie semblent peu affectés (14 unités dénombrées) à l'image du 43e RAC qui, durant les manifestations se déroulant à la 5e DI, est toujours cantonné à Chassemy, s'affairant à l'organisation de ses positions qu'il quitte le 7 juin pour Soupir. Il ne se retire du secteur du chemin des Dames que début septembre avec une 5e DI profondément remaniée et privée des 129e et 36e RI, régiments "Normands" comme lui, et dont il a partagé le destin depuis le début du conflit : Campagne de Belgique, retraite, Bataille de la Marne, Fronts de l'Aisne, de l'Artois et de la Somme, Bataille de Verdun, Les Eparges.

 

Pour aller plus loin :

-Mutineries de 1917. La 5e Division d'infanterie. Les documents officiels (dépouillement des JMO) sur wwwChimiste.com

 

-Colonel Maurie Besnier Souvenirs de guerre 1914-1918. Edition Claire et Dominique Bénard, 2014, p. 283-305 (contact avec l'éditeur : clairebenard@mac.com)

-Denis Rolland "La grève des tranchées, les mutineries de 1917" Paris, éditions Imago, 2005.

-Haddad Galit, « Le " refus du refus " en 1917. Les non-mutins du 129e régiment d'infanterie face aux soldats mutinés », Histoire@Politique, 3/2008 (n° 6).

 

 

 

 

Accéder à la restitution du Journal de marche illustré HD de René Verney

médecin Aide-major du 3e groupe du 43e RAC 

VII Chemin des Dames : mars-septembre 1917

 

 

 

 

 

 

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