-L’équipe médicale du 3/43e RAC
L'Equipe médicale du 3e groupe
du 43e Régiment d'artillerie de campagne
Le médecin aide-major René Verney,
3e groupe du 43e RAC (1916)
René Verney fait partie en 1914 des 8 995 médecins mobilisés mis à disposition du service de santé de l’armée1. Intégré au sein de l’Etat-Major du 3e groupe du 43e RAC, il appartient au service de santé de la 5e division. Il porte au col l’insigne du service de santé et sur les manches les deux barrettes or permettant l’identification de son grade d’officier. Il ne semble pas avoir adopté le casque arborant l’insigne du service de santé, mais celui portant l’insigne de l’arme au sein de laquelle il exerce ses fonctions.
Le 14 mars 1918 par ordre du Général commandant la 4e armée le Médecin Aide-Major 1ère classe Verney et est affecté au 74e RI. Il est remplacé au 43e RAC par le Médecin Aide-Major 2e classe Jean Lafforgue venu de l’ambulance 5/3.
Le service de santé répond à une organisation hiérarchique très structurée, les services de santé régimentaires dépendant du service de santé divisionnaire, avec des missions propres et des moyens d’action déterminés2. Le service de santé de la 5e DI est placé sous le commandement de :
-Médecin-principal 2e classe Téophile Victor Louis Armynot-du-Châtelet (Beaurieux 1864 - Radan 1938) (2 août 1914 – 26 février 1918) avec intérim du 6 novembre au 6 décembre 1916, du Médecin-major de 1ère classe Léon Louis Jullien (Montélimar 1877 - Paris 1952), médecin chef du GBD/5 (02/08/1914-16/07/1918) et précédemment affecté au 43e RAC (cf. registre de matricule, bureau de Lyon sud, classe 1897. matricule 1154).
Le Médecin-principal Armynot-du-Châtelet
Extrait d'une photographie présentant l'Etat-major de la 5e DI [Roucy (Aisne) été 1915].
Recueil. Campagnes du général Mangin dans la Marne, sur l'Aisne et en Artois
Bibliothèque nationale de France ark:/12148/btv1b8432782s (vue n°48)
-Médecin-major 1ère classe Justin Victor Elie Viallet (Notre-Dame-de-Vaulx 1871 - Saint-Egrève 1944) (à compter du 26 février 1918) avec intérim du 10 mars 1918 au 3 mai 1918, du Médecin-major de 1ère classe L.L. Jullien (cf. ci-dessus).
L'organisation et les fonctions des membres du service de santé agissant au sein d'un régiment d'artillerie sont résumées dans le Règlement provisoire de manoeuvre de l'artillerie de campagne, 1910 (titre VII - Chapitre IV, pp. 108 et suiv.).
Chaque régiment d’artillerie dispose pour chaque groupe de batteries d’un service médical composé d’un médecin chef de service encadrant théoriquement une vingtaine d’hommes :
Etat-major du groupe : 1 médecin, chef du service médical du groupe, 1 médecin auxiliaire, 1 brigadier brancardier et 1 brigadier infirmier, 1 conducteur de voiture médicale.
Au sein de chaque batterie montée (3 par groupe) : 1 infirmier et 4 brancardiers
Par application des dispositions de la convention de Genève du 6 juillet 1906, ce personnel est neutralisé et porte le brassard international. Il ne peut être désigné pour le remplacement du personnel manquant dans les batteries de tir.
Nous ne pouvons pas à partir des documents consultés dresser la liste exhaustive du personnel médical du 3e groupe du 43e RAC. Les photographies de l’album permettent néanmoins d’identifier certains de ses membres.
Bois de Gernicourt (Aisne), hiver 1914-1915. De g. à dr. infirmiers Deschamps, Harel, Jean (p. 4)
Marcel Harel (classe 1909) préparateur en pharmacie dans le civil et Henri Georges Jean (classe 1913) musicien engagé volontaire, brigadiers infirmiers.
Bois de Gernicourt (Aisne) mars 1915. Infirmiers du 3e groupe, de g. à dr. Donneley, Jubert, Jean, Harel, Deschamps (p. 32)
Louis François Donneley (classe 1906) commis à l'incorporation, infirmier.
Ferme de Longvoisin à Ventelay (Marne) janvier-mai 1915.
De g. à dr. Méd.aux Neyreneuf, brancardiers Boutron,et Vautier, au sol 2e cl. Pinel (p. 47)
Georges Maurice Vautier (classe 1907), tisseur à l'incorporation, brigadier brancardier
Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais), Chemin des pylônes Juillet-octobre 1915.
Poste de secours du 3e groupe, de g. à d. Clépoint, Delamotte, Renée (p. 77)
Maurice Georges Delamotte (classe 1904), caissier à l'incorporation, brancardier
Fleury-devant-Douaumont (Meuse), Poudrière (poste de secours), avril 1916, (p. 126)
de g. à dr. Cloès, Dallemagne, Delmas, Renée
Gustave Cloez (classe 1910), musicien, élève au conservatoire, brigadier infirmier
Fleury-devant-Douaumont (Meuse), avril 1916. Service médical du 3e groupe et poste de secours.
