Fausse batterie sur la Somme, janvier-février 1916
Entre le 7 novembre 1915 et le 24 février 1916, le 3e groupe du 43e RAC est en position au sud de la Somme, dans la région de Frameville-Rainecourt et Proyart. Il prend alors part aux combats de riposte marqués par d’intenses duels d’artillerie qui font suite aux attaques allemandes lancées les 28 et 29 janvier 1916 dans le secteur de Frise.
L'artillerie divisionnaire qui camoufle ses pièces dans des abris casematés (Album p.113) et met en place des positions antiaériennes (Album p.116) se voit alors renforcée de groupes d’artillerie lourde et d'artillerie coloniale (Album p.114-115) tandis que se développe parallèlement une stratégie destinée à tromper l’ennemi par le déploiement de fausses positions.
Près de Framerville-Rainecourt et de Proyart (Somme), fausse batterie de 75, p. 116
Près de Framerville-Rainecourt et de Proyart (Somme), fausse batterie de 75, p. 116
Cette tactique du leurre est ici mise en œuvre avec des moyens particulièrement élaborés très vraisemblablement issus des ateliers de la Section de camouflage de l'armée, créée en août 1915 : faux canons et caissons à munitions en bois peints en trompe l'œil (voir l'atelier de la section à Châlons-sur-Marne en avril 1916 dans C. Courtin, p. 79).
Comme le prouve le cliché ci-dessous, elle a déjà été éprouvée un an plus tôt dans les bois de Gernicourt et de Roucy (Aisne) mais avec des moyens techniques plus limités composés à partir d’éléments de charrettes et de tronc d’arbres (cf. Journal de marche II Front de l'Aisne).
Roucy (Aisne) [printemps 1915] fausse batterie (Album p.54)
Outre les innombrables photographies présentant les casemates de protection des pièces d'artillerie et abris dissimulés, plusieurs clichés de l'album rendent compte des multiples techniques et moyens mis en oeuvre durant le conflit par Section de camouflage de l'armée. Elles vont des plus élaborées, comme les arbres aménagés en poste d'observation (Artois, Neuville-Saint-Vaast, été 1915) jusqu'aux simples filets de camouflage des positions de tir (Chemin des Dames, avril-mai 1917) ou encore les vastes étendues de toiles tentant de dissimuler les mouvements de troupe sur les axes de communication (Champagne, secteur de Souain mars 1917) pour ne prendre que quelques exemples.
Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais), juillet-octobre 1915 (Album p. 104-105)
Arbre camouflé servant d’observatoire avec à droite l’arbre réel qui a été scié
Obusier de 270 [Mortier de 293 mm Schneider, pièce d'artillerie lourde à grande portée (A.L.G.P.),
61e batterie du 25e groupe du 3e R.A.P. (21e batterie du 37e RAL), Chassemy (Aisne) bois du fer à cheval, avril 1917] (Album p. 153)
Aizy-Jouy (Aisne), ravin au nord du Château de Vauxcelles pièce de la 7e batterie du 43e RAC
[Vailly-sur-Aisne, avril-mai 1917] (Album p. 157)
Aizy-Jouy (Aisne), ravin au nord du Château de Vauxcelles pièce de la 7e batterie du 43e RAC
[Vailly-sur-Aisne, avril-mai 1917] (Album p. 157)
Route camouflée de Suippes à Souain (Marne), mars 1918 (Album p. 200)
Route camouflée de Suippes à Souain (Marne), mars-juin 1918 (Album p. 200)
Orientation pour en savoir plus :
-Cécile COURTIN - Tromper l'ennemi : l'invention du camouflage moderne en 1914-1918, Paris, Pierre de Taillac ed. 2012.