De g. à dr. Med. Aux. Neyreneuf, Delamotte, Deschamps, Bourdet, Dupont, Beaumont, Besnard, Corrigeux, brig. Vautier (p. 133)
Mouilly (Meuse), bois de l’hôpital Saint-Hyppolite, été 1916. Construction du poste de secours de la 7e batterie.
De g. à dr Basnel, Vautier,Besnard, Dallemagne,Duboc, Renée (p. 142)
Mouilly (Meuse), bois de l’hôpital Saint-Hyppolite, été 1916, poste de secours de l’échelon.
De g. à dr. Deschamps, Jean, Neyreneuf, Dupont et le chien Négro (p. 8 et 142)
Soupir (Aisne), juin 1917. Brancardiers du 3e gr. du 43e RAC.
A gauche Sarrazin et Dallemagne, à droite Corrigeux et Barbaray p. 175
René Verney en tant que médecin chargé du service de santé du 3e groupe du 43e RAC a pour fonction, sur les zones de combat, l’organisation des places de pansement pour les premières urgences, des refuges pour blessés et des postes de secours permettant d’assurer les premiers soins et la sécurité des blessés avant leur évacuation par les brancardiers divisionnaires. Lors de la prise de position, en l’absence de tels dispositifs, la construction des postes de secours fait partie des missions de l’équipe médicale.
Les données relatives aux blessés lors des combats sont éparses et différentes suivant les sources, allant d’un simple décompte mensuel des blessés évacués (JMO service de santé divisionnaire), jusqu’au recensement nominatif avec parfois nature, localisation et niveau de gravité des blessures (JMO du groupe et des batteries). Aussi, c’est à partir de ces dernières sources que nous avons établi les listes des tués et des blessés du 3e groupe du 43e RAC, nous permettant de mieux cerner l’activité de premiers secours de René Verney.
Parallèlement il est le médecin traitant des 500 à 600 hommes constituant la formation au sein de laquelle il est placé (état-major, batteries, échelons). Par des consultations quotidiennes, ses soins et prescriptions, il est le garant de leur état de santé. Il vérifie l’aptitude des hommes à exercer leurs fonctions, définissant les cas d’indisponibilité temporaire et les évacuations jugées nécessaires vers les ambulances du service médical divisionnaire.
Les JMO du service médical divisionnaire (26N270/11-21) sont la seule source offrant quelque information sur l’activité médicale de René Verney. Les relevés des indisponibles et évacués des corps de troupe effectués sous forme de tableaux de synthèse mensuels, les tableaux d’état mensuels des maladies ordinaires et maladies contagieuses, sont les éléments les plus significatifs dont nous avons tiré parti.
JMO Service de santé divisionnaire 5e DI : Mémoire des hommes (SHD) 26N270/11
Exemples de tableaux de relevés mensuels (octobre 1914)
Le médecin responsable d’un service de santé régimentaire a également pour mission sous le commandement du Médecin divisionnaire, l’organisation des mesures à prendre pour l’hygiène des cantonnements, la prophylaxie des maladies contagieuses et épidémiques, la gestion des conséquences des intempéries, la surveillance des eaux, le contrôle des denrées alimentaires. Il a également la charge de la lutte contre les gaz asphyxiants (formation du personnel, contrôle de l’entretien des équipements). Une nouvelle fois, les JMO du Service de santé divisionnaire permettent de mieux cerner les conditions particulières auxquelles René Verney est confronté.
La partie introductive de chaque étape de la restitution du journal de marche de René Verney présente, à partir des éléments recueillis dans ces sources, une synthèse de son activité médicale et donc de l'état sanitaire des hommes dont il a eu la charge. Voir également la page consacrée à la lutte contre les gaz asphyxiants qui relève du service médical divisionnaire et auquel participe les équipes médicales régimentaires : La guerre des gaz et la 5e DI, 1914-1918).
Notes et sources
1 - Alain LARCAN et Jean-Jacques FERRANDIS Le Service de santé aux armées pendant la première guerre mondiale, Paris, LBM 2008. Christine DEBUE-BARAZER, Sébastien PERROLAT 1914-18 : guerre, chirurgie, image. Le Service de Santé et ses représentations dans la société militaire. Sociétés & Représentations 2008/1 (n° 25) Pages 233 – 253 ; Vincent VIET La santé en guerre 1914-1918. Une politique pionnière en univers incertain. Paris, SiencesPo. Les Presses 2015.
2 - TOUSSAINT Médecin inspecteur La Direction du service de santé en campagne. Paris, Henri-Charles Lavauzelle ed. 1916 (6e ed.) ; OBELLIANNE et SOGNET L’exécution du service de santé en campagne. Nancy 1914 (1ère ed.) p.13-26 et Paris, H. Charles-Lavauzelle, 1916 (2e ed.) p. 15-28 ; Manuel du gradé de l’artillerie de campagne à l’usage des sous-officiers, brigadiers et élèves brigadiers, des élèves officiers de réserve et des candidats à l’école militaire d’artillerie. Paris, Henri-Charles Lavauzelle ed. 1915.